Les politiques d ajustement orthodoxes. Un point de vue critique - article ; n°109 ; vol.28, pg 9-23
16 pages
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Les politiques d'ajustement orthodoxes. Un point de vue critique - article ; n°109 ; vol.28, pg 9-23

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Description

Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 9-23
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Grellet
Les politiques d'ajustement orthodoxes. Un point de vue critique
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 9-23.
Citer ce document / Cite this document :
Grellet Gérard. Les politiques d'ajustement orthodoxes. Un point de vue critique. In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°109. pp. 9-
23.
doi : 10.3406/tiers.1987.4481
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_109_4481PROBLÉMATIQUE
LES POLITIQUES
D'AJUSTEMENT ORTHODOXES
UN POINT DE VUE CRITIQUE
par Gérard Grellet*
Bien que le fmi n'ait jamais considéré qu'il existe une doctrine offi
cielle en matière d'ajustement, les mesures propose varient généra
lement peu d'un pays à l'autre et ceci quelle que soit la cause du désé
quilibre externe et quelles que soient les structures économiques et
sociales du pays. Ces mesures se résument en effet presque toujours à
un ajustement des parités, à l'encadrement du crédit, à la réduction du
déficit budgétaire, à la libéralisation du marché ainsi qu'à l'ouverture
de l'économie sur l'extérieur.
La raison d'une telle similitude naît de la référence à une même
théorie de l'ajustement, théorie que nous qualifierons ici d'orthodoxe
et qui est fondée sur les trois postulats implicites suivants1 :
Premier postulat : Tout déséquilibre extérieur a son origine dans un
excédent de la demande globale sur l'offre globale. Ce déséquilibre
n'est possible que par une augmentation de la masse des moyens de
paiement plus rapide que celle des biens et services réels.
Second postulat : Toute correction d'un déséquilibre nécessite une
réduction de la demande nominale et une réallocation des facteurs de
production de façon à augmenter l'offre globale. Elle suppose un
réajustement de la parité monétaire de façon à rééquilibrer l'offre et la
demande de devises; un encadrement de la création monétaire afin de
contrôler la demande nominale; une réallocation des ressources natio-
* Professeur à l'Université de Nantes.
i. Voir J. J. Polak (1957); J. M. FrenkeletH. G. Johnson (1976); fmi (1977); M.-F. L'Hé-
riteau (1986).
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n» 109, Janvier-Mars 1987 I O GERARD GRELLET
nales de façon à augmenter les exportations et/ou approfondir le pro
cessus de substitution à l'importation.
Troisième postulat : La politique d'ajustement n'est pas déflationniste.
Son objectif est de parvenir à un équilibre extérieur de plein-emploi
en modifiant le système de prix et l'allocation des ressources. Les seuls
coûts sont d'une part l'ajustement de la demande nationale à l'offre
nationale et d'autre part la réallocation des ressources. Ces coûts ne
sont que temporaires et doivent permettre de ramener l'économie vers
un sentier de croissance à long terme.
Pour comprendre la logique orthodoxe il convient de s'interroger
sur les causes d'un déficit de la balance des paiements courants2.
Dans un régime de change fixe, et en l'absence de mouvements de
capitaux, un tel déficit n'est possible que parce que la demande nominale
interne excède la valeur nominale de la production interne.
Comment un tel excédent peut-il se produire ? Remarquons tout
d'abord que la valeur réelle de la production globale est, par définition,
égale à la valeur réelle des revenus distribués à l'occasion de cette
production. Comme la demande globale réelle ne peut excéder les
revenus distribués, l'origine d'un déficit de la balance des paiements
ne peut provenir que d'un déficit structurel de l'offre globale réelle par
rapport à la demande globale réelle. Il n'en va pas toutefois de même
dans une économie monétaire. Dans une telle économie une émission
monétaire exogène peut en effet créer un excédent de la demande nomin
ale par rapport à l'offre nominale. Dans un régime de change fixe
l'émission monétaire interne se trouve validée à l'extérieur, ce qui rend
possible un déficit de la balance des paiements courants.
Une telle explication qui ramène le déséquilibre extérieur à la création
2. La définition de l'équilibre de la balance des paiements reste très confuse. La plupart
des auteurs cherchent en effet (et à juste titre) à éliminer les déséquilibres transitoires, ce qui
nécessite de définir un « équilibre fondamental ». L'on sait que ce concept a joué un rôle
central dans l'élaboration des accords de Bretton Woods et que l'incapacité de donner une
définition précise à ce terme a été une des causes de l'échec du système mis en place en 1944.
La définition donné par Killick (Killick, 1981) montre toutes les ambiguïtés du concept
d'équilibre : « L'équilibre de la balance des paiements existe quand, dans une année normale,
la balance de base (...) est proche de zéro, sous les conditions suivantes : il n'y a aucune restriction
importante ou non désirée aux échanges extérieurs; la dette extérieure et le service de la
dette ne sont pas considérés comme excessifs; les réserves en devises sont estimées adéquates et
l'équilibre ne dépend pas de la poursuite de politiques économiques qui sont plus défla
tionnistes que ce que Г on pourrait désirer pour d'autres raisons. » L'on remarquera qu'il serait
difficile de trouver un pays du Tiers Monde qui, dans les années récentes, ait atteint un
équilibre au sens où l'entend Killick. Par simplification la plupart des auteurs considèrent
que l'équilibre extérieur est atteint quand est atteint l'équilibre de la balance des opérations
courantes, ce qui revient à exclure les mouvements de capitaux. LES POLITIQUES D AJUSTEMENT ORTHODOXES II
monétaire interne constitue ce qu'il est convenu d'appeler 1' « approche de la balance des paiements »3.
Nous avons montré qu'une telle approche repose sur trois postulats.
Le renversement de ces postulats permet de définir ce que nous appel
lerons Г « approche réelle de la balance des paiements » que nous
pouvons résumer de la façon suivante :
Premier postulat : Le déficit de la balance des paiements courants
trouve son origine dans l'impossibilité d'ajuster spontanément et imméd
iatement la demande et l'offre globale.
Second postulat : Une partie de la création monétaire peut être consi
dérée comme la conséquence du déficit de la balance des paiements.
Troisième postulat : L'ajustement de la balance des paiements suppose
une variation de la production et des revenus réels.
Le premier postulat rejette la possibilité d'un équilibre durable de
marché. En effet l'offre et la demande globales ne sont plus considérées
comme identiques mais comme indépendantes.
Le second postulat renverse la proposition monétariste. Ce n'est
pas la création monétaire qui explique le déficit de la balance des paie
ments mais c'est le déficit de la balance des paiements qui explique
(tout au moins en partie) la création monétaire. Alors que selon l'expli
cation monétariste la création monétaire est exogène et le solde de la
balance des paiements endogène, selon l'explication « réelle » le déficit
extérieur est exogène et l'offre de monnaie endogène.
Le troisième postulat s'oppose à la théorie orthodoxe de la neutral
ité de l'ajustement sur le niveau des revenus. Dans la mesure où une
partie de la consommation porte sur des biens importés, toute baisse
du niveau des importations nécessite en effet une baisse de la consommat
ion globale et donc des revenus.
Il ne saurait être question de trancher ici entre l'approche « monét
aire » et « réelle ». L'issue du débat est en effet largement empirique.
Si l'approche monétaire de la balance des paiements est justifiée dans le
cas d'un pays comme la Corée dont le déficit extérieur de 1980-1981 a
été précédé, non d'une dégradation de ses termes de l'échange, mais
d'une forte croissance de son crédit interne, l'approche « réelle » est
davantage justifiée dans le cas des pa

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