Notes sur l organisation sociale des Diakhanké. Aspects particuliers à la région de Kédougou. - article ; n°3 ; vol.8, pg 263-302
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Notes sur l'organisation sociale des Diakhanké. Aspects particuliers à la région de Kédougou. - article ; n°3 ; vol.8, pg 263-302

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Cahiers du Centre de recherches anthropologiques - Année 1965 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 263-302
En exposant les idées et les pratiques des Diakhanké concernant l'organisation clânique, les castes, la parenté à plaisanterie et les jumeaux, on essaie de retrouver ce qui demeure d'une organisation sociale particulière aux Diakhanké de la région de Kédougou. Ceci rejoint d'ailleurs ce qu'on sait déjà d'autres cultures voisines.
Through the account of the Diakhanké ideas and observances related to clanic organization, castes, joking relationships and twins, the author attempts to meet again what remains of the social organization of the Diakhanké in the Kedougou area. These features seem concordant with what is already known from adjoining cultures.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 149
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Smith
Notes sur l'organisation sociale des Diakhanké. Aspects
particuliers à la région de Kédougou.
In: Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, XI° Série, tome 8 fascicule 3-4, 1965. pp. 263-302.
Résumé
En exposant les idées et les pratiques des Diakhanké concernant l'organisation clânique, les castes, la parenté à plaisanterie et
les jumeaux, on essaie de retrouver ce qui demeure d'une organisation sociale particulière aux Diakhanké de la région de
Kédougou. Ceci rejoint d'ailleurs ce qu'on sait déjà d'autres cultures voisines.
Abstract
Through the account of the Diakhanké ideas and observances related to clanic organization, castes, joking relationships and
twins, the author attempts to meet again what remains of the social organization of the Diakhanké in the Kedougou area. These
features seem concordant with what is already known from adjoining cultures.
Citer ce document / Cite this document :
Smith P. Notes sur l'organisation sociale des Diakhanké. Aspects particuliers à la région de Kédougou. In: Cahiers du Centre de
recherches anthropologiques, XI° Série, tome 8 fascicule 3-4, 1965. pp. 263-302.
doi : 10.3406/bmsap.1965.1492
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_1297-7810_1965_sup_8_3_1492des Cahiers du Centre de Recherches Anthropologiques, n° 4. Extrait
In : Bull, et Mém. de la Soc. ďAnthr. de Paris,
t. 8, Xle série, 1965, pp. 263 à 302.
NOTES SUR L'ORGANISATION SOCIALE
DES D1AKHANKÉ.
ASPECTS PARTICULIERS A LA RÉGION
DE KÉDOUGOU
par Pierre SMITH
Introduction.
Les Diakhanké, groupe d'agriculteurs et de dioula (mar
chands ambulants) à vocation essentiellement maraboutique,
et dont les villages sont disséminés sur une grande partie de
l'Afrique occidentale (1), sont à compter parmi les premiers
noirs de cette région à s'être convertis à l'Islam. Cette conver
sion rend d'ailleurs compte de l'origine même du groupe qui
serait né du rassemblement et de l'agrégation de nombreuses
fractions de clans, d'origine sarakolé pour la plupart, autour
du saint ancêtre des Soaré, Bemba Laye, sept fois pèlerin de
La Mecque, et sarakolé lui-même, venu s'installer à Diakha-
sur-Bafing, dans le Bambouk. Il s'agissait, dans cette région
aurifère, à peuplement malinké, encore aujourd'hui peu isl
amisée, d'organiser à la fois le prosélytisme et les routes commerci
ales. Les Diakhanké ont ainsi adopté la langue et certains
traits de l'organisation sociale des Malinké. Plus tard, la nou
velle orientation des circuits commerciaux déclenchée par l'arr
ivée des Européens devait inciter les Diakhanké à se répandre
vers l'ouest jusque sur les côtes de la Gambie, de la Guinée et
de la Sierra Leone.
