????-????????? : Malheur-Mauvais destin - article ; n°1 ; vol.28, pg 17-42
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Description

Revue des études slaves - Année 1951 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 17-42
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

ANDRÉ MAZON
Горе-Злочастие : Malheur-Mauvais destin
In: Revue des études slaves, Tome 28, fascicule 1-4, 1951. pp. 17-42.
Citer ce document / Cite this document :
MAZON ANDRÉ. Горе-Злочастие : Malheur-Mauvais destin. In: Revue des études slaves, Tome 28, fascicule 1-4, 1951. pp.
17-42.
doi : 10.3406/slave.1951.1557
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1951_num_28_1_1557ГОРЕ-ЗЛОЧАСТИЕ
MALHEUR-MAUVAIS DESTIN
PAR
ANDRÉ MAZON
L'histoire en vers du jouvenceau qui se fit moine pour échapper à
Malheur a été l'objet de mainte étude depuis sa découverte par Pypin,
en 1 856, dans le recueil manuscrit de la fin du xvii6 siècle où elle voisinait
avec l'adaptation slavon-russe du Digenis. Et pourtant, même après Pypin,
Kostomarov, Sreznevskij, Tichonravov, Buslaev, Potebnja, Alexandre
Veselovskij, cette histoire Sipovskij appelle et, encore en dernier plus d'un lieu, éclaircissement, V. F. Rźiga et D. qu'on S. Lichačev^, la prenne
en elle-même, ou bien que l'on en recherche la parenté et la descendance.
Prise en elle-même, l'œuvre est de caractère composite, mais les trois
parties essentielles s'en laissent aisément saisir. A savoir : un prélude
d'inspiration religieuse, dans le style des cantiques spirituels, évoquant
l'arbre aux fruits défendus du Paradis terrestre, devenu comme dans
l'Apocalypse un pampre de vigne, et rappelant la désobéissance de nos
premiers parents, cause première de la condition misérable des hommes
(vers i-5o) ; — puis l'histoire même du jouvenceau qui a quitté la maison
paternelle pour vivre sa vie, récit de mœurs à la manière réaliste tournant
vers la fin au conte fantastique (vers 5 1-471); — enfin le dénouement
(v. Д72-Д8 1) qui fait écho à la note religieuse du prélude en ouvrant au jou
venceau le monastère dont le seuil est interdit à Malheur-Mauvais Destin.
Le contraste est net entre le récit profane et, d'autre part,
t1' L'étude publiée par V. F. Ržiga (Slávia, X, p. 4o-66 et 288-З15) complète heureu
sement les travaux antérieurs par un examen critique des textes parallèles, cantiques et
chansons : ľauteur formule en conclusion les conjectures raisonnables que cet examen lui
inspire quant à la genèse du poème. D. S. Lichačev se borne à résumer avec clarté et bon
sens l'état de nos connaissances. La plus récente bibliographie du sujet a été donnée par
V. P. Adrianova-Peretc et V. F. Pokrovskaja dans Древне-русская повесть, М.-Л., 1 9^0.
L'édition citée ici sera celle de Simoni, d'après la numérotation des vers établie par Korš
et Simoni (Сборник отд. русск. яз. и слов., LXXXIII, 1907, p. i-88), et l'orthographe
capricieuse en sera respectée.
Revue des Etudes slaves, t* XXVIII, 1961, fasc. 1-/1. ANDRÉ MAZON. 18
l'introduction et la conclusion dévotes qui l'encadrent, si net qu'on a
pu se demander si le prélude n'était pas à l'origine un cantique indépen
dant dont l'auteur aurait fait comme le fronton de son œuvre pour en
préparer de loin l'acte de foi final. Mais le chapelet de citations que
V. F. Riiga a cueillies d'un bout à l'autre du poème paraît bien en
démontrer l'unité et dénoncer un seul auteur M.
Quant au récit lui-même, il se décompose en une série de scènes, non
point mécaniquement aménagées, ainsi que le pensait V. F. Rźiga^,
suivant la règle de trois familière aux conteurs populaires et aux hagio-
graphes, mais réglées par l'inspiration morale de l'auteur comme autant
d'étapes ayant chacune son coloris et son atmosphère et nous conduisant
peu à peu jusqu'à la poursuite diabolique qui ne s'arrêtera qu'au portail
du monastère. La pensée de l'auteur est partout présente, et nulle part
elle ne cesse d'être sensible, comme celle de ľ Evangeliste derrière les
paraboles qu'il impute à Jésus. Mais ce moraliste est un peintre qui sait
évoquer des intérieurs et des paysages, un dramaturge qui campe et fait
