Note sur les Kagoro et la chefferie de Soro - article ; n°2 ; vol.29, pg 261-272
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1959 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 261-272
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Pageard
Note sur les Kagoro et la chefferie de Soro
In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome 29 fascicule 2. pp. 261-272.
Citer ce document / Cite this document :
Pageard R. Note sur les Kagoro et la chefferie de Soro. In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome 29 fascicule 2.
pp. 261-272.
doi : 10.3406/jafr.1959.1908
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1959_num_29_2_1908NOTE SUR LES KAGORO
ET LA CHEFFERIE DE SORO
PAR
R. PAGEARD
Les Kagoro constituent un groupe ethnique du Soudan occidental
fort peu étudié jusqu'à présent. On les trouve dispersés en très petits
groupes du Sahel occidental soudanais au fleuve Niger. Leurs plus
grandes concentrations se trouvent actuellement dans la région de
Goumbou (Ouagadou) et le Kaarta, au sud de Nioro. Plus au sud,
il existe des villages kagoros dans le Mourdiari, le Bélédougou et le
long du Niger, mais principalement au nord du fleuve, entre Kou-
likoro et Tamani (cercle de Ségou). D'après Tauxier \ les Kagoro
étaient, en 1909, au nombre de 400 dans le cercle de Nioro et de
2 300 dans celui de Goumbou. Ceci donne une idée de leur faiblesse
numérique et de leur dispersion. Il est probable qu'à l'heure actuelle
la population Kagoro ne dépasse pas 15 000 individus, répartis sur
environ 60 000 km. Elle est surtout mélangée aux Sarakollé (Marka)
et aux Bambara.
La seule note quelque peu importante consacrée aux Kagoro est
celle que l'on trouve à la page 282 du tome I du Haut-Sénégal-Niger 2
de Delafosse, sous la rubrique « Mandé du Centre ». Dans ses Études
sur l'Islam et les tribus du Soudan 3, Paul Marty mentionne souvent
les Kagoro (tome IV) mais, se borne à indiquer qu'il s'agit en général
de fétichistes irréductibles, au même titre que les Bambara : il n'es
saie pas de les définir. Dans sa Contribution à Vétude des populations
et de Vhistoire du Sahel soudanais 4, E. Blanc fournit des renseigne
ments sur les Kagoro, mais il n'établit pas non plus leur origine.
Cette population, enfin, n'a pas échappé à la vaste curiosité de Louis
Tauxier qui fournit quelques précisions historiques dans son étude
sur les Bambara du Kaarta 1.
Malgré cette insuffisance de la documentation, les Kagoro sont
1. Histoire des Bambara. Paris, Geuthner, 1942, p. 156.
2. Maurice Delafosse, Haut-Sénégal-Niger (Soudan français). Le pays, les peuples, les langues,
t. I, Paris, Larose, 1912.
3. Paul Marty, Études sur l'Islam et les tribus du Soudan, t. IV. La région de Kayes. Le pays
Bambara. Le Sahel de Nioro. Paris, Éditions Ernest Leroux, 1920.
4. E. Blanc, Contribution à l'étude des populations et de l'histoire du Sahel soudanais. Bulletin
du Comité d'Études historiques et scientifiques de l'A. O. F., 1924, p. 259. 262 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
suffisamment individualisés en tant qu'ethnie pour figurer sur la
Carte des populations de l'Afrique Noire établie par le Centre des
Hautes Études d'administration musulmane \ avec leurs deux
centres d'habitat principaux du Kaarta méridional et du Ouagadou-
Bakhounou.
Les renseignements que l'on trouvera dans la présente note ré-
SAHEL
N
.NIORO
(TOUTA FADOUGOU
«BANAMBA
.SE6ALA tsecou
í KONODI Ml NI
TAMANl "SOKOTOMO
• BAKOUELI
100km. KOULIKORO
BAMAKO!
CONCENTRATION KA60R0
Errata: Au lieu de Kaineka, lire Kaïnéra; au lieu de Sokotomo, lire Sorotomo;
au lieu de Bakoueli, lire Baroueli.