On peut s'attendre à ce que, dans un groupe aussi islamisé —
en fait l'appartenance à l'Islam est une condition toujours né
cessaire et parfois suffisante de l'appartenance au groupe —
et aussi disséminé, ne constituant partout que de négligeables
(1) Voir, dans ce même Cahier, l'article intitulé « Les Diakhanké. Histoire d'une
dispersion », pp. 231-262. société d'anthropologie de paris 264
minorités, peu de choses du vieux fond culturel pré-islamique
aient subsisté. Les Diakhanké n'ont d'ailleurs pas de territoire
propre ; toute région où ils se trouvent traditionnellement en
nombre est invariablement appelée Diakha, mais le
en question continue à relever politiquement et rituellement des
autochtones. Privés de cette base territoriale où peuvent s'an
crer solidement les vieilles traditions, les Diakhanké, en tant
qu'entité culturelle, relèvent en outre intégralement de l'e
nsemble (Afrique occidentale, Islam noir, civilisation mandé)
qui les contient ; ce qui distingue absolument leur situation de
celle des Juifs auxquels on a parfois voulu les comparer ou même
les identifier. Ils sont donc sujets, même pour ce qui relève de
l'Islam, et encore plus pour ce qui n'en relève pas, à une cer
taine relativité culturelle, à varier selon les milieux où ils s'in
sèrent. Rien que dans la région visitée, le département de Ké-
dougou, au Sénégal oriental, qui compte une quinzaine de vil
lages diakhanké, des différences importantes ont pu être no
tées entre les villages du Niokholo, installés de longue-date en
milieu malinké, et les villages de la frontière guinéenne fondés
récemment par des Diakhanké venus de Guinée et qui étaient
en rapport plus étroit avec les Peul.
Ainsi, ce qui fait l'objet du présent travail ne s'offre-t-il que
sous forme de morceaux, de vestiges, de survivances : idées que
la collectivité n'aime pas se reconnaître car elle ne les soutient
plus par des pratiques ou par une conception d'ensemble ; ou,
au contraire, quand il s'agit de comportements encore cohé
rents et soutenus, pratiques inexpliquées sans revêtement my
thique ou idéologique. On a cependant essayé, en présentant
les matériaux recueillis, d'éprouver leur résistance au comment
aire ou à l'analyse, avec l'espoir qu'à travers leur caractère
dépouillé, squelettique, ils pourraient peut-être contribuer à
éclairer quelques aspects de la civilisation de cette région où
certains ensembles, comme les Malinké et les Sarakolé, restent
jusqu'à ce jour, très peu connus, et où d'autres, comme les
Bambara, sont presque obscurcis parla profusion et la complexité
de ce qu'ils nous ont livré.
Car il faut que les éléments dont il s'agit représentent quel
que chose de bien fondamental pour pouvoir résister depuis
six ou huit siècles à l'action nivelante de l'Islam et des autres
facteurs mentionnés ci-dessus, ou alors ils ont été entretenus
ou fournis par les populations voisines et ils ne peuvent être
négligés dans le cadre d'une étude multi-disciplinaire qui a
pour principal objectif de rendre compte des interactions dans
cette région, à tous les niveaux et dans tous les domaines, entre
des entités culturelles différentes. SMITH. ORGANISATION SOCIALE DES DIAKHANKÉ 265 PIERRE
I. — Ancêtres, interdits, métamorphoses : origine et
ORGANISATION CLANIQUE.
Interrogés sur le problème des origines, les Diakhanké ren
voient toujours soit à l'époque du prophète Mohammed, soit
à celle du saint ancêtre des Soaré, Bemba Laye. Les cordonniers
citent Wallali Ibrahim, compagnon du prophète, comme i
nventeur de leurs techniques et ancêtre de leur caste ; les griots
se réfèrent à Zuracata (Socrate), autre compagnon qui une fois
converti par le prophète n'aurait plus cessé de chanter ses
louanges ; et les descendants de captifs se réclament de Bilal,
esclave noir affranchi par le prophète et qui fut le premier muezz
in. Certains des clans nobles de marabouts, comme les Dia-
khité et les Silla, prétendent parfois descendre directement de
l'oncle du prophète, mais la plupart se rattachent à Bemba Laye,
soit directement (Soaré, Cissé, Tandyan), soit indirectement
(Drame, Fadiga, Fofana dont les ancêtres seraient, avec celui
des Soaré, les fils de quatre sœurs), soit à ses compagnons de
pèlerinage (Sissokho, Diakhabi, Diakhité), soit enfin aux dis
ciples par lui convertis (Gassama, Dansokho, Dabo, Sissokho).
Avant Bemba Laye, les dyamu (noms de clan) n'existaient
pas. On raconte que l'ancêtre des Soaré emmena avec lui à La
Mecque, Moussa, des Sissokho Koromago (nobles
malinké), qu'il avait converti. Là-bas, Bemba Laye reçut le
bâton du commandement et Moussa celui de la sainteté. Mais,
comme cela ne correspondait pas à leurs dispositions, ils échan
gèrent les bâtons et c'est ainsi que les Soaré, et avec eux tous
les Diakhanké, renoncèrent définitivement aux ambitions poli
tiques au profit des Sissokho qui s'engagèrent à protéger et
respecter les marabouts. Cette alliance continue d'.être reconnue
par les deux parties dans la région de Kédougou où les Soaré
incarnent la religion musulmane et les Sissokho, le pouvoir poli
tique. Sur le chemin du retour, les deux pèlerins, inspirés par
l'enseignement qu'ils avaient reçu là-bas, décidère

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