Les migrations rurales dans le Rio Grande do Sul - article ; n°4 ; vol.9, pg 481-504
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1954 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 481-504
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Roche
Les migrations rurales dans le Rio Grande do Sul
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 4, 1954. pp. 481-504.
Citer ce document / Cite this document :
Roche Jean. Les migrations rurales dans le Rio Grande do Sul. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 4,
1954. pp. 481-504.
doi : 10.3406/ahess.1954.2897
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1954_num_9_4_2897ESSAIS
Un exemple d'instabilité de la population rurale
dans un pays neuf
LES MIGRATIONS RURALES
DANS LE RIO GRANDE DO SUL
Chacun des États du Sud du Brésil, Parana, Santa Catarina, Rio. Grande
do Sul, mériterait une étude sur les rapports qui ont existé et qui existent
encore entre son peuplement et son agriculture. Le Parana, le plus récent de
ces trois États et dont les progrès ont été lents au xixe siècle, a été transformé
depuis moins de vingt-cinq ans par l'avance du front pionnier caféier venu
de Sâo Paulo. Le Santa Catarina a d'abord été peuplé à partir du littoral
par des agriculteurs d'origine allemande, établis sur le rebord cristallin de
la Serra do Mar ; puis la région du Plateau central a été occupée, après l'ét
ablissement de la voie ferrée Uruguai-Sâo Paulo, par d'autres agriculteurs,
d'origine allemande et italienne, venus du Rio Grande do Sul. Or c'est
justement le Rio Grande do Sul, le plus méridional des États brésiliens,
qui a suivi l'évolution la plus originale et la plus intéressante : elle lui donne
même une valeur exemplaire en ce qui concerne certains problèmes d'his
toire rurale en pays neuf.
Longtemps resté un no man's land, le Rio Grande do Sul ne fut que
tardivement annexé au domaine portugais d'Amérique. Depuis plus de
deux siècles déjà les grandes plantations et l'extraction des métaux précieux
s'étaient développées dans le Brésil tropical lorsque la prise de possession
du Rio Grande do Sul (1737) répondit à l'intention stratégique de s'assurer
une étape vers la colonie portugaise du Sacramento. Cette vocation militaire
en fit une marche destinée à contenir la pression des Espagnols qui remont
aient du Rio de la Plata, elle marqua de son sceau le premier peuplement,
et contraria plus d'un siècle durant les progrès de l'exploitation du sol ;
celle-ci ne cessa d'être sporadique que dans la seconde moitié du xixe siècle.
Alors de vastes espaces, aux ressources encore vierges, furent conquis
par une population blanche qui trouvait dans le Rio Grande do Sul un climat
Annales (9e année, octobre-décembre 1954), n° 4. 31 482 ANNALES
plus favorable à son installation et à son accroissement naturel que dans le
reste du Brésil. Ce furent d'abord des Allemands, établis à partir de 1824,
mais venus en petit nombre (48 000 jusqu'en 1914) ; ensuite des Italiens,
à partir de 1875 (76 000 jusqu'en 1914). Depuis la première guerre mondiale
l'immigration d'agriculteurs a pratiquement cessé, et le Rio Grande do Sul
n'a reçu au total qu'un petit nombre d'immigrants. Cependant, comme leur
natalité fut très forte, il leur doit son peuplement agricole et son originalité.
Ces groupes ruraux se distinguent, en effet, de la population plus ancie
nnement installée, et d'origine luso-brésilienne, par leur genre de vie comme
par leur rôle dans l'évolution économique et sociale de l'État. On les appelle
encore les colons. Agriculteurs s'adonnant aux cultures vivrières, petits
propriétaires pratiquant tous le faire-valoir direct, ils forment une démoc
ratie rurale rarement rencontrée dans le reste de la Fédération brésilienne,
non plus que dans les autres pays d'Amérique du Sud. Ils ont non seulement
des mœurs et des coutumes différentes de celles des autres groupes ruraux,
mais leurs traditions propres, qu'ils tirent de leur histoire.
Or l'étude des modalités suivant lesquelles s'est déroulée l'évolution
de cette population agricole, d'origine européenne toute fraîche, nous révèle
une instabilité chronique du milieu rural, manifestée par des migrations
internes dont l'ampleur et la régularité sont surprenantes dans un pays neuf
et plus encore dans un pays neuf doté d'une telle structure économique et
sociale. Ces migrations rurales s'expliquent si l'on précise les rapports qu'elles
eurent avec les déplacements du front pionnier de l'agriculture.
