Les mutations de l'espace rural - article ; n°1 ; vol.105, pg 5-18

C. Canevet

Description

Norois - Année 1980 - Volume 105 - Numéro 1 - Pages 5-18
Lately, as deep social and economic changes affected the farming community, the ancient stability of farming patterns has been shaken by the integrating process of traditional farming. Among the most notable changes are (1) increasing unbalance of area-based agriculture (through loss of ties with local specificity as agricultural and agro- industrial specialisations calls for increased reliance on capital, whose strategies take no account of local or regional conditions) ; (2) a loosening of the bonds within the rural community (as a consequence of the emergence of a new social stratification and of new time-scale) ; (3) more and more clearly visible alterations in the farming landscape and habitat.
Parallèlement aux bouleversements socio-économiques intervenus au sein de la paysannerie durant la période récente (cf. Norois, n° 104), le processus d'intégration de l'agriculture artisanale a également profondément ébranlé la stabilité relative traditionnelle de l'espace rural. On observe notamment : une déstabilisation croissante des agricultures régionales, devenues de moins en moins liées aux terroirs tandis que leurs spécialisations agricoles et agro-alimentaires sont au contraire de plus en plus dépendantes d'un capital dont les stratégies ignorent le niveau local ou régional ; une déstructuration des relations internes à l'espace rural, liée à la nouvelle stratification sociale des campagnes et aux changements d'échelles spatiales ; des mutations de plus en plus visibles au niveau des paysages agraires et des habitats ruraux.
Parallel zu den sozio-ökonomischen Umwälzungen, die sich in der letzten Zeit innerhalb des Bauerntums ereigneten (siehe Norois N° 104), hat der Integrationsprozefi der handwerklichen Landwirtschaft zur Hand-elswirtschaft auch die traditionnelle relative Stabilität des Iändlichen Raumes tief erschüttert. Es wird unter anderem Folgendes beobachtet : eine wachsende Entstabilisierung der regionalen Landwirtschaftsformen, die immer weniger am Erdboden gebunden sind, während ihre land-wirtschaftlichen und agro-alimentaren Spezialisierungen dagegen immer mehr von einem Kapital abhängen, dessen Strategien die lokale oder regionale Ebene nicht zur Kenntnis nehmen ; dazu eine Entstrukturierung der dem ländlichen Raume internen Beziehungen, welche mit der neuen sozialen Schichtung des Landes und mit dem Wandel der räumlichen Maßstäbe verbunden ist ; dazu noch immer auffälligere Änderungen, was die Agrarlandschaften und die ländlichen Wohnverhältnisse betrifft.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 79
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Corentin Canévet
Les mutations de l'espace rural
In: Norois. N°105, 1980. pp. 5-18.
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Canévet Corentin. Les mutations de l'espace rural. In: Norois. N°105, 1980. pp. 5-18.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1980_num_105_1_3867Abstract
Lately, as deep social and economic changes affected the farming community, the ancient stability of
farming patterns has been shaken by the integrating process of traditional farming. Among the most
notable changes are (1) increasing unbalance of area-based agriculture (through loss of ties with local
specificity as agricultural and agro- industrial specialisations calls for increased reliance on capital,
whose strategies take no account of local or regional conditions) ; (2) a loosening of the bonds within
the rural community (as a consequence of the emergence of a new social stratification and of new time-
scale) ; (3) more and more clearly visible alterations in the farming landscape and habitat.
Résumé
Parallèlement aux bouleversements socio-économiques intervenus au sein de la paysannerie durant la
période récente (cf. Norois, n° 104), le processus d'intégration de l'agriculture artisanale a également
profondément ébranlé la stabilité relative traditionnelle de l'espace rural. On observe notamment : une
déstabilisation croissante des agricultures régionales, devenues de moins en moins liées aux terroirs
tandis que leurs spécialisations agricoles et agro-alimentaires sont au contraire de plus en plus
dépendantes d'un capital dont les stratégies ignorent le niveau local ou régional ; une déstructuration
des relations internes à l'espace rural, liée à la nouvelle stratification sociale des campagnes et aux
changements d'échelles spatiales ; des mutations de plus en plus visibles au niveau des paysages
agraires et des habitats ruraux.
Zusammenfassung
Parallel zu den sozio-ökonomischen Umwälzungen, die sich in der letzten Zeit innerhalb des
Bauerntums ereigneten (siehe Norois N° 104), hat der Integrationsprozefi der handwerklichen
Landwirtschaft zur Hand-elswirtschaft auch die traditionnelle relative Stabilität des Iändlichen Raumes
tief erschüttert. Es wird unter anderem Folgendes beobachtet : eine wachsende Entstabilisierung der
regionalen Landwirtschaftsformen, die immer weniger am Erdboden gebunden sind, während ihre land-
wirtschaftlichen und agro-alimentaren Spezialisierungen dagegen immer mehr von einem Kapital
abhängen, dessen Strategien die lokale oder regionale Ebene nicht zur Kenntnis nehmen ; dazu eine
Entstrukturierung der dem ländlichen Raume internen Beziehungen, welche mit der neuen sozialen
