Pour une histoire des villes du Sud-Est asiatique - article ; n°4 ; vol.25, pg 842-856
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 842-856
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denys Lombard
Pour une histoire des villes du Sud-Est asiatique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 4, 1970. pp. 842-856.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard Denys. Pour une histoire des villes du Sud-Est asiatique. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année,
N. 4, 1970. pp. 842-856.
doi : 10.3406/ahess.1970.422325
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_4_422325Pour une histoire des villes
du Sud-Est asiatique
de cultures si on le la L'Asie sait phénomène Chine, qu'en qui du s'y de ce Sud-Est l'Islam sont carrefour, urbain ainsi offre et n'y de le croisées. à porte l'historien l'Europe « substrat pas, Il s'en et de un » l'on a façon faut terrain largement est malheureusement originale, a à priori la subi fois en la les privilégié droit marque influences que de et se nous des complexe demander de diverses l'Inde, dispo ;
sions déjà des monographies élémentaires qui permettraient de donner à cette ques
tion une réponse certaine ; sauf exceptions, les études archéologiques ont princ
ipalement porté sur des édifices religieux (hindouistes ou bouddhistes) et, pour la
période antérieure à l'arrivée des Européens, l'histoire économique et sociale reste
pour ainsi dire à écrire. De quelle prudence ne devrait-on pas s'armer, lorsqu'on
voit que les occidentalistes, pourtant nourris de documents plus nombreux et surtout
mieux élaborés, n'arrivent point encore à s'entendre sur le sens exact de tel terme-clef ?
De cette prudence toutefois, beaucoup se départissent aujourd'hui. Les sta
tistiques, il est vrai, ont démontré depuis quelques décennies l'urgence d'une étude
systématique du phénomène urbain en Asie, et en Asie du Sud-Est en particulier.
L'extraordinaire développement des agglomérations urbaines dans cette région
avait attiré, dès avant la Deuxième Guerre mondiale, l'attention de certaines autori
tés coloniales et, depuis 1945, il mobilise toute une pléiade d'économistes et de
géographes qui, préoccupés par l'ampleur subite de ces « fourmilières humaines »
décrivent, dénombrent et démontrent, en replaçant généralement le problème dans
un cadre plus vaste, celui de l'essor urbain du tiers monde tout entier 1. Il est indé-
1. Si la population urbaine mondiale avait augmenté de 342 millions de 1950 à 1960, celle des
villes du tiers monde avait crû à elle seule de 200 millions ; cf. T. G. Me Gee, The Southeast Asian
City, Londres, 1967, pp. 15-28, le chapitre intitulé : « The Southeast Asian City and the Third
World. » Parmi les ouvrages ou articles très nombreux consacrés à ces questions (cf. la bibliogra
phie de l'ouvrage de Me Gee), on peut lire par exemple : J. Chesneaux, « Notes sur l'évolution
récente de l'habitat urbain en Asie », in V Information géographique, vol. 13, 1949, pp. 169-175 et
vol. 14, 1950, pp. 65-85 (Compte rendu par J. E. Spencer, in Geographic Review, vol. 41, 1951,
p. 336) ; M. Santos, Aspects de la géographie et de l'économie urbaines des pays sous-développés,
Paris, C.D.U., 1969.
842 VILLES DU SUD-EST ASIATIQUE D. LOMBARD
niable en effet que, bien que comptant encore au nombre des régions du globe les
moins urbanisées 1, l'Asie du Sud-Est a dans son ensemble participé au rythme de
croissance accéléré des dernières années et la population de Manille, pour ne
donner qu'un exemple, est ainsi passée de 1,3 million en 1948, à 2,1 million
en 1960.
Si ces études ont le grand mérite d'insister sur l'importance de ce phénomène
contemporain, elles ont selon nous, deux inconvénients majeurs ; elles ont d'abord
tendance à opposer ce bourgeonnement récent à une situation antérieure, quali
fiée grossièrement de « traditionnelle » sans chercher à analyser de combien de
bourgeonnements plus anciens cette « tradition » s'est faite ; obnubilées par l'aspect
« général », asiatique, voire mondial du phénomène, elles ont tendance à oublier
ce qu'il peut avoir de spécifique et elles en cherchent généralement l'explication
dans quelque effet de 1' « impact européen » 2 sans rechercher si certaines de ses
racines ne se trouvent pas dans le passé « pré-européen » de la région considérée.
