« Marché informel » : une lecture critique du modèle d Akerlof - article ; n°157 ; vol.40, pg 169-186
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Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 157 - Pages 169-186
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Bernard Boyabé
« Marché informel » : une lecture critique du modèle d'Akerlof
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°157. pp. 169-186.
Citer ce document / Cite this document :
Boyabé Jean-Bernard. « Marché informel » : une lecture critique du modèle d'Akerlof. In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°157.
pp. 169-186.
doi : 10.3406/tiers.1999.5372
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_157_5372« MARCHÉ INFORMEL » :
UNE LECTURE CRITIQUE
DU MODÈLE D'AKERLOF1
par Jean-Bernard BOYABÉ*
Le secteur informel, en Afrique subsaharienne, peut être analysé
comme un marché de biens et services. Les principales caractéristiques
de ce « informel » permettent d'introduire les hypothèses de
sélection adverse et d'aléa moral. Dans le cas extrême du modèle sous-
jacent, le marché informel devrait cesser d'exister. S'il perdure, c'est
parce qu'il existe des mécanismes complémentaires qui permettent
d'aménager les asymétries d'information et de limiter les comportements
négatifs, sources de sélection adverse. Le choix du produit par les agents
sur le marché (informel) ou le choix du marché (informel ou formel)
pour un produit est gouverné par des variables qui, elles-mêmes, dépen
dent des « caractéristiques des produits », d'une part, et des « caractéris
tiques du marché », d'autre part. Des implications macro-économiques
peuvent en être déduites.
C'est à l'article d'Akerlof (1970) que l'on associe généralement
l'apparition de la notion de « sélection adverse ». L'auteur y présente
un modèle de marché à produits hétérogènes avec asymétrie
d'information entre vendeurs et acheteurs. L'un des points forts de son
analyse est que le phénomène de substitution entre produits de diffé
rents niveaux de qualité, qui est à la base de la « sélection adverse »,
peut entraîner l'effondrement de la demande.
La « sélection adverse » peut être définie comme un mécanisme de
marché qui conduit à un recul progressif des produits d'un niveau de
* gains, Faculté de droit et de sciences économiques, Université du Maine.
1. Mes remerciements vont à M. F. R. Mahieu (directeur de ma thèse dont est tiré cet article) et aux
référés anonymes de cette revue.
Revue Tiers Monde, t. XL, n° 157, janvier-mars 1999 Jean-Bernard Boyabé 170
qualité donné, au bénéfice des produits de niveau moindre de qualité.
Pour cerner la signification et la portée de ce concept, partons de
l'exemple du marché d'un produit donné, considéré à la fois comme
asymétrique (les vendeurs détiennent des informations privées sur leurs
produits que les acheteurs ne peuvent avoir) et hétérogène (la qualité
des produits offerts est extrêmement variable, au point qu'il existe une
incertitude sur chaque produit du marché). L'existence de cette hétéro
généité des produits vendus sur ce marché est de nature à offrir
l'occasion aux vendeurs de produits de moindre qualité de les propos
er aux consommateurs, mal informés, à des prix de produits de meil
leure qualité. Or, si cette situation se généralise, les détenteurs des pro
duits de meilleure qualité seront moins rémunérés par leurs ventes et
décideront, par conséquent, de se retirer du marché, laissant la place
aux vendeurs des produits de moindre qualité : c'est le principe de la
sélection adverse, qui s'apparente à la loi de Gresham. Cette sélection
adverse peut se produire successivement pour tous les niveaux de pro
duits et entraîner à la longue l'effondrement du marché.
Cet article présente les limites de ce phénomène sur un marché, en
Afrique subsaharienne, ayant des caractéristiques similaires à celui à
partir duquel le modèle de base a été élaboré1. La qualité des produits
et l'incertitude y sont suffisamment variables. Ce marché est « infor
mel » en ce sens que les caractéristiques des producteurs, celles des
consommateurs et les déterminants des échanges satisfont aux critères
de définition du secteur correspondant. L'intérêt d'une telle démarche
est double : tester la pertinence du modèle sous-jacent d'Akerlof sur le
marché informel et, en même temps, montrer que si un marché comme
celui de l'informel continue d'exister, c'est parce que les paramètres de
choix y sont d'autant plus diversifiés qu'ils s'étendent aux « interac
tions sociales » entres agents.
La première section décrit le cadre d'analyse de l'étude. La
deuxième section énonce l'hypothèse fondamentale qui va conduire le
raisonnement. La troisième section présente les déterminants des pré
férences des agents sur le marché informel. Avec une telle structure de
préférences, il est possible de comprendre les limites du modèle dans sa
capacité à prévoir l'effondrement d'un marché. Nous considérons la
version extrême du modèle d'Akerlof, qui prévoit que la baisse de la
demande conduit à l'annulation du marché. Une telle démarche pré
sente un autre intérêt : elle permet d'éclairer les mécanismes de substi
tution formel/informel qui semblent avoir joué en faveur du second,
durant les vingt dernières années, en Afrique subsaharienne.
1. Akerlof, 1970. Marché informel et modèle d'Akerlof 171
l/« MARCHÉ INFORMEL» ET PARADOXE D'AKERLOF
Le secteur informel, en Afrique subsaharienne, peut être défini et
présenté comme un marché d'échange des biens et services1. Il existe
une offre et une demande, l'ajustement se fait par le prix. Mais la
prise en compte de certaines caractéristiques de ce « marché infor
mel » peut conduire à penser que celui-ci est exposé à un phénomène
de sélection adverse ou d'aléa moral susceptible d'entraîner son
effondrement.
Du secteur informel au marché informel
II est possible de partir de la caractéristique duale des économies
des pays en développement : il existe, d'un côté, l'informel représentat
if d'un « secteur » de l'économie, et de l'autre le formel représentatif
du « secteur » qualifié généralement de « moderne ». Ce type de
découpage constitue le fondement des approches dualistes des écono
mies en développement2. Dans ce cadre, le secteur informel peut être
distingué du formel et défini à partir des critères de la non-régulation
par l'État3 et de l'échelle quasi domestique des activités de product
ion4 : relèverait du secteur informel toute activité économique qui
échappe entièrement au contrôle par l'État, et qui est exercée par des
agents économiques travaillant pour leur propre compte, dans des
petites unités de production. Celles-ci sont assimilables aux ménages
dans le système de comptabilité nationale. Le « marché informel »
serait alors le marché des produits et services engendrés par ces activb
tés économiques.
1 . L'exemple le plus représentatif serait le marché de la réparation, archétype d'un marché informel
en Afrique subsaharienne. Il implique des outputs à la fois en terme de « service », pour les prestations
dont bénéficient les consommateurs, et en terme de « produit », pour les pièces détachées qu'il exige dans
bien des cas. Sur un tel marché, II est difficile de certifier la qualité de la prestation offerte avant la réali
sation de la transaction, les compétences du réparateur étant difficilement observables. L'hypothèse de la
sélection adverse entre produits est d'autant plus intéressante à examiner qu'il y a une forte hétérogénéité
des produits. Ceux-ci sont généralement d'occasion ou de seconde main, en plus du fait qu'ils peuvent être
issus de la contrefaçon.
2. Todaro, 1969 ; Harris et Todaro, 1970 ; Lewis, 1954 ; Ranis et Fei, 1964 ; Ranis et Stuart, 1993 ;
Mahieu et Napoléon, 1997, etc.
3. Roubaud et Séruzier, 1991.
4. bit,

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