Moulages de doigts recueillis sur des cagots de Salies-de-Béarn. - article ; n°1 ; vol.3, pg 553-572
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1892 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 553-572
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

E. Magitot
Moulages de doigts recueillis sur des cagots de Salies-de-
Béarn.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 3, 1892. pp. 553-572.
Citer ce document / Cite this document :
Magitot E. Moulages de doigts recueillis sur des cagots de Salies-de-Béarn. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris,
IV° Série, tome 3, 1892. pp. 553-572.
doi : 10.3406/bmsap.1892.3527
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1892_num_3_1_3527— SUR LES ONGLES DES CAGOïS. 533 MAGITOT.
M. Adrien de Mortilleï dit que M. Fleury a relevé un cer
tain nombre de ces habitations dans l'Aisne.
M. Vauvillé dit que, dans cet ouvrage, il en a été oublié
beaucoup à propos desquelles il pourra donner quelques
renseignements.
M. Adrien de Mortillet dit, à propos des grottes des
environs de Vendôme, qu'en 1884 elles ont été visitées par
l'Association française et étudiées à ce moment. On pourrait,
dans le compte rendu de cette session, trouver des rense
ignements sur ce sujet.
Moulages de doigts recueillis sur des cagots
de Salies-de-Béarn ;
PAR M. MAGITOT.
La question des cagots a été soulevée au dernier congrès
de l'Association pour l'avancement des sciences, à Pau,
en 1892.
Le professeur Bouchard (de Bordeaux), dans la séance du
17 septembre de la section d'anthropologie, vint soutenir à
ce propos une thèse déjà présentée naguère par le docteur
Guyon, c'est-à-dire l'origine gothique du terme de cagot et la
descendance des cagols de l'invasion des Goths, de race ger
manique ou Scandinave, aux premiers siècles de notre ère.
C'est à cette occasion que nous prîmes à notre tour la pa
role, pour faire connaître le résultat d'une enquête que nous
avions commencée sur les particularités anatomiques ou
ethniques que pourraient présenter les individus désignés
encore aujourd'hui sous le terme de cagots.
Or, pendant un assez long séjour que je viens de faire dans
la région des Pyrénées, et en particulier dans le pays de
Béarn, je fus frappé de rencontrer un certain nombre d'indi
vidus présentant des dispositions toutes particulières des
mains, des pieds et du système pileux.
Ces individus appartenaient soit à une même famille soit à
deux familles issues d'une même souche originaire ; les dis- 554 séaxce nu 20 octou:îe 1892.
positions qu'ils présentaient s'étaient transmises par voie
d'hérédité avec des caractères à peu près identiques, et ils
constituaient dans le point spécial où ils furent rencontrés,
c'est-à-dire le canton de Salies-de-Béarn, un groupe de popu
lation auquel les gens du pays donnaient communément le
nom de cagots.
En quoi consistent les dispositions qu'ils présentent ?
Le voici :
Les ongles des mains et des pieds sont déformés. Au lieu
de recouvrir la face dorsale de la dernière phalange et de
l'orteil, ils sont arqués en demi-cercle, se séparant ainsi de
la matrice de l'ongle à leur extrémité, et formant une cavité
demi-circulaire remplie de détritus de diverses sortes.
Dans une autre catégorie, l'extrémité unguéale ne s'est pas
seulement séparée de la matrice sous-jacente, elle s'est brisée
et présente alors une échancrure demi-lunaire remplie éga
lement des mêmes détritus.
Toutefois, la substance même de l'ongle paraît normale ; il
n'y a ni fissure dans la continuité, ni plaques blanchâtres, ni
taches d'aucune sorte. L'ongle a sa couleur à peu près nor
male ; sa consistance semble toutefois amoindrie, ce qui
explique la fracture du bord terminal, brisé sans doute pen
dant les efforts de certaines professions manuelles.
Les deux formes, la forme arquée et la forme en échan
crure, se retrouvent d'ailleurs tantôt sur le même individu,
tantôt sur des individus différents. Ce sont deux sous-variétés
accidentelles ou professionnelles. La recherche d'un bacille
n'a donné jusqu'à présent aucun résultat.