parler ses personnages, le poète du remords et du châtiment — et aussi
l'arbitre qui juge le drame avec une rude simplicité, comme le choryphée
de la tragédie grecque. Sa langue est de la bonne sève populaire des chan
sons et des bylines, mais elle se mêle d'éléments livresques (3). Son ton
est celui d'un pope ou d'un moine, peut-être d'un starec lettré, visiteur
des monastères et des lieux de pèlerinage, et l'on sait ce que cet emploi
de dévot vagabond peut comporter d'expérience de la vie et de connais
sance des hommes. L'épithète de starceskaja que Sreznevskij donnait au
poème (старческая песня) peut ne pas correspondre à la réalité : elle
traduit du moins l'impression d'un lecteur averti.
í (vers 5 1-95). — Du prélude à l'action le passage est abrupt : la chute
est grande du Paradis terrestre jusqu'à l'intérieur familial de marchands
russes à la fin du xvii0 siècle, « quelque part en Russie » , un intérieur à
trois personnages dont aucun ne sera nommé : les figures éternelles du
Jouvenceau, du Père et de la Mère, mais telles que les a faites un milieu
de paysans enrichis par le négoce et proche encore de celui qu'évoque le
Domostroj de Sylvestre. Le jouvenceau est « à l'âge de raison et sans malice »
(иъ разума въ беззлобїи), mais s'en veut aller vivre sa vie, cependant
que ses parents l'accablent de dictons et de bons conseils plus propres
à l'intéresser aux tentations qu'à l'en détourner : danger des mauvaises
compagnies, séduction des jeunes femmes et jeunes filles, festins confra-
(ľ Slavia, X, p. uo-66.
<2> Ibid., p. 5g.
(?) Voir V. Bžiga, Slávia, X, notamment p. къ-Ьк. j
MALHEUR-MAUVAIS DESTIN. 19
ternels (братчины), joueurs d'osselets (костари), aubergistes (корчем
ники), trognes de cabaret (головы кабацкие), par qui l'on perd,
après boire, beaux babits et belles bottes, puis le mensonge et l'argent
mal acquis, et l'orgueil qui porte l'homme au-dessus de son rang, et les
faux témoins, et les faux amis, et les sots de toutes sortes : не бойся
мудра, бойся глупа. Le jouvenceau s'en va sans souci d'obéir ni même
de recevoir du Père à son départ «la grande bénédiction»^) (великое
благословение) :
a хот-Ьлъ жити как єну любо.
II (vers 96-160). — Ainsi, «jeune encore et bien sot» (малъ и глупъ),
le jouvenceau s'en est allé loin des siens vivre à sa fantaisie, et le voilà —
c'est le second tableau — entouré d'autant d'amis qu'il a de roubles :
cinquante roubles — cinquante amis ; la considération vient à lui comme
une rivière qui coule &\ des cousins se présentent qu'il ne connaissait
pas, et son «frère d'élection» (брат названый) l'initie à la verte eau-
de-vie, à l'hydromel doux, à la boisson enivrante (пиво пьяное), à la
torpeur d'après boire qui fait tomber de sommeil et s'étendre pour dormir
à l'endroit même où l'on a bu :
iuo гді пилъ, тутъ и спать лиїжися.
Il boit, et tombe, et s'endort sans crainte, le jouvenceau, sûr du « frère »
qui a tendrement promis de rester à son chevet pour le veiller, fournir de
boisson nouvelle et reconduire ensuite à ses parents^. Mais le réveil
est dur : sa tête repose sur une brique en guise d'oreiller; plus de beaux
vêtements ni de bonnes bottes ; il n'a que des loques jetées sur son corps
et à ses pieds de vieilles sandales d'écorce ; on lui a tout pris, l'ami a dis
paru. Et le jouvenceau mesure son désastre :
Dieu m'avait donné grands moyens de vivre — et je n'ai plus rien à manger,
plus rien à me mettre sous la dent. Sans un denier, ni demi denier : aussitôt sans
ami, ni moitié d'ami... (4).
Toute la scène est traitée à la manière familière et tragi-comique dont
les bylines offrent tant de jolis exemples ; les propos fraternels de l'ami
de rencontre sont vraiment de bonne comédie. Il convient de noter que
t1) V. 2i5 : благословение wt них миновалося.
í2' V. 96-98 : наживал молодец пятьдесят рублен, || заліз ivu себі пятьдесят другчив, j
честь его, яки» ріка, т.екла.
(s> У. иб-ізЗ : Надійся надійся на меня, брата назьаншва, || я сяду стеречь и
досматривать! || В головах у тебя, мила друга, || я поставлю крушку [меду] сладково,
всвраи

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