Notes sur l ethnographie des Bedik (Sénégal oriental) - article ; n°2 ; vol.36, pg 209-250
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1966 - Volume 36 - Numéro 2 - Pages 209-250
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. Gomila
Marie-Paule Ferry
Notes sur l'ethnographie des Bedik (Sénégal oriental)
In: Journal de la Société des Africanistes. 1966, tome 36 fascicule 2. pp. 209-250.
Citer ce document / Cite this document :
Gomila J., Ferry Marie-Paule. Notes sur l'ethnographie des Bedik (Sénégal oriental). In: Journal de la Société des Africanistes.
1966, tome 36 fascicule 2. pp. 209-250.
doi : 10.3406/jafr.1966.1409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1966_num_36_2_1409NOTES SUR L'ETHNOGRAPHIE DES REDIK
(SÉNÉGAL ORIENTAL)1
PAR
J. GOMILA et M. P. FERRY
Dans le présent travail seront exposées des données concernant le
mode de vie, l'organisation spatiale, le système d'appellation, la pa
renté et propre à la société masculine des Bedik.
Les Bedik constituent une ethnie de faible dimension, réduite dans
sa totalité à quelque 1 400 personnes, vivant dans le département
de Kédougou (Sénégal oriental) à environ 800 km de Dakar. Dans
cette région résident côte à côte, en véritable puzzle, diverses popula
tions ; dans leur établissement intriqué, la proximité peut aller jus
qu'à la cohabitation de sujets d'ethnies différentes à l'intérieur d'un
même village. A côté des Peuls et des Malinké, nettement majoritaires,
vivent des Dialonké, des Diakhanké, des Sarakolé et des Bassari 2.
Les Bedik présentent d'incontestables affinités avec d'autres popula
tions connues sous l'appellation de Tenda que leur donnent Peul et
Malinké et dont l'aire de résidence déborde quelque peu les limites
du département de Kédougou, ce sont les Bassari (Sénégal, Guinée),
les Coniagui (Guinée), les Badyaranké (Sénégal, Guinée, Guinée por-
1. NOTATION PHONÉTIQUE
La notation utilisée est celle de VI. P. A., sauf pour les palatales. Les lettres
ont les valeurs suivantes :
e = é, été
e = è, mai
ш = le i d'arrière, tel qu'il est prononcé en russe
л = de
э = deux
u = tout
6, d, d'y = représentent les consonnes glottalisées
Y = la fricative vélaire sonore du danois
ty, sy, dy, ny = les palatales ou « mouillées »
y = le n vélaire de l'anglais
les tons sont notés par / - \ .
2. Pour plus de détails concernant les populations vivant dans le département de Kédougou on
se reportera aux cahiers du Centre de Recherches anthropologiques et notamment au travail de
R. Gessain : « Introduction à l'étude du Sénégal oriental. > Cahier n° I, in Bull, et Mém. de la So
ciété d'Anthropologie de Paris, t. 5, XIe série, 1963.
Société des Africanistes. 14 210 .. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
tugaise). Il nous arrivera à propos de certains traits bedik d'évoquer
leur correspondance chez les Bassari qui sont leurs plus proches voi
sins tenda et avec lesquels ils ont entretenu des rapports certains.
Les données servant de base à notre étude ont été recueillies entre
1962 et 1964 par une linguiste et un anthropologue-biologiste, à l'occa
sion de recherches effectuées sur les Bedik dans leurs disciplines res
pectives.
Une connaissance de base est nécessaire avant d'entreprendre toute
recherche spécialisée sur une population, qu'il s'agisse de recherche
scientifique fondamentale, ou de recherche pragmatique d'aménage
ment ou de développement. Nous nous sommes efforcés de donner ici
un exemple de cette connaissance de base.
