Les Tropismes, les Réflexes et l Intelligence - article ; n°1 ; vol.12, pg 137-156
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Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 137-156
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Bohn
Les Tropismes, les Réflexes et l'Intelligence
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 137-156.
Citer ce document / Cite this document :
Bohn Georges. Les Tropismes, les Réflexes et l'Intelligence. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 137-156.
doi : 10.3406/psy.1905.3713
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3713VIII
LES TROPISMES, LES RÉFLEXES
ET L'INTELLIGENCE
Au sujet de la question d'interprétation et de langage, qui
fait qu'on explique certains actes d'animaux par les tropismes,
les réflexes ou l'intelligence, plusieurs tendances diverses se
sont manifestées dans ces derniers temps. Je voudrais faire
connaître ici ces tendances, sans toutefois exposer la question
tout au long.
I
INTRODUCTION DE LA NOTION DE « TROPISMES »
EN PSYCHOLOGIE COMPARÉE
Recherche de la conscience chez les animaux. — Une des con
séquences du triomphe des idées de Darwin fut de doter les
animaux de toutes sortes de facultés humaines, et en particul
ier de leur attribuer la conscience, qui, dans les anciennes
conceptions religieuses, séparait l'homme des autres êtres. On
fut amené ainsi à chercher un critérium de la conscience chez
les animaux; beaucoup cru
rent le trouver dans la faculté
qu'ont, aussi bien les Proto
zoaires que les Métazoaires,
de pouvoir diriger leurs mou- •
vements vers certains buts. /
Voici l'argumentation de cer- '
^^--""
tains philosophes à cet égard. /
peut admettre dans les o/-"" On
actes des animaux qui se Fig- l.
dirigent vers un certain objet
A, et non vers un objet B (fig. 1), les moments suivants :
1° perception de l'objet extérieur A; 2° choix entre plusieurs
objets A et B; 3° perception de la place que ces objets occupent 438 MÉMOIRES ORIGINAUX
dans l'espace; 4-° mouvements faits pour s'approcher de l'objet
et le saisir, ou pour s'en éloigner. On est par suite conduit à
attribuer aux animaux considérés la perception (1° et 3°) et la
volonté (2° et 4°), et encore une forme de douleur et de plaisir,
douleur stimulant l'animal à quitter l'emplacement qu'il
occupe pour aller au point A, plaisir l'engageant à rester en
ce point A, une fois qu'il est atteint; on n'a en effet aucune
raison d'admettre chez les animaux une activité psychique
non accompagnée de sentiments. Les animaux auraient ainsi
tous les éléments de la conscience supérieure.
Récils psychologiques sur les mœurs des animaux. — Cette
argumentation philosophique, sans doute excellente en elle-
même, a servi en somme de thème à toute une série de varia
tions, qui ne sont autres que les récils relatifs aux mœurs des
animaux donnés par les naturalistes de 1859 à 1890, et sou
vent encore depuis 1890. Romanes est d'avis que les Insectes,
les Poissons, les Oiseaux, attirés par la lumière, agissent par
curiosité, par désir d'explorer un objet nouveau. Après avoir
rappelé, suivant Charles Darwin, qu'à l'éclairage lunaire les
mites volent moins souvent dans la flamme d'une bougie, mais
le font de nouveau dès que le nuage passe sur la lune, Romanes
explique que la lune est pour la mite un objet connu, qu'elle
accepte comme tel, que pour cela elle n'a pas le désir d'aller la
reconnaître. Toute la psychologie humaine y passe, dit Nuel
(1904) qui rapporte toutes sortes de récits de ce genre, ceux de
P. Bert, de Pouchet, de Lubbock, de Graber. Pour Graber ce
sont des préférences, des sentiments de dégoût, de répulsion
qui font mouvoir les animaux : certains aiment la lumière et
désertent l'obscurité, d'autres aiment l'obscurité et désertent
la lumière.