sultent d'enquêtes sommaires effectuées dans l'ouest du cercle de
Ségou (Tamani, Baroueli) et auprès de Kagoro résidant à Séguéla
(canton de Nyamina, cercle de Koulikoro), notamment du griot
Zoumana Cissoko. Ces enquêtes ont été motivées en grande partie
par le désir de préciser l'histoire de Sorotomo (ruines de Soro), lieu
situé aux abords de Konodimini (23 km à l'ouest de Ségou), et réputé
1. Carte des populations de l'Afrique Noire. Notice et catalogue. La Documentation Franç
aise, 16, rue Lord-Byron, Paris, 8e. NOTE SUR LES KAGORO ET LA CHEFFERIE DE SORO 263
plus ancien que Ségou-Кого. La tradition locale avait en effet conservé
le souvenir d'un important chef nommé Silamakan Koita, d'origine
manifestement kagoro. L'enquête menée par G. Boyer au Kingui,
à l'est de Nioro, chez les Diawara avait d'autre part révélé qu'un
certain Garo Silamakamba Koita, gouverneur de province résidant
à Sokho-Missidé, aux environs de l'actuel Ségou, fut l'hôte et le beau-
père de Daman-N'Guillé, l'ancêtre des Diawara, exilé par Soundiata
Kéita *. E. Blanc avait déjà indiqué que les Koita-Macalou fixés à
Farabougou (entre Guémou et Kaïnera, cercle de Nioro, croyons-
nous) venaient de Séro (Ségou), autre prononciation de Soro.
Les notes ainsi recueillies seront présentées sous deux rubriques :
1° Origine des Kagoro. Principales familles. Aire de dispersion.
2° Histoire des Koita et de la chefferie de Soro.
I. — Origine des Kagoro. Principales familles.
Aire de dispersion.
Il semble que les Kagoro constituent la pointe avancée des Man-
dingues non assimilés dans l'ancien empire de Ghana. Cette hypo
thèse repose sur divers faits. Par leur attachement aux pratiques
animistes et la sévérité de leurs mœurs patriarcales, les Kagoro sont
comparables aux Bambara, qui constituent eux-mêmes la pointe
avancée des peuples du Mandé vers l'est. Par leur éloignement du
berceau ethnique (Kiri, Dodougou, Kangaba, Niani), ces deux groupes
guerriers ont réussi à se rendre indépendants, à échapper à l'islami
sation et à s'individualiser au contact des populations voisines. Ce
processus fut toutefois très contrarié chez les Kagoro en raison de
la supériorité de la civilisation (Sarakollé du Ghana) qu'ils rencon
trèrent et du nombre des adversaires qu'ils durent affronter dans un
pays plat qui n'était pas protégé par deux grands fleuves comme
le pays de Ségou. Les Mandé-Kagoro furent donc en grande partie
assimilés par les Sarakollé ou, comme, eux, se dispersèrent au sud
du Sahel sous l'influence combinée du dessèchement climatique et
de l'instabilité politique. Cette dispersion dut s'accentuer vers le
milieu du xine siècle, après la défaite de Soumangourou Kanté,
chef de Sosso, dont les troupes paraissent avoir compris d'importants
contingents kagoros.
L'origine mandingue des Kagoro est affirmée par les griots. Si Ton
réserve le nom de Malinkés au peuple gouverné en permanence par
1. G. Boyer, Un peuple de l'Ouest soudanais. Les Diawara. Mémoires de l'Institut Français
d'Afrique Noire, n° 29, I.F.A.N., Dakar, 1953, p. 24. 264 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
les Kéita du Mali (xine siècle), les Kagoro furent plutôt les advers
aires de ces cousins plus ou moins éloignés. Delafosse (note citée)
nous apprend que les Kagoro Magassa du Kaarta et du Ouagadou,
émigrés pendant un temps au Fouta-Djallon, ne s'installèrent aux
abords de l'actuel Sahel qu'après avoir été vaincus par Soundiata.
C'est également la guerre malheureuse de Soumangourou Kanté
contre Soundiata Kéita qui contraignit les Kagoro Fofana à s'ins
taller plus au sud, à proximité du Niger (Tamani notamment).
Rien ne démontre que les Kagoro soient les autochtones du Bâgana
(sud de Néma) ainsi que le suppose Delafosse, ni qu'ils aient occupé
l'ouest et le sud-ouest du pays de Dia. Il est possible toutefois qu'ils
aient occupé ces régions pendant un assez long temps avant l'e
xpansion de supposés empires blancs vers le sud. On pourrait alors les
considérer comme l'une des sources de la population sarakollé,
l'élément étranger (nordique) demeurant dominant chez celle-ci.
Les noms de famille kagoro sont les suivants : Koita, Fofana,
Camara, Magassa, Magassouba et Niakhate. Les Diaresso seraient
des Mandingues distincts des Kagoro : les Bambara les nomment
Mariko : les Kokorobo (variété de forgeron) les considèrent comme des
cendant de Soumangourou Kanté et leur donnent ce nom; il semble
qu'il s'agisse d'une flatterie car les Diaresso étaient les maîtres de
Sosso avant la prise du pouvoir par Soumangourou et paraissent avoir
été plutôt ses maîtres (L

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