Les matières premières, les accords multilatéraux et la structure  du  pouvoir  économique - article ; n°66 ; vol.17, pg 485-513
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Les matières premières, les accords multilatéraux et la structure du pouvoir économique - article ; n°66 ; vol.17, pg 485-513

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Description

Tiers-Monde - Année 1976 - Volume 17 - Numéro 66 - Pages 485-513
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Heige Hveem
Les matières premières, les accords multilatéraux et la structure
du pouvoir économique
In: Tiers-Monde. 1976, tome 17 n°66. pp. 485-513.
Citer ce document / Cite this document :
Hveem Heige. Les matières premières, les accords multilatéraux et la structure du pouvoir économique. In: Tiers-Monde.
1976, tome 17 n°66. pp. 485-513.
doi : 10.3406/tiers.1976.2646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1976_num_17_66_2646LES MATIÈRES PREMIÈRES
LES ACCORDS MULTILATÉRAUX
ET LA STRUCTURE
DU POUVOIR ÉCONOMIQUE W
par Helge Hveem*
La « crise » actuelle des matières premières est avant tout une lutte pour
le contrôle des industries utilisant des matières premières. Aucune pénurie
imminente ou à moyen terme n'est à prévoir, exception faite, dans une certaine
mesure, du secteur alimentaire. Les crises d'approvisionnement du début
des années 70 sont l'effet direct, et non la cause, d'une lutte pour le pouvoir.
Il en est de même pour les prix.
Fondamentalement, il s'agit d'une lutte pour le contrôle des marchés,
qui oppose entre elles les économies dominantes. Il convient, pour l'examiner,
de la situer dans le cadre des trois caractéristiques qui ont façonné et façonnent
encore les industries mondiales de matières premières depuis quelques décennies,
voire même, dans certains secteurs, depuis un siècle :
— le caractère indivisible de certains processus de production et de distribu
tion qui, d'un point de vue à la fois technique et économique, associent
les matières premières à des opérations industrielles et à des productions
bien déterminées;
* Institut international pour la Paix, Oslo (prio), et Institut de Recherche économique
et de Planification, Université des Sciences sociales, Grenoble, 1974-1975.
(1) Cet article constitue une publication du prio n° 27-31. Il s'agit de la synthèse d'une
étude plus longue actuellement en cours et dont une partie a déjà vu le jour sous la forme
d'un rapport écrit préliminaire paru sous le titre : L'économie politique des matières premières
et les conditions de lettre Opepisation ». L'auteur a travaillé comme chercheur associé à l'Institut
de Recherche économique et de Planification et il est redevable à ses collègues, en particulier
Gérard Destanne de Bernis et Jan Dessau, de leurs suggestions et de fructueux échanges de
vues sur la politique économique des matières premières. Il est cependant seul auteur du
présent rapport. Actuellement il fait une étude pour la cnuced sur les associations des
pays exportateurs de matières premières.
Remus Tien-Monde, t. XVII, n° 66, avril-juin 76 4^ 5 HELGE HVEEM
— une tendance accrue à réunir ces opérations dans des cellules uniques de
production et de distribution — la firme, le groupe polyvalent ou la
branche entière (la firme ou le groupe recouvrant souvent plusieurs
branches);
— la hiérarchisation cumulative du contrôle que les firmes ont exercé et
exercent toujours sur ces opérations, grâce au monopole qu'elles détiennent
dans les domaines de l'innovation technologique et organisationnelle, à
leur pouvoir financier et au soutien qu'elles trouvent auprès de leurs
Etats « pères ».
Dans cette perspective, à l'intérieur d'une branche très intégrée vertical
ement dans une industrie oligopoliste mondiale, les marchés des matières
premières — cette partie de la circulation transnationale des produits qui
couvre les matériaux depuis leur forme brute jusqu'au stade « semi-fini »
du « métal pur » — cessent pratiquement de fonctionner de façon autonome
pour s'intégrer au « marché » plus large d'un petit nombre de firmes indust
rielles globales. Comme nous le montrerons, cette description du monde
actuel n'est pas entièrement adéquate, mais constitue une image assez objective
