Les Métis franco-tonkinois - article ; n°1 ; vol.1, pg 607-642
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1910 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 607-642
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Commandant Bonifacy
Les Métis franco-tonkinois
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 1, 1910. pp. 607-642.
Citer ce document / Cite this document :
Bonifacy . Les Métis franco-tonkinois. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 1, 1910.
pp. 607-642.
doi : 10.3406/bmsap.1910.7180
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1910_num_1_1_7180— LES MÉTIS *RANCO-TONK1NOIS 607 B0N1FACY.
Pied gauche . . .' Petit: . . 21
— — ... Moyen 34
— — Grand . . 42
Longueur de tête . . Petite . . . 35
— — Moyenne . . 21
— — Grande . . 44
Largeur de tête. . . Petite . . . 33
— — . Moyenne . . 27
— — Grande . . 40 ,
Oreille droite . . . Petite . . . 28
— — . . Moyenne . . 15
Grande . . 57
Moyenne quantitative des indices cephaliques sur 100 individus du type
digestif.
Dolichocéphales (jusqu'à 75) 2
Mésocéphales (de 75.1 à 79.9) 20
Brachycéphales (de 80 à 85) 50
Hyperbrachycéphales (plus de 85) 2 S
LES METIS FRANCO-TONKINOIS
Par M. le lieutenant-colonel Bonifacy, de V Infanterie coloniale.
Messieurs,
Vous avez si bien compris que la question du métissage et des métis
prenait, par le monde, une importance considérable, que vous avez formé
une commission chargée de l'étudier; je ne crois donc pas inutile de vous
soumettre les 'documents que j'ai recueillis à ce sujet pendant mon der
nier séjour au Tonkin, de mai 1907 a mars 1911. J'aurais voulu appro
fondir la question d'une façon plus complète, mais des o:cupations d'une
toute autre nature, et le peu d'aide donnée en Indo-Chine aux personnes
qui s'occupent d'études que l'on considère comme purement spéculatives
ne m'ont pas permis de leur donner tout le développement qu'elles méri
taient.
Je tiens tout d'abord à remercier les Professeurs, Instituteurs et Insti
tutrices qui ont bien voulu répondre à mes indiscrètes questions. Pour
me conformer au désir du plus grand nombre d'entre eux, j'ai dû recou
vrir leurs communications du voile de l'anonymat. 608 If DÉCEMBRE 1910
Ljs conclusions que vous pourrez tirer de mon travail vous paraîtront
sans doute contraires aux idées de Broca sur la stérilité des hybrides
humains provenant des croisements de races éloignées. J'ai lu souvent
et, en particulier, dans « la question. sexuelle exposée aux adultes culti
vés », d'A. Forel, que les mulâtres constituent une race dégénérée, à
peine viable. J'ai cependant observé, aux Antilles et surtout à la Guyane
des familles de mulâtres parfaitement fécondes et existant depuis plu
sieurs générations. Les familles d'européens et de métisses, de métis et
métisses entre eux sont ici fécondes *. Il faudra attendre
quelques générations pour voir si les opinions sur la stérilité des races
métisses se confirment. Nous ne le croyons pas. Quant à la répugnance
' qu'on éprouverait pour "les unions avec les races dites inférieures, elle
est contraire à la réalité des faits. Les métis sont nombreux dans tous
les pays habités par les européens. Vous le savez pour l'Australie ; consul
tez le bel ouvrage de M. Chailley sur l'Inde, vous y verrez que les eura
siens sont très nombreux dans certaines administrations. 11 en est de
môme dans les colonies néerlandaises, dans les colonies ou anciennes
colonies espagnoles ou portugaises *. Les races européennes ne sont-elles
pas métissées à l'infini, d'ailleurs, et ne trouve-t-on pas chez elles, de
temps à autre, des représentants des races les plus primitives qu'elle se
sont assimilées? 11 semble bien que les races se mêlent sans qu'aucune
d'elles disparaisse, et si nous contemplons, de nos jours, l'affaibliss
ement et même la disparition de certaines d'entre elles devant l'européen,
il ne faut pas conclure à une fatalité faisant périr, la race inférieure de
vant la race supérieure, mais simplement à l'action des maladies apport
ées par cette race, la syphylis, l'alcoolisme, la tuberculose, la contrainte
à un genre de vie nouveau, etc., etc. La durée et la fécondité sont-elles
la marque des races supérieures? il semble, dans ce cas, que les races
jaunes sont bien supérieures aux races blanches.
