Les villes indiennes au cœur de la libéralisation de l économie - article ; n°165 ; vol.42, pg 175-187
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Les villes indiennes au cœur de la libéralisation de l'économie - article ; n°165 ; vol.42, pg 175-187

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Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 165 - Pages 175-187
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Isabelle Milbert
Les villes indiennes au cœur de la libéralisation de l'économie
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°165. La libéralisation économique en Inde: inflexion ou rupture? (sous la direction
de Frédéric Landy). pp. 175-187.
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Milbert Isabelle. Les villes indiennes au cœur de la libéralisation de l'économie. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°165. La
libéralisation économique en Inde: inflexion ou rupture? (sous la direction de Frédéric Landy). pp. 175-187.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_165_1474LES VILLES INDIENNES AU CŒUR
DE LA LIBÉRALISATION DE L'ÉCONOMIE
par Isabelle Milbert*
Les villes indiennes, moteur de la croissance économique, sont un
enjeu important de la libéralisation en cours. Le revirement des politiques
urbaines mène à l'abandon du carcan législatif et réglementaire qui enser
rait la ville, jusqu'ici négligée par la planification. La politique de loge
ment se fait plus ouverte au secteur privé mais profite surtout aux classes
moyennes. La politique en matière de transports favorise la motorisation
des ménages mais aggrave la pollution des grandes villes. Au total
s'installe un véritable partenariat public-privé, qui passe par des mesures
de déréglementation et d'incitation afin que le secteur privé assure sa part
de construction de logements, d'infrastructures, de viabilisation et
d'aménagement fonciers. La croissance de l'économie urbaine est remarq
uable, mais pose la question du devenir d'une certaine justice sociale.
Les villes indiennes sont devenues le moteur de la croissance
économique de l'Inde et se situent au cœur des politiques de
libéralisation. La population urbaine, qui représentait 17,3 % de la
population totale en 1951, ne contribuait alors que pour 29 % au
revenu national. En 1981, les 23,3% de la population vivant en ville
apportaient une contribution de 47 %, tandis qu'en 2001, les
estimations officielles prévoient que les 30 % d'habitants des villes
contribueront pour 60 % au revenu national. L'emploi urbain a
augmenté de 38% entre 1981 et 1991, tandis que l'emploi en milieu
rural n'augmentait que de 16 %*. Il a fallu du temps aux décideurs de
ce pays pour reconnaître la réalité du dynamisme de ces villes tant
décriées, sous-dotées, sous-équipées, et il reste encore un certain
nombre de leçons à en tirer.
* Professeur, Institut universitaire d'études du développement, Genève.
1. Ministry of Urban Affairs and Employment, avril 2000.
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 165, janvier-mars 2001 176 Isabelle Milbert
TRANSFORMATIONS DU PAYSAGE URBAIN
Comment la libéralisation transforme-t-elle la ville indienne?
Celle-ci, où se sont concentrés les gains de productivité, peut-elle aussi
devenir un facteur de blocage des circuits de production ? Bien que
peu urbanisée, l'Inde possède en chiffres absolus une énorme
population urbaine, dont on estime qu'elle passera de 217 millions
en 1991 à 307 millions lors du prochain recensement de 2001. Un tiers
de la population urbaine de l'Inde vit dans l'une des 23 villes de plus
de 1 million d'habitants. Une dizaine de ces dernières a joué un rôle
crucial dans l'intégration de l'Inde à l'économie mondiale, au cours
des vingt dernières années.
L'impact de la libéralisation sur la ville indienne est manifeste dans
les grands centres urbains, où l'on retrouve aujourd'hui les mêmes sym
boles d'une société mondialisée que dans toutes les grandes villes du
Sud, y compris les villes du Golfe telles que Dubaï ou Abu Dhabi :
fièvre immobilière, hôtels de luxe, immeubles de grande hauteur, cen
tres commerciaux vendant des grandes marques internationales, offre
concurrentielle de transports et de moyens de communication rapides...
