Malthus avait-il raison ? - article ; n°3 ; vol.7, pg 305-315

Jacqueline Beaujeu-Garnier

Description

Espace, populations, sociétés - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 305-315
Was Malthus in the right?
What can we think of Malthus' essay published in 1798 and which pretended that the situation of the world was dramatic because of the increase of the population which was much stronger and quicker than the growth of subsistences? Today, there are parts of the world where the population is stagnant and other parts where the population is rapidly growing. But increase of population must slow down progressively in the future. The situation is not the same for the whole world; the general progress of agriculture and of technics and of foreign interrelations have changed the basic data of the problem. Nevertheless the states where the global increase of population is the highest and on the other hand the lowest individual income, are the same. Africa is the continent where the situation is the worst; at the opposite, the wealthiest countries are those where the population has ceased to develop. What are the relations between those two kinds of countries ? Are there some means to equilibrate population and resources?
Que penser de l'essai que Malthus publia en 1798 et dans lequel il prétendait que la situation du monde était dramatique parce que l'accroissement de la population était plus fort et plus rapide que celui des subsistances ? Aujourd'hui, dans une partie du monde la population est stagnante, dans l'autre elle s'accroît rapidement. Mais l'accroissement démographique doit se réduire progressivement dans l'avenir. La situation varie d'une partie du monde à l'autre ; les progrès de l'agriculture, des techniques et des relations internationales ont changé les données de base du problème. Néanmoins, c'est dans les mêmes états que l'on trouve les croissances démographiques les plus fortes et les niveaux de revenus les plus bas. L'Afrique est le continent où la situation est la plus dramatique, à l'opposé, les pays les plus riches sont ceux dont la population a cessé d'augmenter. Quelles sont les relations entre ces deux types de pays ? Existe-t-il des moyens d'équilibrer populations et ressources ?
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ESPACE-_POPULATIONS-_SOCIETES
• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jacqueline Beaujeu-Garnier
Malthus avait-il raison ?
In: Espace, populations, sociétés, 1989-3. Spécial numéro vingt - Special twentieth issue. pp. 305-315.
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Beaujeu-Garnier Jacqueline. Malthus avait-il raison ?. In: Espace, populations, sociétés, 1989-3. Spécial numéro vingt - Special
twentieth issue. pp. 305-315.
doi : 10.3406/espos.1989.1336
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1989_num_7_3_1336Abstract
Was Malthus in the right?
What can we think of Malthus' essay published in 1798 and which pretended that the situation of the
world was dramatic because of the increase of the population which was much stronger and quicker
than the growth of subsistences? Today, there are parts of the world where the population is stagnant
and other parts where the population is rapidly growing. But increase of population must slow down
progressively in the future. The situation is not the same for the whole world; the general progress of
agriculture and of technics and of foreign interrelations have changed the basic data of the problem.
Nevertheless the states where the global increase of population is the highest and on the other hand the
lowest individual income, are the same. Africa is the continent where the situation is the worst; at the
opposite, the wealthiest countries are those where the population has ceased to develop. What are the
relations between those two kinds of countries ? Are there some means to equilibrate population and
resources?
Résumé
Que penser de l'essai que Malthus publia en 1798 et dans lequel il prétendait que la situation du monde
était dramatique parce que l'accroissement de la population était plus fort et plus rapide que celui des
subsistances ? Aujourd'hui, dans une partie du monde la population est stagnante, dans l'autre elle
s'accroît rapidement. Mais démographique doit se réduire progressivement dans
l'avenir. La situation varie d'une partie du monde à l'autre ; les progrès de l'agriculture, des techniques
et des relations internationales ont changé les données de base du problème. Néanmoins, c'est dans
les mêmes états que l'on trouve les croissances démographiques les plus fortes et les niveaux de
revenus les plus bas. L'Afrique est le continent où la situation est la plus dramatique, à l'opposé, les
pays les plus riches sont ceux dont la population a cessé d'augmenter. Quelles sont les relations entre
ces deux types de pays ? Existe-t-il des moyens d'équilibrer populations et ressources ?A I IONS. SOCIi:
Jacqueline BEAUJEU-GARNIER Professeur Emérite
Université de Paris I
191, rue Saint-Jacques
75005 Paris
Malthus avait-il raison?
Quelques chiffres accroissent la perplexité En on the 1798, Principle paraît anonymement of Population» : «An qui Essay boul devant une telle affirmation. Il est vrai que
