Police et sociologie : questions croisées - article ; n°4 ; vol.9, pg 297-311
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Description

Déviance et société - Année 1985 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 297-311
Jusqu'à très récemment les sociologues français ne se sont que fort peu intéressés à la police. L'auteur examine les raisons plausibles d'une abstention d'autant plus fâcheuse que la recherche sur la police soulève nombre de questions sociologiquement importantes. Comment, par exemple, appréhender ce type de travail particulier que constitue l'activité policière? Les théories de l'organisation sont-elles applicables à la bureaucratie policière? Comment analyser une profession réglée dont ni les savoirs ni les tâches ne sont clairement définies? L'instrumentalité policière est-elle source d'un processus plus général de politisation?
Up to now, French sociologists have not devoted much interest to the police. Some reasons for that abstention are suggested and discussed. The author conversely points out some sensible questions raised by an empirical research on that field to sociological analysis. Do the sociology of work concepts fit the peculiarities of police activities? Is police organisation a bureaucracy? How to deal with the « profession » notion in a case where its alleged basis : specific knowledge and functions are much debated? Is police administration an isolated instance of politicization mecanisms among civil service?
Die französischen Soziologen haben sich bis vor kurzer Zeit sehr wenig um die Polizei interessiert. Der Autor untersucht die Ursachen dieser Unterlassung, die als solche ärgerlich ist, da ja die Polizei sehr wichtige soziologische Fragen aufwirft. Wie kann man zum Beispiel die Tatigkeit der Polizei näher umschreiben? Kann man die Organisationstheorien an der Polizeiburokratie anwenden? Wie kann man einen Beruf bewerten dessen Wissen und Aufgaben nicht klar definiert sind ? 1st die Polizeiliche Administration eine eigenartige Instanz der Politisierung innerhalb der Verwaltung?
Tot voor kort toonden de franse sociologen weinig interesse voor de politie. De auteur zoekt naar aanvaardbare redenen voor die onthouding, die des te ergerlijk is omdat het onderzoek over de politie belangrijke sociologische vragen oproept. Hoe duiden wij bijvoorbeeld deze soort bijzondere arbeid die de politie-activiteit toch wel is? Kunnen de organisa- tie-theorieën worden toegepast op de politie-bureaucratie? Hoe ontleden wij een gereguleerd beroep waarvan noch de kunde, noch de taken duide- lijk afgebakend zijn? Is het politie-instrumentarium bron van een meer algemene processus van politisering?
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Dominique Monjardet
Police et sociologie : questions croisées
In: Déviance et société. 1985 - Vol. 9 - N°4. pp. 297-311.
Citer ce document / Cite this document :
Monjardet Dominique. Police et sociologie : questions croisées. In: Déviance et société. 1985 - Vol. 9 - N°4. pp. 297-311.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1985_num_9_4_1452Résumé
Jusqu'à très récemment les sociologues français ne se sont que fort peu intéressés à la police. L'auteur
examine les raisons plausibles d'une abstention d'autant plus fâcheuse que la recherche sur la police
soulève nombre de questions sociologiquement importantes. Comment, par exemple, appréhender ce
type de travail particulier que constitue l'activité policière? Les théories de l'organisation sont-elles
applicables à la bureaucratie policière? Comment analyser une profession réglée dont ni les savoirs ni
les tâches ne sont clairement définies? L'instrumentalité policière est-elle source d'un processus plus
général de politisation?
Abstract
Up to now, French sociologists have not devoted much interest to the police. Some reasons for that
abstention are suggested and discussed. The author conversely points out some sensible questions
raised by an empirical research on that field to sociological analysis. Do the sociology of work concepts
fit the peculiarities of police activities? Is police organisation a bureaucracy? How to deal with the «
profession » notion in a case where its alleged basis : specific knowledge and functions are much
debated? Is police administration an isolated instance of politicization mecanisms among civil service?
Zusammenfassung
Die französischen Soziologen haben sich bis vor kurzer Zeit sehr wenig um die Polizei interessiert. Der
Autor untersucht die Ursachen dieser Unterlassung, die als solche ärgerlich ist, da ja die Polizei sehr
wichtige soziologische Fragen aufwirft. Wie kann man zum Beispiel die Tatigkeit der Polizei näher
umschreiben? Kann man die Organisationstheorien an der Polizeiburokratie anwenden? Wie kann man
einen Beruf bewerten dessen Wissen und Aufgaben nicht klar definiert sind ? 1st die Polizeiliche
Administration eine eigenartige Instanz der Politisierung innerhalb der Verwaltung?
Tot voor kort toonden de franse sociologen weinig interesse voor de politie. De auteur zoekt naar
aanvaardbare redenen voor die onthouding, die des te ergerlijk is omdat het onderzoek over de politie
belangrijke sociologische vragen oproept. Hoe duiden wij bijvoorbeeld deze soort bijzondere arbeid die
de politie-activiteit toch wel is? Kunnen de organisa- tie-theorieën worden toegepast op de politie-
bureaucratie? Hoe ontleden wij een gereguleerd beroep waarvan noch de kunde, noch de taken duide-
lijk afgebakend zijn? Is het politie-instrumentarium bron van een meer algemene processus van
politisering?Déviance et Société, 1985, Vol. 9, No 4, pp. 297-311
POLICE ET SOCIOLOGIE:
QUESTIONS CROISÉES
D. MONJARDET*
Hormis quelques notables exceptions, les sociologues français ne se
sont, à la différence de leurs collègues étrangers, que fort peu intéressés à la
police. Les difficultés de l'accès à un terrain supposé ou éprouvé peu
accueillant expliquent pour une part cette étrange absence, elles n'en sont
certainement pas la seule raison : d'autres terrains également fermés — le
patronat par exemple — ont nourri un permanent courant d'études et de
recherches.
