Les rébellions populaires au Congo en 1964 - article ; n°26 ; vol.7, pg 345-359

Benoît Verhaegen

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1967 - Volume 7 - Numéro 26 - Pages 345-359
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: CAHIERS_D-ETUDES_AFRICAINES
• Publié le: 01 janvier 1967
• Nombre de lectures: 40
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Benoît Verhaegen
Les rébellions populaires au Congo en 1964
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 7 N°26. 1967. pp. 345-359.
Citer ce document / Cite this document :
Verhaegen Benoît. Les rébellions populaires au Congo en 1964. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 7 N°26. 1967. pp. 345-
359.
doi : 10.3406/cea.1967.3100
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1967_num_7_26_3100BENOIT VERHAEGEN
Les rébellions populaires au Congo en 1964*
LA PROGRESSION DES BELLIONS1
La phase de préparation immédiate des rébellions fut relativement
courte elle étendit sur six mois au maximum Au Kwilu Mulele
jeta les bases de organisation des maquis la fin du mois de juil
let 1963 Au Kivu les premiers indices une renaissance du M.N.C.2
en territoire Uvira datent du mois de septembre de la même année
Stanleyville le M.N.C ne se réorganisa partir de décembre 1963
Le Manierna soumis état exception de 1963 juin 1964
fut relativement calme
Au Kwilu Mulele adopte immédiatement un modèle organisation
révolutionnaire les futurs partisans sont recrutés parmi la jeunesse
des villages et entraînés dans des camps situés dans la forêt Pour
les initiés la finalité révolutionnaire de la préparation ne fait dès le
début aucun doute la conquête violente du pouvoir et le renverse
ment radical du régime sont les objectifs avoués entraînement est
ailleurs orienté vers la formation pratique au combat et action
révolutionnaire La préparation idéologique est pas négligée mais
elle consiste inculquer quelques thèmes simples et très concrets
ceux-ci font appel des sentiments de patriotisme de justice sociale
des promesses de prospérité mais ne sont pas fondés sur une dialec
tique révolutionnaire marxiste Ce est après éclatement sans
doute prématuré aux yeux de Mulele de la rébellion le 21 janvier
1964 que éducation politique revêtira une allure marxiste
Une analyse documentée des rébellions été faite dans Rébellions au
Congo C.R.I.S.P. Bruxelles 1966
Les rébellions congolaises de 1964 étendirent sur la moitié du Congo
et notamment dans les provinces du Kwilu du Kivu central Uvira) du Nord-
Katanga du Manierna Kindu) du Haut-Congo Stanleyville) de Uélé Paulis)
M.N.C Mouvement National Congolais de Lumumba 346 BENO VERIIAEGEN
Durant toute cette phase préparatoire les objectifs politiques révo
lutionnaires des camps de jeunesses )1 sont soigneusement dissimulés
égard des populations environnantes sous le couvert activités
éducatives et sportives Il est pas rare pendant cette période que
les missions catholiques ou protestantes connaissent emplacement
des camps et elles les considèrent avec sympathie leur fournissant
même occasion quelque aide matérielle
En octobre 1963 les autorités de la province du Kwilu commencent
se rendre compte du danger qui les menace et sollicitent en vain
une intervention militaire de la part du Gouvernement central Début
janvier 1964 les premiers attentats sporadiques ont lieu La police
intervient avec brutalité et sans discernement contre la population
civile Le 19 janvier la rébellion éclate dans tout est de la province
autour des villes Idiota et de Gungu En trois jours elle étend
toute la région habitée par les Bapende et les Bambunda ethnies
de Gizenga et Mulele
Au Kivu dans la région Uvira les premières manifestations une
opposition organisée furent plus ambiguës Il ne agissait au début
que de la création ou de la réorganisation des sections du M.N.C
Fin novembre les sections du parti se sentent suffisamment fortes
pour commencer une action intimidation égard des autorités
locales mais ce moment on ne peut pas encore en conclure que le
mouvement possède une finalité révolutionnaire La réaction brutale
de Armée Nationale Congolaise fin décembre provoque entrée dans
le maquis ou emigration au Burundi des jeunesses du M.N.C.
