Les migrants transnationaux : une nouvelle figure sociale en Roumanie - article ; n°1 ; vol.33, pg 149-177
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2002 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 149-177
Cet article traite des migrations transnationales temporaires pratiquées par les classes moyennes roumaines. Il montre comment, dans le contexte de la « transition » post-socialiste qui semble ne pas aboutir, les migrations momentanées de travail vers des pays riches apparaissent, à côté d'autres tendances migratoires, notamment pendulaires ou liées au « commerce de la valise », comme une stratégie particulière d'adaptation à la crise. S'appuyant sur différentes études statistiques, l'auteur constate que cette pratique est de plus en plus usitée par les jeunes citadins diplômés. Fondée sur une enquête menée auprès de ce public dans une ville moyenne proche de Bucarest, l'analyse se focalise sur la constitution des réseaux nécessaires à la mise en œuvre de ces mouvements informels à travers l'Europe. Elle montre alors qu'au-delà d'un projet initial ponctuel et exceptionnel, la migration tend à devenir, pour des individus possédant un capital social transnational de plus en plus vaste, une occupation à plein temps. La dernière partie de l'article examine la position sociale de ces migrants en Roumanie. Partageant leur existence entre une installation confortable sur place et une succession de « stages » de labeur à l'étranger, ils adoptent dans leur ville d'origine un comportement et des pratiques spécifiques à leur condition ascendante, dessinant ainsi les contours d'une nouvelle catégorie sociale.
In the context of the never-ending post-Communist transition, temporary labor migrations by members of the Romanian middle classes toward wealthy countries are taking place, along with other migratory trends that reflect a pendulum movement or are linked to the suitcase trade, as a particular strategy for adapting to the recession. Various statistical studies prove that more and more young city-dwellers with an education are doing this. Based on a survey of this population in a middle-sized town near Bucharest, this analysis focuses on the formation of the networks necessary for the operation of these informal movements throughout Europe. Beyond their initial plans of an occasional or temporary sort, ever more individuals with a transnational social capital tend to take part in such migrations, which become a full-time activity. The social position of these migrants is examined. Dividing their lives between a comfortable installation in Romania and a succession of periods of work outside the country, these migrants adopt, in their hometown, behaviors and practices related to their rising mobility. We thus see a new social category take shape.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Swanie Potot
Les migrants transnationaux : une nouvelle figure sociale en
Roumanie
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 33, 2002, N°1. Dossier: Points de vue sur le Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires. pp. 149-177.
Citer ce document / Cite this document :
Potot Swanie. Les migrants transnationaux : une nouvelle figure sociale en Roumanie. In: Revue d’études comparatives Est-
Ouest. Volume 33, 2002, N°1. Dossier: Points de vue sur le Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. pp.
149-177.
doi : 10.3406/receo.2002.3135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2002_num_33_1_3135Résumé
Cet article traite des migrations transnationales temporaires pratiquées par les classes moyennes
roumaines. Il montre comment, dans le contexte de la « transition » post-socialiste qui semble ne pas
aboutir, les migrations momentanées de travail vers des pays riches apparaissent, à côté d'autres
tendances migratoires, notamment pendulaires ou liées au « commerce de la valise », comme une
stratégie particulière d'adaptation à la crise. S'appuyant sur différentes études statistiques, l'auteur
constate que cette pratique est de plus en plus usitée par les jeunes citadins diplômés. Fondée sur une
enquête menée auprès de ce public dans une ville moyenne proche de Bucarest, l'analyse se focalise
sur la constitution des réseaux nécessaires à la mise en œuvre de ces mouvements informels à travers
l'Europe. Elle montre alors qu'au-delà d'un projet initial ponctuel et exceptionnel, la migration tend à
devenir, pour des individus possédant un capital social transnational de plus en plus vaste, une
occupation à plein temps. La dernière partie de l'article examine la position sociale de ces migrants en
Roumanie. Partageant leur existence entre une installation confortable sur place et une succession de «
stages » de labeur à l'étranger, ils adoptent dans leur ville d'origine un comportement et des pratiques
spécifiques à leur condition ascendante, dessinant ainsi les contours d'une nouvelle catégorie sociale.
Abstract
In the context of the never-ending post-Communist "transition", temporary labor migrations by members
of the Romanian middle classes toward wealthy countries are taking place, along with other migratory
trends that reflect a pendulum movement or are linked to the "suitcase trade", as a particular strategy for
adapting to the recession. Various statistical studies prove that more and more young city-dwellers with
an education are doing this. Based on a survey of this population in a middle-sized town near
Bucharest, this analysis focuses on the formation of the networks necessary for the operation of these
informal movements throughout Europe. Beyond their initial plans of an occasional or temporary sort,
ever more individuals with a transnational social capital tend to take part in such migrations, which
become a full-time activity. The social position of these migrants is examined. Dividing their lives
between a comfortable installation in Romania and a succession of "periods" of work outside the
country, these migrants adopt, in their hometown, behaviors and practices related to their rising mobility.
