Problèmes de la formation des langues littéraires slaves - article ; n°1 ; vol.45, pg 7-18
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Description

Revue des études slaves - Année 1966 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 7-18
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert Auty
Problèmes de la formation des langues littéraires slaves
In: Revue des études slaves, Tome 45, fascicule 1-4, 1966. pp. 7-18.
Citer ce document / Cite this document :
Auty Robert. Problèmes de la formation des langues littéraires slaves. In: Revue des études slaves, Tome 45, fascicule 1-4,
1966. pp. 7-18.
doi : 10.3406/slave.1966.1904
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1966_num_45_1_1904PROBLEMES DE LA FORMATION
DES LANGUES LITTÉRAIRES SLAVES <'»
PAR
ROBERT AUTY
La linguistique historique doit s'occuper en premier lieu de la formation
et du développement des langues. Le linguiste s'efforce de caractériser et
d'interpréter les changements multiples par lesquels une langue crée et
conserve son individualité. En général, on interprète le développement
historique d'une langue comme une évolution naturelle, comme le résultat
d'une série de facteurs qui agissent à l'intérieur de la langue même. Si l'on
s'efforçait autrefois d'attribuer les changements linguistiques à des causes
extérieures, à des facteurs psychologiques ou physiologiques, les linguistes
sont maintenant d'accord sur la nécessité de chercher l'explication de l'évolu
tion linguistique dans la langue elle-même. On voit la langue comme un sys
tème ou même, selon la terminologie de l'école de Prague, comme un système
de systèmes ^. Les changements qui surviennent dans le système s'expliquent
comme les résultats d'une sorte d'économie interne. Ainsi, les problèmes
de la linguistique diachronique peuvent être résolus d'une façon purement
linguistique. Bien entendu, ce sont surtout les problèmes de l'évolution
phonologique et morphologique des langues qui se prêtent le plus facil
ement à une telle explication purement « linguistique » ou interne. Quand nous
abordons tel autre domaine, par exemple celui du lexique, il est évident qu'il
faut tenir compte de facteurs externes, de la réalité extra-linguistique.
Les changements du vocabulaire sont dans un rapport étroit avec les vicis
situdes historiques et l'évolution sociale du peuple qui parie cette langue.
Cela est évident. Mais il est peut-être moins évident que les facteurs externes
peuvent aussi quelquefois exercer une influence décisive sur le système
phonologique et morphologique d'une langue. Si nous avons affaire à des
(*' Cet article a fait l'objet d'une conférence donnée à l'Institut d'études slaves, le 31 mai
1965.
'2' J. Vachek, Dictionnaire linguistique de l'école de Prague, Utrecht-Anvers, 1960, *. v.
« systèmes dans la langue*. 8 ROBERT AUTY
dialectes sans traditions littéraires, ou au développement linguistique d'une
époque reculée de laquelle on connaît mal les circonstances historiques
ou sociales, comme c'est le cas du slave commun ou même des langues slaves
individuelles dans les premiers siècles de leur existence indépendante, alors
ce sont les facteurs internes qui nous apparaîtront comme les plus importants
et qui nous aideront à présenter un tableau clair et convaincant de l'évolu
tion linguistique de l'époque donnée. Mais dès qu'on tâche de caractériser
et d'expliquer le développement d'une langue littéraire de l'époque moderne,
on se voit dans la nécessité d'attribuer une importance parfois décisive à
des facteurs de nature externe, à la pression qu'exerce la société ou, plus
exactement, qu'exercent des groupes, ou même des personnages particuliers,
sur le processus de l'évolution linguistique. En admettant que des facteurs
d'origine non-linguistique puissent exercer une influence importante sur
l'évolution d'une langue nous ne faisons que souligner la complexité de cette
évolution. Cette complexité a été fort bien évoquée et définie par M. André
Martinet dans le passage suivant : « On peut être certain, dès l'abord, qu'on
ne parviendra pas, en diachronie, à démêler tous les fils de l'écheveau de la
causalité, ne serait-ce que parce que la causalité n'a ni commencement ni
fin. Il ne s'agira certes pas d'inventer à loisir des complications que ne jus
tifierait aucune donnée, mais il ne faudra jamais perdre de vue que la réalité
n'est pas toujours aussi rectiligne que les constructions de l'esprit (1) ».
