Migrations internationales de main-d œuvre et grand marché européen - article ; n°136 ; vol.34, pg 903-926
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Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 136 - Pages 903-926
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Caire
Migrations internationales de main-d'œuvre et grand marché
européen
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°136. pp. 903-926.
Citer ce document / Cite this document :
Caire Guy. Migrations internationales de main-d'œuvre et grand marché européen. In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°136. pp.
903-926.
doi : 10.3406/tiers.1993.4809
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_136_4809MIGRATIONS INTERNATIONALES
DE MAIN-D'ŒUVRE
ET GRAND MARCHÉ EUROPÉEN
par Guy Caire*
Le terme d'immigration est lourd de connotations renvoyant au
refoulé et au non-dit des sociétés. Relié à celui de travail, il devient
encore plus passionnel dans des sociétés en crise depuis une vingtaine
d'années. L'Autre se fait non seulement différent mais aussi menaçant.
Cette forme de mobilité spatiale que constitue l'immigration devient
alors source de dérives langagières ; immigré = étranger = maghréb
in = délinquant, on a là une séquence que n'hésitent pas à établir
certains courants politiques d'extrême droite et auxquels l'opinion
publique peut, au gré des circonstances, prêter une oreille plus ou
moins complaisante. Même lorsqu'il n'en est pas ainsi, le travail de
l'inconscient mérite malgré tout d'être exploré : « Immigré(s) est de
loin le terme le plus employé en France pour désigner cet Autre qui
un jour a quitté son pays pour venir vivre et travailler dans l'Hexa
gone. Ce jour peut être récent ou fort lointain ; le pays d'origine peut
être la France d'outre-mer pour les Martiniquais, Guadeloupéens et
Réunionnais qui, pour nationaux qu'ils soient, sont souvent perçus
comme des "immigrés" et comptés comme tels lors de l'attribution de
logements sociaux ; l'immigré peut même n'avoir jamais immigré s'il
est de seconde ou de troisième génération ; Г "immigré" enfin peut
être français ou étranger. Le terme ď "immigré" est ainsi à la fois le
plus courant, le plus banal, le moins connoté négativement et le plus
"collant". Difficile en France de se débarrasser de cette étiquette qui
vous marque définitivement du sceau de l'extranéité en fonction d'un
* Professeur, Université de Paris X-Nan terre.
Revue Tiers Monde, t. XXXIV, n° 136, octobre-décembre 1993 904 Guy Caire
critère qui semble être celui de la peau, du faciès et de la condition
sociale beaucoup plus que de l'origine réelle. »'
De son côté, le grand marché européen suscite des inquiétudes nomb
reuses, voire des passions collectives, à partir du moment où l'identité
nationale ou simplement l'autonomie de la politique économique peu
vent sembler se trouver mises en question. On l'a vu au moment où les
différents pays concernés ont été appelés à ratifier les accords de Maast
richt qui ouvrent à la construction européenne de nouveaux horizons et
lui fixent de nouveaux objectifs.
Se pose alors la question de savoir s'il est possible de traiter avec
un minimum d'objectivité de ces deux sujets brûlants alors même que
notre propos est de les considérer dans leurs connexions. En adoptant
une démarche très simple, qui consiste à partir du mieux établi pour
envisager ensuite les marges de manœuvre qui sont offertes et avancer
quelques propositions prospectives, nous ferons successivement état de
la situation à la veille du grand marché, des règles relatives aux phé
nomènes migratoires instaurées dans le cadre du grand marché, et,
enfin, des perspectives de migrations dans les structures nouvelles ainsi
mises en place.
I - SITUATION A LA VEILLE DU GRAND MARCHÉ
Quelques données statistiques permettent de faire le point sur l'état
actuel des phénomènes migratoires dans la Communauté économique
européenne2. On mettra plus particulièrement l'accent sur deux caracté
ristiques : l'ampleur plus ou moins grande, selon les pays, de la place
faite aux étrangers dans la population active ; les secteurs d'activité,
eux-mêmes différents d'un pays à l'autre, dans lesquels les travailleurs
étrangers sont principalement employés.