En même temps que eette disposition unguéale, nous obser
vons qu'au pourtour de l'ongle l'épiderme présente des fi
ssures en rayons divergents, partant de la matrice pour
s'étendre jusqu'au niveau de la pulpe des doigts ; ces fissures
sont peu profondes, ne dépassant pas la surface du derme,
mais assez sensibles au contact.
En outre, pendant la saison d'hiver, elles sont très dou
loureuses ; elles s'ouvrent, deviennent sanguinolentes, s'ul- — SUR LES ONGLES DES CAGOTS. 555 M.VGITOT.
cèrent même, suppurent et obligent les individus à se garnir
de chiffons les extrémités des doigts.
, Les substances qui emplissent la cavité sous-unguéale pa
raissent être formées de débris épithéliaux mélangés à des
matières les plus diverses. Chez les individus qui se tiennent
proprement, ce qui est fort rare, cet amas de matière est
blanchâtre ou grisâtre. Chez les individus malpropres, c'est
une masse noirâtre, dans laquelle on voit s'agiter parfois
quelques parasites verraiculaires, à la présence desquels les
gens attribuent leur difformité.
Pour ce qui regarde le reste de la main ou des pieds, il
est normal : aucune déformation ni de phalanges, ni du carpe
on du tarse, pas de nodosités, pas de plaques anesthésiques.
La sensibilité est égale sur tous les points ; pas de chapelets
ganglionnaires, aucun changement de couleur ou d'aspect de
la peau. En un mot, la difformité n'occupe que la région
unguéale et consiste dans une incurvation de l'ongle. Les
gens du pays donnent à cette disposition un nom pittoresque
et exact : ce sont, disent-ils en patois, des ouncîes de carcoils
ou ongles en colimaçon.
Cette première constatation faite au sujet des ongles, nous
poursuivîmes l'enquête sur le reste du corps. Nous recon
nûmes alors que le système pileux était frappé d'une réduc
tion plus ou moins notable dans la quantité. Les cheveux
sont rares, clairsemés et d'une finesse toute particulière; ils
sont, en général, roussâtres. Ainsi, une femme d'une qua
rantaine d'années présentait les cheveux d'un enfant nou
veau-né. Son cuir chevelu se voyait au travers d'une maigre
couche de poils. Les autres régions du corps, aisselles,
pubis, étaient également couvertes de poils rares. Un homme
adulte, aux ongles déformés, était sans barbe et avec les
poils]de la tête et du corps raréfiés ainsi que nous venons de
le dire.
Nous interrogeâmes alors le système dentaire, 'dont les
perturbations dans Tordre tératologique accompagnent assez
souvent, comme on sait, celles du système pileux. Nous ne 55G SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1802.
pûmes retrouver aucune anomalie particulière. Les indi
vidus présentaient, il est vrai, des altérations parfois fort
avancées, dues à la carie très fréquente en ces régions;
mais d'anomalies de nombre, d'éruption ou d'autres variétés,
point.
L'altération unguéale et pileuse appartient donc exclus
ivement au système épidermique ; c'est une malformation des
tissus ectodermiques. Telle est la désignation sous laquelle il
convient provisoirement de la classer.
Les autres parties du corps étaient dépourvues de toute
lésion morphologique quelconque ; aucune région anesthé-
siée ou hypereslhésiée, pas de chapelets ganglionnaires sur
aucune région du corps, aucune modification du lobule de
l'oreille, qui était normal et libre, fait assez intéressant entre
autres, car, ainsi que nous le verrons, il a été invoqué
comme caractère et même comme caractère unique chez les
cagols des Pyrénées.
En interrogeant toutefois certaines personnes capables de
nous renseigner, les médecins, par exemple, nous apprîmes
qu'on avait signalé, dans quelques communes des environs,
des individus qui, en outre de la déformation des doigts,
présentaient certaines courbures ou rétractions anormales
des phalanges et quelques plaques cutanées anesthésiées.
M. Lajard aurait même retrouvé, dans un village voisin de
Salies, à Andrein, chez une cagote, un cas parfaitement ca
racté

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