Les masques dogon : de l objet au musée de l Homme à l homme objet de musée - article ; n°155 ; vol.39, pg 617-634
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Les masques dogon : de l'objet au musée de l'Homme à l'homme objet de musée - article ; n°155 ; vol.39, pg 617-634

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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1999 - Volume 39 - Numéro 155 - Pages 617-634
Résumé À travers l'évolution des masques dogon depuis leur entrée au musée de l'Homme dans les années 1930 jusqu'à aujourd'hui, cet article met en lumière le processus de muséification du village de Sangha, haut pôle touristique et ethnologique du pays dogon (Mali). Envisagé dans les recherches muséographiques et ethnographiques comme objet-témoin et non pour lui-même, le masque s'est trouvé, en dépit de son dynamisme, réduit à l'illustration traditionnelle et figée d'un mythe fondateur. L'auteur montre comment ce mode d'appréhension s'est par la suite prolongé dans les regards successifs posés sur l'objet ~~in situ~~, notamment ceux des ethnologues et des touristes. Elle analyse ensuite le devenir actuel des danses masquées à Sangha, où la dimension dynamique de l'objet est occultée au profit d'une fixité qui offre l'image d'un musée animé.
Abstract ~~The Dogon Masks: From the Object of the Musée de l'Homme, to the Man as an Item of the Museum. ~~— From Dogon masks to the people through the evolution of Dogon masks since they entered the Musee de l'Homme (Paris) in the 1930s till today, light is shed on how the village of Sangha, a high place of tourism and ethnology in Dogonland (Mali), has turned into a museum. Seen in research in the museum and ethnological sciences as objects bearing witness to a culture and not for themselves, these masks have, despite their dynamism, been reduced to illustrating tradition as part of a founding myth. The masks in situ are still seen in this way by ethnologists and tourists. Dances with the masks in Sangha are analyzed: the dynamic dimension of these objects is kept from view, and what is shown is the fixed image of a live museum.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Anne Doquet
Les masques dogon : de l'objet au musée de l'Homme à
l'homme objet de musée
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°155-156. 1999. pp. 617-634.
Résumé
À travers l'évolution des masques dogon depuis leur entrée au musée de l'Homme dans les années 1930 jusqu'à aujourd'hui, cet
article met en lumière le processus de muséification du village de Sangha, haut pôle touristique et ethnologique du pays dogon
(Mali). Envisagé dans les recherches muséographiques et ethnographiques comme objet-témoin et non pour lui-même, le
masque s'est trouvé, en dépit de son dynamisme, réduit à l'illustration traditionnelle et figée d'un mythe fondateur. L'auteur
montre comment ce mode d'appréhension s'est par la suite prolongé dans les regards successifs posés sur l'objet in situ,
notamment ceux des ethnologues et des touristes. Elle analyse ensuite le devenir actuel des danses masquées à Sangha, où la
dimension dynamique de l'objet est occultée au profit d'une fixité qui offre l'image d'un musée animé.
Abstract
The Dogon Masks: From the Object of the Musée de l'Homme, to the Man as an Item of the Museum. — From Dogon masks to
the people through the evolution of Dogon masks since they entered the Musee de l'Homme (Paris) in the 1930s till today, light is
shed on how the village of Sangha, a high place of tourism and ethnology in Dogonland (Mali), has turned into a museum. Seen
in research in the museum and ethnological sciences as objects bearing witness to a culture and not for themselves, these
masks have, despite their dynamism, been reduced to illustrating tradition as part of a founding myth. The masks in situ are still
seen in this way by ethnologists and tourists. Dances with the masks in Sangha are analyzed: the dynamic dimension of these
objects is kept from view, and what is shown is the fixed image of a "live" museum.
Citer ce document / Cite this document :
Doquet Anne. Les masques dogon : de l'objet au musée de l'Homme à l'homme objet de musée. In: Cahiers d'études africaines.
Vol. 39 N°155-156. 1999. pp. 617-634.
