Problèmes posés par la Chine dans les relations internationales - article ; n°35 ; vol.9, pg 643-654
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Description

Tiers-Monde - Année 1968 - Volume 9 - Numéro 35 - Pages 643-654
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Jacques Guillermaz
Problèmes posés par la Chine dans les relations internationales
In: Tiers-Monde. 1968, tome 9 n°35-36. Coexistence pacifique. pp. 643-654.
Citer ce document / Cite this document :
Guillermaz Jacques. Problèmes posés par la Chine dans les relations internationales. In: Tiers-Monde. 1968, tome 9 n°35-36.
Coexistence pacifique. pp. 643-654.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1968_num_9_35_2457PROBLÈMES POSÉS PAR LA CHINE
DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES
par J. GUILLERMAZ*
Ni catalogue, ni étude de cas spécifiques, ces quelques pages constituent,
à propos des problèmes que pose la Chine dans les rapports internationaux,
une suite d'observations générales propres à éclairer un peu un sujet infiniment
original de par l'originalité de la Chine elle-même. Ce pays qui jusqu'au milieu
du xixe siècle a tout sorti de son propre fonds, prétend aujourd'hui reprendre
sa marche solitaire et conduire son développement économique et politique
par des voies proprement chinoises dont « le grand bond en avant », les
« communes populaires rurales », la « révolution culturelle » ne sont que les
premières expressions. Malheureusement, il croit aussi avoir besoin pour cela
d'un contexte international hostile qu'il suscite, autant qu'il peut le faire sans
danger, par des attitudes de défi idéologiques et politiques qui n'épargnent
ni le monde libre, ni le camp socialiste, ni même les neutres.
Pays décevant du point de vue des perspectives de coexistence pacifique,
pays qui va pourrait-on dire à contre-courant de tous les autres, il mérite par
cela même notre entière attention au moment où il est en train de se donner
avec un arsenal nucléaire et thermonucléaire, les attributs suprêmes de la
puissance.
LES PROBLÈMES POLITIQUES
Quarante siècles de rapports entre la Chine et ses faibles voisins n'ont pas
manqué de créer une tradition diplomatique particulière dont les traits sont
toujours reconnaissables aujourd'hui. Les dirigeants actuels y sont d'autant
plus sensibles qu'ils touchent encore à l'Empire par leur jeunesse et par leur
formation intellectuelle et morale; Mao Tsé-toung avait dix-huit ans à l'abdi
cation du dernier empereur et celui-ci vient à peine de disparaître.
Cependant, au cours des cent dernières années, l'intervention de l'Occident
* Directeur du Centre de Documentation sur l'Extrême-Orient et Directeur d'Etudes
Associé à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes.
643 J. GULLERMAZ
sur le continent chinois a fait naître, parallèlement aux rapports anciens et
par le jeu des « traites inégaux» demeurés en usage de 1842 à 194;, des rapports
de type nouveau, profondément différents des précédents, mais également
très éloignés de ceux que pratiquent entre eux les Etats modernes.
Sur ces deux traditions contraires s'est établie la politique étrangère chinoise
d'aujourd'hui.
Née au milieu d'un monde barbare peu à peu acquis à sa civilisation et
ainsi progressivement assimilé, la Chine avait atteint avec les premiers Han,
au 111e siècle avant notre ère, son cadre géographique naturel. Dès lors il
s'agissait pour elle de conserver un ascendant, politique, militaire et culturel
permanent sur les peuples souvent redoutés et toujours méprises qui l'entou
raient et, quand faire se pouvait, de les conquérir à ses moeurs. La c"omparaison
avec Rome est trop évidente pour ne pas avoir été souvent faite. Cependant,
tandis que ГЕигоре partagée mais équilibrée des temps modernes et de l'époque
contemporaine allait s'élever sur les fragments de la Rome antique, l'Empire
chinois continuait à dominer son univers, à transformer jusqu'à ses envahis
seurs eux-mêmes, par la vertu d'un idéal politique et morai immuable
et exemplaire.
