Nishida Kitarô : Compréhension logique et compréhension mathématique. Présentation, texte original et traduction - article ; n°1 ; vol.31, pg 115-159
46 pages
Français

Nishida Kitarô : Compréhension logique et compréhension mathématique. Présentation, texte original et traduction - article ; n°1 ; vol.31, pg 115-159

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
46 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Ebisu - Année 2003 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 115-159
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Michel Dalissier
Daisuke Ibaragi
Nishida Kitarô : Compréhension logique et compréhension
mathématique. Présentation, texte original et traduction
In: Ebisu, N. 31, 2003. pp. 115-159.
Citer ce document / Cite this document :
Dalissier Michel, Ibaragi Daisuke. Nishida Kitarô : Compréhension logique et compréhension mathématique. Présentation, texte
original et traduction. In: Ebisu, N. 31, 2003. pp. 115-159.
doi : 10.3406/ebisu.2003.1361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ebisu_1340-3656_2003_num_31_1_1361Ebisu 31, Automne-Hiver 2003, Maison Franco-Japonaise, Tôkyô, p. 115-159.
NISHIDA KITARÔ : COMPRÉHENSION LOGIQUE ET
COMPRÉHENSION MATHÉMATIQUE
Nishida Kitarô, Riron no rikai to suri no rikai, WaM<DMM h f&M<DMM
(p(Compréhension logique gq et compréhension p mathématique), q) Nishida
Kitaro zenshû ©fflH#ÊI&^ (Œuvres complètes), tome I, Tôkyô,
Iwanami shoten ë^l^lÉ, 2003.
Présentation
L'homme, l'œuvre et la pensée
Nishida Kitarô gffl$£IB (1870-1945) est né près d'Unoke, au nord de la
ville de Kanazawa. Il est aujourd'hui considéré comme le plus grand philosophe
japonais. Sa famille appartenait à la position administrative favorisée des tomura
"H^î, dirigeant les affaires de plusieurs villages voisins, et était de ce fait autorisée à
porter un nom et des armes. Dévorant les classiques chinois dès son enfance2, il
continue ses études à Kanazawa et, après avoir hésité entre mathématiques et
philosophie , il entre finalement au département de philosophie de l'Université
Nous avons consulté d'une manière générale les livres suivants :
TREMBLAY Jacynthe, Nishida Kitarô, le jeu de l'individuel et de l'universel, C.N.R.S. philosophie,
C.N.R.S. Éditions, Paris, 2000, p. 13-16.
NlSHITANI Kenji, Nishida Kitarô, University of California Press, 1991.
Nous mettons également à profit des remarques de Kioka Nobuo à partir de sa conférence
(non-publiée) à l'INALCO dans le cadre du « groupe Nishida » dirigé par Asari Makoto et Saito
Takako : « Kûki Shuzô et Nishida - la logique de la contingence », année 2002-2003.
YUSA Michiko, Zen and Philosophy, an Intellectual Biography of Nishida Kitarô, University
of Hawai Press, Honolulu, 2002, p. 6, abrégé dorénavant ZP.
Il continue toute sa vie à lire des ouvrages de mathématiques et de sciences et participe
notamment à l'invitation d'Albert Einstein au Japon en 1920 (YUSA Michiko, ZP, p. 185-186). Il
incite son second fils Sotohiko £i-/f£, qui deviendra le collègue de Yukawa Hideki îSêJU^fisJ (1907-1981)
(p. 322) à choisir la physique plutôt que la philosophie (p. 182-183). Frédéric Girard rapporte
également que le prix Nobel de physique Yukawa Hideki MsJll^f M, soutint auprès de Nishida l'idée
que la physique et la philosophie sont une seule et même discipline, ce qui montre bien en un sens la
proximité entre Nishida et la science de son époque ; voir Encyclopédie philosophique universelle, tome
« Le Discours philosophique », « La Philosophie au Japon », P.U.F., 1992, p. 598. 1 6 NlSHIDA KlTARÔ : COMPRÉHENSION LOGIQUE ET COMPRÉHENSION MA THÉMA TIQUE 1
Impériale de Tokyo, en 18914. Il y est l'élève d'Inoue Tetsujirô #±^IB (1855-
1944), Ludwig Busse, Raphael von Koeber, et y reçoit une formation très générale
en philosophie, sciences humaines, sciences dures, langues (allemand, anglais,
chinois) et littérature. Il se marie deux fois, en 1895 puis en 1931, suite au décès
de sa première femme . De personnalité complexe, Nishida est à la fois intransigeant ,
sévère mais aussi attentionné et sensible — il compose notamment de nombreux
petits poèmes de style waka . Infatigable marcheur et infatigable lecteur, à en
abîmer une vision déjà mal en point, il commence très tôt à écrire de petits