et une approche théorique féconde. Les événements qui se sont produits ces
dernières années dans le secteur des matières premières semblent néanmoins
refléter la lutte pour le contrôle du marché du produit fini, la lutte pour la
valeur ajoutée.
Quand les puissances économiques montantes du Japon et de l'Europe
occidentale commencèrent à menacer la domination américaine sur les marchés
mondiaux de produits à haute valeur ajoutée et dans des secteurs industriels
« stratégiques », provoquant pour la première fois un déficit de la balance
commerciale des Etats-Unis et la dévaluation du dollar, les Etats-Unis réagirent
en exerçant des pressions sur leurs alliés-concurrents, jouant en particulier de
leur rôle de garantie militaire et de leur avantage relatif en matière d'énergie
(ils bénéficièrent en fait dans ce domaine des augmentations de 1 971-1973
du prix du pétrole brut au Moyen-Orient) (1). Au même moment, l'expansion
spectaculaire de l'économie japonaise et, dans une moindre mesure, des
économies des pays continentaux d'Europe de l'Ouest augmenta encore
la demande aux sources et réserves de matières premières, et cela, dans une
proportion d'autant plus importante que ces deux concurrents manquent de
matières premières dans des proportions encore plus importantes que les
Etats-Unis eux-mêmes.
(1) Cf. un article de Frank Knowles, un moment secrétaire de la Commission Peterson, l'un
des « réservoirs à idées » sur la politique étrangère des Etats-Unis, mis en place par Nixon
et Kissinger, in National Policy, 7 juillet 1974. Cf. aussi Jean-Marie Chevalier, Le nouvel
enjeu pétrolier, Paris, Calmann-Lévy, 1973, sur la stratégie américaine dans le domaine de
l'énergie.
486 STRUCTURE DU POUVOIR ÉCONOMIQUE
En fin de compte, l'entente soviéto-américaine et la détente avec la Chine
ont joué un double rôle : d'une part, faire entrer ces deux géants non capitalistes
sur le marché du monde capitaliste à la fois comme fournisseurs de matières
premières (énergie) et comme acheteurs d'aliments (achats rendus indispen
sables par les mauvaises récoltes de 1 971-1972) et de technologie (sans négliger
d'ailleurs leur entrée dans la compétition pour le soutien politique); d'autre
part, faciliter la réplique américaine aux défis japonais et européen, surtout parce
que les Etats-Unis purent fournir les aliments demandés et réussirent presque à
neutraliser les deux pays socialistes en jouant sur l'antagonisme qui les oppose.
Les gros achats de blé américain par les Soviétiques et les achats, moins
spectaculaires mais tout aussi révélateurs, par les groupes industriels japonais
de minéraux sur les marchés mondiaux dits « libres » en 1 972-1 973, figurèrent
parmi les causes du bouleversement des industries des matières premières,
révélant du même coup les nouvelles règles du jeu.
A ces changements s'ajouta une spéculation toujours accrue sur les
matières premières. Elle fut provoquée par les troubles du système monétaire :
d'importantes matières premières industrielles devinrent, ce que l'or a toujours
été, à savoir l'objet de placements. Pour certains produits, des ruptures de
stock furent provoquées par de mauvaises récoltes et d'autres facteurs tempor
aires et/ou additionnels.
A l'heure qu'H est, la réorganisation de la production mondiale de matières
premières s'amorce selon quatre tendances distinctes :
/ / Une compétition entre les grandes économies importatrices — nations
impérialistes ou dominantes — pour un contrôle plus efficace et plus
direct des sources de matières premières dans le Tiers Monde — en
particulier dans les vastes régions non encore exploitées comme le Brésil,
l'Asie du Sud-Est et le Sahel-Sahara — , mais aussi dans les riches et
immenses gisements, tout récemment explorés d'Australie, du Canada et
d'Afrique du Sud;
2 I Un effort massif de la part des grands groupes industriels exploitant des
matières premières pour explorer de nouvelles zones comme le fond des
mers et de l'océan, l'Arctique et l'Antarctique (ainsi que la Sibérie), en
développant les moyens technologiques adaptés et en en gardant le
monopole, ce qui leur confère du même coup celui de l'e

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