Permanence d une structure indigène en marge de l administration romaine : la Numidie traditionnelle - article ; n°1 ; vol.15, pg 77-89
14 pages
Français

Permanence d'une structure indigène en marge de l'administration romaine : la Numidie traditionnelle - article ; n°1 ; vol.15, pg 77-89

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
14 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Antiquités africaines - Année 1980 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 77-89
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jehan Desanges
Permanence d'une structure indigène en marge de
l'administration romaine : la Numidie traditionnelle
In: Antiquités africaines, 15,1980. pp. 77-89.
Citer ce document / Cite this document :
Desanges Jehan. Permanence d'une structure indigène en marge de l'administration romaine : la Numidie traditionnelle. In:
Antiquités africaines, 15,1980. pp. 77-89.
doi : 10.3406/antaf.1980.1037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1980_num_15_1_1037Antiquités africaines
t. 15, 1980, p. 77-89
PERMANENCE D'UNE STRUCTURE INDIGÈNE
EN MARGE DE L'ADMINISTRATION ROMAINE
LA NUMIDIE TRADITIONNELLE
par
Jehan DESANGES
Un des aspects les plus immédiatement perceptibles de la présence romaine en Afrique du Nord est
la longue activité d'une administration souple et efficace dans des cadres territoriaux qui, s'ils ne restèrent
pas immuables, ne furent qu'assez rarement remodelés au cours d'une très longue période, soit de quatre
à six siècles selon les régions du Maghreb.
Dans la partie occidentale de l'Afrique du Nord, Rome a sanctionné une relative discontinuité entre
les Maurétanies de l'Ouest et de l'Est, due à la difficulté des communications terrestres. Certes, les érudits
modernes n'évaluent pas tous de la même façon l'importance de ces à l'époque romaine.
Si elles ont été parfois niées i, on observe aujourd'hui une certaine réaction contre cette attitude 2. Per
sonne ne contestera cependant qu'il y a deux Maurétanies et qu'entre ces Maurétanies existe une certaine
opposition qui s'est traduite, dès l'époque des royaumes indigènes, par leur appartenance, pendant de
longues périodes, à deux ensembles politiques différents. On peut dire qu'on est fondé à distinguer pendant
toute l'Antiquité une Maurétanie Orientale ou Citérieure et une Maurétanie Occidentale ou Ultérieure 3,
que la ligne de clivage soit d'ailleurs l'oued Moulouya ou l'oued Kiss 4. On ne constate pas à cet égard de
1 On trouvera la bibliographie antérieure dans Marion (J.), La liaison terrestre entre ία Tingitane et la Césarienne.
B.A.M., t. 4, 1960, p. 442-443 et notes. J. Marion conclut pour sa part, p. 446-447, à l'absence de liaison terrestre entre les
deux Maurétanies. C'est à la même conclusion que parvient Euzennat (M.), Les voies romaines du Maroc dans Vltinéraire
Antonin. Hommages à A. Grenier, Bruxelles, 1962, t. 2, p. 609-610 ; cf en dernier lieu Sigman (M.), The Role of the indigenous
Tribes in the Roman Occupation of Mauritania Tingitana (New York Univ., philol. diss.). Ann Arbor, 1976, p. 24-34.
2 Déjà Thouvenot (R.), Le géographe Ptolémée et la jonction terrestre des deux Maurétanies. R.E.A., t. 64, 1962,
p. 82-88, croit retrouver dans l'œuvre du géographe alexandrin les localités jalonnant une voie Tocolosida-Altaua, tout en
reconnaissant que Rome se bornait à assurer la sécurité des communications. Étude approfondie du problème par Rebuf-
fat (R.), Notes sur les confins de la Maurétanie Tingitane et de la Maurétanie Césarienne. Stud. Magr., t. 4, 1971, p. 51-64.
En dernier lieu, cf Speidel (M.P.), A thousand Tracian Recruits for Mauretania Tingitana. Ant. Afr., t. 11, 1977, p. 170-173.
3 Desanges (J.), Mauretania ulterior tingitana. B.A.M., t. 4, 1960, p. 437-441.
4 Rebuffat (R.), Notes sur les confins, p. 45-46, observe que, pour Ptolémée, la frontière entre les deux Maurétanies
s'incline vers le sud-est. Mais il faut tenir compte du fait qu'il en va de même du littoral de l'Atlantique, d'après le géographe.
Celui-ci a pu être guidé par un souci de symétrie. En tout cas, toute l'image qu'il se fait de la Tingitane est déformée. 78 J. DES ANGES
contradiction majeure entre les structures territoriales héritées de la tradition indigène et les cadres admin
istratifs imposés par Rome. S'il a toujours subsisté entre la Tingitane et la Césarienne une vaste région