Nous proposerons ici d'amorcer une analyse franchement diachronique, c'est-à-
dire qui tienne compte aussi du temps long.
Parfaitement conscient de ce que les résultats de l'archéologie peuvent avoir de
transitoire — à vrai dire seuls quelques rares sites ont été convenablement fouil
lés — , nous proposerons néanmoins à titre d'hypothèse de travail de distinguer
quatre phases dans l'histoire urbaine de l'Asie du Sud-Est, en essayant de montrer
combien une meilleure connaissance des trois premières permettrait de mieux saisir
le sens de la quatrième, qui seule pour ainsi dire fait l'objet des études contempor
aines.
1° IIP-IX* siècles. — L'histoire commence ici, on le sait, avec les premiers témoi
gnages de l'indianisation, inscriptions sur pierre, rédigées en sanskrit dans des écri
tures dérivées de modèles indiens ; elle commence aussi, pour nous, avec l'appari
tion des premiers toponymes. Transmis jusqu'à nous par les épigraphes ou par
les annales chinoises — ce qui prouve l'existence dès le me siècle de contacts entre
l'Asie du Sud-Est et la Chine — , ces toponymes désignaient certaines formes d' « ag
glomérations », sur lesquelles, hélas, nous ne sommes guère encore renseignés.
Non seulement les sites repérés sont peu nombreux, mais on hésite parfois encore
sur la localisation de certains noms.
Dans l'Archipel insulindien, où nous avons des inscriptions à partir du Ve siècle
et une étonnante série de monuments religieux à partir du vne siècle (dont certains
comme Borobudur ou Prambanan ne peuvent avoir été créés que par des sociétés
déjà complexes), nous sommes dans l'incertitude totale en ce qui concerne les agglo
mérations ; sur leur plan et leur structure en tout cas, car on s'accorde maintenant
pour penser qu'elles se trouvaient à proximité de la mer et que c'est la modification
du littoral qui en a justement atténué les vestiges. Sri Wijaya (capitale d'une import
ante thalassocratie, viie-xi0 siècles) aurait été à proximité de Palembang et Medang
1. L'Asie du Sud-Est ne comptait en 1960 que les 9,1 % de la population mondiale regroupée
dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants.
2. Cette idée est exprimée notamment dans D. W. Fryer, « The Million city in S. E. Asia »,
in Geographic Review, XLHI, n° 4, octobre 1953, pp. 474-494, et, tout récemment dans Rhoads
Murphey, « Traditionalism and colonialism : Changing Urban Roles in Asia », in Journal of Asian
Studies, vol. XXIX, n° 1, novembre 1969, pp. 67-84.
843 Illustration non autorisée à la diffusion
IH6-IVe SIÈCLES : Sites urbains repérés ou supposés (?).
? i nV «.Sri Sacchanaiai
IXe-XV« SIÈCLES : Principales " cités agraires ".
(les cercles indiquent Illustration non autorisée à la diffusion les grandes zones rizicoles.) VILLES DU SUD-EST ASIATIQUE D. LOMBARD
(la ville dont les habitants ont construit Borobubur) aurait été sur la côte nord de
Java, près de l'actuelle ville de Semarang1.
Sur le continent, notre connaissance est quelque peu meilleure. Plusieurs topo-
nymes peuvent être situés avec précision, notamment ceux des villes vietnamiennes
et chames * et surtout certains sites ont pu déjà faire l'objet d'explorations aériennes
et de fouiËes. Le plus connu est sans doute celui d'Oc-éo, dans la région du bas
Mékong, dont l'étude, amorcée en 1944 3, a jeté un jour nouveau sur la culture que
les sources chinoises appellent Fou-nan. On y a retrouvé le tracé d'un rempart rec
tangulaire de 1 500 m sur 3 000 m, orienté nord-nord-est, sud-sud-ouest et enfe
rmant une surface de 450 has, avec les substructures de divers édifices, des fragments
de tuiles plates et grande abondance de bijoux d'or. La proximité de la mer à laquelle
la ville était reliée par un canal, et la présence d'objets chinois, indiens, irani

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