Multinationales et technologie : une domination renforcée - article ; n°1 ; vol.31, pg 97-110
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Multinationales et technologie : une domination renforcée - article ; n°1 ; vol.31, pg 97-110

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Quaderni - Année 1997 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 97-110
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Chesnais
Multinationales et technologie : une domination renforcée
In: Quaderni. N. 31, Hiver 1997. pp. 97-110.
Citer ce document / Cite this document :
Chesnais François. Multinationales et technologie : une domination renforcée. In: Quaderni. N. 31, Hiver 1997. pp. 97-110.
doi : 10.3406/quad.1997.1177
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1997_num_31_1_1177IDossier
Les plus grands groupes industriels mond
iaux, appartenant à quelques exceptions Multinationales
près, comme l'Aérospatiale, à la catégorie
dite des "multinationales globales"(l) , do
et technologie : minent la production et la circulation inter
nationale de la technologie. Ils exercent, par
des mesures individuelles autant que par
une domination des stratégies collectives, un degré élevé
de contrôle sur l'accès à la technologie par
les autres entreprises et les autres pays. En renforcée
raison de leur dimension et de leur poids,
les priorités commerciales qu'ils assignent à
leurs laboratoires et à leurs filiales ont une
forte influence sur l'orientation des nouvell
es technologies en termes de satisfaction
François
des besoins sociaux, ou encore à façonner
leurs "trajectoires". Non satisfaits de leur Chesnais
capacité à exercer des effets asymétriques
sur les autres acteurs au sein du "système- Maître de conférences
monde" contemporain - celui qui est issu Université Paris XIII- Villetaneuse
de la "révolution conservatrice" de R. Rea
gan et M. Thatcher des années 1979-1980,
de l'effondrement de l'URSS et de la guerre
du Golfe - les grands groupes industriels,
appuyés par les gouvernements des pays
avancés dont ils sont originaires, ont im
posé l'introduction dans le Traité de Marra
kech à la fin de l'Uruguay Round, des dis
positions de protection de la propriété in
dustrielle nouvelles, dont la sévérité tran
che avec celle codifiée par les Traités et les
institutions qui ont régi ce domaine jusqu'à
présent. Depuis vingt ans, la majorité des
QUADERNI N"31 - HIVER 1997 MULTINATIONALES ET TECHNOLOGIE 97 nes "triadiques" était la suivante : les États- en développement bénéficient de pays
transferts de technologies de moins en Unis en assuraient un peu plus de 46 %, les
moins nombreux. Au cours de la "décennie pays européens 32 % et l'Asie-Pacifique
(essentiellement le Japon, car l'Australie et perdue", les systèmes d'innovation émer
geant de beaucoup de nouveaux pays in encore moins la Nouvelle Zélande ont un
dustriels (ceux d'Amérique latine en premier) potentiel technologique tant soit peu import
ont fait les frais de la crise de la dette, puis ant) presque 20 %. L'effondrement de
des politiques de libéralisation à outrance. l'URSS a évidemment contribué à un degré
Les grands groupes ont obtenu parallèl de concentration encore plus accentué que
ement à la libéralisation commerciale et à dans les années 1970-1980. Pour ce qui est
des "nouveaux pays industriels" (NPI), les l'ouverture totale des marchés de ces pays,
l'alignement de leur systèmes de protection investissements significatifs faits depuis
industrielle sur celui des pays les plus avan quinze ans en Corée, en Chine et dans une
cés et les plus riches. moindre mesure à Singapour n'ont fait tout
au plus que compenser la baisse des dé
LA CONCENTRATION ÉLEVÉE DE LA penses faites par les NPI d'Amérique latine,
RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT dont les systèmes d'innovation ont été les
premières victimes de la crise de la dette et
La domination technologique des principaux des potions amères administrées à partir de
groupes industriels mondiaux repose sur un Washington.