Dans ce passage M. Martinet a voulu définir et justifier les explications pho
nologiques d'ordre interne. Si l'on y ajoute la considération des facteurs
d'ordre externe, on risque, il faut l'avouer, de compliquer encore plus l'expli
cation de la réalité linguistique; mais en même temps on aura la possibilité
de s'approcher un peu plus de cette réalité, de la voir plus clairement.
Je viens d'employer l'expression « langue littéraire ». En français (comme
d'ailleurs en anglais) ce terme peut désigner des réalités linguistiques assez
différentes. Il peut désigner «la langue de la littérature, des belles lettres»;
ou il peut être employé encore, plus rarement d'ailleurs, pour désigner la
forme cultivée d'une langue nationale : dans ce sens la langue littéraire
s'oppose aux dialectes régionaux ou sociaux. C'est surtout dans ce deuxième
sens que le terme de « langue littéraire » est employé par les linguistes des
pays slaves, et c'est dans ce sens que je me propose de l'employer ici.
L'histoire de toute langue littéraire est étroitement liée à l'histoire de la
société, de la communauté nationale dont elle est l'instrument. C'est surtout
dans l'histoire des langues littéraires de l'époque moderne que l'on peut
observer de près l'action exercée par des facteurs externes sur l'évolution
linguistique, sur la formation des langues. Aucune langue littéraire ne doit
son caractère spécifique uniquement au fonctionnement des lois internes
de l'évolution linguistique.
La plupart des langues littéraires slaves se sont formées au cours des deux
derniers siècles. Le cas le plus récent est celui du macédonien que l'on a pu
<x' A. Martinet, Économie des changements phonétiques, Berne, 1955, p. 33-34. LES LANGUES LITTÉRAIRES SLAVES 9
voir s'établir depuis la dernière guerre. Malgré l'intérêt que présente ce
phénomène non seulement pour le linguiste, mais aussi pour l'historien de la
culture, nous ne sommes qu'au commencement des recherches dans ce
domaine, comme l'a plusieurs fois souligné Bohuslav Havránek. C'est une
tâche importante pour les slavisants que d'analyser, de préciser et de décrire
le processus socio-linguistique par lequel les formes communes standardisées
des langues littéraires slaves se sont constituées. Ce n'est pas mon intention
de proposer des solutions aux problèmes multiples que comporte une telle
étude. Je me bornerai seulement à la discussion de quelques-uns de ces pro
blèmes, surtout de ceux pour la solution desquels on peut employer avec
profit la méthode comparative.
Dans la classification des langues littéraires des Slaves il faut distinguer
celles d'entre elles dont on peut tracer le développement sans solution de
continuité depuis le Moyen Âge, celles qui ont connu des périodes d'interrup
tions plus ou moins graves dans leur évolution, celles enfin qui ne se sont
constituées qu'à l'époque moderne, c'est-à-dire depuis la fin du xviii6 siècle.
Il n'y a que deux langues qui figurent dans la première catégorie : le russe et le
polonais. L'histoire du russe littéraire est compliquée, on le sait, par le dualisme
de la langue russe parlée et du slavon qui ont fusionné dans la langue russe
littéraire de l'époque moderne. Néanmoins, le processus de la formation de
cette langue littéraire n'a pas connu de solution de continuité, ni d'intervention
arbitraire. Le cas du polonais est encore plus net. La langue littéraire qui s'est
constituée aux xve et xvie siècles a évolué d'une façon régulière et se prolonge
jusqu'à nos jours. Cette catastrophe nationale que furent les partages de la
Pologne, survenus à la fin du xvine siècle, était arrivée trop tard pour entraver
l'é

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