Pierres et poteries sacrées du Mandara, Cameroun Nord (Mission Sahara-Cameroun) - article ; n°1 ; vol.7, pg 53-68
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1937 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 53-68
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul-Henry de Lauwe
Pierres et poteries sacrées du Mandara, Cameroun Nord
(Mission Sahara-Cameroun)
In: Journal de la Société des Africanistes. 1937, tome 7 fascicule 1. pp. 53-68.
Citer ce document / Cite this document :
de Lauwe Paul-Henry. Pierres et poteries sacrées du Mandara, Cameroun Nord (Mission Sahara-Cameroun). In: Journal de la
Société des Africanistes. 1937, tome 7 fascicule 1. pp. 53-68.
doi : 10.3406/jafr.1937.1623
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1937_num_7_1_1623ET POTERIES SACRÉES PIERRES
DU MANDARA (Cameroun nord)
(Mission Sahara-Cameroun),
t>AR
Paul-Henry de LAUWE.
(Planches 111 à V)
Nous résumons ici des notes prises au cours de la mission ethnogra
phique Sahara-Cameroun, dirigée par M. Marcel Griaule, suite et com
plément logique de la mission Dakar- Djibouti.
Ces quelques lignes sont seulement destinées à montrer un aspect ori
ginal de certaines croyances fort répandues. Il ne faut pas y chercher une
étude définitive, mais le compte rendu des premiers résultats d'une
enquête.
Les populations dont il est question ont leur habitat dans les mon
tagnes du Mandara, au sud du Tchad, dans la zone est de la partie du
Cameroun français dite : « la Région Nord ». Il s'agit uniquement des
autochtones, chez lesquels l'influence des envahisseurs fouibés n'a pas
troublé, d'une manière sérieuse, les coutumes primitives.
Il serait actuellement difficile de les définir du point de vue anthropo
logique. A la limite du Soudan et du monde Bantou, la région de
l'Afrique centrale où elles vivent contient un composé de races fort
complexe.
Si l'anthropologue rencontre ici des difficultés, l'ethnographe et le lin
guiste ne sont pas mieux partagés. « La Région Nord » comprend plus
d'une trentaine de peuplades différentes tant par leurs langues que par
leurs institutions. Nous pouvons déjà signaler plus de 4o dialectes.
Cependant, les ressemblances culturelles ne manquent pas. Ainsi
cette forme particulière du culte des ancêtres et des puissances surnatur
elles que nous allons essayer de décrire1.
1. Les travaux n'abondent pas sur la région. La mission Dakar- Djibouti a rap
porté des documents dont une partie seulement a été publiée. Plusieurs rapports
intéressants ont été faits par les chefs des circonscriptions et des subdivisions. Ils SOCIÉTÉ DES AFKICANISTES 54
Les pratiques religieuses de la plupart des populations non islamisées
du Mâdara, sont caractérisées par un trait commun : la représentation
par des pierres polies et des bourmas (ou poteries) d'êtres auxquels on rend
un culte.
TCH/4D
Mora. N
MO KOLO м ® / \ \ MARQUA (S)
FAU
°7
Échelle -. j/i. 500.000
Fig. 8. — Carte de répartition des populations de la zone est du Cameroun nord.
Parmi ceux-ci, les ancêtres sont les plus nombreux. Ce ne sont pas
les seuls. Il en existe de plus ou moins définis qui ressemblent parfois
sont pour beaucoup restés dans les archives des postes ou du gouvernement. Aucun,
à notre connaissance, ne parle des questions que nous traitons ici.
II y aurait lieu de signaler des articles allemands et l'unique carte ethnographique,
publiée, due à G. Tessman tZeitschrift fur Ethnologie, t. XXXII, Tafel 4). ET POTERIES SACRÉES DU MAN DAR A 55 PIERRES
à de véritables dieux. Les uns et les autres rentrent dans un système
complexe, dont il est difficile de démêler les fils conducteurs.
Bourmas (ou poteries) Matakam. — G est chez un forgeron Matakam '
que l'existence des bourmas des ancêtres a été observée pour la première
fois, au cours de pratiques divinatoires.
Les forgerons jouent, chez les Matakam, un rôle de premier plan. Comme
dans beaucoup d'autres parties de l'Afrique, ils forment une caste et
sont soumis à tous les interdits qu'entraîne cette situation. Ils doivent
prendre leurs repas séparément, et se marier entre eux. Le fer étant
abondant, ils sont, en général, plusieurs dans chaque village, et ne
souffrent pas trop de cette endogamie forcée.