I. — Le milieu rural
Comme presque partout en Amérique du Sud, l'agriculture du Rio Grande
do Sul est pratiquée dans d'autres régions que l'élevage ; elle l'est, en outre
par des hommes d'origine différente. Certes, cette répartition des fonctions
rurales s'est opérée chronologiquement à cause de l'échelonnement des immi
grations dans le temps ; elle correspond cependant à la diversité des condi
tions offertes par les différentes régions naturelles.
Le Rio Grande do Sul présente assurément plus que le reste du Brésil
des éléments favorables à l'exploitation de la terre par une main-d'œuvre
d'origine européenne. S'étendant entre les 27° et 33° de latitude, il a un
climat subtropical : l'été long et chaud (Porto Alegre, sur le 30e parallèle,
a une température moyenne de 25° pour le mois le plus chaud, et la moyenne
des maxima y atteint 32°), l'hiver frais (moyenne du mois le plus froid : 14°),
des pluies abondantes (variant entre 1 000 mm. dans le Sud et 1 500 à
2 500 mm. dans le Nord), bien réparties sur les quatre saisons. L'agriculture
pourrait donc se développer diversement suivant le régime des précipita
tions et la nature du sol, en fonction du relief.
Outre le littoral, longue plaine basse où les alluvions quaternaires co
lmatent des lagunes emprisonnées par un cordon sablonneux et rectiligne,
fauteur du long isolement de la région, nous pouvons distinguer dans le
Rio Grande do Sul quatre grandes zones différenciées par l'altitude moyenne MIGRATIONS RURALES DANS LE RIO GRANDE DO SUL 483" LES
RÉPUBLIQUE SANTA
ARGENTINE CATARINA
Océan
AHântiçue
Colonies du Plateau
(fin XIXs. débuMX'i
Ancienne* colonies
italiennes
Nouvelles colonie*
du Plateau (XX*)
LES COLONIES DU RIO GRANDE DO SUL
1, Novo Hamburgo ; 2, Taquara ; 3, Cai ; 4, Montenegro ; 5, Taquari ; 6, Estrela ; 7, Arroio
do Meio ; 8, Lajeado ; 8 bis, Venancio Aires ; 9, Santa Cruz ; 10, Candelaria ; 11, Cachoeira ;
12, Sobradinho ; 13, S. Lourenço ; 14, Caxias ; 15, Farroupilha ; 16, Garibaldi ; 17, Bento Gon-
çalves ; 18, F. da Cunha ; 19, A. Prado ; 20, Nova Prata ; 21, Veranopolis ; 22, GuaporéJ;
23, Encantado ; 24, Jaguari ; 25, Ijui ; 26, N. Wurttemberg ; 27, Erechim ; 28, M. Ramos ;
29, G. Vargas ; 30, Santa Rosa ; 31, Třes Passos ; 32, Irai ; 33, Palmeira ; 34, Sarandi ; 35, Nâo
Me Toque. 484 ANNALES
et par la morphologie. La Serra du Sud-Est est un bouclier granitique dont
les sommets ne dépassent guère 400 m. et dont l'altitude moyenne est faible.
Ses versants, aux pentes douces, se soudent vers l'Ouest aux coxilhas (col
lines) de la Frontière, dont les molles ondulations ont été modelées par les
affluents du Rio Uruguai dans des schistes, des grès, des laves. Toute cette
zone forme ce qu'on appelle la Campanha, recouverte d'une prairie rase,
propre à l'élevage extensif. La dépression centrale, qui suit le 30e parallèle,
creusée dans des roches carbonifères et des grès permiens par les vallées
opposées des Rios Ibicui et Jacui, ne dépasse pas 150 m. sur la ligne de
partage des eaux. Ses larges terrasses horizontales sont dominées par l'esca
rpement baptisé Encosta da Serra. C'est le rebord abrupt d'un plateau basal
tique, dégagé, puis découpé par l'érosion fluviale. Cette zone accidentée était
entièrement recouverte de forêt vierge. Le plateau, constitué de plusieurs
couches de roches éruptives superposées et d'inégale extension, paraît s'abais
ser en gradins de l'Est (1 000 m.) vers l'Ouest (200 m.), sur la vallée du Rio
Uruguai. Le plateau, improprement appelé « Région de la Serra », occupe
toute la partie septentrionale de l'État ; il est recouvert tantôt de prairies
— sur les ondulations de forme sénile — tantôt de forêt — dans les vallées. Il
est longtemps re

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