Mobilité différentielle et différenciation de l'espace en milieu urbain - article ; n°1 ; vol.11, pg 47-60

Jean-Philippe Damais

Description

Espace, populations, sociétés - Année 1993 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 47-60
Residential mobility and differentiation of space in urban environment.
The author proposes to use the intra-urban residential mobility as an indicator of the internal dynamics of cities. He describes very meticulousnessly the evolution of residential behaviour in a middle town, Le Havre, between the four last French censuses. The decomposition of flows and the observation of their links with the change of urban surroundings allow to differentiate the space, using an own methodology which combines the stages of life cycle, the evolution of the household structure and the permanences and changes of the «town places».
L'auteur propose d'utiliser la mobilité résidentielle intra-urbaine comme indicateur de la dynamique interne des villes. Il décrit très finement l'évolution du comportement résidentiel dans une agglomération moyenne, Le Havre, entre les quatre derniers recensements. La décomposition des flux et leur mise en relation avec la transformation du cadre urbain permet de différencier l'espace, en s'appuyant sur une méthodologie propre qui combine étroitement les étapes du cycle de vie, l'évolution de la composition des ménages et les permanences et les mutations des lieux de la ville.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ESPACE-_POPULATIONS-_SOCIETES
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 87
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jean-Philippe Damais
Mobilité différentielle et différenciation de l'espace en milieu
urbain
In: Espace, populations, sociétés, 1993-1. Mélanges - Miscellanies. pp. 47-60.
Abstract
Residential mobility and differentiation of space in urban environment.
The author proposes to use the intra-urban residential mobility as an indicator of the internal dynamics of cities. He describes
very meticulousnessly the evolution of residential behaviour in a middle town, Le Havre, between the four last French censuses.
The decomposition of flows and the observation of their links with the change of urban surroundings allow to differentiate the
space, using an own methodology which combines the stages of life cycle, the evolution of the household structure and the
permanences and changes of the «town places».
Résumé
L'auteur propose d'utiliser la mobilité résidentielle intra-urbaine comme indicateur de la dynamique interne des villes. Il décrit très
finement l'évolution du comportement résidentiel dans une agglomération moyenne, Le Havre, entre les quatre derniers
recensements. La décomposition des flux et leur mise en relation avec la transformation du cadre urbain permet de différencier
l'espace, en s'appuyant sur une méthodologie propre qui combine étroitement les étapes du cycle de vie, l'évolution de la
composition des ménages et les permanences et les mutations des lieux de la ville.
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Damais Jean-Philippe. Mobilité différentielle et différenciation de l'espace en milieu urbain. In: Espace, populations, sociétés,
1993-1. Mélanges - Miscellanies. pp. 47-60.
doi : 10.3406/espos.1993.1555
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1993_num_11_1_1555Jean-Philippe DAMAIS Université Paris-Nord
UFR Lettres et Sciences Humaines
Avenue Jean-Baptiste Clément
93430 Villetaneuse
Mobilité résidentielle et
différenciation de l'espace
en milieu urbain
L'étude de l'évolution de la mobilité rési objectif à l'échelle des flots et des quartiers.
dentielle, notamment intra-urbaine, est un Le deuxième ne peut être atteint que par
excellent moyen de saisir la dynamique dif l'exploitation d'autres sources d'informat
férentielle des quartiers, comme le démont ions : taxe d'Habitation, edf-gdf, Service
re l'analyse du cas du Havre, de 1968 à des Eaux, mutations électorales. De ces
1990, à partir des données du recensement sources, les fichiers du Service des Eaux
de 1990 (1) mises à disposition par l'Obser nous ont paru à la fois les plus fiables et
vatoire Population et Habitat de la ville. les mieux adaptés.
Ce travail a été guidé par deux objectifs : L'apport méthodologique essentiel de cette
- classer les unités spatiales qui constituent étude est d'avoir reconstitué, d'un recen
l'agglomération en fonction de leur plus ou sement à l'autre, le comportement résident
moins grande stabilité résidentielle, des for iel des individus recensés en début de
mes de mobilité qui les ont affectées et de période intercensitaire (maintien dans le
leurs évolutions respectives; même logement, déménagement) selon une
- mettre en lumière les flux résidentiels procédure spécifique, directement transpo-
