Originalité et actualité de la théorie monétaire de Marx - article ; n°1 ; vol.18, pg 28-49
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Originalité et actualité de la théorie monétaire de Marx - article ; n°1 ; vol.18, pg 28-49

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Description

Revue économique - Année 1967 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 28-49
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Suzanne de Brunhoff
Originalité et actualité de la théorie monétaire de Marx
In: Revue économique. Volume 18, n°1, 1967. pp. 28-49.
Citer ce document / Cite this document :
de Brunhoff Suzanne. Originalité et actualité de la théorie monétaire de Marx. In: Revue économique. Volume 18, n°1, 1967. pp.
28-49.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1967_num_18_1_407746ORIGINALITE ET ACTUALITE
DE LA THEORIE MONETAIRE DE MARX
Le titre 1 de cet article étonne, si l'on pense avec Schumpeter que
Marx n'avait rien dit de valable sur la monnaie et qu'il était sur ce
point bien inférieur à Ricardo. La théorie du capital étant la partie
précieuse de l'héritage marxiste, il semble que l'on pourrait à bon
droit négliger les analyses de la monnaie qui précèdent celles de la
production capitaliste et orientent les notes sur le crédit2.
Pourtant un tel jugement ferait bon marché des affirmations de
Marx lui-même, qui trouvait importante et originale sa propre théorie
de la monnaie. « L'économie politique classique n'a jamais réussi à
déduire de son analyse de la marchandise, et spécialement de la
valeur de cette marchandise, la forme sous laquelle elle devient d'échange... C'est ce qui explique pourquoi on trouve chez
des économistes complètement d'accord entre eux sur la mesure de la
quantité de valeur par la durée du travail, les idées les plus diverses
et les plus contradictoires sur l'argent... s » La « déduction » manquée
par tous, y compris par Ricardo, serait menée à bien dans le « Capit
al », au moyen d'une théorie de la forme spécifique de la monnaie.
Sans doute rien ne permet de croire Marx sur parole, quand il fait
état de l'originalité de sa conception 4. Mais on peut chercher une
vérification de son jugement dans les exposés du « Capital », où
apparaissent la nature et la portée des différences profondes qui
séparent Marx de ses prédécesseurs et de ses contemporains.
1. Monsieur le Professeur Lhomme me l'a suggéré après avoir lu La monnaie
chez Marx, texte à paraître aux Editions sociales. Je le remercie vivement, ainsi
que la Revue économique et les sociales, de m'avoir permis de présenter
ici une partie de cette étude.
2. Cf. Le Capital, livre I, t. 1, première section, et livre III, t. 7 (Editions
sociales).
3. Le Capital, I, 1, p. 83, note 1.
4. Une discussion approfondie de l'originalité « subjective » et « objective »
d'un auteur a été menée par P. Salmon, dans L'originalité de Juglar, thèse com
plémentaire, Paris, 1966. MONETAIRE DE MARX 29 THEORIE
Comme Ricardo, Marx enlève la monnaie à la pure théorie des
échanges et en rapporte la valeur au travail dont elle est un produit ;
mais il attribue à la monnaie des caractères qui la rendent irréduct
ible aux marchandises, et rejette les théories quantitatives qui font
de la quantité de monnaie et de la masse des marchandises deux
parties constituantes des échanges. C'est l'ensemble de cette démarc
he, introuvable chez Ricardo comme chez les spécialistes de la
« Banking School », qui donne à la conception de Marx une « actual
ité » théorique ; car elle aboutit non à une théorie monétaire de l'éc
onomie, mais à une théorie de l'économie monétaire, qui permet de
situer la monnaie dans les processus économiques sans la supprimer
ni la surestimer.
I
UNE PURE THEORIE MONETAIRE
Pour déterminer le rôle de la monnaie dans le mode de production
capitaliste, Marx commence par étudier la monnaie hors de ce mode
de production. Cette démarche ne correspond pas à un retour aux
analyses de la richesse et des échanges héritées du xvme siècle : la
monnaie se trouve dès le début du Capital définie comme un produit
du travail, ayant de ce fait une valeur. Mais une telle détermination