doi : 10.3406/cea.1999.1769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1999_num_39_155_1769Anne Doquet
Les masques dogo
de objet au musée de Homme
homme objet de musée
alors fran évidence est parcours mondiale Dakar-Djibouti cobayes indigènes tel par de ce rationnelle tort il compléter parcourut liens logique posés scientifique celui nationale sans situ lieu ethnologue sa mode la est aussi de ais relâche fille des avec sur rénovation collecte suite discipline par émergence limiter devenu du furent La née touristes qui appréhension lui ce de eux-mêmes des une administration au décisif les constituées musée-laboratoire fameuse le masque du prolongement impérialisme ne Cet sein fa que Occidentaux terrain Blancs ces donc situ quinzaine un expérimenta manqua durant musée naissante on un acharnement du pour Nous dans lieu incidences dogo mission avant rationnelle Pourtant musée-laboratoire de au chercheurs musée commun les et son le essaierons pas au nombreuses se gré de premières traitement tout coloniale en que Ce qui décennies attirer futur musée maintint les Dakar-Djibouti pays prendre du et que mal dans lui fut des rôle nous méthodes hasard une affirmer que les Trocadéro lieu ou fut donc dans valut Afrique exotisme et collecteurs les collections époque on prêté au enquêtes en par touristes il allons qui suivantes accueil les institutionnalisée années garantirait Les est établir lendemain considération rapidement ne la lui regards une que années moins premiers Le suite tenter et doit qui objet fut était 1930 de les mais Objet anthropologie le pays Enfin africaines pendant ethnologie le réservé pas un la dans documents masque courant missions successifs de 1930 musée lien avant légitimité une aussi dogo est lieu chercheurs dès privilégié envisager la les évolution suivre entre la Deuxième un réputation vingt tant le spécifiques incidences bien tout devient par de Mais science du regards où intensive départ des le dont qui dire scientifique au les Trocadéro et destinée la africaniste traitement travers succédant du de on la premiers moment un sans actuelle mission se regards ensuite Guerre étude elle terrain faveur regard ethno portés aurait inter fut mois un sont Car ses fut le
Cahiers tudes africaines 155-156 XXXIX-3-4 1999 pp 617-634 618 ANNE DOQUET
des danses masquées Sangha nous permettra étendre ce lien au regard
indigène et de montrer comment bien évoluant dans des contextes
priori opposés objet mort derrière les vitrines de nos musées et
objet vivant dans sa culture ne sont pas sans présenter hui
quelques étranges similitudes
Le regard ethno-muséologique ou le masque-témoin
est donc en collaboration étroite avec le musée que la mission Dakar-
Djibouti inauguré ère des grandes enquêtes de terrain fran aises la
tête du projet de la mission avant tout con ue comme une collecte objets
ethnographiques se trouvaient Rivet et G.-H Rivière alors directeur
et sous-directeur du musée Ethnographie du Trocadéro très pauvre dans
le domaine africain Jusque-là les collections peu classées de ce musée
formaient un véritable bric-à-brac Mais le projet de réorganisation établi
initiative de Paul Rivet devait orienter différemment Membre fon
dateur de Institut ethnologie il usa de ses relations politiques pour
persuader les potentiels bailleurs de fonds de la nécessité une mission
qui permettrait enrichir les réserves du musée afin de sensibiliser le
public aux choses coloniales Cette vulgarisation serait le fruit une
étude scientifique qui démontrerait la singularité de la démarche ethno
logique et confirmerait son indépendance vis-à-vis des autres disciplines
Source du travail de terrain cette perspective ne manqua pas de
influencer Les documents ethnographiques destinés constituer des
archives de cultures africaines en pleine mutation devaient être recueillis
avec rigueur et méthode Pour sauvegarder ces témoins culturels
menacés de disparition ethnologue devrait prendre en compte les docu
ments de tout type ainsi que leurs variantes afin de pouvoir ultérieurement
en dégager utilité La collecte devait donc accompagner de renseigne
ments quant leur fonction leur forme leur technique de fabrication et
leur représentation permettant de restituer ces documents le contexte
de leur entrée au musée cette intention une brochure nommée Ins
tructions sommaires pour les collecteurs objets ethnographiques fut
con ue par Griaule et rédigée par Leiris Ces instructions fournis
saient aux collecteurs potentiels le modèle de fiche signalétique utili
seraient les membres de la mission Leur contenu montre que emblée
est la fonction de objet et seulement elle qui intéressait les ethno
logues Les auteurs avaient pour but de diriger le choix des collectionneurs
afin que ceux-ci ne se laissent pas guider par leurs principes moraux ou
par leurs émotions esthétiques Dans cette perspective objet est pas
autre chose un témoin qui doit être envisagé en fonction des rensei
gnements il apporte sur une civilisation donnée et non après sa valeur
esthétique Mission Dakar-Djibouti 1931 Ainsi indépendamment LES MASQUES DOGO 619
autres critères il était considéré comme une pièce conviction de
cultures dont les valeurs amenuisaient sous effet de la colonisation
En ceci ethnologie opposait fermement au regard esthétique eth-
nocentrique au début du siècle quelques artistes fauves et cubistes
avaient posé sur la sculpture africaine Dépourvus de toute connaissance
scientifique relative aux productions en question les peintres et sculpteurs
fran ais ne les ont pour la plupart appréhendés que un point de vue
formel Ainsi sans que leur valeur culturelle fût reconnue elle aurait nui
selon certains émotion esthétique) les objets Afrique étaient peu
peu sortis sous impulsion des artistes de leur statut idoles pour accéder
celui uvres art est contre ce regard excluant au profit de la
forme toute considération de sens que érigea le refus des membres de
la mission En occultant de leur démarche toute dimension esthétique ils
espéraient atteindre une objectivité qui ferait reconnaître par tous la dis
cipline naissante Il apparaît donc avant même avoir posé leur regard
sur objet dans son contexte culturel les chercheurs étaient pas sans
prédisposition psychologique pour appréhender il leur faudrait garder
la distance nécessaire la rigueur scientifique et interdire de cons

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