entre groupes d'îlots, quartiers et commun sable aux différentes échelles spatiales
es d'une même agglomération et relier leur urbaines. Si pour les emménages depuis le
évolution à celles des lieux qui les émettent précédent recensement figure l'indication
ou les reçoivent. de leur origine résidentielle, classée par
L'exploitation des données issues des recen catégorie spatio-administrative (mêmes:
sements permet de répondre au premier commune, Unité Urbaine (2), canton,
(1) Ces données, aimablement communiquées par phique de la mobilité résidentielle intra-urbaine»,
l'Observatoire Population et Habitat, nous ont per 1988, 448 p., exemplaires dactylographiés, in Thèse
mis d'actualiser nos travaux précédents : J.-P. Damais, de Doctorat d'Etat, «Recherches sur les formes
«La mobilité résidentielle intra-urbaine au Havre et d'occupation de l'espace en milieu urbain, soutenance
à Rouen», Espace-Populations-Sociétés, 198S, n° 1, sur travaux, Décembre 1988.
pp. 170-179; «La mobilité résidentielle intra-urbaine
et son évolution depuis 1968, recherches sur les chan (2) Cette mention ne figure pas dans les tableaux du
dépouillement exhaustif 1982. n° gements 2, pp. internes 313-322; des «Contribution espaces urbains», à l'étude ibid, 1986, 48
département, région), rien n'est donné sur stabilité/instabilité résidentielle de leurs
habitants, et de définir des taux d'enracla destination des déménageants, qu'elle
soit intra- ou inter-communale. Cela per inement ou de répulsion, d'attraction
met tout de même de caractériser les quart (interne et/ou externe) ou de fuite des quart
iers selon la plus ou moins grande iers, îlots et groupes d'îlots.
UN CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ORIGINAL
L'intérêt de l'étude de la mobilité résident résidant dans les quartiers est de la ville
ielle «intra-urbaine» au Havre (3) tient basse et la ville haute. Aujourd'hui
d'abord à la prégnance du site. La ville est 32,5 % de la population vit dans les limi
organisée en trois bandes allongées d'ouest tes de 1920 et près de 60% sur le plateau.
en est, de la mer et Sainte- Adresse à la Là, un habitat essentiellement constitué de
Lézarde et Harfleur, sur près de 10 km. Le pavillons et de grands ensembles collectifs
talus de 80 à 100 m limitant le plateau de sociaux abrite une population très majori
Caux («La Côte»), orienté plein sud, tairement composée d'ouvriers et d'em
sépare une «ville haute» dont l'urbanisa ployés : l'essentiel de la banlieue havraise
est donc bien dans la ville. C'est entre ces tion n'a débuté qu'à l'extrême fin du XIXe
siècle, d'une «ville basse», site de la ville quartiers, qui ailleurs seraient sur le terri
originelle, elle-même partagée en deux par toire des communes de proche banlieue, et
l'emprise ferroviaire, aujourd'hui couplée ceux qui seraient la «ville-centre», que se
avec une «pénétrante» à double chaussée développe le plus grand nombre des trajec
construite à l'emplacement de l'ancien toires résidentielles intra-urbaines (4) ; mais
ici on reste sur le territoire d'une même canal d'Harfleur, isolant les quartiers de la
«zone sud», portuaire et industrielle, déve commune, d'où l'absolue nécessité de des
cendre à des niveaux inférieurs d'analyse loppée sur les marais fluvio-marins de
l'estuaire séquanien. Ensuite à l'originalité spatiale sous peine de passer à coté de
l'essentiel : les quartiers, les îlots (5). de la composition territoriale et au déséqui
libre entre «ville-centre» et communes de La structure même de la ville basse nécess
«banlieue», en termes de tissu urbain, ite une étude par quartiers, car le centre
ancien a cédé la place, après la guerre, à morphologique, économique et social : les
4/5 du territoire de la commune du Havre un tissu urbain moderne et de bon confort,
sont en réalité constitués de banlieues. les seuls quartiers anciens subsistants cor
Réduite à ses limites de 1920, avant les respondant à l'urbanisation du milieu et de
annexions successives des grandes commun la seconde moitié du XIXe siècle. La popul
es périphériques (Graville en 1921, Bléville ation de ces zones est fortement typée:
grande proportion de cadres dans le preen 1953, Sanvic en 1955), la ville du Havre
n'aurait eu en 1975 qu'un peu plus du tiers mier cas, sous-représentation dans le
second, à l'exception des villas et résiden- des habitants qui y ont été recensés, le reste
(3) D'autres études ont été réalisées sur la mobilité rés Rouen : 32 %, Marseille : 27 Vo ; mais Rennes et Montp
identielle intra-urbaine ; citons en particulier, outre cel ellier, dont les composantes territoriales sont simi
les menées sur le repeuplement de la zone sinistrée du laires à celles de l'agglomération du Havre : 7 et 6 %).
Havre (J.-P. Damais, C.N.R.S., 1963), celles sur Lyon
(5) Sur un plan plus g&