Schichtung des Landes und mit dem Wandel der räumlichen Maßstäbe verbunden ist ; dazu noch
immer auffälligere Änderungen, was die Agrarlandschaften und die ländlichen Wohnverhältnisse betrifft.N° — 27e ANNÉE JANVIER-MARS 1980 105.
NOROIS
Les Publiée opinions avec exprimées le concours dans du Centre la Revue National n'engagent de la Recherche N. que D. L. leurs Scientifique. R. auteurs.
Les mutations de l'espace rural
par Corentin CANEVET
Université de Haute Bretagne
Cet article fait suite à une contribution précédente intitulée « De la
polyculture paysanne à l'intégration : les couches sociales dans l'agr
iculture » (1), qui s'efforçait de dégager les grandes lignes de l'évolution
de l'agriculture paysanne en France (et plus particulièrement en Bretagne)
en termes de dissolution de l'agriculture traditionnelle et de décompos
ition de la paysannerie, et de clarifier la stratification sociale issue de
ces mutations.
Si l'intégration de l'agriculture et de la société agraire s'est traduite
par des transformations radicales sur le plan économique et social,
l'espace rural lui-même a été également profondément ébranlé par suite
de la remise en cause de sa stabilité relative traditionnelle en matière
d'orientations productives, de réseaux de relations internes ou de paysages
agraires.
On observe en effet que le processus d'intégration de l'agriculture
s'accompagne :
— d'une déstabilisation des agricultures régionales, devenues de moins
en moins liées aux terroirs, tandis que leurs spécialisations (tant agri
coles qu'agro-alimentaires) sont au contraire de plus en plus dépen
dantes d'un capital caractérisé par une mobilité sans précédent (disso
ciation entre le lieu de décision et les lieux de mise en valeur du capital) ;
— d'une déstructuration des relations internes à l'espace rural, qui
résulte de la nouvelle stratification sociale des campagnes et des change
ments d'échelles spatiales introduites par l'industrialisation et l'intégra
tion de l'agriculture ;
— de mutations de plus en plus directement visibles au niveau des
paysages agraires et des habitats ruraux.
I. — DÉSTABILISATION DES AGRICULTURES RÉGIONALES.
Alors que la rationalité paysanne assurait la stabilité de l'agriculture
locale et de la société agraire, le capital introduit une opposition crois
sante entre la logique de l'exploitation (recherche de la sécurité et de
l'autonomie en tablant sur plusieurs productions) et celle des industries
(1) Cf. Norois, n° 104, octobre-décembre 1979. CORENTIN CANEVET 6
agro-alimentaires qui pousse à l'établissement de liens de dépendance
étroits et à la spécialisation la plus « pointue » possible, en vue du
maximum d'efficacité productive de « l'atelier » chargé d'approvisionner
au mieux le centre de transformation.
Cette déstabilisation économique se double d'une tendance à la désta
bilisation spatiale :
— d'un côté la différenciation géographique des orientations product
ives s'accentue et les spécialisations régionales se renforcent : l'élevage
intensif dans l'ouest, les productions légumière et fruitière dans les zones
méridionales aptes à l'irrigation, la « grande culture » dans les plaines
centrales, tandis que les zones de montagne sont délaissées ;
— d'un autre côté, l'agriculture devient de moins en moins liée aux
terroirs mais de plus en plus dépendante des stratégies spatiales des
firmes agro-alimentaires. Stratégies guidées par l'aptitude au profit,
elle-même inégale et variable selon le temps et les régions : aussi
assiste-t-on à des processus d'implantation ou de délocalisation d'acti
vités agricoles et industrielles, à une mobilité importante du capital qui
résulte de la mise en compétition des divers espaces, à des évolutions
régionales tantôt positives (mise en exploitation du bassin laitier breton
par des firmes laitières), tantôt négatives (déclin de la production
bretonne de petits pois au profit de la Picardie — abandon et mise en
difficulté des régions fromagères traditionnelles de l'Est de la France
par les firmes laitières « bretonnes », etc.).
A la localisation des productions agricoles en fonction des aptitudes
naturelles ou en fonction des potentialités humaines (l'agriculture inten
sive à base de productions animales « sans sol », en liaison avec une
pression démographique agricole élevée par exemple), tend donc à se
substituer, dans le cadre du mouvement d'intégration de l'agriculture
à l'économie dominante nationale et internationale, une localisation
agricole et agro-alimentaire commandée par les principes de rationalité
mis en œuvre par le capital industriel et bancaire (prise en compte de
la situation géo-économique des régions, du caractère plus ou moins
compétitif des structures de production et de la productivité des agricul
teurs, du niveau de rémunération accepté par les producteurs sous
contrat (2), des potentiels régionaux de production, du « dynamisme »
de producteurs plus ou moins disposés à accepter telle exigence, etc.).
Les conditions de l'implantation brutale, puis du retrait du groupe
Perrier-Préval au sein de l'industrie laitière en Bretagne, illustrent bien
le caractère « opportuniste » du grand capital (cf. annexe).
(2) L'extrait suivant, tiré d'un document interne de la firme Guyotnarc'h (aliment du
bétail, abattoirs de volailles et de porcs) en date d'avril 1969, est très clair à cet égard:
« Avant de faire un contrat, il est indispensable de connaître les performances que feront