Les Swahili : une singularité anthropologique en Afrique de l Est - article ; n°2 ; vol.72, pg 55-70
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Journal des africanistes - Année 2002 - Volume 72 - Numéro 2 - Pages 55-70
Drawing on a variety of (archaelogical, historical and linguistic) sources as well as travellers' accounts and oral traditions, this article tries to show how Swahili populations arose, and to identify the particular social and cultural features that underlie their specificity.
À partir de différentes sources (données archéologiques, historiques et linguistiques, récits de voyageurs et traditions orales), cet article tente de montrer comment les populations swahili se sont constituées, et de dégager les composantes sociales et culturelles qui font leur originalité et leur spécificité.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Françoise Le
Guennec-Coppens
Sophie Mery
Les Swahili : une singularité anthropologique en Afrique de l'Est
In: Journal des africanistes. 2002, tome 72 fascicule 2. pp. 55-70.
Abstract
Drawing on a variety of (archaelogical, historical and linguistic) sources as well as travellers' accounts and oral traditions, this
article tries to show how Swahili populations arose, and to identify the particular social and cultural features that underlie their
specificity.
Résumé
À partir de différentes sources (données archéologiques, historiques et linguistiques, récits de voyageurs et traditions orales), cet
article tente de montrer comment les populations swahili se sont constituées, et de dégager les composantes sociales et
culturelles qui font leur originalité et leur spécificité.
Citer ce document / Cite this document :
Le Guennec-Coppens Françoise, Mery Sophie. Les Swahili : une singularité anthropologique en Afrique de l'Est. In: Journal des
africanistes. 2002, tome 72 fascicule 2. pp. 55-70.
doi : 10.3406/jafr.2002.1306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_2002_num_72_2_1306LE GUENNEC-COPPENS* Françoise
Les Swahili : une singularité anthropologique
en Afrique de l'Est
Résumé
À partir de différentes sources (données archéologiques, historiques et linguistiques, récits
de voyageurs et traditions orales), cet article tente de montrer comment les populations swahili se
sont constituées, et de dégager les composantes sociales et culturelles qui font leur originalité et
leur spécificité.
Mots-clés
Identité, migration, Swahili
Abstract
Drawing on a variety of (archaelogical, historical and linguistic) sources as well as travel
lers' accounts and oral traditions, this article tries to show how Swahili populations arose, and to
identify the particular social and cultural features that underlie their specificity.
Keywords
Identity, migration, Swahili
CNRS, LACITO- UMR 7107 - Villejuif
Journal des Africanistes 72 (2) 2002 : 55-70 56 Françoise Le Guennec-Coppens
Parmi les populations côtières de l'Afrique de l'Est, les Swahili se disti
nguent par leur histoire particulière. Ils sont nés sous le signe du contact de
cultures, de la relation entre différentes populations venues de l'Afrique et de
l'Arabie. Leur identité ne s'enracine donc pas - ou seulement en partie - dans
un arrière-pays culturel autochtone préexistant ; au contraire, elle s'est entièr
ement forgée dans le creuset de cités-État où, entre le 10e et 15e s., s'est
épanouie une civilisation dont l'originalité est à la stricte mesure de la diversité
et de la puissance des syncrétismes qui l'ont façonnée. Le caractère cosmop
olite des Swahili est donc le produit de plusieurs milliers d'années d'histoire
et d'influences réciproques.
L'argument ici est de montrer que les populations swahili sont africaines
mais qu'elles se différencient de leurs voisines par leur culture grâce à leur
accès au monde de l'océan Indien, activités commerciales et leur mode de
vie. Nous essayerons de les situer dans une perspective diachronique en combi
nant des informations venues de sources diverses (données archéologiques,
historiques et linguistiques, récits de voyageurs, traditions orales) afin de mettre
en place quelques-uns des principaux épisodes de l'histoire de leur construct
ion.
Les populations côtières vues par les visiteurs étrangers
« Éthiopiens anthropophages » pour les Grecs au 5e s., Zanjs « nègres »
pour les voyageurs arabes entre le 9e et le 15e s., Moros « Maures » pour les
Portugais du 15e au 18e s. et enfin Swahili « gens de la côte » pour les colonisa
teurs britanniques au 19e s. Telles ont été les appellations attribuées, depuis
deux mille ans, aux populations côtières de l'Afrique de l'Est et en particulier à
celles qui deviendront les Swahili. Leur diversité n'est sans doute pas sans
signification : elle laisse à penser que les observateurs successifs ont eu affaire
à des populations mouvantes, aux contours imprécis et à l'identité incertaine.