textes10. Aujourd'hui, sa bibliothèque personnelle est recueillie à Kyoto, Unoke,
Tokyo et Kamakura.
Nishida pratique également le zazen MW- sous la direction de Setsumon
Genshô lfF1^#> (1850-1915) , démarche qui influence certainement sa
philosophie , mais dont il est difficile de savoir à quel point elle est intégrée à sa
réflexion . Force est de constater que, d'une certaine manière, ses citations de
maîtres zen comme Dôgen (1200-1253) croissent en sens inverse de sa pratique
physique du zazen , à mesure que sa carrière académique avance. Quoi qu'il en
soit, lors d'une audience privée avec le maître Kôju Sôtaku Jfc'Hi^M (1840-1907),
il aurait « résolu » un koan ayant pour nom « vide » {mu M), notion qui sera plus
tard si importante dans sa pensée, et expérimenté ainsi la forme primitive de l'éveil
{kenshô JI1Ê).
En 1895, il commence à enseigner dans une école secondaire, en 1906, il
devient professeur d'allemand à l'Université Gakushuin à Tokyo15 et de 1910
jusqu'à sa retraite en 1928, il assume la charge de professeur de philosophie à
l'Université Impériale de Kyoto. Durant ces dix-huit années de cours, qui ont
enthousiasmé ses étudiants , il explore les grandes œuvres de la tradition
4 YUSA Michiko, ZP, p. 30.
5 Ibid, p. 234 et sq.
6 Ibid, p. 182-183, p. 197.
7 NlSHITANI Kenji, op. cit., p. 19.
8 YUSA Michiko, ZP, p. 175-176, p. 198-199 et p. 246-247.
9 NlSHITANI Kenji, op. cit, p. 26 et p. 33. Un de ses chemins de promenade est devenu le
célèbre « passage de la philosophie » {tetsugaku no michifâ'TOïÛ) à Kyoto.
10 YUSA Michiko, ZP, p. 27.
11 Ibid,ZP, p. 49.
12 NlSHITANI Kenji, op. cit., p. 21 et UEDA Shizuteru, « Nishida, Nationalism, and the War
in Question », dans HEISIG James W. et MARALDO John C, Rude Awakenings, Zen, the Kyoto School,
and the Question of Nationalism, University of Hawai Press, Honolulu, 1994, p. 103.
uIbid.,p.2\,p. 103.
14 NlSHITANI Kenji, op. cit., p. 25.
15 YUSA Michiko, ZP, p. 104.
Ibid., p. 133. Voir la confession de Nishitani Kenji, op. cit., p. 4. Dalissier 1 1 7 Michel
philosophique occidentale, singulièrement Hegel et Aristote . En 1911, alors que
Nishida a quarante et un ans, paraît son premier ouvrage : Zen no kenkyû #O^f^S
{La Recherche sur le bien) . Il y développe une philosophie influencée d'une part
par Hegel et l'idéalisme métaphysique de Josiah Royce (1855-1916), avec la notion
de « système auto-représentatif», et d'autre part par « l'empirisme radical » de
William James (1842-191 0)19, « l'expérience immédiate » de Wilhelm Wundt (1832-
1920), et « la critique de » d'Ernst Mach (1838-1916). La notion
fondamentale du livre, qui répond à ce souci à la fois « métaphysique » et « empiriste »,
est l'« expérience pure » (Junsui keiken M^lëJ^ï), réalité préalable à toute distinction
du sujet et de l'objet, et à toute construction heuristique, conceptuelle ou
herméneutique, seule réalité vive et active qui doit constituer le point de départ de
l'investigation philosophique. Ce retour à un fondement perpétuellement actif se
présente également comme une tentative originale pour faire dialoguer au niveau
philosophique une certaine tradition chrétienne et le bouddhisme dit du « Grand
Véhicule ». Nishida s'emploie toute sa vie à essayer une synthèse philosophique
inédite, une « unité vivante » des pensées orientales et occidentales .
(1863-1936)21 et Husserl22, il se tient Correspondant avec Heinrich Rickert
également au courant de la recherche philosophique en Allemagne par l'intermédiaire
de ses étudiants sur place , mais lui-même n'aura pas l'occasion d'aller en Europe.
L'un d'entre eux, Tanabe Hajime E5S7C (1885-1962)2 , critique en 1914 et surtout
en 1930 la philosophie de Nishida dans des articles importants, contribuant
selon Tosaka Jun F^îTe] (1900-1945) à installer ce qu'il est convenu d'appeler
désormais « l'École de Kyoto » (Kyoto gakuha M^P^M)27. L'activité de recherche
17YuSAMichiko,ZP, p. 218-219.
18 Zen no kenkyû {NKZ, I, p. 1-200), « Recherche sur le Bien », 1911. Traduction : ABE
Masao et IVES Christopher, An Inquiry into the Good, New Haven, Yale University Press, 1990,
abrégé dorénavant en RB.
Quand nous citons une traduction, nous donnons

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents