Perspectives relatives à la population musulmane de l'Afrique du Nord - article ; n°2 ; vol.2, pg 267-280

Louis Henry

Description

Population - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 267-280
Malgré l'imperfection des statistiques, il est possible de se faire une idée assez précise de révolution future de la population musulmane de l'Afrique du Nord, en l'absence d'émigration. L'auteur montre qu'il serait peu sage d'envisager un accroissement inférieur à 10 millions d'habitants (55 % de la population musulmane actuelle) au cours des 30 prochaines années.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1947
• Nombre de lectures: 9
• Langue: Français
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Extrait

Louis Henry
Perspectives relatives à la population musulmane de l'Afrique du
Nord
In: Population, 2e année, n°2, 1947 pp. 267-280.
Résumé
Malgré l'imperfection des statistiques, il est possible de se faire une idée assez précise de révolution future de la population
musulmane de l'Afrique du Nord, en l'absence d'émigration. L'auteur montre qu'il serait peu sage d'envisager un accroissement
inférieur à 10 millions d'habitants (55 % de la population musulmane actuelle) au cours des 30 prochaines années.
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Henry Louis. Perspectives relatives à la population musulmane de l'Afrique du Nord. In: Population, 2e année, n°2, 1947 pp.
267-280.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1947_num_2_2_1771PERSPECTIVES
A LA RELATIVES
POPULATION MUSULMANE
DE
L'AFRIQUE DU NORD
population d'émigration. se Malgré faire une l'imperfection musulmane idée L'auteur assez montre de précise des l'Afrique statistiques, qu'il de révolution serait du Nord, il peu est future en sage possible l'absence d'envide de la
sager un accroissement inférieur à 10 millions d'habitants
(55 % de la population musulmane actuelle) au cours des 30
prochaines années.
La population de l'Afrique du Nord, comme celle de tous les
pays mulsulmans, croît à un rythme rapide grâce à une très
forte natalité qui donne, chaque année, un important excé
dent des naissances sur les décès malgré une mortalité elle aussi
élevée.
Ce t'ait n'est pas sans provoquer quelques inquiétudes, car si
l'un des objectifs essentiels de toute politique vraiment humaine
doit être de réduire la mortalité, il est permis de se demander si
la vitesse d'accroissement de la population ne constitue pas un
obstacle à l'amélioration du niveau d'existence, condition essent
ielle pour obtenir une baisse de la mortalité.
Il se peut que l'avenir ne justifie pas ces inquiétudes, mais il est
certain que tout programme économique et sanitaire, destiné pré
cisément à rendre cet avenir meilleur, doit tenir compte de la
situation démographique de l'Afrique du Nord et notamment de
l'évolution possible du chiffre de sa population au cours des pro
chaines années. Il est donc indispensable de posséder quelques
perspectives, même grossières, sur le développement éventuel de la
population musulmane de l'Afrique du Nord.
Données. Malheureusement on ne dispose que de données statis
tiques incomplètes et imprécises sur les trois pays qui
nous occupent. LA POPULATION MUSULMANE 268
En ce qui concerne Yétat de la population nous possédons :
pour l'Algérie, la répartition par sexe et par âge en 1936 (1) ■ —
statistique d'ailleurs très imparfaite comme nous le verrons plus
loin — et le chiffre de la population aux recensements qui ont
eu lieu dans ce pays depuis 1856 ;
pour la Tunisie, le chiffre global de la population aux quatre recen
sements de 1921, 1926, 1931 et 1936 ;
pour le Maroc, le chiffre de la population en 1936, les recensements
antérieurs n'ayant pu embrasser tout le territoire (2).
En ce qui concerne le mouvement de la population, l'Algérie et
la Tunisie fournissent seules des statistiques, d'ailleurs très imparf
aites. On y trouve cependant, pour l'Algérie, la répartition par
âge des décédés de chaque sexe, mais la répartition des naissances
suivant l'âge de la mère fait défaut.
En face d'une telle pénurie de documents, la manière la plus
normale et la plus simple d'extrapoler la « route » d'une population
