Quel rôle joue l agriculture dans la croissance et le développement ? - article ; n°183 ; vol.46, pg 603-624
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Tiers-Monde - Année 2005 - Volume 46 - Numéro 183 - Pages 603-624
Pierre Berthelier, Anna Lipchitz — What role does the agricultural sector play in growth and development ? A successful economic transition involves a continuous flow of resources from agriculture to industry. This resource transfer depends on structural factors affecting demand, marginal labour productivities, technical progress, sectoral factor endowments and public economic policies. Agricultural transition is an essential input of economic growth, but is not solely sufficient for generating sustained growth. The rhythm of agricultural transition is mainly explained by the dynamism of capital accumulation in the whole economy, by agricultural policies and by investment in human capital.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Berthelier
Anna Lipchitz
Quel rôle joue l'agriculture dans la croissance et le
développement ?
In: Tiers-Monde. 2005, tome 46 n°183. pp. 603-624.
Abstract
Pierre Berthelier, Anna Lipchitz — What role does the agricultural sector play in growth and development ? A successful
economic transition involves a continuous flow of resources from agriculture to industry. This resource transfer depends on
structural factors affecting demand, marginal labour productivities, technical progress, sectoral factor endowments and public
economic policies. Agricultural transition is an essential input of economic growth, but is not solely sufficient for generating
sustained growth. The rhythm of agricultural transition is mainly explained by the dynamism of capital accumulation in the whole
economy, by agricultural policies and by investment in human capital.
Citer ce document / Cite this document :
Berthelier Pierre, Lipchitz Anna. Quel rôle joue l'agriculture dans la croissance et le développement ?. In: Tiers-Monde. 2005,
tome 46 n°183. pp. 603-624.
doi : 10.3406/tiers.2005.5595
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2005_num_46_183_5595QUEL RÔLE JOUE L'AGRICULTURE
DANS LA CROISSANCE
ET LE DÉVELOPPEMENT?
Pierre Berthelier et Anna Lipchitz*
Une transition économique réussie implique un flux continu de res
sources de l'agriculture vers l'industrie. Ce transfert de ressources
dépend de facteurs structurels affectant la demande, des productivités
marginales du travail, du progrès technique, de la dotation des secteurs
en facteurs de production et du rôle des politiques publiques. La transi
tion agricole est un élément essentiel de la croissance, mais ne suffit pas
à engendrer une croissance soutenue. Le rythme de la transition agricole
s'explique surtout par la dynamique de l'accumulation de capital dans
l'économie, la politique agricole des États et l'investissement en capital
humain.
Le poids du secteur agricole dans les économies - du Nord
comme du Sud - n'a cessé de diminuer depuis deux siècles. Aujourd
'hui, l'agriculture ne représente plus que 23 % du pib dans les pays à
bas revenus, 10 % dans les pays intermédiaires et 2 % les à
hauts revenus. La part des agriculteurs dans la population active ne
dépasse 30% que dans les pays à bas revenus. Le mouvement d'en
semble est général : en transférant leurs ressources (en main-d'œuvre
et en capital) vers l'industrie, puis le tertiaire, un cycle vertueux de
croissance a pu être engendré. En augmentant la richesse, mais égale
ment en veillant à sa répartition entre individus, les pays se sont dès
lors développés. Ainsi, l'agriculture était considérée comme un él
ément majeur dans la modification et l'amélioration de la structura
tion des économies. Mais le rythme de ces changements structurels, et
* Économistes au ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Cet article n'engage que la
responsabilité des auteurs, et en aucun cas le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie.
Revue Tiers Monde, t. XL VI, n° 183, juillet-septembre 2005 604 Pierre Berthelier et Anna Lipchitz
leur impact sur la croissance et le développement des économies sem
blent très variables selon les pays, et souvent très incertains - beau
coup plus que ce que la théorie standard permettait d'anticiper. De
plus, les règles du commerce international ont changé ; l'ère de la
libéralisation prône un fondé sur les avantages comparati
fs. Le mouvement d'ensemble général est alors remis en cause et
l'idéologie selon laquelle l'agriculture est le moteur du développement
est contestée. Pourtant, il semblerait que ce soit de cette transition
agricole que dépende le développement de beaucoup de pays du Sud,
même si le processus issu de la révolution industrielle aboutissant à
un transfert d'actifs de l'agriculture vers les autres secteurs semble
difficile.