Introduction de la notion de « tropismes » en 1 890. — En 1890,
un nouvel élément entre en jeu, qui semble devoir anéantir
par la base l'édifice élevé avec tant de soin par les philosophes,
et faire reléguer les récits précédents dans la catégorie des
romans. Le déjà célèbre professeur Loeb (1890), de Chicago,
publie un grand nombre d'expériences sur des animaux infé
rieurs et des Insectes, d'après lesquelles les actes de ces an
imaux ne seraient rien autre que les effels mécaniques de ces
forces générales comme la lumière et la pesanteur... qui agis
sent d'une façon commune sur les plantes et les animaux. G. BOHN. — LES TROPISMES, LES REFLEXES, L'INTELLIGENCE 139
Parmi ces expériences, je n'en choisirai que deux très typi
ques.
1° Dans un aquarium enveloppé de noir et éclairé par une
seule face, Loeb place plusieurs Spirographes, Ànnélides tubi-
coles dont les tubes, flexibles, mais suffisamment rigides pour
maintenir l'animal dans une position définie, présentent à
l'une de leurs extrémités le panache céphalique de l'animal.
Les Spirographes commencent par se fixer au moyen d'une
sécrétion de l'extrémité aborale; immédiatement après la
lumière commence à exercer son influence sur les filaments
du panache et le tube se courbe du côté de la source lumi
neuse, exactement comme le ferait la tige d'une plante placée
dans les mêmes conditions. Quand on tourne l'aquarium de
180°, tous les tubes subissent une courbure correspondante,
qui ramène ainsi les panaches céphaliques vers la lumière.
C'est là un exemple d'héliotropisme chez les animaux.
2° Contre un grillage, Loeb dispose une Actinie (Cérianthe).
Si on place la grille horizontalement, l'animal redresse la partie
antérieure de son corps verticalement et passe par une des
mailles. En changeant plusieurs fois l'orientation de la grille,
on détermine toute une série de courbures le long du corps,
exactement comme chez une plante dont on essayerait de
placer la racine horizontalement. C'est là un exemple de géo
tropisme chez les animaux.
Dans les deux cas, l'animal semble être le jouet des forces
de la nature, être dépourvu d'une activité propre qui ressemb
lerait de près ou de loin à de la volonté; tous ses actes ne
sont que des tropismes, c'est-à-dire des réactions directes du
protoplasma aux influences du milieu ambiant, réactions qui
pourraient être prévues en appliquant les données de la phy
sique et de la chimie.
Triomphe momentané des explications mécanistes. — Les idées
toutes nouvelles de Loeb eurent un très grand retentissement,
et amenèrent la création d'une nouvelle école en psychologie
comparée, où se sont illustrés les noms de Bethe, Uexküll,
Th. Beer, Ziegler. Pour ces savants, si les animaux supérieurs
sont des êtres conscients, les animaux inférieurs sont de pures
mécaniques. Le fait de se diriger vers un but ne signifie plus
rien, car il peut être aussi bien le résultat d'un tropisme que
celui des états de conscience. Aussi un nouveau critérium de
la conscience devient nécessaire : serait conscient l'animal qui 140 MÉMOIRES ORIGINAUX
sait s'accommoder aux circonstances nouvelles , qui sait
apprendre. « Lorsque l'on frappe un Chien, rapporte Clapa-
rède (1901) d'après Bethe, et qu'il se sauve, il n'y a pas lieu
d'admettre qu'il a senti, mais lorsque, plusieurs jours après,
le chien se sauve lorsqu'il revoit le bâton, il faut bien admettre
qu'il l'avait senti, et qu'il l'a vu, autrement il n'en aurait
pas conservé Vintage dans la mémoire. » Je n'insiste pas
davantage sur ce critérium de la conscience, car on trouvera
plus loin, dans la Revue générale consacrée à la psychologie
animale, une analyse détaillée d'un mémoire où Yerkes dis
cute les divers signes de la conscience; on y trouvera égal
ement un compte rendu d'une étude fort intéressante sur la
légitimité de la psychologie comparée où Glaparède répète ce
qu'il avait déjà dit en 1901 : « la recherche d'un critérium
objectif de la conscience est inutile, et même impossible a
priori ».... « la psychologie animale peut et doit scruter le
problème de la plus ou moins grande intelligence des animaux
sans se préoccuper de celui de leur conscience : ce sont deux
problèmes dont les solutions ne se préjugent ni ne s'excluent
mutuellement ».
Mani

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