à ceci près que la persistance de la pauvreté absolue reste toujours
visible. Au-delà des grandes métropoles, la transformation urbaine par
la libéralisation est encore bien plus importante dans les quartiers ou les
villes périphériques, telles que Gurgaon au sud-est de Delhi, Noida au
sud-ouest, ou New-Bombay à l'est de Mumbai. Enfin, la modernisation
et la multiplication des moyens de communication désenclavent les
villes moyennes de façon spectaculaire, et rendent désormais possible
des développements qui avaient été envisagés, puis jugés irréalisables
quelque vingt ans auparavant.
LE REVIREMENT DES POLITIQUES URBAINES
Jusqu'au début des années quatre-vingt, la ville se trouvait à la fois
enserrée dans un strict carcan législatif et réglementaire et sans moyens
financiers, elle était non prioritaire, négligée par les gouvernements
successifs et par le Plan quinquennal. À l'origine de cette approche
contradictoire et malthusienne, il existait deux constantes : d'une part,
la volonté d'organiser l'espace dans l'intérêt public, plus qu'en réponse
aux exigences du marché ; d'autre part, les gouvernements successifs et Les villes indiennes au cœur de la libéralisation de l'économie 111
l'administration se sont, de façon générale, caractérisés par une peur
face à la ville, une crainte que toute démarche dynamique n'entraîne
un mouvement massif et incontrôlable de migration des masses
rurales. Rares étaient les décideurs, au sein de l'administration
indienne, qui, jusqu'au début des années quatre-vingt, admettaient le
rôle crucial de la ville dans le processus de croissance. D'ailleurs,
même aujourd'hui, l'économie et l'espace urbains n'apparaissent
toujours pas dans les nombreux documents d'analyse macro
économique produits par le gouvernement indien, alors que l'espace
rural, lui, est largement analysé en tant que tel, sous tous les aspects
de son évolution, qu'il s'agisse d'investissements, d'emplois ou autres.
La ville a donc été soumise à une stricte réglementation de planifi
cation urbaine qui la plaçait dans le carcan irréalisable du zonage. Le
plan d'urbanisme dont à peine 10% des prévisions étaient réalisées
était complété par de lourdes procédures portant sur les transactions
immobilières, les plafonds de propriété foncière, le blocage des loyers,
les allocations publiques de matériaux de construction. Cet ensemble
s'est avéré très paralysant dans la mesure où l'effort de contrôle n'était
pas accompagné par une dynamique en matière de mise en œuvre du
Plan, ni par des investissements productifs ou des travaux d'infra
structure. De façon délibérée, dès les années cinquante (à l'exception,
dans une certaine mesure, de Delhi en tant que capitale), les politiques
publiques ont ignoré les besoins de la ville, qu'il s'agisse d'infra
structure ou d'autorisations d'investissements par le secteur privé.
Ainsi, le secteur bancaire n'avait pas la possibilité de proposer des cré
dits à la construction ou à l'achat immobilier, puisque les priorités
concernaient le secteur rural et l'industrie.
De même, l'aménagement du territoire prohibait la création
d'emplois et l'installation d'entreprises dans les grandes métropoles et,
au nom d'une meilleure répartition des services, refusait de répondre
aux demandes des zones urbaines les plus dynamiques. C'est ainsi, par
exemple, que la ville nouvelle de New-Bombay a été considérablement
ralentie pendant une dizaine d'années par le refus du gouvernement
central de fournir des équipements ferroviaires, routiers et de télécom
munications. Cette politique, qui se voulait équitable, a certainement
brisé de nombreuses dynamiques prometteuses.
New-Bombay a constitué l'un des précurseurs d'un partenariat
entre secteurs public et privé. L'impulsion est venue du secteur public,
sur la foi d'une très bonne intuition du directeur de cidco1, allié avec
1. City and Industrial Development Corporation. Il s'agit d'une société d'économie mixte qui a été
chargée non seulement de la construction de New-Bombay, mais aussi de nombreux quartiers neufs dans
les villes de l'État du Maharashtra. 178 Isabelle Milbert
l'architecte internationalement reconnu Charles Correa. New-Bombay,
lancée en 1965, n'a pas fait l'objet

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