Les processus d influence sociale - article ; n°2 ; vol.58, pg 427-447
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Description

L'année psychologique - Année 1958 - Volume 58 - Numéro 2 - Pages 427-447
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 29
Langue Français
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Extrait

G. de Montmollin
Les processus d'influence sociale
In: L'année psychologique. 1958 vol. 58, n°2. pp. 427-447.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. Les processus d'influence sociale. In: L'année psychologique. 1958 vol. 58, n°2. pp. 427-447.
doi : 10.3406/psy.1958.26704
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1958_num_58_2_26704LES PROCESSUS D'INFLUENCE SOCIALE
par Germaine de Montmollin
La revue des articles que nous proposons ici n'est pas exhaustive ;
elle ne porte que sur les publications essentielles de ces trois dernières
années. Nous renvoyons pour les années antérieures aux analyses bibli
ographiques de L'Année psychologique et plus particulièrement aux revues
critiques de C. Flament (24) et de G. de Montmollin (49). Nous nous
contenterons par ailleurs, de présenter les approches empiriques du pro
blème, c'est-à-dire les recherches expérimentales qui font apparaître le
phénomène et en étudient les conditions, en nous appuyant sur les inter
prétations des résultats observés pour dégager les explications1.
Les « processus d'influence » sont à la mode : il n'est aucune revue de
psychologie, sociale, clinique, appliquée ou générale, qui ne contienne
un article sur la persuasion, les changements d'opinion ou d'attitude,
le conformisme, l'uniformisation. Cette prolifération s'accompagne d'une
focalisation : en effet, dans le domaine de la psychologie sociale, les
études de réseaux de communication, de structures sociométriques, du
commandement aboutissent à la mise en question d'un problème qui
apparaît comme le point crucial de la rencontre entre l'individu et la
société, dans la formation et l'adaptation de l'homme.
Cet intérêt presque soudain malgré l'ancienneté du problème tient,
nous semble-t-il, à plusieurs causes. Et tout d'abord, au développement
historique de la psychologie sociale : plus particulièrement aux recherches
de Festinger (20) et de ses collaborateurs, sur la dynamique des groupes,
et aux hypothèses d'Asch (2) dont la position de rationaliste militant, a
rajeuni l'interprétation des changements que subissent les perceptions,
les opinions, les attitudes d'un homme lorsqu'elles sont confrontées avec
celles d'autrui. Ces chercheurs ont suscité une animation intellectuelle
dont la fécondité permet de mesurer rétrospectivement la valeur des
premières hypothèses. Les recherches, d'un caractère plus clinique,
consacrées, dans le domaine des traits de personnalité, à l'autoritarisme
et à la rigidité, ont amené également par les critiques qu'elles soulèvent,
une meilleure compréhension du « conformisme social ».
1. Pour l'exposé et l'exploitation des modèles théoriques d'influence
sociale, se reporter aux revues critiques de R. Pages (50) et de C. Flament (25). 428 REVUES CRITIQUES
A ces raisons historiques, viennent s'ajouter des raisons sociologiques.
Tenir compte de l'opinion publique, comprendre comment elle se forme
et évolue, savoir la manipuler, sont des nécessités fondamentales de
tout régime démocratique. Et si ce problème est plus particulièrement
posé par les psychologues américains, c'est que dans la civilisation
américaine, l'opinion n'est pas seulement une force politique, mais encore
une référence et une valeur pour tout individu, dans sa vie quotidienne,
sa réussite et son bonheur ; l'étendue et la diversité des moyens de com
munication rend la proximité et la pression sociales plus importantes
encore. Mais il ne s'agit pas seulement de raisons sociologiques locales ;
en un sens, les préoccupations des psychologues américains servent de
révélateurs de ce qui est une des caractéristiques de notre temps : la
guerre psychologique entre des groupes d'idéologies contraires. Au potent
iel des armes de destruction, vient s'ajouter le potentiel des armes de
