Marseille (1831-1865). Une révolution industrielle entre Europe du Nord et Méditerranée - article ; n°1 ; vol.56, pg 153-176
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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 2001 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 153-176
Marseille (1831-1865). Une révolution industrielle entre Europe du Nord et Méditerranée (X. Daumalin et O. Raveux).
Le processus d'industrialisation de la région marseillaise au cours de la première moitié du XIXe siècle a longtemps été sous-estimé dans son ampleur comme dans sa précocité. Depuis maintenant dix ans, de nombreuses publications ont permis de combler cette lacune de l'historiographie française et européenne. Atypique et diversi fiée, l'industrie marseillaise a su saisir les opportunités offertes par sa double inscription dans les espaces économiques méditerranéen et européen, et offre un remarquable exemple de révolution industrielle durant les années 1831-1865. Le cas marseillais permet de souligner l'importance de la demande comme facteur préalable à la modernisation des industries traditionnelles et met en valeur la nécessaire mise en place de combinaisons entre dynamisme intrinsèque et ouvertures sur l'extérieur afin d'accomplir une profonde transformation industrielle.
Marseille (1831-1865): an industrial revolution between North of Europa and the Mediterranean area.
The process of industrialization in the Marseille area during the first half of the nineteenth century has long been underrated in extent as well as in precocity. For about ten years now, publications by numerous economic historians have been filling this gap in French and European historiography. Being atypical and diversified, the industry of Marseille has taken advantage of the opportunities arising from its double insertion in the European and Mediterranean economic spaces and gives a remarkable example of industrial revolution in the 1831-1865 period. The case of Marseille allows to underline the importance of demand as a preliminary factor in modernization of traditional industries and brings out the necessary implementation of combinations between intrinsic dynamisms and openness to the outside in order to accomplish a deep industrial transformation.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Xavier Daumalin
Monsieur Olivier Raveux
Marseille (1831-1865). Une révolution industrielle entre Europe
du Nord et Méditerranée
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 56e année, N. 1, 2001. pp. 153-176.
Résumé
Marseille (1831-1865). Une révolution industrielle entre Europe du Nord et Méditerranée (X. Daumalin et O. Raveux).
Le processus d'industrialisation de la région marseillaise au cours de la première moitié du XIXe siècle a longtemps été sous-
estimé dans son ampleur comme dans sa précocité. Depuis maintenant dix ans, de nombreuses publications ont permis de
combler cette lacune de l'historiographie française et européenne. Atypique et diversi fiée, l'industrie marseillaise a su saisir les
opportunités offertes par sa double inscription dans les espaces économiques méditerranéen et européen, et offre un
remarquable exemple de révolution industrielle durant les années 1831-1865. Le cas marseillais permet de souligner
l'importance de la demande comme facteur préalable à la modernisation des industries traditionnelles et met en valeur la
nécessaire mise en place de combinaisons entre dynamisme intrinsèque et ouvertures sur l'extérieur afin d'accomplir une
profonde transformation industrielle.
Abstract
Marseille (1831-1865): an industrial revolution between North of Europa and the Mediterranean area.
The process of industrialization in the Marseille area during the first half of the nineteenth century has long been underrated in
extent as well as in precocity. For about ten years now, publications by numerous economic historians have been filling this gap
in French and European historiography. Being atypical and diversified, the industry of Marseille has taken advantage of the
opportunities arising from its double insertion in the European and Mediterranean economic spaces and gives a remarkable
example of industrial revolution in the 1831-1865 period. The case of Marseille allows to underline the importance of demand as
a preliminary factor in modernization of traditional industries and brings out the necessary implementation of combinations
between intrinsic dynamisms and openness to the outside in order to accomplish a deep industrial transformation.
Citer ce document / Cite this document :
Daumalin Xavier, Raveux Olivier. Marseille (1831-1865). Une révolution industrielle entre Europe du Nord et Méditerranée. In:
Annales. Histoire, Sciences Sociales. 56e année, N. 1, 2001. pp. 153-176.
doi : 10.3406/ahess.2001.279939
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_2001_num_56_1_279939MARSEILLE (1831-1865)
UNE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
ENTRE EUROPE DU NORD ET MÉDITERRANÉE
Xavier Daumalin et Olivier Raveux
L'industrialisation marseillaise a toujours été perçue et décrite par les
historiens français comme un phénomène rapide qui se serait produit sous
le Second Empire. Une « époque extraordinaire », écrit Louis Girard en
1961, où Marseille, « immobile depuis des siècles », attire les hommes, les
capitaux, démultiplie ses compétences, repousse les limites de son horizon
commercial et entre dans l'ère contemporaine grâce à la « confluence, très
rare dans l'histoire, des conjonctures techniques, économiques et poli
tiques1 ». En 1975, Louis Pierrein confirme que la fonction industrielle du
port de Marseille n'est pas apparue avant 18552. Dans l'imaginaire collectif
comme dans les faits, cette date ne doit rien au hasard. Elle correspond à
la mise en service des premiers hauts fourneaux marseillais. Pas d'industrie
sans sidérurgie. Le modèle anglo-saxon, qui demeure le mètre-étalon de
l'analyse historique des processus d'industrialisation, offre une vision réduct
rice de la géographie industrielle de l'Europe de la première moitié du
XIXe siècle3. Avant les années 1850, l'économie marseillaise souffre de
son appartenance à un espace méditerranéen jugé essentiellement agricole,
commercial, et dont l'industrie peine à surmonter ses problèmes techniques
ou financiers et à trouver des débouchés. Fondamentalement, elle reste à
la périphérie d'une Europe industrielle du Nord-Ouest qui seule peut lui
fournir les moyens de sa modernisation et de son essor.
