Pour une approche subjectiviste du social - article ; n°6 ; vol.44, pg 1435-1459
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1989 - Volume 44 - Numéro 6 - Pages 1435-1459
For a Subjectivist Approach to Social History
The future of social history in France depends upon a renewal of reflexion on the relations between history and sociology since the beginning of the century. The work of Lucien Febvre is the best starting point for such an undertaking. It leads us to give up certain utopian notions of interdisciplinary discourses and revive the subjectivist approach in the perspective of a fullfledged social history.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Noiriel
Pour une approche subjectiviste du social
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e année, N. 6, 1989. pp. 1435-1459.
Abstract
For a Subjectivist Approach to Social History
The future of social history in France depends upon a renewal of reflexion on the relations between history and sociology since
the beginning of the century. The work of Lucien Febvre is the best starting point for such an undertaking. It leads us to give up
certain utopian notions of interdisciplinary discourses and revive the "subjectivist" approach in the perspective of a "fullfledged"
social history.
Citer ce document / Cite this document :
Noiriel Gérard. Pour une approche subjectiviste du social. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e année, N. 6,
1989. pp. 1435-1459.
doi : 10.3406/ahess.1989.283663
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1989_num_44_6_283663POUR UNE APPROCHE SUBjECTIVISTE DU SOCIAL
GERARD N01RIEL
La possibilité qui reste des interlocuteurs qui ne se comprennent pas est de se
reconnaître comme membres de groupes linguistiques différents et de devenir
alors des traducteurs Thomas Kuhn
Inutile imagine de revenir sur le thème histoire et sociologie Nous
avons tous traité vingt reprises et dans le même esprit est sans doute
parce que beaucoup historiens et de sociologues souscrivent encore cette
remarque faite il trente-cinq ans que le dialogue entre les deux disciplines
est hui si peu fourni Je crois pourtant une reprise de la réflexion
sur les rapports histoire-sociologie est une nécessité pour bien négocier le
tournant critique évoqué récemment dans les Annales2 Comme on tentera
de le montrer dans cet article est par un retour la pensée de Lucien Febvre
beaucoup plus celle de Fernand Braudel que ce renouveau peut être
engagé Par son refus des débats scolastiques sur la science par son effort
constant pour mobiliser la culture pluridisciplinaire afin de défendre la spécifi
cité du travail de historien contre les entreprises extérieures de discrédit par
ses critiques anticipées de certaines impasses de histoire quantitative
objectiviste epistemologie pratique de Lucien Febvre constitue le meil
leur point de départ pour qui souhaite contribuer éclosion une histoire
sociale part entière
Les impasses une vieille querelle
Dans le cas fran ais les rapports entre la sociologie et histoire ont été pro
fondément marqués par la fa on dont le premier débat entre les deux disciplines
est engagé au tournant du siècle De là datent toute une série de polémiques
de faux problèmes et incompréhensions il agit hui de
surmonter
Sans revenir une fois de plus sur le détail un conflit qui culmine dans le
1435
Anna/es ESC novembre-décembre 1989 no pp 1435-1459 HISTOIRE ET SCIENCES SOCIALES
fameux débat Simiand-Seignobos du début du siècle4 isolons simplement
quelques traits saillants de argumentation utilisée dans les deux camps
Le point central tient dans un refus admettre la légitimité scientifique de
autre discipline est peut-être Fustel de Coulanges qui il tout juste cent
ans donné le coup envoi On inventé depuis quelques années le mot
sociologie .Le mot histoire avait le même sens et disait la même chose
du moins pour ceux qui entendaient bien histoire est la science des faits
sociaux donc la sociologie même Si la nouvelle génération emmenée par
Monod Lavisse ou Seignobos est beaucoup plus prudente dans la revendica
tion une histoire-science elle en reste pas moins mobilisée contre la socio
logie nouvelle venue Le refus de considérer histoire comme une science
simple procédé de connaissance dit Seignobos est-à-dire technique ana
lyses des textes encore trop embryonnaire pour prétendre la synthèse
explicative tient au fait que son objet est homme est-à-dire un individu
singulier dont il est illusoire espérer comprendre les intentions et plus encore