semble être, à première vue, de prolonger sur le graphique n° 1,
à la règle ou à l'estime, le tracé relatif au passé, ou encore de déter
miner à l'aide de deux recensements successifs le taux d'accroisse
ment, et de supposer que, dans les années à venir, la population
étudiée se comportera comme une population stable à croissance
exponentielle.
Ces procédés sommaires ont déjà le grave inconvénient de faire
entrer dans l'extrapolation ce qui n'est dû qu'à une amélioration
possible des recensements. Mais surtout, la « route » ainsi déter
minée est unique ; rien n'indique la marge d'incertitude du tracé.
Cette méthode est par conséquent impuissante à nous renseigner
sur les conséquences de variations éventuelles de la mortalité ou
de la fécondité.
Il y a donc avantage à procéder, même pour ces populations assez
mal connues, au calcul de véritables perspectives, analogues à celles
que l'on établit à partir de données précises. En d'autres termes,
il convient de soumettre la population initiale, répartie par sexe et
par âge, à une mortalité et à une fécondité choisies à l'avance. On
peut, par exemple, supposer que la mortalité et la fécondité se
maintiendront, à l'avenir, à leurs niveaux actuels ; on peut aussi
supposer qu'elles varieront dans un sens attendu. Il est alors inté
ressant de choisir les hypothèses de façon à encadrer, presque à
coup sûr, l'évolution réelle.
Un tel choix nous laisse naturellement une grande latitude. Il
n'en est pas de môme pour les conditions initiales. En particulier,
il est nécessaire de connaître avec une approximation suffisante,
la répartition par âge de la population envisagée, au point de départ
des perspectives. Cette obligation nous a contraint de limiter à
(1) Ce document, inédit, a été obligeamment mis à notre disposition рат le
Ser-vice central de statistique du Gouvernement général de l'Algérie : nous le
reproduisons en annexe, p. 280.
(2) L'effectif, en milliers, de la population musulmane en 1936 était de
6.240 pour l'Algérie, 2.340 pour la Tunisie et 5.900 pour le Maroc. •
L' AFRIQUE DU NORD 269 DE
l'Algérie le travail dont nous allons exposer la méthode générale
et les résultats.
Auparavant, nous nous permettrons toutefois de souligner une
circonstance favorable, qui atténue dans une très large mesure
l'aléa des nombreuses évaluations que nous avons été conduit à
faire. La population musulmane de l'Afrique du Nord appartient
à un « type » assez stable, caractérisé à la fois par une forte mortal
ité et une très forte fécondité, cette mortalité et cette fécondité
n'ayant subi jusqu'ici que des variations faibles et lentes. Or on
possède des données relativement précises sur un certain nombre
Millions d'hab'tonfs
PERSPECTIVES CONCERNANT
LA POPULATION TOTALE
1856 1866 1876
Gn.vPmQUF, № 1. — Po/HilaHon musulmane, de l'Algérie.
de populations de ce type, soit dans le passé (Espagne, Italie, etc.)
soit dans le présent (Palestine, etc.), de sorte que les estimations
sur de telles bases sont préférables à de mauvais recensements. La
stabilité relative des facteurs de l'évolution démographique de LA POPULATION MUSULMANE 270
l'Afrique du Nord permet également, sans grave inconvénient,
d'étendre à l'ensemble du territoire les résultats obtenus pour
l'Algérie.
Conditions initiales. Nos perspectives s'appliquent aux trente pro
chaines années, c'est-à-dire à la période qui
s'étend de 1946 à 1976. Mais ne disposant du chiffre total et de la
répartition par âge de la population que pour l'année 1936, il était
indispensable de commencer par procéder à une évaluation des
données analogues pour 1946.
A cet effet, nous avons supposé que la mortalité et la fécondité
sont demeurées, au cours des dix dernières années, à leur niveau
de la décade précédente. Il est probable en effet que les événements
de guerre n'ont pas apporté de perturbation considérable dans l'évo
lution démographique de l'Algérie (à l'appui de cette opinion, on
peut remarquer que les estimations faites en 1945 pour la Tunisie,
ne montrent aucun ralentissement de l'accroissement antérieur,
bien que ce pays ait été un théâtre d'opérations militaires). Toute
la difficulté consistait dès lors à estimer la mortalité et la fécondité