We thus see a new social category take shape.d'études comparatives Est-Ouest, 2002, vol. 33, n° 1, pp. 149-177 Revue
Les migrants transnationaux :
une nouvelle figure sociale en roumanie
Swanie POTOT *
RÉSUMÉ : Cet article traite des migrations transnationales temporaires pratiquées par
les classes moyennes roumaines. Il montre comment, dans le contexte de la « transition »
post-socialiste qui semble ne pas aboutir, les migrations momentanées de travail vers des
pays riches apparaissent, à côté d'autres tendances migratoires, notamment pendulaires
ou liées au « commerce de la valise », comme une stratégie particulière d'adaptation à
la crise. S'appuyant sur différentes études statistiques, l'auteur constate que cette pra
tique est de plus en plus usitée par les jeunes citadins diplômés. Fondée sur une enquête
menée auprès de ce public dans une ville moyenne proche de Bucarest, l'analyse se focal
ise sur la constitution des réseaux nécessaires à la mise en œuvre de ces mouvements
informels à travers l'Europe. Elle montre alors qu'au-delà d'un projet initial ponctuel et
exceptionnel, la migration tend à devenir, pour des individus possédant un capital social
transnational de plus en plus vaste, une occupation à plein temps. La dernière partie de
l'article examine la position sociale de ces migrants en Roumanie. Partageant leur exis
tence entre une installation confortable sur place et une succession de « stages » de
labeur à l'étranger, ils adoptent dans leur ville d'origine un comportement et des pra
tiques spécifiques à leur condition ascendante, dessinant ainsi les contours d'une nou
velle catégorie sociale.
abstract : In the context of the never-ending post-Communist "transition", tempor
ary labor migrations by members of the Romanian middle classes toward wealthy count
ries are taking place, along with other migratory trends that reflect a pendulum move
ment or are linked to the "suitcase trade", as a particular strategy for adapting to the
recession. Various statistical studies prove that more and more young city-dwellers with
an education are doing this. Based on a survey of this population in a middle-sized town
near Bucharest, this analysis focuses on the formation of the networks necessary for the
operation of these informal movements throughout Europe. Beyond their initial plans of
an occasional or temporary sort, ever more individuals with a transnational social capit
al tend to take part in such migrations, which become a full-time activity. The social
position of these migrants is examined. Dividing their lives between a comfortable
installation in Romania and a succession of "periods" of work outside the country, these
migrants adopt, in their hometown, behaviors and practices related to their rising mobili
ty. We thus see a new social category take shape.
La migration temporaire - et souvent clandestine - de travail vers les pays
d'Europe de l'Ouest est une pratique de plus en plus usité en Roumanie ; aussi,
sa vulgarisation auprès des jeunes citadins diplômés mérite-t-elle une attention
particulière. Ce public n'est ni particulièrement indigent ni marginalisé dans son
pays ; pourtant, ces jeunes gens acceptent de partir à l'étranger effectuer toutes
* Doctorante, allocataire de recherche au Soliis-Urmis, Université de Nice-Sophia Antipolis (e-
mail : swpotot@yahoo.fr). 150 SWANIE POTOT
sortes d'emplois dévalorisés. Durant ces séjours, ils économisent pour consom
mer ensuite le fruit de ce labeur en quelques mois dans leur ville d'origine.
Afin de saisir l'apparition de ce phénomène dans / 'après 1989, il est utile,
dans un premier temps, de se pencher sur le contexte socio-économique du pays.
C'est en effet dans les stratégies de survie informelles développées par l'e
nsemble de la population que l'on discerne les prémices des usages migrants. En
Roumanie, les migrations transnationales ont revêtu, au cours de la dernière
décennie, des formes multiples, portées par des publics disparates. Il faut donc
également s'intéresser de près à l'évolution de ces mouvements pour situer les
pratiques émanant aujourd'hui des classes moyennes urbaines.
Une série d'observations au sein d'une ville de départ permet de comprendre
comment le phénomène migratoire prend forme dans son contexte local. La
notion de capital social éclaire les processus de sélection des candidats au départ
autant que la « réussite » ou l'« échec » de la migration. Simultanément, l'étude
du mode de vie des migrants fait apparaître une tendance de cette activité à se
perpétuer. Née de projets ponctuels, elle se transforme rapidement en véritable
carrière. Dans ce contexte, l'analyse montrera qu'être migrant revient, pour
finir, à s'agréger à une nouvelle catégorie sociale en Roumanie.
La réflexion présentée s'appuie sur une recherche de trois années conduite
auprès de la population migrante roumaine. Les différentes enquêtes qualitatives
ont porté sur deux réseaux migratoires, ceux-ci étant compris, au sens de
D. Massey, comme « l'ensemble des liens interpersonnels qui relient les
migrants, les futurs migrants et les non migrants dans les espaces d'origine et de
destination, à tra

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