Pour une histoire de l environnement : la part du climat - article ; n°5 ; vol.25, pg 1459-1470
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 5 - Pages 1459-1470
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emmanuel Le Roy Ladurie
Pour une histoire de l'environnement : la part du climat
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1459-1470.
Citer ce document / Cite this document :
Le Roy Ladurie Emmanuel. Pour une histoire de l'environnement : la part du climat. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1459-1470.
doi : 10.3406/ahess.1970.422285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_5_422285INTER-SCIENCES
Pour une histoire de l'environnement:
la part du climat
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ales (soit de 1670 à 1965), permet de faire le point sur le réchauffement récent,
replacé dans le contexte climatique des derniers siècles.
Cette histoire purement météorologique, dessinée par le chercheur allemand,
est parfaitement originale par sa trame, par son écriture, par ses dates quelquef
ois précises comme des années de bataille, d'autres fois nécessairement plus
élastiques ; elle commence très mal... et ne se termine pas bien. La terminaison,
on le verra, c'est le cooling, le rafraîchissement récent, plutôt fâcheux, inauguré
en Europe depuis une quinzaine d'années après les fastes et les belles chaleurs
des années 1942-1953. Quant aux commencements des séries Rudloff, ils coïn
cident avec la fin assez glaciale du XVIIe siècle : au moment même où
1. H. VON RUDLOFF, Die Schwankungen und Pendelungen des Klimas in Europe se it
dem Beginn der regelmassigen Instrumenten-Beobachtungen, Braunschweig (Vïeweg,
éditeur), 1967. L'autre ouvrage est celui de H. H. LAMB, The changing climate, Londres
(Methuen), 1966.
1459 INTER-SCIENCES
démarrent, très rares encore, ces séries instrumentales régulières, dont la mise
en évidence forme le tissu même du livre de notre auteur.
Le grand froid du XVIIe siècle finissant représente, en effet, l'une des découv
ertes importantes, réalisée par Gordon Manley dans son archéologie des tem
pératures anglaises, dont les conclusions sont reprises par von Rudloff x. Autour
de 1690, printemps, étés, automnes, hivers, mesurés par les thermomètres déjà
valables de cette époque, sont plus froids de près de 1 ° C, qu'ils ne le seront
jamais, au cours des deux siècles et demi d'observations régulières qui suivront,
jusqu'en 1950-1960. On l'a dit ailleurs, à propos des dates de vendanges, on
peut le redire, en s'aidant des données instrumentales : s'il y a une période où
l'on peut parler de pessimum, de little ice age, c'est bien cette décennie 1689-
1698, marquée en toute saison par des températures moyennes inférieures à la
normale ; de là les grands hivers (1693-1694 ; 1694-1695) où le Bodensee
est gelé à porter charrettes, où l'Islande est, entièrement ou presque, entourée
de glaces ; de là la forte hausse décennale des prix du blé, suscitée notamment
par les grandes famines, par le grain mûrissant mal, pourrissant sous les pluies,
gelant : c'est l'horrible disette de 1693-1694 ; ou celle de 1696-1697 par suite
de laquelle le tiers de la population finlandaise est couchée dans la tombe 2.
Dans la suite, au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, une améliora
tion sensible est enregistrée. Printemps, étés, automnes se réchauffent sensible
ment, tandis que les situations anticyclonales se répandent sur l'Europe, et que
les trajectoires des dépressions, caractéristiques du flux d'ouest, se déplacent
vers le nord. Cet échauffement dont les travaux de Gustav Utterstrom 3 per
mettent de mesurer, en Suède, les heureuses conséquences agricoles et démog
raphiques, culmine autour des années 1730-1739, magnifiquement ensoleil
lées, marquées par un bref optimum. Seuls les hivers paraissent réfractaires à
cette « détente » du premier XVIIIe siècle. Ils demeurent très froids et neigeux ;
et cette rigueur s'affirme notamment lors de l'épouvantable hiver de 1709, qui
détruit les moissons, crée la famine après la récolte, ou plutôt après la non-
récolte qui suit, et fait ainsi en Europe, au bas mot, des centaines de milliers de
morts tués par la faim ou par les épidémies ; celles-ci fleurissant sur le terrain infec
tieux d'une dénutrition exaspérée.
Après 1709, toutefois, on note une certaine accalmie hivernale (toute rela
tive ! car les hivers de cette période un peu adoucie restent néanmoins nette
ment plus froids, de près de 1 °C, que pendant l'optimum du XXe siècle). Cette
accalmie est maximale, elle aussi, dans la belle décennie 1730, qui décidément
voit culminer la chaleur de toutes les saisons.
1. Sur les séries thermométriques de la fin du XVIIe siècle, cf. H. H. LAMB, The changing
climate, Londres, 1966, p. 175 ; VON RUDLOFF, op. cit., 1967, pp. 98, 102, 108, 114, 120
2. P. JEANNIN, l'Europe du nord-ouest et du nord aux XVIIe etXV/He siècles, Paris (P.U.F.)
1969, p. 94, note 4.
3. UTTERSTROM, dans Scand. econ. hist, rev., 1954 et 1962. D'une façon générale, le
réchauffement estival du XVIIIe siècle, par contraste avec des périodes plus fraîches à la fin du
XVIIe siècle, et au début du XIXe, paraît être un fait assez général, non seulement en Europe, mais
aussi aux hautes latitudes de l'hémisphère nord, proches de l'Arctique : voyez, d'après les tree-
rings, la forte pousse des arbres, stimulée par la chaleur de l'été, au XVIIIe siècle en Scandinavie,
en Oural polaire et Nord-Ouest canadien (BRAY, dans Nature, 205, p. 441, 30 janvier 1965,
et dans Journ. of glac, 1966, p. 322 ; BRAY et STRUIK, dans Canad. Journ. of Bot, 1963,
p. 1245 ; ADAMENKO, dans Journ. of glac, 1963, pp. 449-451).
1460 CLIMAT ET ENVIRONNEMENT E. LE ROY LADURIE
Par la suite, et toujours selon von Rudloff, un nouveau refroidissement
s'instaure : il est perceptible aux quatre saisons dans la décennie 1740. Il démarre
durement avec l'année 1740, elle-même uniformément froide, en hiver, prin
temps, été, automne. Ces rudes saisons de 1740 compromettent les récoltes et
répandent donc la disette, quoique à un degré bien moindre qu'en 1 709 : les
spécialistes de démographie historique considèrent que dans les régions
d'agriculture évoluée de la France, comme est le Bassin parisien, la disette de
1740-1741, consécutive à la mauvaise moisson de 1740, représente la dernière
crise de subsistances digne de ce nom1 ; accompagnée ou parfois précédée
d'épidémies, elle a entaillé d'un ultime coup de hache, et de morts nombreuses,
les populations d'Ancien Régime. Après cette date, grâce à divers progrès rela
tifs à l'agriculture, grâce aux routes et au commerce des blés, il n'y aura plus, en
France du nord, de vraie famine, causant massivement morts d'hommes par
faim brutale.
Quoi qu'il en soit, les quarante premières années du XVIIIe siècle, jusqu'en
1739 inclusivement, constituent bel et bien la phase d'un certain attiédissement,
lequel est perceptible par comparaison avec les rigueurs du XVIIe siècle finis
sant et avec celles, précitées, de la décennie 1740. Attiédissement insuffisant
pour faire recu

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