Ainsi se perpétuaient jusqu'à nos jours, une certaine vision du monde et une
certaine conception des rapports de la Chine avec lui. L'idée que la Chine est
par voeation une nation modèle, que son message s'adresse à tous les peuples,
qu'elle doit convaincre autant que vaincre, marque aujourd'hui encore le
contenu et le ton de ses rapports diplomatiques. Admonestations sévères ou
indulgentes, exhortations à s'amender, invitations à se régler sur une pensée
correcte, celle de Mao Tsé-toung avant succède à celle de Confucius, sont
fréquentes aussi bien dans les documents diplomatiques que dans les editoriaux
de la presse et rappellent irrésistiblement les réprimandes envoyées aux tr
ibutaires par la Cour impériale.
De même, l'idée confucéenne d'im ordre universel dont l'établissement
résulte de la Vertu du souverain, rencontre aisément celle d'un aménagement
du monde sur la base du marxisme-léninisme autre vérité universelle et unique.
Dans les deux cas, il s'agit de transformer des peuples, les uns barbares, les
autres politiquement arriérés. Ainsi la Chine redevenue unie et forte, rede
vient-elle aussi un modèle pour les pavs du « Tiers Monde » comme elle l'était
naguère pour ses voisins, les sous-développés de l'époque. Dès l'avènement
du nouveau régime, les déclarations dans ce sens vont se multiplier. Lu Ting-yi,
alors porte-parole officiel du régime, les résume toutes en disant le 25 juin 195 1,
à l'occasion du trentième anniversaire de la fondation du Parti : « Le type
classique de la révolution dans les pays capitalistes est la Révolution d'Octobre,
le type classique de la revolution dans les pays coloniaux et semi-coloniaux
est la Révolution chinoise. »
644 POSÉS PAR LA CHINE DANS LES RELATIONS PROBLÈMES
Mais très vite, dès que la dégradation de leurs rapports avec les Soviétiques
le leur permet, les Chinois se hâtent de donner à leur exemple une valeur planét
aire. La révolution mondiale à venir n'est plus qu'un élargissement de la
révolution chinoise historique. Dans cette audacieuse transposition, les cam
pagnes de Chine deviennent les pays sous-développés, les villes chinoises encer
clées par les premières correspondent aux pays industriels (i). Le modèle
révolutionnaire chinois a pris, comme l'ancien modèle confucéen, son sens
universel.
Inversement et l'on n'en sera pas surpris, la Chine n'a pu jusqu'ici accueillir
de doctrines étrangères sans les transformer ou les modifier jusqu'à la défor
mation, parfois jusqu'à la caricature. Les avatars du bouddhisme, du christi
anisme des T'ai p'ing, ceux des doctrines politiques libérales ou socialisantes,
témoignent de cet effort persistant pour plier les concepts venus de dehors à
la pensée chinoise classique et à des formes verbales plus concrètes et par là
plus accessibles à l'esprit chinois.
Sous nos yeux et plus encore depuis la « révolution culturelle », le marxisme-
léninisme se trouve radicalement réinterprété et pourrait-on dire tout à la
fois nationalisé et réincarné dans la pensée et dans la personne de Mao Tsé-
toung.
C'est aussi de la tradition impériale au moins autant que de la suspicion
propre aux régimes communistes, que les autorités chinoises d'aujourd'hui,
comme d'ailleurs celles d'hier, tirent leur comportement vis-à-vis de l'étranger,
hôte ou résident : refus de contacts réels, subtiles vexations, mystères puérils,
perpétuels soucis de « face ». Dans le domaine du droit international, les prin
cipes les plus établis en matière de statut et de rapports diplomatiques sont
parfois violés, moins par intention délibérée que parce que l'idée d'obligation
qu'ils comportent vis-à-vis du monde extérieur n'est pas comprise ou paraît
insupportable (2). Quant aux diplomates eux-mêmes faut-il rappeler qu'ils
se voient interdire la majorité de la presse et même la lecture des affiches publi
ques, tandis que leurs déplacements sont limités à quelques villes qui rappellent
singulièrement les « ports ouverts » d'autrefois.
Ainsi les Chinois trahissent-ils aujourd'hui comme hier leur désir perma
nent de rester eux-mêmes et entre eux, d'évoluer en dehors des grands courants
d'un monde qu'ils prétendent pourtant inspi

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