enfermer celles-ci dans des lois Par conséquent et pour les mêmes raisons la
sociologie ne peut elle non plus revendiquer le titre de discipline scientifique La est même subordonnée histoire car elle appuyé aussi sur des
documents et sur la méthode critique inventée par les historiens
La sociologie universitaire se constitue la fin du xixe siècle en développant
une argumentation complètement opposée Pendant près un demi-siècle les
principes formulés dans les Règles de la méthode sociologique de Durkheim
ouvrage est publié pour la première fois en 1895 fourniront essentiel de
argumentation contre les historiens Reprochant ces derniers leur nomina
lisme chaque peuple est unique toute généralisation est impossible) Durk
heim affirme que étude des sociétés permet de dégager des lois comme en
physique condition de traiter les faits sociaux comme des choses est-à-
dire écarter les données subjectives et contingentes En négligeant les élé
ments singuliers propres telle ou telle époque on peut mettre en uvre la
méthode comparatiste Grâce au procédé des variations concomitantes qui
remplace en sociologie expérimentation du physicien) le chercheur est
même isoler des relations invariantes et de dégager des lois scientifiques
où inutilité étudier tous les faits relatifs un phénomène donné comme le
font les historiens puisque bien souvent une seule observation condition
elle soit bien faite suffit pour dégager une loi La sociologie qui revendique
le comparatisme comme une spécificité prétend donc englober les autres disci
plines comme autant de provinces de champs expérimentations où elle puise
les matériaux lui permettant la construction des lois Fran ois Simiand qui
reprend essentiel de cette argumentation dans ses deux conférences de 1903 et
1906 en conclut Comme science autonome qui serait complète par elle-
même histoire pas sa raison être et est destinée disparaître
Pour la suite deux aspects de argumentation sont essentiels Le premier
concerne la manière de définir la science Paradoxalement sur ce point les pro
tagonistes sont accord sur essentiel Ils admettent la fois une définition
normative est-à-dire produite de extérieur de leur discipline par les philoso-
phes-épistémologues et une définition calquée sur les modèles que fournissent
les sciences exactes Ces deux préalables seront lourds de conséquences Pour
les historiens on ne peut que constater il là deux handicaps majeurs puis-
1436 NOIRIEL ANALYSE DU SOCIAL
ils acceptent emblée un terrain peu familier En effet la discussion sur la
science ou selon la formulation kantienne sur les conditions de possibilité de
la science constitue depuis toujours un des thèmes de prédilection de la
réflexion philosophique Or point essentiel la formation de élite sociologique
en France passe par agrégation de philosophie et comme le note Madeleine
Rebérioux Année sociologique est largement dominée par les agrégés de phi
losophie7 Une bonne partie de la naïveté que on reprochée Seignobos
explique tout simplement par le fait que dans sa formation intellectuelle his
torien il pas pu acquérir la culture et la maîtrise théoriques requises dans le
débat philosophique8 Par ailleurs en acceptant le modèle épistémologique des
sciences de la nature les historiens fran ais sont contraints de renoncer pour
leur discipline au prestige de la science tant donné que histoire est incapable
de découvrir des lois elle ne peut que se cantonner dans un rôle modeste
méthodologique au contraire des sociologues qui trouvent dans leur culture
philosophique scolaire le langage permettant de persuader une partie de la
communauté intellectuelle de la scientificité de leur pratique
Or on sait au même moment en Allemagne tout un courant de la phi
losophie élabore un modèle épistémologique complètement opposé Refusant
de fonder les sciences de esprit sur les normes des sciences exactes une
réflexion une très grande richesse et une importance décisive dans his
toire de la philosophie et de la sociologie Husserl et Max Weber sont les héri
tiers de cette tradition) vise démontrer la possibilité une science historique
fondée sur le singulier et expérience vécue Les historiens fran ais qui sont
parfaitement au courant des débats qui nourrissent pour partie les polémiques
très violentes sur la crise de histoire la fin du siècle en Allemagne9 auraient
pu trouver outre-Rhin un arsenal arguments contre objectivisme durkhei-
mien ils en tirent finalement peu de profit est que les normes

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