où la vie tribale se perpétuait en marge du pouvoir romain, aucune structure traditionnelle n'a concurrencé
les divisions administratives romaines. Autrement dit, il n'y a pas eu de flottement entre deux découpages
du donné géographique, mais bien plutôt une sorte de continuité, qui permettait à Pline l'Ancien 1
d'écrire : « De fait, ces régions conservèrent longtemps le nom de leurs rois, la plus éloignée étant appelée
Bogutienne et, de même, l'actuelle Césarienne Maurétanie de Bocchus ». Quant à la création, sous Dio-
clétien, de la Maurétanie Sitifienne prélevée sur l'ensemble de la Maurétanie Citérieure, elle a assurément
introduit un facteur de diversification interne ; mais le cadre même de la Citérieure n'en fut pas pour autant
déformé : la même frontière administrative, dont G. Camps 2 a souligné récemment la permanence, con
tinua, à l'est, de séparer Maurétanie et Numidie.
Il en va tout autrement dans la partie orientale du Maghreb. Celle-ci n'était pas de civilisation homog
ène à l'arrivée des Romains. On y pouvait distinguer, en effet, de l'Afrique indigène une Afrique profon
dément punicisée, constituée principalement du littoral de l'actuelle Tunisie (pour ne point parler de la
Tripolitaine que nous ne considérerons que de façon marginale) et, plus à l'intérieur, de l 'arrière-pays
de Sousse, de la vallée de l'oued Miliane, de celles enfin de la basse et moyenne Medjerda et de son affluent
l'oued Siliana. On sait que cette Afrique punique fut pour l'essentiel 3, en conséquence de la conquête,
la première province d'Afrique pendant un siècle. Or, après la destruction du royaume de Numidie, l'admi
nistration romaine ne respecta en droit la distinction entre l'Afrique punique et l'Afrique numide que
durant une vingtaine d'années (46-27 avant notre ère), en fait seulement l'espace d'un lustre 4. Puis,
pendant quatre siècles et demi, les vieux cadres furent officiellement brisés, et même s'il exista dans la suite
un territoire militaire de Numidie, puis une province nommée Numidie divisée quelques années en deux
sous la Tetrarchie, ils n'eurent pas la même assiette territoriale que la Numidie des rois. Et cependant,
pour peu que l'on veuille aller un peu au-delà des apparences, on décèle assez facilement dans l'esprit
des Africains, et même à un certain degré dans celui de l'administration romaine, la permanence du con
cept traditionnel de Numidie avec son extension archaïque qui déborde les frontières plus récemment
fixées. Bien mieux, nous avons pu montrer naguère 5 que pour un historien byzantin comme Procope 6,
c'est la seule Numidie qu'il convienne de prendre en considération vers le milieu du VIe siècle. Il nous
semble que ce paradoxe ne manque pas de portée et mérite un effort d'élucidation. C'est pourquoi nous
voudrions tenter d'esquisser une histoire des structures en concurrence qui définissent de façon nécessa
irement ambiguë la Numidie, ou plutôt les Numidies, afin de mieux comprendre comment la structure
traditionnelle, qui se trouvait être aussi la seule capable d'englober toutes les autres, l'a emporté sur ses
rivales sucitées par des siècles d'administration romaine.
On ne s'étonnera pas qu'il faille partir de considérations sur le nom des Numides, un ethnique, avant
d'évoquer le royaume de Numidie. Les royaumes africains en effet, on le sait fort bien, se sont constitués
1 Pline l'Ancien, H.N., V, 19.
2 Camps (G.), Une frontière inexpliquée : la limite de la Berbérie orientale, de la protohistoire au Moyen- Age. Maghreb
et Sahara, études géographiques offertes à J. Despois, Paris, 1973, p. 59-67.
3 Rappelons que les « Grandes Plaines » (Ouled bou Salem, Dakhla) de la région de Bulla Regia, le district de Thusca
(pays de Mactar) et les emporio, ou comptoirs puniques, depuis Thaenae (Hr Thina) jusqu'à Lepcis Magna, furent annexés
par Masinissa entre la seconde et la troisième guerre punique et ne firent donc pas partie de la province romaine.
4 Dans le courant de 40 avant notre ère, les deux provinces d'Afrique étaient gouvernées par T. Sextius, qui céda bien
tôt la place à Lèpide. Par la suite, il semble que la Prouincia Noua n'ait pas eu son propre gouverneur, cf Romanelli (P.),
Storia delle province romane dell' 'Africa. Rome, 1959, p. 146 et 155-156.
5 Desanges (J.), Un témoignag

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents