Les inhibitions externes concomitantes au cours de la fixation des images - article ; n°1 ; vol.23, pg 50-75
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Description

L'année psychologique - Année 1922 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 50-75
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 32
Langue Français
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Extrait

II. Les inhibitions externes concomitantes au cours de la fixation
des images
In: L'année psychologique. 1922 vol. 23. pp. 50-75.
Citer ce document / Cite this document :
II. Les inhibitions externes concomitantes au cours de la fixation des images. In: L'année psychologique. 1922 vol. 23. pp. 50-
75.
doi : 10.3406/psy.1922.29760
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1922_num_23_1_29760II
LBS INHIBITIONS EXTERNES CONCOMITANTES
AU COURS DE LA FIXATION DES IMAGES
Par Marcel Foucault.
I. — AUXILIAIRES ET INHIBITIONS
Une dizaine d'années après la publication des travaux d'Eb-
binghaus qui ouvraient la voie de l'expérimentation à l'ana
lyse psychologique de la mémoire, plusieurs recherches presque
simultanées montrèrent que la fixation et la conservation des
souvenirs peuvent être, soit gênées, soit favorisées, par des
circonstances susceptibles d'être produites et variées dans le
laboratoire.
Ainsi Binet et V. Henri x, comparant la fixation de mots
isolés et de phrases, trouvent entre les deux une différence
qu'ils expriment en disant que la mémoire des phrases est,
dans certaines conditions, vingt-cinq fois supérieure à la mé
moire des mots isolés : la liaison que le sens suivi établit entre
les mots favorise donc la fixation d'une façon considérable.
Miss Calkins 2, par des expériences qui auraient pu être
organisées d'une façon beaucoup plus simple, montre que, en
présentant visuellement une série de couples d'objets, dont le
premier est une couleur, et le second ordinairement un nombre
de deux chiffres, la proportion des nombres fixés grandit d'une
façon notable si le nombre de deux chiffres est écrit à l'encre
rouge, tandis que les autres sont écrits à l'encre noire, ou bien
si le nombre de deux chiffres est remplacé par un nombre de
trois chiffres écrit à l'encre noire ou à l'encre rouge, ou même
si le nombre de deux chiffres est écrit en caractères plus petits
que les autres. Le résultat est le même si la présentation est
simultanée, au lieu d'être successive, ou encore si elle est audi-
1. La mémoire des phrases, Année Psychologique, I, p. 24 (1895).
2 Association, Psychological Review, Monograph Supplements, I (1895).. FOUCAULT. — LES INHIBITIONS EXTERNES CONCOMITANTES 51 M.
tive au Heu d'être visuelle : lorsque la présentation est audi
tive, le premier terme est une syllabe dépourvue de sens, le
second terme est un nombre de deux chiffres dans les cas ordi
naires, et, dans les cas où l'on veut modifier les conditions de
fixation, c'est un nombre de trois chiffres, ou bien un nombre
de deux chiffres prononcés à voix très haute. Le sens de toutes
ces expériences est que la perception qui doit être fixée en
image se fixe mieux quand elle est, suivant le langage de l'au
teur, plus vive ou plus impressive.
La vivacité ou impressivité plus grande serait donc un auxil
iaire de la fixation, au même titre, quoique à un degré diffé
rent, que la répétition de la présentation, ou le premier rang
dans la série, ou le dernier, ou la liaison logique dans les textes
significatifs de Binet et Henri. D'une façon générale, il existe
donc des auxiliaires de la fixation. Il en existe même beaucoup
d'autres que ceux qui viennent d'être indiqués : G. E. Müller
en a fait une étude étendue dans son dernier ouvrage sur la
mémoire % et il a essayé de les classer. La théorie de la fixa
tion dépend donc pour une large part de l'analyse des auxil
iaires et de la détermination des lois qui les gouvernent. Et il
est certain, d'autre part, que l'influence des auxiliaires ne
s'exerce pas d'une façon moins efficace sur la conservation des
images ou sur leur résistance aux causes de dégradation.
Mais il existe également, et pour la fixation et pour la con
servation, des influences qui agissent en sens inverse des
