Origines et développement de l Institut d études slaves (1919-1949) - article ; n°1 ; vol.27, pg 91-103
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Origines et développement de l'Institut d'études slaves (1919-1949) - article ; n°1 ; vol.27, pg 91-103

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Revue des études slaves - Année 1951 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 91-103
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alfred Fichelle
Origines et développement de l'Institut d'études slaves (1919-
1949)
In: Revue des études slaves, Tome 27, 1951. Mélanges André Mazon. pp. 91-103.
Citer ce document / Cite this document :
Fichelle Alfred. Origines et développement de l'Institut d'études slaves (1919-1949). In: Revue des études slaves, Tome 27,
1951. Mélanges André Mazon. pp. 91-103.
doi : 10.3406/slave.1951.1532
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1951_num_27_1_1532ORIGINES ET DÉVELOPPEMENT
DE L'INSTITUT D'ÉTUDES SLAVES
(1919-1949)
PAR
ALFRED FICHELLE
L'Institut d'Études slaves de l'Université de Paris, fondé en 1919 par
Ernest Denis, professeur à de Paris, a trente ans d'existence.
On ne comprendrait pas l'élan spontané et incontestable qui se manif
esta dès la seconde année de la première guerre mondiale en France en
faveur de l'approfondissement des études linguistiques et historiques
sur la Russie et les pays slaves en général, élan qui a finalement abouti
à la fondation de l'Institut d'Etudes slaves de l'Université de Paris, si l'on
ne rappelait ici tout d'abord l'effort accompli dès le lendemain de la
bataille de Sadová (1866) par quelques intellectuels français inquiets
à juste titre du militarisme prussien. C'est en effet en 1866 que Louis
Léger, alors âgé de 2З ans, publia ses «Chants héroïques et chansons
populaires des Slaves de Rohême», bientôt suivis de sa thèse de doctorat
sur «Cyrille et Méthode» (1868). C'est aussi un ancien combattant
volontaire de la guerre franco-allemande de 1870-1871, Ernest Denis,
qui, imbu des mêmes idées que Louis Léger et que ses affinités protes
tantes attiraient à l'étude du hussisme tchèque, se rendit à Prague en
187З pour y préparer sa thèse de doctorat sur «Huss et la guerre des
Hussites», qu'il soutint en 1878. Grâce, d'une part, à l'élan donné
par ces deux historiens et grâce, d'autre part, à l'évolution lente de la
conjoncture internationale, l'intérêt pour les études slaves se développa
rapidement en France. Rientôt, un rapprochement s'esquissant entre
la France et la Russie, des travaux d'importance capitale commencèrent
à paraître, tels l'ouvrage d'Anatole Leroy-Reaulieu sur ľ «Empire des
tsars et les Russes», dont les trois volumes furent publiés entre 1881 et
1898, ainsi que le chef-d'œuvre d'Eugène-Melchior de Vogué sur le
«Roman russe» (1886), qui fit connaître aux milieux littéraires et au 92 ALFRED FICHELLE.
grand public français la richesse de la littérature russe. Toutefois, te
fut après la signature, en 189^, de l'Alliance franco-russe que l'intérêt
pour la Russie et le monde slave put se développer encore davantage.
Alfred Rambaud, auteur d'une thèse remarquée sur le basileus
Constantin Porphyrogénète (1870), puis d'un livre sur la «Russie
épique» (1876), spécialiste, comme Ernest Denis, de l'histoire d'All
emagne, puis auteur d'une « Histoire de la Russie я (1878) dont les
différentes éditions conservent après tant d'années une réelle valeur,
profita de sa situation politique (il fut ministre de l'Instruction publique
de 1896a 1898) pour encourager officiellement la slavistique française.
