Les nouveaux enjeux et les nouveaux acteurs des débats internationaux dans les années 90 - article ; n°151 ; vol.38, pg 659-675
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Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 151 - Pages 659-675
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sophie Bessis
Les nouveaux enjeux et les nouveaux acteurs des débats
internationaux dans les années 90
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°151. Coopération internationale : le temps des incertitudes ( sous la direction
d'André Guichaoua ). pp. 659-675.
Citer ce document / Cite this document :
Bessis Sophie. Les nouveaux enjeux et les nouveaux acteurs des débats internationaux dans les années 90. In: Tiers-Monde.
1997, tome 38 n°151. Coopération internationale : le temps des incertitudes ( sous la direction d'André Guichaoua ). pp. 659-
675.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_151_5155LES NOUVEAUX ENJEUX
ET LES ACTEURS
DES DÉBATS INTERNATIONAUX
DANS LES ANNÉES 90
par Sophie Bessis*
Dans un contexte géopolitique et économique bouleversé depuis la fin
des années 80, les Nations Unies ont organisé, de 1992 à 1996, une série
de grandes conférences destinées à faire prendre conscience aux « déci
deurs» de l'importance des défis auxquels le monde est confronté
aujourd'hui. Environnement, droits humains, croissance démographique,
crise sociale planétaire, place des femmes dans la société et question de
l'égalité des sexes ont été les principaux sujets débattus. Alertant l'opinion
sur la nécessité de trouver d'autres modes de gestion de la planète, ces
conférences ont surtout donné l'occasion à de nouveaux acteurs - ONG,
femmes, porte-parole de courants religieux, élus municipaux - de se manif
ester à côté ou contre les États. Enfin, elles ont mis en lumière les nou
veaux clivages qui traversent les relations internationales, une fois disparu
l'affrontement Est-Ouest et renouvelés les termes du débat Nord-Sud.
Depuis sa création, I'onu a toujours estimé qu'il était dans ses
attributions de convoquer ses États membres pour débattre, hors de la
routine de ses assemblées générales, des grandes questions qui influen
cent la marche du monde. Jamais pourtant, comme au cours des
années 90, les grandes réunions internationales n'avaient été organis
ées à un tel rythme et n'avaient réuni autant de participants. De
juin 1992, qui vit se tenir à Rio de Janeiro le «Sommet de la Terre»,
à juin 1996 où Istanbul a abrité la Conférence Habitat II, six gigantes
ques conférences thématiques se sont succédé, dont deux ont réuni
plus d'une centaine de chefs d'État.
♦ Historienne, Université de Paris I.
Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, n° 1 5 1 , juillet-septembre 1997 660 Sophie Bessis
S'il a repris des thèmes déjà explorés par l'organisation internatio
nale - de l'environnement à la démographie, des femmes aux droits de
l'homme et à la croissance urbaine - ce cycle de conférences présente à
bien des égards un caractère inédit par rapport à celles des années 70
et 80. La volonté des Nations Unies de lier ces sujets, la diversification
des participants et l'apparition de nouveaux acteurs sur la scène interna
tionale révèlent une réelle prise de conscience, même si elle reste ambi
guë, des défis auxquels l'humanité est aujourd'hui confrontée. Les nouv
elles lignes de fractures qui s'y sont dessinées et les alliances nouées à
ces occasions tracent les contours des enjeux internationaux de l'après-
guerre froide.
LE GRAND BOULEVERSEMENT DU MONDE
En organisant ce cycle, les Nations Unies ont avant tout voulu
prendre acte des bouleversements qu'a connu le monde dans les
années 80 et du déplacement des préoccupations des puissances du
Nord depuis la fin du conflit Est-Ouest. Dès le début des années 90, il
est apparu évident que l'effondrement du bloc soviétique changeait
profondément la nature des impératifs de sécurité occidentaux. Ces
derniers ne résident plus dans la nécessité de se préparer à une
confrontation militaire contre un ennemi clairement identifié, mais
dans celle de contenir à l'intérieur de limites supportables pour la sta
bilité d'un système devenu planétaire les effets de ses dysfonctionne
ments. L'unification apparente du monde interdisant désormais de
cantonner ses préoccupations à l'échelle nationale ou régionale, l'inte
rnationalisation des problèmes auxquels il est confronté constitue
l'autre face d'une mondialisation à peu près unanimement considérée
comme irréversible.