ne suffit pas, car « la difficulté ne consiste pas à comprendre que
la monnaie est marchandise^ mais à savoir comment et pourquoi une
marchandise devient monnaie » '"\ Pour définir ce que la monnaie a
de purement monétaire, Marx s'écarte de Ricardo.
Ricardo, à la recherche d'une mesure invariable de la valeur,
proposait d'abord de choisir une marchandise produite selon les
conditions moyennes de la production de l'ensemble des marchand
ises 6, c'est-à-dire selon les proportions moyennes de travail et de
capital utilisées socialement ; la monnaie serait ainsi comprise dans
un mode de production qui combine travail et capital, d'autre part les
aspects quantitatifs de sa production la détermineraient comme monn
aie. C'est seulement parce que rien ne permet d'attribuer à la pro
duction de l'or ces caractères « moyens » qu'il faut se contenter
d'admettre que par hypothèse, l'étalon monétaire est invariable.
5. Le Capital, I, 1, p. 102.
6. The principles of political economy and taxation, 1964, p. 28. 30 REVUE ECONOMIQUE
Marx suit une méthode toute différente, beaucoup plus abstraite
que celle de Ricardo, puisqu'il commence par établir le caractère
particulier de la monnaie indépendamment des déterminations capi
talistes de la production. Les rapports monétaires entre agents éco
nomiques étant caractéristiques de « toutes les productions mar
chandes » 7, précapitalistes ou capitalistes, la monnaie apparaît à
l'état pur dans le monde abstrait de la circulation générale des mar
chandises. Et les différences entre monnaie et marchandises qui selon
Ricardo n'apparaissent que dans le cours de la circulation, Marx les
établit dès l'origine, en montrant que toute marchandise ne peut
«être immédiatement monnaie» et que la monnaie ne peut être une
marchandise comme les autres puisque, « équivalent général », elle
est « exclue » de la série des marchandises. Au début du Capital se
trouve ainsi une théorie de la forme monétaire de la monnaie, cette
marchandise non-marchandise, dont tous les caractères spécifiques
sont exposés et rapportés les uns aux autres.
A) La " mesure des valeurs "
Le commencement est classique : « C'est parce que toutes les
marchandises mesurent leurs valeurs d'échange en or, dans la pro
portion selon laquelle une quantité déterminée d'or et une quantité
déterminée de marchandises contiennent autant de temps de travail,
que l'or devient mesure des valeurs » 8. L'or ne peut jouer le rôle
de monnaie vis-à-vis des autres marchandises que s'il a auparavant
joué vis-à-vis de celles-ci le rôle de marchandise. De là résulte l'él
imination du « problème monétaire par excellence >N selon Wicksell,
celui du niveau général des prix, puisque « le prix de par son concept
général n'est d'abord que la valeur sous forme argent » 9. La monnaie
marchandise est « neutre » par rapport à la valeur d'échange. Ces
points de l'exposé de Marx, les plus connus, semblent nous ramener
à Ricardo. De ce dernier Marx est proche encore lorsqu'il distingue
les caractères de l'or comme mesure des valeurs (dont la valeur à la
production varie comme celle des autres marchandises), et ceux de l'or
comme étalon des prix, poids de métal fixé par convention pour servir
d'unité de mesure permettant de comparer entre eux les prix des
marchandises, quelles que soient les variations de la valeur de l'or.
7. Le Capital II, 4, p. 107.
8. Contribution à la critique de l'économie politique, Editions sociales, p. 40.
9. Le III, 1, p. 208. THEORIE MONETAIRE DE MARX 31
Cependant deux différences fondamentales empêchent de pousser
plus loin le rapprochement. Tout d'abord, c'est l'hypothèse de l'i
nvariabilité de l'étalon monétaire qui selon Ricardo détermine le carac
tère monétaire de l'or dont la valeur est par ailleurs variable. Alors
que pour Marx la monnaie diffère de la marchandise avant même
d'être fixée comme étalon. La marchandise exclue de la série des
marchandises « équivalent général ou monnaie », exclut en
même temps de « la forme général » toutes les marchand
ises ; elle a le monopole de l'équivalence, socialeme

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