Naissance et développements de la psychologie de la santé - article ; n°4 ; vol.20, pg 129-140
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Sciences sociales et santé - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 129-140
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 60
Langue Français

Extrait

Michel Morin
Naissance et développements de la psychologie de la santé
In: Sciences sociales et santé. Volume 20, n°4, 2002. pp. 129-140.
Citer ce document / Cite this document :
Morin Michel. Naissance et développements de la psychologie de la santé. In: Sciences sociales et santé. Volume 20, n°4,
2002. pp. 129-140.
doi : 10.3406/sosan.2002.1571
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_2002_num_20_4_1571Sciences Sociales et Santé, Vol. 20, n° 4, décembre 2002
Naissance et développements
de la psychologie de la santé
Michel Morin*
La psychologie occupe aujourd'hui une place singulière dans le
découpage pratique et théorique des sciences sociales de la santé. Dans un
emploi subalterne et banalisé, elle est, comme psychologie clinique, une
assistance reconnue de la pratique médicale ou une source très ancienne
d'inspiration de multiples analyses, modélisations et stratégies prospect
ives, élaborées aussi bien dans le champ de la recherche médicale tradi
tionnelle que dans les disciplines motrices ou dominantes dont la revue
Sciences Sociales et Santé accompagne les avancées depuis vingt ans :
l'épidémiologie, l'économie, la sociologie et l'anthropologie. Dans un
emploi plus récent, elle construit progressivement des approches qui
revendiquent une spécificité d'objet et de compétence organisée depuis
peu sous le sigle « Psychologie de la santé ». Cette affirmation s'est énon
cée pendant longtemps en contributions prudentes et raisonnables, avec
une allégeance polie à l'interdisciplinarité, mais aussi avec quelques mises
en cause fondamentales des approches dominantes de la maladie, en appui
notamment sur les observations de la psychologie clinique et les principes
de la psychanalyse.
Avec la fin du vingtième siècle, on a assisté à une institutionnalisa
tion et une diffusion plus ferme qui rend plus visible un champ de
recherche et de propositions en voie de renouvellement. Manuels, traités,
ouvrages de synthèses, création de revues spécialisées en langue anglaise
ou numéros spéciaux se sont multipliés, aux États-Unis d'abord qu'on
* Michel Morin, psychologue, INSERM U379, Laboratoire de Psychologie Sociale,
Université de Provence, 29, avenue R. Schuman, 13621, Aix-en-Provence, France ;
e-mail : mc-morin@up.univ-aix.fr MICHEL MORIN 130
peut considérer comme la terre-mère des fondements de la psychologie de
la santé (Baum et al, 2001 ; Sarafino, 1990) puis dans tout l'espace de la
psychologie internationale et, en particulier, dans l'ensemble des pays
européens à partir d'abord du Royaume-Uni et des Pays-Bas (Kaptein et
al, 2000 ; Marks, 2000 ; Ogden, 1997) avant de gagner l'Europe du sud
et la France (Bruchon-Schweitzer, 2002 ; Fisher, 2002 ; Petrillo, 2000). Ce
dynamisme éclaté, multiforme et spatialement très dispersé se prête mal
aux états des lieux clairement et objectivement établis. Il est possible
néanmoins de repérer quelques traits marquants de l'histoire, des enjeux
et des perspectives d'un champ de recherche qui pourraient bien consti
tuer une des voies les plus prometteuses du renouvellement critique en
cours de la psychologie.
Émergence institutionnelle de la psychologie de la santé
La plupart des historiques de la de la santé s'accordent
pour considérer que les premières formalisations institutionnelles d'un
intérêt explicité des psychologues pour « la santé » sont marquées par la
création d'une section de psychologie de la santé dans le cadre de
Y American Psychological Association (APA) en 1979, section qui
regroupe aujourd'hui, semble-t-il, le plus grand nombre d'adhérents de la
puissante association nord-américaine. On note aussi que la première
« Conférence européenne de psychologie de la santé » a été organisée
en 1986 à l'initiative de psychologues hollandais pour ensuite, chaque
année, devenir un lieu de manifestation dont le titre annoncé reflète les
