Les processus de croissance des entreprises sont-ils déterminés ou indéterminés ? - article ; n°2 ; vol.24, pg 216-234
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Description

Revue économique - Année 1973 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 216-234
Les processus de croissance des entreprises sont-ils determinés ou indeterminés?
La comparaison des taux de croissance des entreprises conduit à mieux en comprendre le processus.
La distribution statistique des taux de croissance ne permet pas de vérifier l'hypothèse d'un modèle aléatoire correspondant à la loi de Gibrat, bien que l'on ne puisse déceler de liaison linéaire entre la taille des firmes et leur taux de croissance. Aucune information statistique ne permet d'étayer suffisamment l'hypothèse d'une croissance qui serait exclusivement entraînée par les taux de profit. Il paraît plus fécond d'identifier au cœur des stratégies et politiques d'entreprises les éléments qui déterminent les taux de croissance de manière plus significative que les seuls résultats hérités du passé.
Cette hypothèse conduit à conclure que les entreprises se développent inégalement vite en partie parce qu'elles ne se fixent ni les mêmes objectifs ni la même ambition.
Why growth rates of business firms differ ?

This paper deals with comparative rates of growth of firms. The distribution of growth rates does not lit with stochastic models such as Gribrat's law, although there is no close linear relationship between size and growth. We can neither rely upon sufficient statistical evidence to support a « profit-push growth » theory. It seems much more fruitful to build a « strategy-pull growth » theory which emphasizes the prominent influence exerted by the real substance of firm policies. This hypothesis leads to the conclusion that the competitors do not grow equally fast in part because they do not intend to run the same race.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Bienaymé
Les processus de croissance des entreprises sont-ils
déterminés ou indéterminés ?
In: Revue économique. Volume 24, n°2, 1973. pp. 216-234.
Résumé
Les processus de croissance des entreprises sont-ils determinés ou indeterminés?
La comparaison des taux de croissance des entreprises conduit à mieux en comprendre le processus.
La distribution statistique des taux de croissance ne permet pas de vérifier l'hypothèse d'un modèle aléatoire correspondant à la
loi de Gibrat, bien que l'on ne puisse déceler de liaison linéaire entre la taille des firmes et leur taux de croissance. Aucune
information statistique ne permet d'étayer suffisamment l'hypothèse d'une croissance qui serait exclusivement entraînée par les
taux de profit. Il paraît plus fécond d'identifier au cœur des stratégies et politiques d'entreprises les éléments qui déterminent les
taux de croissance de manière plus significative que les seuls résultats hérités du passé.
Cette hypothèse conduit à conclure que les entreprises se développent inégalement vite en partie parce qu'elles ne se fixent ni
les mêmes objectifs ni la même ambition.
Abstract
Why growth rates of business firms differ ?
This paper deals with comparative rates of growth of firms. The distribution of growth rates does not lit with stochastic models
such as Gribrat's law, although there is no close linear relationship between size and growth. We can neither rely upon sufficient
statistical evidence to support a « profit-push growth » theory. It seems much more fruitful to build a « strategy-pull growth »
theory which emphasizes the prominent influence exerted by the real substance of firm policies. This hypothesis leads to the
conclusion that the competitors do not grow equally fast in part because they do not intend to run the same race.
Citer ce document / Cite this document :
Bienaymé Alain. Les processus de croissance des entreprises sont-ils déterminés ou indéterminés ?. In: Revue économique.
Volume 24, n°2, 1973. pp. 216-234.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1973_num_24_2_408081LES PROCESSUS DE CROISSANCE
DES ENTREPRISES
SONT-ILS DETERMINES OU INDETERMINES?
JLiES entreprises appartenant à un secteur d'activité donné croissent
à des rythmes inégaux. Cette disparité intrigue l'économiste et le
statisticien depuis une dizaine d'années. Elle a donné lieu à un affron
tement entre deux thèses. Selon un premier point de vue, la dyna
mique des firmes serait soumise à des processus stochastiques. En
vertu de cette analyse, toute entreprise aurait, quelle que soit sa
dimension, les mêmes chances de croître à un taux donné et la distr
ibution statistique des taux de croissance répondrait aux mêmes carac
téristiques pour toutes les classes de dimensions [1, 2, 3, 4, 5, 6].
Deux arguments de fond paraissent soutenir cette thèse. En premier
lieu, on n'a guère pu relever de liaison linéaire satisfaisante per
mettant d'attester une dépendance fonctionnelle de ce type entre les
taux de croissance du chiffre d'affaires ou des actifs des entreprises
