Psychologie sociale - compte-rendu ; n°1 ; vol.78, pg 284-292
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Description

L'année psychologique - Année 1978 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 284-292
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 12
Langue Français

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Psychologie sociale
In: L'année psychologique. 1978 vol. 78, n°1. pp. 284-292.
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Psychologie sociale. In: L'année psychologique. 1978 vol. 78, n°1. pp. 284-292.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1978_num_78_1_28243PSYCHOLOGIE SOCIALE
Carroll (J. S.), Payne (J. W.). — Cognition and Social Behavior. —
New York, Wiley, 1976, 290 p.
Un compte rendu de symposium, généralement, ressemble beaucoup
plus à un numéro de revue scientifique spécialisée qu'à un véritable
livre ; c'est-à-dire qu'on n'y trouve qu'une juxtaposition d'articles plus
ou moins hétéroclites en dépit des affirmations du malheureux auteur
du chapitre de « Synthèse ». On est d'autant plus frappé par l'unité
qui se dégage des seize communications faites en avril 1975, à l'Univers
ité Carnegie, par des auteurs venant pourtant d'horizons bien diffé
rents : psychosociologues de laboratoire, spécialistes de psychologie
cognitive individuelle férus de simulation sur ordinateur, psychoso
ciologues de terrain. Au point que cet ouvrage pourrait constituer un
excellent manuel concernant le courant cognitiviste actuel en psychol
ogie sociale.
Nous relèverons ici trois caractères saillants de ce courant cognit
iviste.
Le premier, comme on peut s'y attendre, traduit la volonté dél
ibérée de chercher à rendre compte au maximum de tout phénomène
psychosocial par des processus cognitifs plutôt que par des facteurs du
type motivations des sujets ou pression sociale ; il serait même plus
juste de dire que ce courant s'efforce d'éliminer totalement ces derniers
facteurs de son champ explicatif. Cette attitude est beaucoup moins
neuve et originale que ne le prétendent les auteurs, bien sûr ; si l'ouvrage
peut constituer un excellent manuel concernant le courant cognitiviste
actuel en psychologie sociale, ce n'est vraiment pas un livre à recom
mander du point de vue historique ! Ce qui est nouveau là, c'est l'aban
don définitif de tous les grands modèles « rationnels ». On a vraiment
renoncé à comparer les comportements d'un individu dans ses interac
tions sociales à ceux d'un spécialiste de la théorie des jeux ou à ceux
d'un statisticien sachant faire un bon usage de l'analyse de variance
comme le tenta Kelley. Les modèles d'équilibre eux aussi sont tombés
en désuétude. On ne postule plus un incoercible besoin de cohérence.
On va rechercher au contraire systématiquement à rendre compte des
phénomènes sociaux par les capacités extrêmement limitées des individus
à traiter l'information. Après la belle époque des illusions perceptives,
nous voilà dans l'ère des illusions cognitives : ainsi la tentative de
D. L. Hamilton pour rendre compte des stéréotypes sociaux, des catégo- Psychologie sociale 285
risations sociales et plus spécifiquement de l'attribution de traits défa
vorables aux minorités, par ce qu'il appelle les corrélations illusoires ;
exemplaire aussi la communication de R. M. Dawes sur la connaissance
d'autrui, où il met en évidence le contraste entre l'aptitude de certains
juges à détecter les variables importantes pour prédire le comportement
d'autrui et leur inaptitude à utiliser cette information (les meilleurs
codeurs sont incapables de traiter l'information au point que pratique
ment n'importe quelle fonction linéaire posée à partir des dimensions
détectées et étalonnées par le juge donne un meilleur pronostic que
lui !). Souvent donc les capacités cognitives de l'homme ne sont pas
ajustées aux tâches auxquelles il est confronté, mais de plus, comme y
insiste R. P. Abelson, ce n'est pas parce qu'on sait raisonner formelle
ment qu'on aime à le faire ; on a surestimé le rôle du raisonnement
abstrait en raison, notamment, du choix de tâches incitant au calcul.
Nous touchons là un deuxième point qui nous paraît notable :