thématiques les plus actives ou les ambitions. La treizième conférence, par
exemple, organisée en Italie en 1999, était placée sous le titre
« Psychologie et renaissance de la Santé », ce qui, au-delà du clin d'œil
« culturel », témoignait bien d'un des engagements les plus affichés des
psychologues qui se reconnaissent volontiers dans ce qu'on désigne
comme « promotion de la santé ». Cette promotion tend à s'appuyer main
tenant sur de nombreuses sociétés nationales, la dernière en date apparue
étant « l'Association française de psychologie de la santé » (créée en
2002) dont la présidente, M. Bruchon-Schweitzer, est à l'origine des pre
miers travaux de présentation de de la santé dans l'espace
français (Bruchon-Schweitzer et Dantzer, 1994). C'est dans cet espace
que s'ouvrent progressivement des voies de formation et de professionna-
lisation nouvelles. En 2002, quatre universités (Metz, Bordeaux, Aix-
Marseille, Toulouse) proposent des DESS de psychologie de la santé et
des préparations au niveau des formations doctorales. Plusieurs autres uni- PSYCHOLOGIE DE LA SANTE 1 3 1
versités créent des enseignements dans la double perspective d'une for
mation de psychologues de la santé et de formation à la psychologie de la
santé pour tous les professionnels de santé.
Fondements et sources d'inspiration
Les insuffisances de qui est appelé « le modèle biomédical », consi
déré comme approche « traditionnelle » de la maladie, sont généralement
mises en avant comme une des bases du travail de la psychologie de la
santé. Au « modèle biomédical » on attribue l'idée que la maladie résulte
de causes physiques dont les modèles sont les infections ou les blessures,
que maladie et santé sont des états radicalement et qualitativement diffé
rents, que la maladie est une affection du corps que l'on peut et que l'on
doit détacher de toute analyse des processus psychiques et sociaux, que la
prise en charge des faits de maladie relève entièrement des compétences
de l'autorité médicale, seule capable de rendre intelligible l'étiologie des
perturbations du corps, de construire un diagnostic et de mettre en place
un traitement de remédiation pertinent et efficace, et qu'aux psychologues
ne peuvent être confiées que des tâches d'intervention et de soutien en
aval de la maladie comme l'aide pour un ajustement aux traumatismes et
aux souffrances morales liées aux maladies graves (Ogden, 1997 ;
Sarafino, 1990). Cette conception réductrice, validée pragmatiquement
par les succès thérapeutiques du vingtième siècle, a été fortement mise en
cause par l'introduction dans le champ médical de nouvelles thèses et de
nouvelles pratiques de diagnostic, de soin et d'évaluation qui subvertis-
sent partiellement certaines composantes du dogme biomédical, tel qu'il
est en tout cas le plus souvent reconstruit dans les raccourcis des psycho
logues de la santé.
Ainsi, aux États-Unis, à partir des années trente, la médecine psy
chosomatique, fortement marquée par les personnalités de psychanalystes
comme Alexander (1950) a mis en œuvre ses conceptions des liens entre
vie émotionnelle et processus corporels. La « médecine comportement
ale » ou « behaviorale », à partir des années soixante-dix, a été reconnue
comme pratique d'application légitime des thèses du behaviorisme, ce qui
a entraîné de multiples recherches organisant des stratégies de condition
nement et d'apprentissages comme celles qui utilisent aujourd'hui ce
qu'on nomme le « biofeedback », technique clinique qui vise à modifier
par apprentissages les possibilités de contrôle volontaire d'une fonction
physiologique, cela étant, par exemple, couramment expérimenté dans le
traitement de divers problèmes de santé comme les céphalées, l'hyperten- MICHEL MORIN 132
sion, ou les addictions (Ogden, 1997 ; Pitts et Pitts, 1991 ; Pomerleau et
Brady, 1979 ; Sarafino, 1990).
Ainsi, en Europe, les travaux que le psychiatre-psychanalyste Balint
a réalisés avec un groupe de médecins généralistes anglais au cours des
années cinquante ont, dans une autre perspective que celle de l'approche
comportementale, contribué à

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