ensemble de facteurs. Le premier tient au
fait d'appartenir au groupe de pays qui ont Dans la plupart des branches, notamment
les systèmes de recherche et d'innovation celles dites de "haute technologie", une
les plus forts et à concentrer eux-mêmes sous concentration particulièrement élevée par
leur contrôle des moyens financiers et hu zone et par pays, se double d'une concent
mains en recherche et développement tech ration souvent très élevée par firme. Au sein
nologique (la "R-D") très élevés. même de la plupart des pays de l'OCDE on
constate ensuite une concentration très
Les investissements en R-D sont les dépen forte par grand secteur, selon des modalités
ses industrielles parmi les plus concentrées qui traduisent les priorités politiques et in
au monde (2). Plus de 95 % des dépenses de dustrielles de chaque pays : aéronautique
R-D sont effectuées par les pays membres et équipement de communications pour les
de l'OCDE. En 1992 la répartition entre États-Unis (respectivement 27 % et 17 %) et
98» MULTINATIONALES ET TECHNOLOGIE QUADERNI N°31 - HIVER 1 997 la France (2 1 % et 24 %) ; machines de tou de Unilever de 1,9 %. Jusque dans les an
tes catégories et produits chimiques pour nées 1980, à quelques exceptions (concer
l'Allemagne (37 % et 22 %) . Seul le Japon nant des groupes suédois, canadiens et
connaît une répartition sectorielle assez néerlandais), les activités de R-D étaient peu
large de ses dépenses de R-D : c'est préc délocalisées. Même aujourd'hui, elles ne le
isément l'un des fondements de sa force tech sont pas au même degré que la production,
encore moins que la commercialisation et le nologique. Par contre, au niveau de ses grou
"marketing" qui accompagne celle-ci. Avec pes industriels, le Japon possède une con
centration encore supérieure à celle des l'accélération de la mondialisation, ceci a
autres pays. Alors qu'aux États-Unis on es commencé à changer.
time que ce sont vingt à vingt cinq groupes
qui effectuent 50 % de la R-D industrielle, La R-D est l'une des activités où "l'inva
sion" des bases arrières des concurrents est au Japon les cinq plus grands keiretsus en
assurent près de 70 %. Les pourcentages particulièrement intéressante. Dès la fin des
américains ne sont pas propres à ce pays : années 1960, les grands groupes américains
l'examen attentif des chiffres publiés par le de la chimie/pharmacie et de l'informatique
ministère de la Recherche en France montre avaient compris l'intérêt de se mettre en
une concentration tout à fait analogue. relation avec les potentiels scientifiques
européens en sciences du vivant ou en mat
CENTRALISATION DE LA R-D ET hématiques. Dans les années 1980, la vo
RÔLEDESIABORATOIRESCENTRAUX lonté de grandes firmes européennes de se
placer en prise directe avec le potentiel
Les grands groupes industriels mondiaux scientifique et technologique (ou système
de la catégorie des "multinationales global national d'innovation) de leurs rivaux amér
es" ont presque invariablement des dépens icains a sous-tendu beaucoup d'opérations
d'acquisition-fusion en direction de États- es de R-D élevées, souvent en termes ab
solus et toujours en comparaison avec les Unis. Pour beaucoup de groupes européens,
autres firmes de leur secteur d'implantation en particulier dans l'industrie pharmaceutiq
ue, l'acquisition de laboratoires situés aux principale (3). Cela est vrai même dans les
cas où celui-ci a une "intensité moyenne en États-Unis a été un motif très important de
R-D" peu élevée : l'intensité en R-D de l'i leur IDE (cela a été le cas pour Rhône Poul
ndustrie agro-alimentaire est de 0, 2 %, mais enc avec l'achat de Rorer). Ces groupes
celle du groupe Nestlé est de 1,2 % et celui (Roussel-Hoescht est un bon exemple) ont
QUADERNI N°31 - HIVER 1 997 MULTINATIONALES ET TECHNOLOGIE ... 99 même réussi à créer des laboratoires au Ja coordination du travail des autres unités.
pon, à un moment où la pénétration dans le Cela se comprend aisément. La technologie
tissu manufacturier était presque impossib est une dimension centrale de la compétitiv
le. Le passage à la mondialisation propre ité ainsi que du déploiement international
des groupes. Elle est aussi l'un des champs ment dite (4) a également poussé un nomb
re croissant de groupes à adopter un mode les plus déterminants où se nouent les rap
d'organisation multi-divisionnel comportant ports de coopération et de concurrence en
la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents