Pauvre et riche : une comparaison des systèmes à l Est et à l Ouest - article ; n°1 ; vol.18, pg 5-33
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Pauvre et riche : une comparaison des systèmes à l'Est et à l'Ouest - article ; n°1 ; vol.18, pg 5-33

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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1987 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 5-33
The rich and the poor — an East-West system comparison.
The existing economic systems of the East and the West, let us call them capitalism and socialism, accept economic inequality as functional instrument in order to solve their decision making problem and to motivate contribution. To accept inequality on principle does not imply to accept any economic differences whatsoever. The article tries to assess scope and impact of poverty and power in both economic systems using empirical data mainly from the leading representatives, the US and the SU.
Until very recently, poverty has been a mass phenomenon in both systems. Economic development and extensive welfare programs have tried to abate the problem and did so with remarkable success. Since in the SU poverty was mainly due to the economic strategy of rapid growth, a change in economic policy was a necessary prerequisite. Despite of a war on poverty in the US, a sizeable share of the total American population is still living below the poverty line.
At the other end of the spectrum richness and power are analysed. Here the differences of the economic systems are rather pronounced. Capitalism allows for private property rights of almost all assets. It exhibits an extreme concentration of private wealth above all in such assets which combine rights on income and decision making power. Next to wealth, however, the political system is a second, more or less independent source of power. Under socialism of the Soviet type private wealth is insignificant and all power derives from the political system. The political system is monolithically structured with power highly concentrated in the highest ranks of the communist party. No alternative, potentially conflicting sources of power are tolerated.
Les systèmes économiques en vigueur à l'Est et à l'Ouest — appelons-les socialisme et capitalisme — admettent l'inégalité économique comme un moyen fonctionnel permettant de résoudre leur problème de prise de décision et d'encourager l'activité. Accepter l'inégalité en principe n'implique pas d'accepter n'importe quelle différenciation économique. L'auteur tente d'analyser la dimension et l'impact de la pauvreté et du pouvoir dans les deux systèmes économiques en se fondant sur des données empiriques concernant essentiellement les deux puissances représentatives que sont les États-Unis et l'Union soviétique.
Jusqu'à très récemment, la pauvreté était un phénomène de masse dans les deux systèmes. Le développement économique et des programmes sociaux de grande ampleur ont cherché à éliminer ce phénomène et y ont remarquablement réussi. Étant donné qu'en Union soviétique, la pauvreté était surtout due à la stratégie économique de croissance accélérée, un changement de politique économique était une condition préalable nécessaire. Malgré la « guerre contre la pauvreté » menée aux États-Unis, une part notable de la population américaine vit encore en dessous du seuil de pauvreté.
A l'autre extrémité du spectre, la richesse et le pouvoir sont également analysés. A cet égard, les différences entre les deux systèmes économiques sont assez prononcées. Le capitalisme autorise la propriété privée de quasiment tous les biens. La richesse privée y est extrêmement concentrée notamment en ce qui concerne les biens qui combinent le droit au revenu et le pouvoir de décision. Mais, outre la richesse, le système politique constitue une autre source, plus ou moins indépendante, de pouvoir. Dans le régime socialiste de type soviétique, la richesse privée est insignifiante et tout pouvoir dérive du système politique. Ce système est structuré de manière monolithique, le pouvoir étant fortement concentré aux plus hauts niveaux de la hiérarchie du parti communiste. Aucune autre source de pouvoir, potentiellement conflictuelle, n'est admise.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hans-Jürgen Wagener
Pauvre et riche : une comparaison des systèmes à l'Est et à
l'Ouest
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 18, 1987, N°1. pp. 5-33.
Citer ce document / Cite this document :
Wagener Hans-Jürgen. Pauvre et riche : une comparaison des systèmes à l'Est et à l'Ouest. In: Revue d’études comparatives
Est-Ouest. Volume 18, 1987, N°1. pp. 5-33.
doi : 10.3406/receo.1987.1292
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1987_num_18_1_1292Abstract
The rich and the poor — an East-West system comparison.
The existing economic systems of the East and the West, let us call them capitalism and socialism,
accept economic inequality as functional instrument in order to solve their decision making problem and
to motivate contribution. To accept inequality on principle does not imply to accept any economic
differences whatsoever. The article tries to assess scope and impact of poverty and power in both
economic systems using empirical data mainly from the leading representatives, the US and the SU.
Until very recently, poverty has been a mass phenomenon in both systems. Economic development and
extensive welfare programs have tried to abate the problem and did so with remarkable success. Since
in the SU poverty was mainly due to the economic strategy of rapid growth, a change in economic policy
was a necessary prerequisite. Despite of a "war on poverty" in the US, a sizeable share of the total
American population is still living below the poverty line.
At the other end of the spectrum richness and power are analysed. Here the differences of the
economic systems are rather pronounced. Capitalism allows for private property rights of almost all
assets. It exhibits an extreme concentration of private wealth above all in such assets which combine
rights on income and decision making power. Next to wealth, however, the political system is a second,
more or less independent source of Under socialism of the Soviet type private wealth is
insignificant and all power derives from the political system. The political system is monolithically
structured with power highly concentrated in the highest ranks of the communist party. No alternative,
potentially conflicting sources of power are tolerated.
