Notes sur les Lacandon du lac Peljá et du río Jetjá (Chiapas). - article ; n°1 ; vol.25, pg 153-180
29 pages
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1933 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 153-180
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Soustelle
Notes sur les Lacandon du lac Peljá et du río Jetjá (Chiapas).
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 25 n°1, 1933. pp. 153-180.
Citer ce document / Cite this document :
Soustelle Jacques. Notes sur les Lacandon du lac Peljá et du río Jetjá (Chiapas). In: Journal de la Société des Américanistes.
Tome 25 n°1, 1933. pp. 153-180.
doi : 10.3406/jsa.1933.1875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1933_num_25_1_1875NOTES SUR LES LACANDON
DU LAC PELJÁ ET DU RIO JETJÁ
(CHIAPAS)1,
Par Jacques SOUSTELLE.
I. Nature du pays ; localisation des groupes humains.
Le territoire habité par les Lacandon du Chiapas- peut être représenté
grossièrement comme un quadrilatère, délimité, au Nord, par une ligne
imaginaire tracée de El Real à La Mar (sur l'Usumacinta) ; à l'Ouest, par
le fleuve Jataté ; au Sud, par le Lacantún ; à l'Est, par l'tJsumacinta. Les
côtés de ce quadrilatère mesurent, respectivement, environ 60, 140, 70
et 100 kilomètres. C'est un terrain extrêmement accidenté, d'une altitude
oscillant entre 800 m. dans les vallées et 2 . 000 m . au maximum sur les som -
mets, pourvu d'un système complexe d'eaux courantes et de nombreuses
lagunes ; il est couvert d'une végétation très épaisse, sans aucune clai
rière naturelle, comprenant tous les degrés de taille depuis les immenses
acajous jusqu'aux buissons et aux plantes épineuses. Toutes ces condi
tions rendent très difficile la marche à travers le pays ; les seuls « che
mins », pistes étroites tracées par les chercheurs d'acajou, s'effacent sous
la végétation depuis que ce commerce est matériellement arrêté et que
plus personne ne les suit. Dans les cas les plus favorables, on peut
avancer à cheval ou à mulet, avec des bêtes de somme ; dans les autres,
à pied, avec des porteurs. La traversée des fleuves est toujours un difficile
problème.
A l'intérieur de cette aire, les Lacandon eux-mêmes n'occupent que des
territoires très restreints et très éloignés les uns des autres. Du haut d'un
avion, leurs établissements (le terme local est caribctles) apparaissent comme
1. Le système de notation phonétique employé dans cet article est conforme dans
l'ensemble à celui qui est recommandé par l'Institut d'ethnologie de l'Université de1
Paris.
r doit être prononcé très en avant, la langue très relevée, et avec échappement ' " ' v d'air.
k et i sont emphatiques. 154 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
des clairières exiguës dans la. forêt, généralement près d'une rivière ou
d'un lac ; à terre, on s'aperçoit qu'il faut au moins trois ou quatre jours
de chemin pour se rendre de Tun à l'autre. D'autre part, il n'est pas rare
de rencontrer de ces emplacements aujourd'hui déserts, avec leurs maisons
démolies ou brûlées, conséquence d'un semi-nomadisme dont on verra
plus loin quelques causes ; dans presque tous les cas, les nouveaux caribales
se trouvent plus éloignés que les anciens des chemins ou des vallées où
passent quelquefois les « monteros » (exploiteurs de bois, chercheurs
d'acajou), plus haut sur le versant des montagnes.
Chacun de ces établissements comprend, outré les cases dont je ferai
plus loin la nomenclature, et où vivent trois ou quatre familles, quel
quefois seulement une, des cultures que Ton peut diviser en proches etloin-
laines. Les premières occupent, autour des maisons, tout le reste de la clai
rière artificielle déterminée par incendie ; généralement elles croissent en
désordre au milieu des troncs abattus et à demi brûlés. A cette catégor
coton,' la canne à sucre, le bananier, la ie appartiennent le tabac, le
tomate, le piment [chile) et les racines comestibles (camote, yuca, patate
douce). Les cultures de la seconde classe sont exclusivement les milpas de
maïs, champs également conquis sur la forêt par incendie ; elles se situent
fréquemment à plusieurs heures de marche. x
Les chemins relient les maisons soit aux cultures lointaines, soit à
d'autres établissements lacandon, soit aux chemins tracés par les « mont
eros ». Ce ne sont même pas des pistes, en ce sens que très souvent
l'indigène, pour circuler, ne modifie pas la nature du terrain ; au lieu de
percer un fourré, il le contourne en passant par des endroits de végéta
tion moins épaisse; il saute les troncs d'arbre tombés ou les utilise comme
sentiers en marchant dessus à la manière d'un équilibriste ; les ruisseaux
sont passés sur un simple bâton. Les Lacandon se sont beaucoup plus
adaptés au terrain, pour leurs déplacements, qu'ils ne l'ont adapté à eux.