En esquissant dans ce texte un plaidoyer pour l'analyse sociologique
de la police, on essayera d'identifier, et de réfuter, quelques raisons plausi
bles de cet apparent désintérêt, et de montrer — à partir d'une recherche en
cours sur la police urbaine en France — que la police — institution, organis
ation, corps et pratiques professionnels — constitue un objet privilégié
pour ressaisir quelques dimensions fondamentales du questionnement
sociologique : ordre et désordre, force et violence, loi et déviance ou, plus
empiriquement, organisation et bureaucratie, profession et corporation, ins-
trumentalité et politisation.
I. Sortir de la méconnaissance
Le bilan des recherches effectuées sur la police en France est vite fait :
une vingtaine de titres en 20 ans dont les deux tiers sont l'oeuvre de juristes,
et criminologues, la perspective criminologique orientant d'ailleurs l'essent
iel des rares travaux sociologiques. S'il n'est pas question de contester cette
approche, il faut noter qu'elle ne prend en compte que très partiellement
l'activité policière. Deux chiffres doivent ici être présents à l'esprit : les quat
re cinquièmes des effectifs policiers sont constitués par la «tenue» (80%
exactement en 1982, chiffres du pré-rapport Belorgey) ; au sein de celle-ci,
seuls les personnels affectés aux polices urbaines (à l'exception donc des
C.R.S., de la Police de l'Air, etc.) ont des activités de police judiciaire et, si
on en croit l'étude déjà ancienne de D. Linotte (1975), mais que nos obser
vations actuelles confirment, celles-ci ne représentent pas plus de 10 à 12%
de leur emploi du temps. C'est dire que le « crime » n'occupe qu'une place
très minoritaire (au moins quantitativement) dans l'activité policière. On est
ainsi amené à conclure ce bilan par un constat de quasi-carence : cette inst
itution sociale omniprésente, support — sous forme « d'Etat policier » — de
* C.N.R.S. et Université de Paris VII.
297 bien des fantasmes de la science-fiction sociologique, mais aussi de bien des
réalités historiques, suscite cent fois moins de recherches que la justice, la
santé, la ville, l'industrie etc. Tenter de comprendre ce curieux état de fait
conduit à interroger les deux ensembles de protagonistes : les chercheurs et
leur attitude vis-à-vis de la police, mais aussi la police et son attitude vis-à-
vis de la recherche.
A. Du côté des chercheurs, on peut évoquer trois raisons expliquant
cette abstention, mais qui apparaissent également peu probantes.
1. On a déjà évoqué la possibilité d'une auto-censure devant un «ter
rain » supposé impénétrable : si les chances d'y accéder paraissent nulles, il
devient professionnellement absurde (et dommageable) d'y investir. Ce ra
isonnement soulève deux objections évidentes :
— Les très rares chercheurs qui s'y sont réellement risqués ne semblent
pas avoir rencontré des difficultés très supérieures à ce qui se passe
chaque fois que le terrain est délicat i.
— A supposer même que la police soit objectivement plus impénétrable à
l'investigation sociologique que l'entreprise industrielle privée par
exemple, il resterait à se demander si cette situation est propre à la
France. Sinon comment expliquer qu'il y ait un intérêt et des
recherches dans ce champ beaucoup plus abondants aux Etats-Unis,
aux Pays-Bas, au Canada, en Allemagne, au Royaume-Uni? Si oui,
nul ne semble avoir tenté d'expliquer cette particularité.
— Enfin lorsque l'obstacle cède, ce qui a été le cas en France à partir de
1982 avec le lancement — par le Ministère de l'Intérieur — d'un
appel d'offre à destination de la communauté scientifique, la réponse
de celle-ci a été, au moins quantitativement, très réservée.
2. Soupçonnera-t-on un préjugé d'origine idéologique? L'orientation
supposée majoritairement « de gauche » des sociologues les conduirait plus
souvent à étuder les objets pour lesquels ils se sentent de la sympathie
(classe ouvrière, syndicalisme, mouvements sociaux, etc) que ceux vis-à-vis
desquels ils nourrissent des préventions (patronat, police, armée, etc.). Rai
son aussi peu convaincante que la précédente :
— il y a des sociologues « de droite » 2 en quantité non négligeable,
— si la sensibilité idéologique était déterminante, la raison politique
conduirait plus rationnellement à scruter le supposé adversaire plutôt
que le partenaire,
— il y a enfin, justement, un courant important et croissant d'études sur
le patronat, la (les) classe(s) dirigeante(s), les instances de contrôle
social, etc. La police semble là encore faire inexplicable exception.
3. Le manque d'intérêt supposé de l'objet. Ce ne serait plus alors l'impé
nétrabilité supposée de la police qui serait en cause mais au contraire, à un
autre niveau, sa transparence. On croirait tout savoir sur elle

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