Lorsqu'un Matakam rencontre un forgeron, il se moque volontiers de
lui. Il se rit de sa pauvreté, de ses manières bizarres... Tout est prétexte
pour le tourner en ridicule. Mais dans les circonstances graves, lorsque
le public n'est pas disposé à rire de plaisanteries faciles, les situations
sont renversées. Ainsi, lorsqu'un homme est malade, c'est au forgeron
qu'il va demander conseil. Celui-ci amène le patient devant sa maison,
où se trouve un grand rocher plat sur lequel il opère toujours.
C'est à ce moment que nous avons surpris le forgeron de Koza en plein
travail. Il disposait les uns contre les autres un certain nombre de cai
lloux plats et allongés, de telle façon qu'ils reposassent sans tomber sur
leurs parties aiguës. Devant cette petite construction, qui semblait lui
servir de point de repère, le devin s'assit les jambes écartées, comme le
montre la photographie. Il prit alors quelques poignées de cailloux tirés
du lit des torrents 2. Après les avoir mélangés, il les réunit d'abord
devant lui en un grand tas. Il commença à les compter deux par deux
jusqu'à ce qu'il n'en restât que trois ou deux. Lorsqu il restait trois cail
loux, il en plaçait un à droite, s'il en restait deux, il en plaçait un à
gauche. La droite représente le bien, la gauche le mal. Le sort penche
du côté où les cailloux sont les plus nombreux. La décision varie suivant
que le partage a donné ou non un résultat favorable.
Pendant tout le temps que dura l'opération à laquelle nous étions pré
sents, le malade se tint debout à côté du forgeron pour attendre sa déci
sion. Celui-ci déclara que la chose était grave (le pseudo-malade parais
sait aussi bien portant que vous ou moi) et que le patient devait, pour
obtenir sa guérison, satisfaire l'un de ses ancêtres qui le tourmentait.
Pour cela, il devrait, dès le lendemain, lui préparer des boules de mil et
lui donner à manger.
Comme nous lui demandions de quelle manière il était possible de
1. A Koza, au nord deMokolo.
2. Lorsque nous avons observé l'opération, il y avait 53 cailloux. Leur nombre
varie naturellement à chaque fois. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 56
nourrir ainsi un parent mort, le forgeron alla chercher dans sa case deux
bourmas décorées de dessins en relief et nous expliqua le sens de cha
cune.
Tout homme possède un certain nombre de bourmas, dont chacune
représente un personnage défunt de la famille1 et porte .son nom. C'est
la femme du forgeron qui les fabrique, comme toutes les autres poteries,
sur la demande des héritiers.
Les ornements des bourmas symbolisent une partie du corps des indi
vidus représentés. S il s'agit d'une femme, on dessine, en général, un
sexe féminin. Pour un homme, с est tantôt un sexe masculin, tantôt une
barbe schématisée par une proéminence en pointe. A la base du col de
la bourma de l'homme, une série d'excroissances disposées en collier est
censée représenter « ses mamelles ».
Le chef de famille garde soigneusement, dans la case d'entrée de la
demeure, les images de son père et de sa mère. Elles sont placées sur
une étagère formée de branches reposant sur deux traverses. Celles-ci
sont maintenues par des piquets de bois plantés dans le sol. Tout le
monde passe et repasse dans cette case d'entrée, on bouscule au besoin
les ancêtres pour prendre un carquois ou une calebasse posés à côté
d'eux. Il ne semble pas qu'on leur porte, en temps ordinaire, la moindre
marque de respect.
Cependant, il arrive qu'un habitant de la maison rêve d'un parent
mort. Celui-ci demande une victime : un poulet de couleur déterminée,
un cabri, ou autre chose. Le chef de famille prend alors la bourma cor
respondante et dispose du fumier de mouton sur sa face extérieure. 11
sacrifie ensuite la victime désignée en prononçant une phrase rituelle :
Kada bab (и) ga kafae l matokon sabba
Voilà mon père il ne faut pas moi faire mal.
Dagga e liih lûh
Surveillez-moi bien bien.
Avant de manger du mil nouveau pour la première fois, le chef de
famille va chercher la bourma qui représente son père. Il mélange de la
bière et de la farine de mil dans une calebasse qu'il cogne contre la
bourma. Sa femme, ses enfants, les étran

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