Son gendre, Emile Haumant, professeur d'histoire contemporaine à
l'Université de Lille, quitta en 190a cette université pour occuper une
chaire de langue et littérature russes à l'Université de Paris, faisant
pendant à la chaire du Collège de France fondée pour Mickiewicz en
i84o et occupée depuis i885 par Louis Léger. Emile Haumant fut
remplacé à l'Université de Lille par un jeune linguiste, André Liron
delle, qui fut chargé de l'enseignement du russe à Lille. D'autre part,
depuis 1891, Paul Boyer professait à l'École nationale des Langues
orientales vivantes un enseignement magistral de la langue russe et
formait de nombreux disciples qui sont devenus depuis des maîtres. Et
Jules Legras, venu du germanisme à la slavistique, auteur de remarquables
travaux sur la Russie et la Sibérie, André Mazon, qui fut lecteur de fran
çais à l'Université de Kharkov de 1906 à 1908, Raoul Labry, profes
seur à l'Institut français de Petrograd (1915-1918), Louis Réau, Jules
Patouillet, qui furent directeurs de l'Institut français de Petrograd, et
beaucoup d'autres se formaient par de nombreux voyages ou séjours
de longue durée en Russie.
C'est dans cette conjoncture que, à la suite du conflit serbo-austro-
hongrois qu'avait si bien pressenti Gaston Gravier, disciple d'André
Lirondelle et lecteur à l'Université de Relgrade, qui devait disparaître
prématurément en mai 1916 au cours de la première guerre mondiale,
la conflagration européenne, puis mondiale éclata. L'opinion française
mit au début tous ses espoirs dans la Russie, dont elle s'exagérait d'ail
leurs la puissance militaire, mais qui rendit un service signalé à notre
pays par l'offensive téméraire de ses armées en Prusse orientale (août
1914). L'alliance scellée dans le sang avec le plus important des pays
slaves, l'héroïque retraite des troupes serbes et l'expédition de Salo-
nique, auxquelles participèrent un certain nombre de slavisants français
encore soumis aux obligations militaires, renforcèrent l'intérêt de tous
les milieux de notre pays, qui utilisa à plein toutes les compétences
en matière de slavistique. L'INSTITUT D'ÉTUDES SLAVES (1919-1949).
Cet intérêt se traduisit dès l'été 1916, au cours duquel la Direction
de l'Enseignement supérieur demanda au recteur Coulet une note sur
la possibilité de la création d'un enseignement d'ethnographie et d'his
toire des Slaves à l'Ecole pratique des Hautes Etudes. Si cette initiative
n'eut pas de suite, il n'en fut pas de môme de la réunion qui groupa
le i3 janvier 1916 dans la salle des Actes de la Faculté des Lettres
de l'Université de Paris les principaux slavisants français : Louis Léger,
Paul Boyer, Emile Haumant, Jules Legras, André Lirondelle, qui Fe
trouvaient alors présents à Paris. À ces éminents représentants de la
slavistique s'étaient joints pour la circonstance Louis Eisenmann, auteur
du «Compromis austro-hongrois » , grand ami des Slaves, l'éminent
linguiste Antoine Meillet, Louis Réau, ancien directeur de l'Institut
français de Saint-Pétersbourg, et l'helléniste Victor Bérard.
L'initiative de cette réunion revenait à Ernest Denis, qui avait fait
convoquer également à la séance Edouard Beneš, privat-docent de
sociologie à l'Ecole des Hautes Etudes commerciales de Prague, repré
sentant du professeur T. G. Masaryk, tous deux émigrés résistants de
Bohême. L'objet de cette réunion était un échange de vues entre les
différents slavisants et sympathisants aux études slaves en vue de coor
donner leurs études et leur action. Il fut décidé d'organiser une série
de conférences portant sur des sujets slaves. «Sans doute, disait la
circulaire de convocation, il n'y a point, dès aujourd'hui, les capitales
slaves exceptées, de foyer d'études slaves plus intense et plus ardent
que Paris». L'heure était donc venue, surtout après la récente créa
tion d'un Institut slave près l'Université de Londres, d'établir un
avant-projet de création à Paris d'un «Institut d'Études slaves»
s'inspirant de la double idée d'agir sur le public français et l'opinion
slave. Le rédacteur de la circulaire affirmait que «derrière ces discussions
ne se dissimulait aucune arrière-pensée de centralisation, d'accapa
rement ou de prééminence», et il ajoutait : «C'est sur la base d'une
parfaite égalité que, par la coordination des efforts et le concours spon
tané de toutes les bonnes volontés, nous obtiendrons le succès, qui ne
sera point celui de tel établissement ou de tel maître, mais bien celui
des études slaves en France et de la science française».
Le 2Д janvier 1916 eut lieu 

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