En apparaissant désormais comme des défis globaux, le danger que
fait peser sur un avenir de plus en plus proche l'accélération de la dégra
dation de l'écosystème terrestre, l'aggravation - sans précédent depuis
cinquante ans - des inégalités sociales dans toutes les régions du globe,
une croissance démographique susceptible de décupler l'ampleur des
pressions migratoires et engendrant une explosion urbaine de moins en
moins maîtrisable, méritent un traitement global. Même si l'impact
d'une telle évolution donne lieu à de sérieuses controverses, rares sont
en effet ceux qui mettent en doute le fait qu'une exploitation de type
minier de l'ensemble des ressources naturelles et l'augmentation de la
production de déchets (solides, liquides et gazeux) multiplie les risques Les nouveaux enjeux et les nouveaux acteurs 661
planétaires1. Nul ne conteste non plus qu'à l'euphorie des «Trente Glor
ieuses », qui a permis à l'ensemble des pays du globe de connaître de
notables avancées sociales, a succédé une période de ralentissement de la
croissance qui s'est accompagnée à peu près partout d'un creusement
des inégalités, sur le plan mondial et à l'intérieur de nombreux pays, au
Nord comme au Sud2. Selon la Banque mondiale, le nombre absolu de
personnes vivant dans le dénuement aurait augmenté de 100 millions
d'individus au cours des années 803. Enfin, même si les prévisions catas-
trophistes du début des 80 ont été revues à la baisse du fait d'une
chute plus rapide que prévue de la fécondité dans les pays du Sud, la
population mondiale atteindra au minimum 8 milliards d'habitants
en 2050, dont la majorité vivra dans les villes4.
Une fois disparue l'alternative supposée offerte par le socialisme
« réalisé » aux démocraties libérales, les vainqueurs de la guerre froide
ont par ailleurs ressenti le besoin, en renouvelant les sources de leur légi
timité, d'apparaître comme les inspirateurs des dynamiques démocrati
ques à l'œuvre un peu partout dans le monde et d'isoler dans le même
temps des régimes peu disposés à avaliser les nouveaux compromis pla
nétaires. Pendant les quelque quarante années qu'a duré la guerre
froide, la question des droits de l'homme et du respect des principes
démocratiques avait connu pour les besoins de la cause occidentale deux
types de traitement diamétralement opposés. Constituant d'un côté l'un
des fers de lance de la lutte idéologique contre le totalitarisme sovié
tique, elle avait été systématiquement passée par pertes et profits quand
il s'agissait de soutenir, dans le Tiers Monde, les alliés dictatoriaux de
l'Occident. L'effondrement du bloc soviétique l'a placée au centre des
débats internationaux. Il convient désormais de structurer la société
1 . Voir entre autres Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1992, Développe
ment et environnement.
2. Si au cours des cinquante dernières années, le revenu mondial a été multiplié par 7 et le revenu
moyen par habitant par 3, les 20 % d'individus les plus riches du globe - qui vivent en quasi-totalité dans les
pays industrialisés - ont vu leur part du revenu mondial passer de 70 à 85 % entre 1960 et 1991, tandis que
celle des 20 % les plus pauvres passait de 2,3 à 1,4% (PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain 1994, Paris, Economica, 1994).
Selon la Banque mondiale (Rapport sur le développement dans le monde 1990 : Pauvreté), le PIB réel par
habitant a diminué de 2,2 % par an en Afrique subsaharienne de 1980 à 1989 et de 0,6 % en Amérique latine
et dans les Caraïbes, pendant qu'il n'augmentait que de 0,8 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Voir
également P. Salama et J. Valier, Pauv

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