Le Périple de la Mer Erythrée, texte grec anonyme de la deuxième
décennie du 1er s., est le plus ancien document écrit que nous aient laissé des
témoins oculaires1. Les informations relatives à la côte est-africaine (que les
Grecs appelaient Azania) y sont cependant ténues car cette région ne repré
sentait à l'époque qu'un segment mineur dans le monde mercantile de l'océan
Indien. En outre, les voyageurs étaient plus intéressés par la navigation et les
ports que par les habitants. Néanmoins, ces derniers y sont décrits « comme des
On considère généralement que le Périple a été écrit durant la première moitié du premier
siècle, mais l'opinion selon laquelle il daterait de l'année 220 s'affirme de plus en plus (voir
Mathew 1975).
Journal des Africanistes 72 (2) 2002 : 55-70 Swahili : une singularité anthropologique 57 Les
hommes de grande stature, pirates et ayant un chef à chaque endroit de la côte »
(Bennett 1978 : 4).
Le second document qui livre quelques informations sur les populations
côtières est la Géographie de Ptolémée écrite, pour l'essentiel, au 5e s. par un
lettré grec basé à Alexandrie ou à Byzance. La Géographie nous apprend que
certains habitants de la partie sud de la côte (maintenant le sud de la Tanzanie)
étaient « des Éthiopiens anthropophages ». Mais dans ce contexte, le nom
d'Éthiopiens (Aithiops, litt. : ceux au visage brûlé) n'est en aucune manière une
indication sur l'identité des peuples auxquels il est appliqué puisque les Grecs
désignaient ainsi la plupart des Africains noirs ou de couleur sombre. Cette
assertion est corroborée dans la Géographie où il est aussi fait référence à
d'autres Éthiopiens, fabricants de bateaux cousus, qui vivent dans une région
située au nord de celle des anthropophages. En revanche, le qualificatif
« anthropophage » est sans doute plus caractéristique des populations bantu2
qui ont remplacé les populations couchitiques, habitants aborigènes de cette
région de l'Afrique (Chittick, 1975 : 20).
Les premières informations contribuant réellement à la connaissance de la
côte et de ses habitants sont données par les géographes et les voyageurs arabes
(Al-Mas'udi au 10e s., Al Idrisi au 12e, Yaqut et Ibn Said au 13e, Ibn Battuta au
14e). Cependant, leur désignation ethnique des Africains est le plus souvent
extrêmement sommaire. Tous, en effet, utilisent le terme générique zanf,
« nègre », pour désigner les habitants de la bande côtière s 'étendant du fleuve
Shebeli au sud de Mogadishu jusqu'au début de la terre de Sofala. Si ce terme
fait probablement référence à des populations bantu, dans la plupart des cas, il
semble seulement indiquer que la population était noire et rien de plus
(Chittick, 1975 : 20-22).
Par exemple, Al-Mas'udi, qui a visité Kambalu (Pemba ?) en 916, et qui
appelle la côte « la terre des Zanjs », distingue les Zanjs des Nubiens et des
Bej a (Éthiopiens nomades du Nord) tandis qu'il considère les habitants de la
côte du Bénadir (Berbera) comme fondamentalement zanjs mais fortement
2 Lorque le terme « bantu » est utilisé, il est bien évident qu'il désignent des groupes appartenant
à l'entité linguistique bantu.
Le terme zinj ou zenj ou zanj est la forme arabe du mot persan zangh qui signifie « nègre »
(Pearce F. В., 1967 : 41) Les auteurs arabes distinguent entre : a) les Bïdân, « les blancs », les
nord-Africains et les Sahariens, par opposition b) aux Sudan, « les noirs », les nègres de l'ouest
et du Soudan central, c) aux Nuba, les Nubiens nilotiques, d) aux Beja, les Éthiopiens nomades
du nord, e) aux fiabash, les Éthiopiens, f) aux Barâbara et aux Hâfûnâ, les Hamites de la Corne,
g) aux Zanj, les Bantu (Trirningham, 1964 : XI, n.l). Jean Boulègue et Zakari Draman-Issifou
(1989 : 33), présentent une catégorisation établie par les Arabes encore plus succincte : les Zenj,
au même titre que les Nuba et les Habasha, étaient des subdivisions de la catégorie plus vaste des
« Sudan ».
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