11 faut ajouter que par ces « chemins » leur marche est extrêmement
rapide et qu'ils gagnent invariablement du terrain sur un marcheur euro
péen.
Un autre moyen de déplacement, usité sur les lagunes, est le canot du
type « dug-out », creusé au machete dans un tronc d'arbre, et d'environ
6 mètres de longueur. Les deux extrémités sont extérieurement taillées en
pointe, et comportent intérieurement une partie surélevée sur laquelle le
pagayeur s'assied, ou se cramponne des orteils lorsqu'il est debout. La
pagaie, également d'une seule pièce, se compose d'un manche cylindrique
et d'une pale ayant la forme d'une rame européenne, moins la courbure.
Ces canots se manœuvrent indifféremment dans les deux sens, avec un ou
deux pagayeurs ; leur tirant d'eau est très faible, ce qui leur permet de
passer dans les parties marécageuses avec très basses eaux. - LES LACAN DOM DU LAC PELJA ET DU RIO JETJA 155 .
• Cette description du terrain, des emplacements habités et des moyens
de communication se réfère surtout à la saison dite « sèche ». Déjà très
humide pendant cette période, le pays devient, de mai à décembre, com
plètement impraticable; les cours d'eau et les lagunes augmentent cons
idérablement de volume (le niveau du lac Peljá varie à peu près de 3 m.
au cours de l'année) et il se forme des cours d'eaux ou lagunes temporaires
qui coupent les pistes. Les groupes lacandon se trouvent alors dans un
isolement absolu.
II. Population ; type physique.
Les seuls Lacandon avec lesquels j'aie pu entrer en contact appartiennent
à la partie Nord du territoire ; à l'Est, le lac Peljá s'étend à deux ou trois
journées de marche et environ 40 km. de El Real ; à l'Ouest, le río Jetjá,
descendant de la chaîne, contourne des collines où se situent les établi
ssements. Les trois caribales (1 au lac Peljá, 2 au río Jetjá) se trouvent
entre 900 et 1.200 m. d'altitude; les habitants du premier sont naturell
ement meilleurs navigateurs et pêcheurs que les autres : ceux-ci par contre
cultivent plus et mieux. A cette exception près, les conditions sont iden
tiques : forêt, montagne.
La population totale de ces trois caribales (en y comprenant un Lacan
don d'un établissement situé plus à l'Est, et qui se trouvait provisoire- •
ment en visite avec sa femme et ses deux enfants au lac Peljá) est de
33 individus, ainsi répartis :
Lac Peljá :.
Hommes 4
Femmes 4
Enfants 0
Etranger en visite, sa femme, une fillette, un garçon.
Rio Jetjá, 1er établissement :
Hommes 2
Femmes 2 .
Enfants 2 (garçons).
Rio Jetjá, 2e établissement :
Hommes 4
Femmes S
Enfants garçons 4
» filles 2
Nota : un des habitants de ce caribal n'ayant pas consenti à montrer lf>6 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CÀMSTES
enfants' plus grand que sa maieon, il est possible que le nombre des soit
celui indiqué. On obtient donc comme chiffres totaux :
Adultes : Hommes 11
Femmes „ 12 .o , total 23
Enfants : Garçons 7 ) . лл
т-,.,1 « [ total 10 Filles 3 )
Ces 23 adultes forment 11 ménages, dont un bigamique. La fécondité
par ménage est donc de 0, 9. Si l'on considère la fécondité par ménage
dans les trois groupements, on obtient les chiffres suivants :
Lac Peljá (en excluant le visiteur) : 0
Rio Jetjá, I : 1 ,0
Rio II : 1,5
II n'est pas inutile de noter que ce 2e établissement du Jstjá est à tous
égards le p

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