P. Malapert, Le caractère - compte-rendu ; n°1 ; vol.10, pg 492-507
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 492-507
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
P. Malapert, Le caractère
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 492-507.
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Binet Alfred. P. Malapert, Le caractère. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 492-507.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3622492 ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
pour en faire des choses de musées, de spectacles, de collections;
il est dans tout ce qui nous entoure, dans les menus détails de
notre existence courante, dans les objets les plus humbles, dans
nos préférences journalières pour telles promenades, telles figures,
dans la sélection qu'en fait notre mémoire, dans la reconstruction
que font nos désirs, et toute cette vie à demi-consciente, qui échappe
à l'analyse et à la description, est en somme la vie esthétique de
laquelle sort et dans laquelle aboutit toute cette production spé
cialisée que nous entendons par art.
On lira avec intérêt cette confession artistique, dont cette ana
lyse ne peut donner qu'une idée incomplète. Des études de ce
genre, quand elles sont faites comme celle-ci, ont la plus grande
utilité pour la psychologie générale. Pour ma part j'y ai trouvé
autant de plaisir qu'à la lecture des Mémoires de Berlioz et du
Journal de Marie Bartskischeff pour ne citer que ces deux exemples
d'autres biographies artistiques.
H. Beaunis.
MALAPERT (P.). — Le caractère. — Un vol. in-18, 305 pages.
Paris, Doin, 1903.
Voici un livre bien intéressant; il est écrit avec finesse, organisé
avec méthode, plein de circonspection, de prudence, d'esprit cri
tique; l'auteur s'est attaché à nous faire connaître avec précision
tout ce t{ui a été écrit de bon et de sérieux sur le caractère ; et
bien qu'il ait fait sa petite classification, comme tout le monde,
il n'y insiste pas, cherchant moins à dégager ses idées personnelles
qu'à présenter une étude historique et critique de la question.
Hélas, ce qui ressort le mieux de son travail, sans qu'il le dise bien
nettement, c'est que sur cette question du caractère, c'est pour
ainsi dire le néant; il n'y a rien de fait.
C'est Stuart-Mill qui le premier, en 1843, a posé le problème de
l'éthologie, ou science du caractère, et encore, sa conception n'est-
elle pas celle qui a prévalu ; il préconisait surtout l'étude des
influences qui agissent sur les caractères, et les lois de formation
du caractère ; il paraissait même supposer que, toutes les influences
extérieures mises à part, il y a identité dans la nature des hommes.
Le point de vue moderne, inauguré surtout par Ribot, est bien
différent; c'est la définition et classification des types psychiques,
c'est-à-dire des types concrets résultant des multiples combinai
sons des phénomènes ou éléments psychiques et de leurs lois. Une
étude de ce genre, M. Malapert n'a pas de peine à le montrer,
relève surtout de l'observation et de l'expérience; et si la méthode
deductive ne doit pas être rigoureusement proscrite, c'est tout sim
plement une question de mesure.
La définition du caractère a donné lieu à bien des divergences.
Tel auteur, comme Ribot, en propose une définition trop étroite, qui PSYCHOLOGIE INDIVIDUELLE ET CARACTÈRES 493
a le tort de trop limiter la recherche ; si, en effet, le caractère a
pour condition essentielle d'existence l'unité et la stabilité, beau
coup de gens, les indécis, les instables, les amorphes n'auraient
aucun caractère ; c'est cependant en avoir un que de manquer
d'unité et de stabilité. M. Malapert, après avoir discuté d'autres
définitions, donne la sienne, qui est plus comprehensive : le carac
tère, c'est la somme, ou mieux le système particulier constitué par
la réunion, selon certains rapports spéciaux, des diverses disposi
tions psychiques qui se rencontrent dans une personne donnée.