la croissance de la population avait connu everse les thèses traditionnelles sur la crois
dès le 18e siècle dans nos contrées d'Europe sance de la population. Celle-ci était
considérée jusque-là comme un moyen de occidentale un rythme soutenu, et que ce
développer la puissance de l'Etat. « II n'est rythme est allé depuis en s 'accélérant sans
de richesse que d'hommes » (J. Bodin). La cesse. D'après les recherches des spécialis
foi dans le progrès économique et social, tes, on admet que la population mondiale
considéré comme susceptible d'adapter - devait atteindre 1 milliard d'habitants en
1850, 2 milliards un siècle plus tard, 4 miltoutefois avec plus ou moins de bonheur
- les ressources aux besoins était quasi génér liards en 1975 et dépasse 5 milliards en
1987. Effrayante accélération! ale. A cette attitude qualifiée de «popul
ationniste», V Essay, œuvre d'un pasteur
Pourtant, si l'on fait une comparaison anglais Thomas Robert Malthus
grossière avec l'augmentation d'un produit (1766-1834) opposait une tout autre théor
de première nécessité dans l'alimentation ie : au lieu de mettre l'accent sur les avan
comme les céréales, les choses apparaissent tages du développement démographique et
plus complexes. En effet, depuis les années sur les possibilités des progrès techniques
40, l'accroissement de la population est d'y faire face en accroissant les ressources
passé de l'indice 100 à l'indice 233 en 1987. disponibles, il brandissait la menace d'une
Or, la production des trois plus importantcatastrophe due aux disparités dans le
es céréales (blé, riz et maïs) a bondi de 100 rythme de croissance. Alors que la popul
à 348. Est-ce à dire que les craintes de Malation devait croître en progression géomét
thus étaient infondées, que l'avenir de la rique et doubler tous les vingt-cinq ans, les
population mondiale est assuré et qu'il suf«subsistances» ne pouvaient augmenter
fise de « laisser faire » ? Ce serait une vue qu'en progression arithmétique. Le monde
bien simpliste de la situation réelle. serait donc condamné à plus ou moins
J'envisagerai successivement deux séries de brève échéance à la misère et à la famine.
problèmes. Celui de la croissance démograTel est brièvement et grossièrement résumé
phique et celui du développement de l'uti- le départ de cette réflexion. 306
ACCES MONDIAL
lisation des ressources. Il n'est pas possible question. J'ai donc choisi d'appeler l'atten
en un bref exposé de faire le tour de la tion sur quelques faits.
LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
Malthus avait raison de prévoir une aug 2100. Cette limite est vraisemblable si l'on
mentation rapide de la population et, admet la continuation de l'évolution actuel
actuellement encore, beaucoup s'en préoc lement en cours, c'est-à-dire la limitation
cupent et la lutte contre cette marée de la fécondité au taux de remplacement
humaine est devenue un souci de nombreux qui est de 2, 1 enfants par femme. Bien sûr,
responsables politiques, mais il faut intro il s'agit là d'une hypothèse théorique mais
duire des différenciations. d'une part elle s'appuie sur la baisse cons
tatée même dans les pays peu développés
Les prévisions sur le proche avenir ont fait, depuis une quinzaine d'années; d'autre part
en particulier, l'objet de rapports des elle permet de présenter quelques réflexions
Nations Unies et de la Banque Mondiale. intéressantes.
La population mondiale devrait atteindre,
en hypothèse moyenne, 8 milliards 177 mil Et tout d'abord, l'inégale situation à la sur
lions d'habitants en 2025 et culminer face du globe. Non seulement cette inégal
autour de 11 milliards aux environs de ité est actuelle, mais elle repose sur une 307
A LA REGULATION DES NAISSANCES
Allemagne de l'Est
CD Allemagne de l'Ouest
Royaume- Uni
France
Espagne -
Côte d'Ivoire - Ghana Togo Bénin
Cameroun -
Fidji-*
croissances inégales est due avant tout à évolution passée inégale et elle restera iné
l'inégalité du bilan naturel. Celui-ci repose gale encore longtemps dans l'avenir. Elle
sur la natalité et la mortalité. De leur combreprésente un déséquilibre fondamental
inaison résulte le dynamisme démographientre les différentes parties du monde et,
que plus ou moins accusé d'une avec son corollaire de conditions économi
population. Ceci est bien connu. L'étude ques et sociales, elle fait éclater le postulat
malthusien. A la veille de la deuxième du passé tout comme celle de la situation
guerre mondiale, les populations d'origine actuelle montrent que le premier élément
européenne représentaient 1/3 du total qui change c'est la mortalité. L'améliorat
ion des conditions de vie et, en particulier mondial; en 1980, 23%; en 2000, elles
n'atteindraient pas 20%. Pour l'Asie, la de l'alimentation et de l'hygiène, et les pro
part passera de 52,9% en 1939 à 57,8 % à grès de la médecine permettent des amélio
la fin du siècle. Mais l'Amérique latine rations rapides et massives. L'introduction
montera de 6 à 9% et surtout l'Afrique se des vaccins, par exemple, a fait disparaît
re certaines maladies meurtrières et notamgonflera de 8 à 14,3 %. L'image des cour
ment chez les enfants. Or, ces méthodes bes est saisissante.
peuvent être appliquées rapidement et la
rgement sans nécessiter une préparation L'inégalité du bilan naturel
Les grands déplacement