Les lois les plus générales de l activité mentale - article ; n°1 ; vol.19, pg 75-90
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Description

L'année psychologique - Année 1912 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 75-90
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

H. Foucault
IV. Les lois les plus générales de l'activité mentale
In: L'année psychologique. 1912 vol. 19. pp. 75-90.
Citer ce document / Cite this document :
Foucault H. IV. Les lois les plus générales de l'activité mentale. In: L'année psychologique. 1912 vol. 19. pp. 75-90.
doi : 10.3406/psy.1912.3886
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1912_num_19_1_3886IV
LES LOIS LES PLUS GÉNÉRALES
DE L'ACTIVITÉ MENTALE
Par M. Foucault.
Professeur à l'Université de Montpellier.
PREMIÈRE LOI : PROPORTIONNALITÉ
DE L'ACTIVITÉ MENTALE AVEC LE TEMPS
C'est un fait d'observation courante que, pour parcourir un
même trajet, nous avons coutume d'employer un temps qui ne
varie pas beaucoup. 11 en est de même pour écrire une page
d'un format déterminé, ou pour lire une page d'un même livre-
De même encore, pour faire une colonne d'additions sur un
cahier de Kräpelin, ou pour apprendre par cœur une série de
mots ou de syllabes, ou une strophe de vers. Si l'on répète cha
cune des opérations de ce genre un certain nombre de fois, dix
fois par exemple, et que l'on note les temps, on trouve que ces
temps ont coutume d'être passablement voisins les uns des
autres.
On peut apprécier le degré de ce voisinage en faisant
la moyenne arithmétique des temps, en calculant les diffé
rences, positives et négatives, des temps par rapport à leur
moyenne, en additionnant ces différences sans tenir compte de
leurs signes, et en divisant la somme par le nombre des temps.
Le quotient est l'écart moyen. Plus il est faible, plus le travail
est régulier.
D'une façon générale, par conséquent, un même travail ou
des travaux semblables, de nature musculaire comme la marche
ou de nature mentale comme le calcul ou la mémorisation,
emploient des temps constants, approximativement, dans les
limites mesurées par l'écart moyen. 76 MÉMOIRES ORIGINAUX
Ebbinghaus * a le premier établi ce fait pour la mémorisation
lorsqu'il a entrepris d'étudier la mémoire par la méthode de la
physique. Il a trouvé que, pour fixer une première fois une stro
phe de vers, ou une série de syllabes dépourvues de sens, il
employait un nombre de lectures et d'essais de récitation, de
répétitions, comme il dit, qui variait peu. Et il a fondé, sur cette
constance du temps une méthode de mesure de l'activité ment
ale appliquée à la fixation : il a posé cette activité comme pro
portionnelle au nombre des répétitions. Puisque chaque répéti
tion demande un temps à peu près constant, l'activité de fixaserait donc proportionnelle au temps pendant lequel elle
s'exerce. Afin de donner plus de rigueur à la méthode, G. E. Müll
er et Schumann2 ont construit le premier appareil de présenta
tion assurant une vitesse constante. Un cylindre sur lequel
sont inscrits les mots ou syllabes que l'on doit apprendre tourne
à une vitesse régulière devant un cadre qui permet de lire cha
que terme au moment où il se présente; le sujet s'efforce ensuite
de prononcer les termes avant qu'ils apparaissent dans le cadre,
et, quand il a réussi à prononcer ainsi tous les termes de la
série, on dit que la série est fixée.
Cette méthode s'est montrée très féconde, et l'on pourrait dire
que sa fécondité suffit à la justifier. De plus, elle est susceptible
d'être étendue à bien des formes de l'activité mentale : partout
où l'on trouve que, pour faire des travaux identiques ou très sem
blables, on emploie des temps à peu près constants, on peut
admettre, en généralisant le principe d'Ebbinghaus, que l'acti
vité employée est mesurée par le temps pendant lequel elle
s'exerce.
Toutefois il y a lieu de faire ici une distinction. Le temps
peut bien être un moyen de mesure pour l'activité mentale,
mais à deux conditions : l'une est que mentale soit