auxiliaires. C'est ainsi que Müller et Pilzecker 2 ont été les pre
miers à étudier l'inhibition régressive, c'est-à-dire l'influence
destructive que le travail consécutif à la fixation exerce sur
les images et il a été publié depuis sur le même sujet quelques
travaux peu nombreux. L'inhibition régressive agit seulement
comme antagoniste des forces de conservation : elle tend à
effacer, à dégrader les images, ou à en abaisser le niveau. J'ai
eu l'occasion d'exprimer l'opinion 3 que les inhibitions régres
sives sont ce qui constitue l'oubli, que l'oubli n'est rien de plus
que l'abaissement plus ou moins rapide des images par la con
currence des états psychiques consécutifs. Je ne connais per
sonne qui ait accepté cette opinion. En revanche, elle a été
contestée par H. Piéron 4. Mais ce désaccord sur l'interpréta
tion des faits est affaire de théorie, et, qu'il soit vrai ou non
1. Zur Analyse der Gedächtnislätigkeit und des Vorstellungsverlaufes
t. III, p. 1-60 (1913).
2. Experimentelle Beiträge zur Lehre vom Gedächtniss, p. 174-198 (1900).
3. Revue des Cours et Conférences, 21e année, n° 5, p. 449. La loi de l'oubli
Revue Philosophique, 1918, II, p. 416 et suiv.
4. De la détermination et de l'interprétation de la loi de l'oubli et des
lois psychologiques en général. Revue Philosophique, 1919, II, p. 104 et suiv. MÉMOIRES ORIGINAUX 52
que l'oubli se réduit à l'inhibition régressive, il reste certain
que le fait de l'inhibition régressive offre un vaste champ à la
recherche, tout comme le fait des auxiliaires.
Enfin, les inhibitions ne se rencontrent pas seulement dans
l'évolution des images postérieurement à la fixation. On en
trouve aussi dans le cours de la fixation, et ici je distinguerai
des inhibitions internes et des inhibitions externes.
Les sont celles qui se produisent à l'inté
rieur d'une série de termes que l'on s'applique à fixer, ou même
que l'on ne s'applique pas à fixer, mais qui se fixent pourtant
à quelque degré par le fait que des perceptions occupent la
conscience successivement. Alors une concurrence s'établit
entre les images par lesquelles les survivent, et
sans doute aussi entre les perceptions qui se succèdent, pourvu
que la succession ne soit pas trop lente. C'est pourquoi si on
lit, i vec ou sans effort de fixation, une série de mots, significat
ifs ou non, il y a une certaine longueur de la série, variable
avec diverses circonstances, que l'on peut fixer par une seule
lecture, au moins de façon à en assurer la reproduction imméd
iate. Mais, si la série s'allonge d'un terme, ou de deux, ou d'un
plus grand nombre, on arrive très vite à être incapable, quel
que soit l'effort que l'on fournisse, de réciter la série après une
seule lecture. Le moyen le plus simple de comprendre ce fait
est d'admettre que les perceptions et les images, qui viennent
s'ajouter à celles qui les précèdent, exercent sur elles une action
de refoulement, de concurrence, d'inhibition, bref une sorte
d'inhibition régressive, mais à l'intérieur de la série. Et il est
probable que ce qu'on appelle l'influence du rang est une ré
sultante de ces inhibitions régressives internes et d'une autre
espèce d'inhibitions également internes, mais progressives ;
car il est vraisemblable, pour ne pas dire plus, que, à l'inté
rieur d'une série que l'on est en train de fixer, les images
des premiers termes exercent une action inhibitrice sur les
images des termes qui les suivent, et ce serait là une inhibition
progressive interne.
En tout cas, il existe une inhibition progressive externe, c'est-
à-dire que, si l'on vient de fixer une série, et si l'on s'applique
à en fixer une deuxième au bout de peu de temps, les images
de la première exercent une inhibition sur la deuxième, de
sorte que, pourvu que l'on élimine par quelque artifice expéri
mental des influences perturbatrices, comme celle de l'exercice^,
et pourvu que l'on compense les inégalités de difficulté des sé
ries, la deuxième série demande toujours un temps de fixation
plus long que la première. C'est cette influence d'une ou de
plusieurs séries antécédentes, sur la fixation d'une série consé
quente, que j'appelle inhibition

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