A) Ampleur des phénomènes migratoires
Depuis 1945 tous les pays européens, à l'exception de l'Irlande
(avec 0,5 % d'étrangers en 1991) et du Portugal (avec 0,6 % d'étran-
1. S. Bonnafous, Mots et paroles de l'immigration, essai de mise en perspective sur vingt ans,
Revue française des Affaires sociales, décembre 1992, p. 6.
2. Un colloque organisé à l'occasion du 30e anniversaire du Fonds d'action sociale pour les tra
vailleurs immigrés et leurs familles (fas) s'est tenu à Strasbourg-Bischenberg les 4 et 5 décembre 1989
sur le thème Les immigrés et la Communauté européenne à l'horizon 1992-1993. Migrations internationales de main-d'œuvre 905
gers), sont devenus des pays d'immigration. Les flux migratoires sont
difficiles à évaluer, à la fois pour des raisons juridiques (les enfants
d'immigrés nés en France sont réputés français ; il n'en va pas de
même dans d'autres pays comme l'Allemagne où, par contre, les immig
rés d'origine allemande venus de l'Est sont réputés citoyens dès leur
arrivée, tandis qu'en Grande-Bretagne, depuis 1983, les conditions
d'obtention de la nationalité sont devenues plus difficiles pour les
enfants d'immigrants nés sur le sol anglais) et pour des raisons de sai
sie statistique (les sorties étant toujours beaucoup plus mal connues
que les entrées).
Le cas français permet d'illustrer ces difficultés1. Chez nous les
entrées d'étrangers correspondent à des cas de figure extrêmement
divers. Outre la distinction à faire entre immigration à caractère per
manent et migration à statut temporaire, donnant lieu l'une et l'autre
à des cartes de séjour à durées différentes (au moins un an dans le pre
mier cas, ou entre trois mois et un an pour le second), doit également
être prise en considération la situation de l'étranger antérieurement à
ce classement. Il peut en effet s'agir soit de primo-migrants réels fran
chissant pour la première fois la frontière, soit d'étrangers déjà pré
sents sur le territoire de manière régulière avec un statut temporaire et
qui accèdent au statut de permanents (demandeur d'asile à qui est
accordé le statut de réfugié politique, étudiant en fin d'études qui a
trouvé un emploi), soit encore d'étrangers présents sur le territoire
mais de manière irrégulière qui parviennent à faire régulariser leur
situation. Cette distinction entre accès physique et accès au statut,
notamment de permanent, revêt une importance particulière dans le
cas de « membres de familles de français » qui constituent pour notre
pays un des flux les plus importants au plan numérique et en forte
progression. Par ailleurs, la mesure s'avère délicate de par la diversité
des sources utilisées (omi ou Office des migrations internationales,
ofpra ou Office français de protection des réfugiés et apatrides, statist
iques des cartes délivrées par les préfectures). Aux observations de
nombres fournis par des états statistiques, mais avec des degrés de
précision et de complétude différents, doivent donc s'ajouter des est
imations de grandeurs pour certains flux non chiffrés mais que l'on sait
exister. L'immigration permanente comprend à son tour plusieurs
sous-ensembles : travailleurs salariés permanents, réunions des familles
1. A. Lebon, Aspects de l'immigration et de la présence étrangère en France 1991-1992, ministère
des Affaires sociales et de l'Intégration, Direction de la population et des migrations, novembre 1992. 906 Guy Caire
(c'est-à-dire entrées des membres de familles de Français et regroupe
ment familial autour d'étrangers) ; réfugiés politiques. De même l'i
mmigration temporaire se subdivise en détenteurs d'une autorisation
provisoire de travail, étudiants, demandeurs d'asile. S'ajoute enfin
l'immigration saisonnière qui a pu concerner, en 1991, 54 291 per
sonnes. Pour ce qui

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