persuasion ; une nouvelle notion de force est née, qui repose sur le fait
qu'on a raison ou qu'on s'efforce de le paraître. Simultanément, dans
chaque groupe, on assiste à une mobilisation des esprits, à une valori
sation de la loyauté et de l'obédience, qui s'accompagne d'intolérance
à l'égard des hérétiques et des déviants. Nous pensons que ce climat
n'est pas sans influer sur l'émergence de certains problèmes et sur l'inté
rêt que nous devons leur porter.
Nous ferons d'abord quelques remarques générales sur les méthodes
d'approche du problème et l'esprit dans lequel il a été abordé. Les expé
rimentateurs ont toujours traité à peu près de la même façon, le vieux
problème de la persuasion. Ils emploient souvent la formule elliptique :
« avant-après » pour caractériser leur méthode. On enregistre la réponse
ou l'opinion d'un sujet en dehors de toute influence locale ou temporelle,
au début de l'expérience : c'est la réponse spontanée ou naïve, qui servira
de terme de comparaison ; immédiatement, ou quelque temps après
selon le matériel utilisé, on soumet le sujet à une « influence » sociale :
en lui communiquant indirectement les réponses ou les opinions d'autres
sujets, en lui faisant entendre directement les réponses ou les opinions
d'autres participants, en le soumettant aux arguments de contradict
eurs, etc. On demande ensuite au sujet de donner une nouvelle réponse
aux mêmes stimuli ou au même questionnaire d'opinion. On mesure
l'influence à la différence entre les deux réponses du sujet et on appelle
plus particulièrement « conformité », le rapprochement de la réponse du
sujet critique par rapport à celle des sujets « sources » d'influence. Il
s'agit presque toujours d'influence immédiate; dans tous les cas, les
auteurs utilisent des sujets contrôles qui donnent deux réponses succes
sives sans variable sociale interposée, ou des situations contrôles dans
lesquels les mêmes sujets donnent une réponse en l'absence des autres.
La nécessité méthodologique d'avoir des sujets naïfs d'une part, et PE MONTMOLLIN. LES PROCESSUS n'iNFLTJKNCE SOCIALE 429 G.
d'autre part, un contrôle rigoureux des variables d'influence, amène
les expérimentateurs à truquer presque constamment la situation expé
rimentale, soit en utilisant des compères qui donnent des réponses conve
nues à l'avance, systématiquement fausses par rapport à l'évidence phys
ique, soit en donnant des consignes ambiguës ou sans rapport avec le
but de l'expérience, soit encore en manipulant les communications entre
sujets selon un plan prévu à l'avance. Ce genre de recherches représente
un véritable travail de prestidigitation où l'on admire autant l'ingé
niosité, que la rigueur, l'esprit d'économie et le savoir-faire des expéri
mentateurs, mais qui ne laisse pas de poser un problème déontologique.
En effet, non seulement la plupart des sujets souffrent d'un conflit et en
arrivent à douter d'eux-mêmes, mais on arrive même à leur faire prendre
par tromperie des positions contraires à l'évidence et à leur convic
tion profonde. Il y a là un danger certain, une « manipulation des esprits »
dont Asch souligne le redoutable pouvoir, en indiquant qu'on soumet des
individus à une véritable épreuve morale. Certaines de ces expériences
créent une aliénation de l'individu ; la plasticité de certains sujets a
quelque chose de proprement effarant.
Nous ne ferons pas ici l'historique du problème (cf. 49) ; rappelons
seulement qu'il a été diversement abordé : ou bien la suggestion est le
fait d'individus suggestibles, auquel cas les facteurs personnels seraient
l'explication dernière des processus d'influence sociale ; ou bien la
suggestion apparaît comme la réponse à certaines pressions sociales, et
dans ce cas, il faut surtout mettre en évidence les variables de situation
ou de groupe. Nous retrouverons dans les recherches récentes, ces deux
types d'explication, mais les études majeures mettent l'accent sur les
deux séries de variables à la fois, dont elles montrent l'évidente
interaction.
En schématisant à l'extrême une situation d'in

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