l'abandon de tâches du type Asch pour des tâches ou situations beaucoup
plus naturelles, mais sans renonciation à la rigueur expérimentale.
Ce seront par exemple des expériences sur l'attente de visites chez les
vieillards, le choix de flirts chez des adolescents, des prises de décision
relatives à la libération sur parole de délinquants (à noter que l'étudiant
en psychologie y perd aussi son statut d'objet privilégié de la disci
pline). Un des critères impératifs de choix d'une tâche devient qu'elle
ait des conséquences importantes pour le sujet. Manifester un tel
intérêt pour l'implication des sujets dans les tâches expérimentales et
rejeter simultanément les facteurs motivationnels, c'est évidemment
paradoxal. Le lecteur ne manquera pas de voir, dans cette contradiction,
une jolie illustration de nos capacités limitées à traiter l'information,
même quand on fait profession de foi de cognitivisme. A. A. Simon en
est d'ailleurs bien conscient lorsque, dans la synthèse finale, il rappelle
que toute psychologie cognitive est une psychologie sociale, entendant
par là qu'il faut bien faire appel à des facteurs autres que cognitifs
pour rendre compte au moins de la sélection que nous opérons dans
l'excès d'information qui nous est fournie constamment.
Cette psychologie sociale cognitive est avant tout une psychologie
de l'individu. C'est le troisième trait saillant sur lequel nous voulons
conclure. Pour les divers auteurs, la psychologie sociale se réduit
apparemment au traitement, par des individus, d'informations prove
nant d'objets sociaux, ce traitement des objets sociaux obéissant aux
mêmes règles cognitives que tout objet de l'environnement. On pourrait
justifier cet état de fait par des raisons techniques, en tant qu'approche
la plus facile, la seule accessible actuellement par des méthodes rigou
reuses. Nous n'aurions aucune objection contre cette démarche. En
revanche* ce n'est pas sans inquiétude que l'on voit les auteurs induire
allègrement des applications sociales à partir de processus cognitifs
mis en jeu par des individus qui doivent faire face à des problèmes Analyses bibliographiques 286
psychosociaux, comme les propositions de mise en place de tout un
appareil de sélection à partir de travaux sur la connaissance d'autrui.
Instruit désormais de nos limites cognitives, nous nous interrogeons
modestement sur la pertinence d'une mise en correspondance entre,
d'une part, l'origine militaire du contrat qui a permis de réaliser l'ouvrage
et, d'autre part, ces applications et extrapolations sociales dérivées
d'une psychologie de l'individu.
A. Duflos.
Moscovici (S.). — Social influence and social change. — London,
Academic Press, 1976, 231 p.
Depuis dix ans Serge Moscovici poursuit son entreprise de subversion
dans le domaine de l'influence sociale. Il avait déjà présenté en 1972,
avec Claude Faucheux (in L. Berkovitz, Advances in experimental
social psychology, t. 6), un travail d'ensemble sur son point de vue mais
depuis cette date l'analyse théorique s'est élargie, approfondie, et les
travaux empiriques se sont multipliés. Il ne faudrait donc pas croire que
le présent livre n'est qu'une version élargie du chapitre publié quatre
ans auparavant.
L'auteur présente un modèle de l'influence sociale qu'il veut substi
tuer à celui qui a régné pendant plusieurs décennies. L'ancien modèle
qu'il appelle fonctionnaliste conçoit comme venant d'une
majorité et s'exerçant sur une minorité. La majorité possède l'autorité
et le pouvoir et son influence s'exerce pour réduire la déviance, pour
ramener à la « normale », à l'ordre, un système « déséquilibré » ; elle a
pour fonction d'ajuster le groupe à la réalité extérieure. Le système
social, les ressources, les fonctions et les positions sont donnés et il
s'agit de s'adapter à un environnement, donné d'avance lui aussi.
Dans ce modèle dominent l'influence informationnelle chère à Deutsch
et Gerard, l'incertitude des sujets et l'ambiguïté du monde extérieur ;
l'influence sociale réduit l'incertitude, l'influence est dissymétrique et
liée étroitement au pouvoir et à la

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