et leur taille. En second lieu, tant de facteurs agissent sur l'évolution
du chiffre d'affaires d'une entreprise qu'il paraît illégitime de privi
légier l'un d'eux.
Nous entendons dans la première partie de cet article montrer
que l'indépendance du taux de croissance des entreprises à l'égard de
leurs dimensions ne justifie pas le recours à l'hypothèse de distribution
probabiliste des taux de croissance.
Faut-il pour autant soutenir, et ceci constitue un second point
de vue, que la croissance d'une entreprise est, sinon rigoureusement
déterminée, du moins fortement influencée par un nombre restreint de
variables aisément identifiables ? Cette thèse, qui est d'esprit déter
ministe, privilégie en particulier le rôle exercé par le taux de rentab
ilité de la période correspondant à celle où le taux de croissance
est mesuré [gt — f (ir t) avec g = taux de croissance et -n = taux LES PROCESSUS DE CROISSANCE 217
de rentabilité pour l'année t]. Par une lointaine analogie avec la
théorie de la cost-push inflation, cette théorie, que nous pourrions
baptiser profit-push growth, consiste à soutenir que le bénéfice hérité
des actions passées, induit à mesure qu'il est sécrété par les moyens
financiers nécessaires à soutenir, ou accélérer, la croissance de la
firme [7].
Notre propos est de montrer, dans une seconde partie de cet arti
cle, que l'influence du taux de rentabilité et, plus largement, des
principales variables que toute firme hérite à l'instant présent de son
passé, ne détermine que faiblement son taux de croissance.
Dès lors, une troisième voie de recherches s'impose. Elle doit
partir de deux faits négligés tant par les partisans de la thèse proba-
biliste que par ceux de la thèse déterministe. Toute firme constitue
d'abord un système, plus ou moins complexe selon sa dimension et la
gamme de ses inputs et outputs. Un ensemble de variables, dont les
interactions font osciller selon des itinéraires et des proportions
variables un ensemble de ratios (productivités propres à chaque input,
ratios d'intensités factorielles, taux d'utilisation des facteurs fixes, prix
relatifs, etc.), aboutit en fin de course à un ensemble de résultats en
termes de rentabilité et/ou de taux de croissance. Ces séquences et
ces évolutions sont encore mal connues et cette ignorance fait actuel
lement douter certains de la possibilité que l'économie d'entreprise
puisse établir des règles de gestion [8].
D'autre part, le développement d'une entreprise ne se trouve pas
pour autant livré, en dépit de ces lacunes, à une orientation incons
ciente. Toute firme est soit sujet, soit objet — lorsqu'elle appartient
à un groupe — , soit à la fois sujet et objet de stratégie. Si son
expansion est marquée par le jeu de multiples influences, une volonté,
une anticipation, une politique interprètent ces influences ; leurs dir
igeants s'attachent en surmontant les incertitudes, à définir un jeu
cohérent d'actions [9].
C'est pourquoi il y a lieu de considérer que la croissance des
entreprises est au moins autant tirée par le jeu des anticipations et
le contenu des politiques qui les ratifient, que par les résultats hérités
d'une séquence de décisions et d'événements passés. L'hypothèse strategy-pullgrowth mérite donc d'être explorée. 218 REVUE ECONOMIQUE
I
LIAISON TAILLE ■ TAUX DE CROISSANCE
ET HYPOTHESE PROBABILISTE
Les raisonnements qui suivent porteront sur des populations d'en
treprises regroupées en secteurs d'activité homogènes : cette pré
caution s'explique par deux considérations ; il s'agit d'éliminer autant
que possible l'influence propre à la dynamique des secteurs et d'ap
profondir les déterminants véritables de la concurrence industrielle ;
cela dit, au niveau des très grandes firmes d'activité polysectorielle,
l'hypothèse s'impose avec moins de force qu'à celui des petites et
moyennes entreprises plus spécialisées.
1.1. Trois faits retiennent l'attention par leur persistance:
— les entreprises ont des tailles inégales ;
— les ont des taux de croissance inégaux ;
— aucune régularité de quelque portée ne permet de conclure soit
à la convergence, soit à la divergence des dimensions ; il s'ensuit
que toute population d'entreprises est le siège de mouvements
incessants d'ascensions et de rétrogradations attestant une mobil
ité interne plus ou moins intense.
1.2. L'hypothèse qui, dans ces conditions, a paru à beaucoup
le mieux rendre compte de ces trois faits, est que la distribution des
taux de croissance serait de type aléatoire.
a) On sait que, pour ce qui concerne les dimensions des établi
ssements et des entreprises, les distributions de fréquence qui en ren
dent le mieux compte sont les log-normales soumises
à la loi de l'effet proportionnel. Gibrat énonce ainsi cette loi : « Une
variable soumise à un processus de variation obéit à un effet propor
tionnel si toute variation de cette variable à chaque étape du processus
est une proportion aléatoire de lä valeur initiale de cette variable »

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