En ce qui concerne le cas particulier de l'anthropologie physique,
bien des travaux sont entachés de biais graves, du fait de l'absence
ou de la légèreté de l'information touchant à l'organisation sociale de
la population étudiée. « Une population ne peut être réduite à un
simple sac de gènes dont l'économie serait régie par les seules lois de
l'hérédité. Il n'est pas indifférent qu'une population ait telle ou telle
dimension, qu'elle soit plus ou moins prolifique, qu'elle accepte peu ou
beaucoup d'unions consanguines, que les mariages soient régis par des
règles très strictes ou au contraire qu'ils paraissent se faire au hasard,
que les classes socio-économiques se répartissent de telle ou telle man
ière, que l'alimentation soit riche ou pauvre, équilibrée ou non, mod
elée par des interdits culturels, etc. 1 »
Pour le linguiste l'apport de l'ethnologie ne se situe pas au même
niveau : il est possible de décrire une langue sans connaître la culture
à laquelle elle appartient. Mais il paraît difficile d'atteindre les struc
tures profondes, comme s'attache à le faire l'école de grammaire gene
rative, par exemple, sans avoir une connaissance pratique de cette
langue, sans avoir vécu parmi les gens qui la parlent. Par ailleurs,
sur le plan sémantique, la connaissance de la société se révèle indis
pensable. Il suffit de se reporter aux travaux de L. Lounsbury pour
mesurer à quel point l'information ethnographique est essentielle au
linguiste ; on ne peut procéder à l'analyse sémantique des termes de
parenté que lorsqu'on a observé l'utilisation qu'en fait la société. L'ob
servation ethnographique seule permet de distinguer les différents
usages d'un même parler : rapport entre jeunes et vieux, entre hommes
et femmes 2, langues secrètes, chants, récits, salutations, invocations.
1. J. Gomila, 1965. Anthropologie biologique et génétique des populations. Avenirs, 160, 161,
162, p. 350-354 (les'Carrières de la Recherche scientifique).
2. Chez les Bedik, on ne s'adresse à une femme, mère de famille, qu'au pluriel en utilisant le
« vous » ou le « eux ». NOTES SUR L'ETHNOGRAPHIE DES BEDIK (SÉNÉGAL ORIENTAL) 211
I. Mode de vie.
Agriculteurs et chasseurs, les Bedik mènent une vie sédentaire orga
nisée en vue d'une économie de subsistance. De maigres surplus agri
coles sont écoulés vers le marché de Kédougou et des quantités d'ara
chide, relativement faibles, sont achetées sur place par l'Office de
Commercialisation agricole.
1. 1. Les Bedik cultivent le mil, le fonio, l'arachide, les pois de terre,
le riz, plus rarement le maïs, les haricots et le manioc. La culture du
mil qui représente l'aliment de base, est de loin la plus importante et
la bière de mil tient une place considérable dans tous les rituels. La
plus grande partie de la production est destinée à la consommation,
et contrairement aux Bassari qui stockeraient dans leurs greniers des
réserves pour plusieurs années, les Bedik pâtissent régulièrement des
limites de leurs récoltes.
Entre le premier semis et le moment où le maïs peut être coupé, les
réserves alimentaires sont épuisées, et au cours de cette période de
soudure, souvent très difficile, les Bedik pratiquent la cueillette et
s'approvisionnent auprès des Malinké et des Peul. Le tableau I pourra
donner une idée de l'importance de la famine pour le village de
Usunkala.
L'élevage des poules, des moutons, des chèvres et de quelques
vaches ne joue pas un grand rôle pour la subsistance. Certains Bedik
confient leurs vaches à des Peul. Il est cependant intéressant de noter
que le terme servant à désigner les animaux domestiques, napulú \
est synonyme de richesse et s'utilise également pour désigner la « dot»,
c'est-à-dire la dette du gendre à l'égard de son futur beau-père ; le
montant de la dot est relativement élevé et équivaut à deux ou trois
vaches, et le nombre de vaches, comme le nombre d'épouses, est un
signe de richesse. Les animaux du cheptel sont offerts comme présents,
ou sont immolés au cours des sacrifices et des rituels, et ne sont donc
pas seulement élevés dans un but de consommation.
L'économie monétaire s'introduit progressivement chez les Bedik.
Il semble que les impôts 2 aient été de ce point de vue, l'élément
déterminant. Nécessaire pour la « dot », parce qu'il tend progressiv
ement à se substituer aux prestations en nature, l'argent est également
indispensable pour l'achat de cadeaux, de vêtements et de denrées
1. Le terme napul est utilisé chez les Bassari pour désigner la dot, toujours évalué

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