Résumé
Les systèmes économiques en vigueur à l'Est et à l'Ouest — appelons-les socialisme et capitalisme —
admettent l'inégalité économique comme un moyen fonctionnel permettant de résoudre leur problème
de prise de décision et d'encourager l'activité. Accepter l'inégalité en principe n'implique pas d'accepter
n'importe quelle différenciation économique. L'auteur tente d'analyser la dimension et l'impact de la
pauvreté et du pouvoir dans les deux systèmes économiques en se fondant sur des données
empiriques concernant essentiellement les deux puissances représentatives que sont les États-Unis et
l'Union soviétique.
Jusqu'à très récemment, la pauvreté était un phénomène de masse dans les deux systèmes. Le
développement économique et des programmes sociaux de grande ampleur ont cherché à éliminer ce
phénomène et y ont remarquablement réussi. Étant donné qu'en Union soviétique, la pauvreté était
surtout due à la stratégie économique de croissance accélérée, un changement de politique
économique était une condition préalable nécessaire. Malgré la « guerre contre la pauvreté » menée
aux États-Unis, une part notable de la population américaine vit encore en dessous du seuil de
pauvreté.
A l'autre extrémité du spectre, la richesse et le pouvoir sont également analysés. A cet égard, les
différences entre les deux systèmes économiques sont assez prononcées. Le capitalisme autorise la
propriété privée de quasiment tous les biens. La richesse privée y est extrêmement concentrée
notamment en ce qui concerne les biens qui combinent le droit au revenu et le pouvoir de décision.
Mais, outre la richesse, le système politique constitue une autre source, plus ou moins indépendante,
de pouvoir. Dans le régime socialiste de type soviétique, la richesse privée est insignifiante et tout
pouvoir dérive du système politique. Ce système est structuré de manière monolithique, le pouvoir étant
fortement concentré aux plus hauts niveaux de la hiérarchie du parti communiste. Aucune autre source
de pouvoir, potentiellement conflictuelle, n'est admise.Pauvre et riche : une comparaison
des systèmes à l'Est et à l'Ouest
Hans-Jurgen WAGENER*
« Cette tendance à admirer et presque à adorer le riche
et le puissant et à mépriser, ou pour le moins à ignorer,
les gens de condition inférieure est sans doute nécessaire
pour maintenir la hiérarchie et l'ordre dans la société.
Mais elle constitue en même temps la cause la plus
générale de la dépravation de notre moralité. »
(Adam Smith, The Theory of Moral Sentiments, Indianap
olis, 1976, p. 126).
I. INTRODUCTION
Pour commencer, il nous faut préciser nos définitions. L'opposition entre
« le pauvre et le riche » décrit d'abord une relation, un rapport entre les
zones marginales d'une courbe préférentielle de répartition des revenus, ou
de la fortune, par exemple, qui se forme inévitablement en l'absence d'une
répartition parfaitement égalitaire. La « pauvreté » (cela vaut moins impé
rativement pour la « richesse ») peut aussi être définie directement comme
la réalité de conditions de vie inférieures à un certain minimum. Dans un
contexte social donné, la notion de pauvre et riche reflète les oppositions
de classes au sein de la société ou, plus généralement, les extrémités du
spectre de la différenciation sociale.
Professeur à la Rijksuniversiteit, Groningen. Hans-Jiirgen Wagener
On peut mesurer ce phénomène en partant de deux qualités, le plus
souvent étroitement liées, et que nous trouvons dès le Moyen Age ' :
pauper - dives - potens
où pauper signifie d'une part « pauvre », « nécessiteux », « ayant des
conditions d'existence difficiles » et, d'autre part, « sans influence »,
« impuissant » et « sans défense ». A l'époque, cela a eu une double
conséquence sur les idées sociales et éthiques de l'émancipation. Là où la
richesse représente, par définition, l'inégalité, l'égalité ne peut s'établir que
dans la pauvreté. D'où une revalorisation de l'absence de besoins et du
travail : « dans la " liberté de travailler ", se manifeste la mobilité des
hommes, qu'ils soient bourgeois ou paysans... Dans la réflexion sur la
société, la " pauvreté " devient un postulat idéologique des hommes
émancipés » 2.
Il faut y ajouter la revendication portant sur le partage du pouvoir, la
plenitudo potestatis, qui se traduit par le principe quod omnes tangit, ab
omnibus approbari débet.
Ce mouvement d'émancipation s'est manifesté avec plus ou moins de
force au cours des siècles suivants. Le socialisme du XIXe siècle lui a donné
un nouvel élan et une nouvelle orientation. Il s'est d'abord poursuivi en
tant que mouvement social, fondé sur des bases éthiques, puis, sous
l'influence de Marx et d'Engels, en tant que mouvement politique. Marx a
interprété l'opposition entre pauvre et nanti (pauper-potens) comme une
opposition de classe résultant de la monopolisation des principaux moyens
de production par la propriété privée. L'opposition pauvre-riche (pauper-
dives) apparaît comme secondaire.
La productivité du système économique moderne permet un bien-être
général, ce qui enlève son auréole de sainteté à la pauvreté. Marx a
justement critiqué « le retour à une simplicité peu naturelle d'homme
dépourvu et sans désir, qui non seulement ne se situe pas au-delà de la
propriété privée, mais qui n'y est même pas encore parvenu » \ tel qu'il
était envisagé par le communisme vulgaire des socialistes utopiques. La
nécessaire suppression de la pauvreté, du fait qu'elle met la survie en
danger, entre au programme du socialisme. Cette revendication devient
1. K. Bosl, « Potens und Pauper. Begriffsgeschichtliche Studien zur gesellschaftli-
chen Differenzierung im friihen Mittelalt

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