1. Louis Girard, Marseille sous le Second Empire, Paris, Pion, 1961, p. 76.
2.Pierrein, Industries traditionnelles du port de Marseille : le cycle des sucres et
des oléagineux, 1870-1968, Marseille, Institut historique de Provence, 1975, p. 32.
3. Sur ce thème, voir les mises au point de Gérard Chastagnaret, « La Méditerranée ou
l'industrialisation masquée », Alliages, 24-25, 1995, pp. 295-306, et « L'industrie en Méditer
ranée : une histoire en construction », Méditerranée, 3-4, 1997, pp. 5-12.
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Annales HSS, janvier-février 2001, n° 1, pp. 153-176. HISTOIRE ECONOMIQUE EN FRANCE
Cette interprétation n'est plus admise aujourd'hui. Au cours des années
1990, les historiens français ont rouvert le dossier et sont parvenus à
une vision entièrement renouvelée du cas marseillais. Les racines de ce
changement ne se trouvent pas uniquement au sein d'une dynamique propre
à la recherche hexagonale. À dire vrai, tout s'est d'abord joué dans les
pays voisins de la Méditerranée. Depuis la fin des années 1960, les cher
cheurs italiens, espagnols et grecs se sont lancés dans un mouvement de
relecture de leurs histoires industrielles, sur la base d'une remise en cause
des cadres traditionnels de l'analyse. Leurs recherches ont débouché sur un
constat sans appel en ce qui concerne les pays du nord de la Méditerranée :
la variété des activités de production, les différences de rythme dans les
processus d'industrialisation, la présence de logiques de fonctionnement
atypiques, aussi bien pour la gestion des marchés que pour celle des facteurs
de production, et l'importance des dynamiques internes entraînent la nécess
ité de s'affranchir du modèle anglo-saxon pour prendre la mesure de
mouvements différents de ceux de l'Europe du Nord- Ouest4. Si longtemps
présente dans les analyses, la notion de périphérie apparaît réductrice5.
Avant tout, l'économie méditerranéenne doit être étudiée pour elle-même.
Les modèles de référence doivent permettre des comparaisons porteuses
d'explications et non pas constituer les cadres rigides d'une recherche
centrée sur les déclinaisons du « retard » et sur les conséquences des liens
de dépendance entre les différentes zones européennes.
Les historiens français ont tardé à adopter une telle approche mais,
profitant de cette dynamique de la recherche en Méditerranée, ils ont fini
par se lancer dans une relecture de l'histoire industrielle de la façade
méditerranéenne. S 'appuyant sur les travaux de quelques devanciers comme
l'historien américain William Sewell6, plusieurs publications proposent
désormais une image différente de la chronologie et de la nature de l'indus
trialisation marseillaise. En 1990, dans L'imaginaire de Marseille, Marcel
Roncayolo lance le débat en attirant l'attention sur la « densité exceptionn
elle7 » des années 1830, lorsque le «modèle libéral» impose à la ville
une nouvelle définition de ses fonctions économiques. La même année,
Michel Lescure démontre que « la croissance économique qui eut lieu
à Marseille après 1860, marquait une seconde phase dans le processus
d'industrialisation plutôt qu'un point de démarrage8 ». Peu après, Gérard
Chastagnaret met en valeur l'importance du travail des minerais et métaux
4. Notamment sous l'impulsion de Christine Agriantoni, Luigi Bulferetti, Luigi De Rosa,
Marco Doria, Christos Hadziihossif, Giorgio Mori, Jordi Nadal et Caries Sudriá.
5. Sur l'idée de périphérie, voir Ivan T. Berend et Gyôrgy Ranki, The European Periphery
and Industrialization, 1780-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1982.
6. William H. Sewell, « La classe ouvrière de Marseille sous la Seconde République :
structure sociale et comportement politique », Le mouvement social, 16, 1971, p. 33.
7. Marcel Roncayolo, L'imaginaire de Marseille: port, ville et pôle, Marseille, CCIMP,
1990, p. 24.
8. Michel Lescure, « Companies and Manufacturers of the First Period of Industrialisation
of Marseilles », in P. Jobert et M. Moss (dir.), The Birth and Death of Companies: An
Historical Perspective, Princeton, Princeton University Press, 1

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