Je n'ai pas d'ailleurs pour but de bâtir des théories, mais d'observer
des faits. Il est évidemment regrettable qu'il y ait des métis, surtout si
on veut les laisser en marge de la société, comme nous le faisons en Indo-
Chine, mais il y en a et beaucoup; nous allons donc étudier ces métis au
point de vue physique, intellectuel et moral, dire ce qu'ils sont et ce qu'ils
devraient être.
Disons de suite qu'à notre avis, ce qui discrédite tout d'abord le métis,
1 Nous fn connaissons quantité d'exemples, entr'autres celui d'un européen marié
avec sa coueine germaine mélisse, le mariage est très fécond et les enfants vigoa-
3 II est presque touchant de voir combien les descendants de quelque ancêtre euro»
pe*en ont gar<16 le souvenir lointain de leur origine. Ils ne se distinguent plus, phy
siquement, des indigènes qui les entourent, mais i's ont gardé leur orgueil de race-
leur religion, leur genre de vie particulier, ainsi quo leur nom bien entendu. — LES MÉTIS FRANCO-TONKINOIS 609 BONIFACY.
c'est qu'il est, à nos yeux, le produit d'une union irrégulière; le préjugé
contre les bâtards, est bien plus vivace en ce siècle de lumière et d'hu
manité, qu'il ne l'était avant la Révolution. Ajoutons que le métis a du
sang annamite, que malheureusement l'indigène est souvent méprisé par
l'européen qui habite aux colonies et enfin que les européennes, du moins
celles qui n'ont pas une éducation parfaite, sont souvent jalouses de voir
que des hommes de leur race les négligent pour des femmes d'une autre
race et jalouses en môme temps du fruit de ces unions. Il faut bien dire
aussi que les mulâtres déplaisent le plus souvent aux européens, et que
l'on croit que les métis seront comme les mulâtres. Ce caractère peu sym
pathique du mulâtre est dû à une réaction contre le mépris injustifié,
dont il se sent l'objet. Nous en avons connu, qui, élevés en France, dans
un milieu complètement exempt du préjugé de couleur, étaient semblab
les aux blancs,^ aimant peut-être un peu la gloriole, ce qui n'est pas
toujours un grand défaut. Gardons nous de généraliser et constatons que
nous avons connu des mulâtres, élevés dans la colonie, et qui étaient
aussi sympathiques que les plus sympathiques blancs.
I. — Pourquoi créb-t-on au tonkin de nombreux métis.
Il n'est pas nécessaire d'insister sur les raisons qui incitent nos compat
riotes à créer des métis. Bien qu'on dise que les lois ne créent pas les
mœurs, il faut avouer que la disposition immorale et anti-sociale du code
civil qui proscrit la recherche de la paternité a suscité chez le français
une insouciance et un égoïsme féroces au sujet des suites que peuvent
avoir ses rapports avec les malheureuses femmes. On se fait même gloire
d'avoir donné des marques dé sa virilité, en créant des enfants qu'on se
refusera de nourrir. Cet égoïsme, qui existe dans les rapports avec les
françaises, vous pensez bien que nos compatriotes l'exagèrent encore vis-
à-vis des malheureuses indigènes qui n'ont pas de défenseur et n'ont pas
appris encore l'usage du vitriol ou du revolver. Donc, pour ne pas dimi
nuer ses plaisirs, on ne prendra même pas les précautions que prennent
beaucoup d'amoureux clandestins français, on se bornera souvent à dire
à la femme : « Tu sais, ne deviens pas enceinte, ou je te mets à la porte ».
Nous avons le regret de dire qu'aucuns tiennent leur promesse. Sou
vent aussi, sans penser à l'avenir, l'européen verra avec plaisir, soignera
et choiera sa progéniture métisse, quitte à l'oublier et à l'abandonner à
son premier Voyage en France.
La question mérite un plus grand développement en ce qui concerne la
femme. On peut se demander pourquoi, comme dans les pays musul
mans, elle ne se tient pas à l'écart de l'

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