et la radicalisation des objectifs est seulement au moment où les
maquis du Kwilu déclenchent leur rébellion générale que débute
avec donc six mois de retard organisation de maquis au Kivu
Après seulement trois mois de préparatifs ceux-ci passent également
action violente Le 15 avril des troubles éclatent dans la plaine
de la Ruzizi tandis que Bukavu capitale du Kivu est attaquée par
des commandos de jeunesses Début mai les rebelles contrôlent
une partie de la région Uvira qui tombe le 15 mai
Stanleyville et dans autres régions du Congo des tentatives
insurrections violentes eurent lieu durant le premier semestre de 1964
mais sans succès exception de celle Albertville Il est difficile
de déterminer quel point elles relevaient un plan ensemble
dont les maquis du Kwilu ceux Uvira et le C.N.L Conseil National
de Libération de Brazzaville auraient été des applications
Albertville dans le Nord-Katanga la rébellion fut provoquée
par une crise gouvernementale locale aggravée par intervention
intempestive du Gouvernement central Sur cette crise politique rela-
Le terme jeunesse désigne la fraction dynamique et militante des partis
politiques âge est pas le principal critère de cette catégorie politique REBELLIONS POPULAIRES AU CONGO 347
tivement banale était venue se greffer action de forces révolution
naires dirigeants et groupes de jeunesses politiques préexistantes
mais en veilleuse depuis la fin de la grande rébellion du Nord-Katanga
de 1961 Enfin une immense panique suscitée par le souvenir des
atrocités de la guerre civile de 1961 provoqua la fuite de tout appareil
administratif et militaire Après la chute Albertville les rebelles
furent littéralement aspirés par le vide dans tout le Nord-Katanga jus
aux approches de Kärnina et en furent chassés tout aussi facilement
Quoi il en soit des autres rébellions est partir du noyau
Uvira que le mouvement rebelle est parti la conquête de la moitié
du Congo conquête qui fut réalisée en moins de trois mois du juil
let au septembre 1964
Malgré la rapidité de la conquête et apparente cohérence des
forces rebelles on ne peut en conclure il ait eu dès le départ
un plan révolutionnaire concerté même en ce qui concerne la prise
Uvira Il semble en effet que équipe dirigeante du début consti
tuée par des chefs fulero locaux Marandura et Bidalira avait des
objectifs limités notamment la prise de Bukavu et le remplacement
du gouvernement provincial Au moment de organisation des maquis
du Kivu et des premiers succès des rebelles aucun des futurs prin
cipaux chefs de la rébellion était dans la région et ne semble
avoir joué un rôle quelconque dans le succès initial du mouvement
Soumialot quitta son poste observation de Bujumbura et rejoignit la
rébellion Uvira au cours du mois de mai le général Olenga arriva
Albertville fin juin et Gbenye gagna Stanley ville seulement au début
septembre1 Marandura et Bidalira par contre après avoir créé la
tête de pont Uvira et forgé seuls les succès initiaux ne jouèrent
plus aucun rôle important une fois que la rébellion eut dépassé la
limite de ethnie des Baf ulero est partir de ce moment que la
rébellion de Est acquerra sa structure et son impulsion décisives
Kindu capitale du Manierna tombe le 21 juillet Stanleyville capi
tale du Haut-Congo le août Paulis capitale de Uélé le 19 août
Lisala Bunia Lodja respectivement capitales du Moyen-Congo du
Kibali-Ituri et du Sankuru tombent au courant du mois août et
au début septembre Sur les vingt et une capitales provinciales sept
sont conquises par les rebelles et quatre autres provinces sont par
tiellement occupées
Le reflux des forces rebelles débutera au sud le 30 août avec la
reprise Albertville et au nord le 15 septembre avec la reprise de
Lisala par Armée Nationale Congolaise appuyée par un peloton de
mercenaires
Les dirigeants des rébellions congolaises de Est furent dans ordre
chronologique Soumialot Olenga et Gbenye 348 BENO VERHAEGEN
II LES CONDITIONS OBJECTIVES
DE LA PARTICIPATION POPULAIRE LA BELLION
Une chose est certaine dans le phénomène de la rébellion au
Congo est la rapidité et ampleur de ses succès ceux-ci sont autant
plus remarquables que les rebelles ne disposaient au début ni armes
ni argent ni appui étranger quelconque et ils eurent que trois
six mois pour leur préparation et leur entraînement
Le problème qui se pose est donc de découvrir et analyser les
facteu