réellement susceptible de mesure, c'est-à-dire que l'on puisse y
établir des unités s'additionnant; l'autre est que l'activité
mentale qui se prolonge dans le temps s'accroisse de quant
ités égales quand le temps s'accroît lui-même de quantités
égales. Le moyen de mesure d'Ebbinghaus, et le moyen
plus général qui en est une extension, supposent donc : 1° une
détermination des conditions de mesure de l'activité mentale ;
1. Ueber das Gedächtniss, 1885. Les expériences ont été commencées
en 1879.
2. Experimentelle Beiträge zur Untersuchung des Gedächtnisses,
Zeilschrift für Psychologie, VI, 1894. FOUCAULT. — LES LOIS DE L ACTIVITE MENTALE 77
2° une loi empirique reliant l'activité mentale avec le temps.
Commençons par étudier les conditions de la mesure.
Il y a dans l'activité mentale quelque chose de quantitatif.
Elle peut être plus ou moins énergique, et cette variation cor
respond à ce qu'on appelle la variation de l'attention. De plus,
elle peut être prolongée pendant un temps plus ou moins long,
et ce n'est pas seulement par métaphore que nous disons qu'il
faut en général plus de travail pour composer un livre que
pour écrire un article de revue. Mais c'est là une comparaison
vague, comme la comparaison de l'attention tendue avec l'atten
tion relâchée : la psychologie, comme toute science, a besoin
de ces comparaisons précises dont le résultat s'exprime par des
nombres.
Mais la mesure ne s'applique, en principe, qu'à des gran
deurs qui conservent une même nature dans leurs variations
quantitatives, et que l'on appelle, pour cette raison, homog
ènes. De plus elle ne s'applique qu'à des grandeurs suscept
ibles de croître et de décroître d'une manière continue. — Or
l'activité mentale est discontinue. Elle est dominée par la loi
du rythme, c'est-à-dire qu'elle s'exerce par des actes dont
chacun est séparé du suivant par un intervalle d'inaction.
Après le travail vient le repos, après l'effort dans lequel se
dépense une énergie productive vient le relâchement grâce
auquel se réparent les forces détruites. C'est ainsi que nos
paroles, nos gestes, nos perceptions, nos jugements demand
ent chacun un temps d'effort plus ou moins accentué, et sont
suivis par un de repos : le rythme qui les gouverne
n'est même pas régulier. — Et cette activité discontinue est
aussi hétérogène : ce n'est pas un même acte qui se répète après
chaque intervalle de temps, ce sont des actes ordinairement
dissemblables. Envisagez l'un des travaux les plus monotones
du monde, par exemple celui qui consiste à recopier un manusc
rit : il se compose d'une suite de perceptions qui ont des objets
différents, et d'une suite de gestes qui ont pour but de tracer
sur le papier des dessins très familiers, mais qualitativement
différents les uns des autres. Même l'enfant qui trace des
bâtons ou qui répète la même lettre n'accomplit pas un tra
vail homogène.
On pourrait essayer de voir dans l'activité mentale une
grandeur mesurable en supposant que tous les phénomènes
psychiques sont la manifestation d'une énergie mentale, ou
réductible à l'énergie physique, et alors susceptible d'une défi- MÉMOIRES ORIGINAUX 78
nition precise, — ou bien irréductible à cette énergie, et, alors,
difficile à définir. Mais ces hypothèses sont lourdes de postul
ats et de conséquences, elles ne peuvent être appuyées que par
des faits de signification douteuse, et le jugement le plus
indulgent que l'on puisse porter sur elles, c'est qu'elles sont
prématurées. Elles seraient, de plus, inefficaces, car elles ne
nous fourniraient pas le moyen de reconnaître que, dans
telles circonstances, telle activité mentale est un multiple de
telle autre.
Elles ne sont d'ailleurs pas indispensables. La vie quoti
dienne de l'esprit ne nous présente guère de cas où nous puis
sions admettre avec vraisemblance que l'activité mentale est
homogène. On ne pourrait trouver une homogénéité relative
que dans certaines occupations monotones, par exemple, dans
les professions industrielles qui transforment l'homme en une
machine agissant

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