Suivent ensuite des chapitres très intéressants à lire, car ils ren
ferment des historiques habilement présentés, des discussions très
convaincantes; mais la conclusion de ces chapitres est toujours
zéro. Il n'y a rien de fait, il n'y a rien d'établi, on ne sait rien.
Ainsi, le chapitre 3 est consacré aux facteurs du caractère. L'au
teur expose longuement et minutieusement deux théories rivales :
l'une de l'innéité du caractère, l'autre du transformisme moral.
L'une, poussée à l'extrême, va jusqu'à l'immutabilité du caractère;
et l'autre, avec la même outrance, conduit à la conclusion que tous
les individus sont pareils, et que l'influence extérieure et l'éduca
tion sont toutes puissantes pour nous pétrir. Rien de tout cela
n'est prouvé. Le chapitre suivant, sur les théories métaphysiques
du caractère, ne peut évidemment rien nous apprendre de nou
veau ; on y trouvera un exposé très clair de la théorie de Kant et
de Schopenhauer, sur le caractère intelligible, opposé au carac
tère empirique. C'est évidemment fort intéressant. Le chapitre sur
les théories du tempérament n'est pas plus instructif, bien qu'on y
trouve un exposé d'idées qui va d'Hippocrate à Fouillée et à Manou-
vrier. Les anciens distinguaient les tempéraments suivant les qual
ités du sec, de l'humide, du chaud et du froid; et il semble que les
théories des modernes ne vont pas beaucoup plus loin.
Comme, cependant, il a été souvent question des théories de
Fouillée et de Manouvrier, nous les exposerons en citant l'analyse
très habile qu'en fait Malapert.
Théorie de Fouillée sur le tempérament. Cette théorie cherche à
prendre une base dans les plus récentes découvertes de chimie
biologique. « On admet aujourd'hui que le protoplasma est le siège
d'une double série d'opérations chimiques; l'une de construction,
de réparation, de synthèse, processus anabolique; l'autre de des
truction, désassimilation, analyse, processus catabolique. Selon
Fouillée, c'est le mode et la proportion des changements destruct
ifs dans le fonctionnement de l'organisme qui produit le tempé
rament. Il faut distinguer la constitution proprement dite d'avec
le tempérament. La constitution, ce sont les variations indivi
duelles dans l'architecture et la charpente du corps, dans le
volume et le poids, dans la proportion et l'adaptation des organes.
La constitution a donc trait à la structure de l'organisme et à
l'équilibre de ses parties; elle est la caractéristique « statique »
d'un individu. Le tempérament, ce sont les variations individuelles
dans l'activité de l'organisme; c'est la « dyna- 494 ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
mique » d'un individu. Le tempérament est comme une destinée
interne qui impose une orientation déterminée aux fonctions d'un
être vivant, et il doit se formuler en termes de la constitution ch
imique prédominante, selon qu'elle donne la prépondérance à
l'épargne ou à la dépense. »
De là résulte la distinction de deux tempéraments principaux : le
tempérament d'épargne, où prédomine l'intégration, et le tempéra
ment de dépense, où prédomine la désintégration. Fouillée rattache
cette division à celle, plus psychologique, du tempérament sensitif
et actif. Lé passage où il fait ce rattachement est important, et
mérite d'être cité textuellement.
« II est probable, écrit M. Fouillée, que chacune des deux fonc
tions sensitive et motrice enveloppe à la fois intégration et désin
tégration ; mais il n'en est pas moins vrai que la fonction sensor
ielle, dans ses résultats généraux, favorise l'intégration, tandis
que la motrice favorise la désintégration. Sentir, en effet, c'est
recevoir et organiser une impression, par exemple, celle d'un
coup, celle d'un éclair, celle d'un son subit. Dans les centres ner
veux, où l'impression est recueillie et élaborée, il y a au premier
moment une perturbation de l'équilibre des molécules, une usure
et une dépense; mais cette perturbation est aussitôt suivie d'un
réarrangement, par lequel tend à s'établir une harmon

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