Après avoir rappelé les principaux traits de la théorie standard
- théorie du surplus - et ses enrichissements, l'article présente les per
formances d'un panel de pays du Nord et du Sud en matière de transi
tion agricole, et leur lien avec les niveaux de développement. Cela per
met, en s'appuyant sur des travaux de recherche récents, de proposer
quelques résultats économétriques sur l'interaction entre l'agriculture
et le développement, et d'avancer quelques propositions pour mieux
canaliser des transitions agricoles des pays du Sud. Cette étude est
centrée sur les liaisons entre l'agriculture et le reste de l'économie, et
ne s'attache pas aux processus spécifiques de développement du sec
teur agricole.
LA THÉORIE DU SURPLUS: LE RÉSERVOIR DE MAIN-D'ŒUVRE
AGRICOLE COMME CARBURANT DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Les fondements de la théorie
Cette théorie se fonde sur les travaux d'Arthur Lewis (1954), inspi
rés par l'économie politique classique. À long terme, l'accumulation de
capital dépend de la part du profit par rapport au salaire et à la rente
foncière. Quand cette part augmente, l'accumulation s'accélère et le
pays se développe. Lewis propose une thèse dans laquelle la mise au
travail de l'excédent de main-d'œuvre agricole permet d'engendrer des
profits croissants. L'analyse part du dualisme des économies, qui est le
trait central des économies en développement : un secteur agricole tra
ditionnel de subsistance disposant d'un excédent structurel de main-
d'œuvre coexiste avec un secteur moderne capitaliste en gestation. La Quel rôle joue l'agriculture dans la croissance et le développement ? 605
productivité marginale du travail est nulle dans le secteur agricole : sa
production ne se réduit pas quand on lui soustrait la force de travail
en excédent. L'excédent potentiel de main-d'œuvre résulte de l'effet
combiné de la croissance démographique, du progrès technique dans le
secteur agricole et de l'extension des droits de propriété, et il doit être
impérativement libéré afin d'asseoir les bases de l'industrialisation, de
la même façon que lors de la première révolution agraire en Angleterre
au milieu du xvnie siècle.
Les modalités de transfert du surplus vers l'industrie
La transition agricole s'appuie sur des facteurs structurels affectant
la demande. L'amélioration de la productivité agricole permet une
baisse des coûts de production agricoles, qui se traduit par une baisse
des prix relatifs agricoles. En effet, selon la loi d'Engel, l'élasticité-
revenu de la demande de produits alimentaires étant inférieure à 1,
l'amélioration de productivité dans l'agriculture profite à l'industrie :
la baisse des prix agricoles n'est pas intégralement absorbée par une
augmentation équivalente de la demande en produits agricoles, qui se
reporte sur les produits industriels. Une augmentation des revenus se
traduit alors par une augmentation de la demande des produits indust
riels et des services et une diminution des prix relatifs des biens al
imentaires. Cela facilite beaucoup le transfert de la main-d'œuvre agri
cole excédentaire vers le secteur industriel, dans lequel la productivité
marginale de la main-d'œuvre est positive.
La demande de croît jusqu'à ce que la égalise le taux de salaire courant, égal à un salaire de subsis
tance (W). Le secteur industriel engendre alors des profits croissants
jusqu'à ce que tout le surplus de la main-d'œuvre soit absorbé par le
secteur industriel (à T). Les profits (matérialisés par l'aire WTN2) sont
alors réinjectés dans le secteur, augmentant la demande de main-
d'œuvre. Le progrès technique, permettant d'augmenter la productivité
marginale du secteur capitalistique (on passe de NL à N3) aboutit éga
lement à ce résultat. À partir de ce moment, l'offre de main-d'œuvre
devient élastique au salaire courant : elle s'accroît avec le salaire cou
rant. L'économie est désormais développée.
Si les profits n'atteignent pas un niveau suffisant, le processus
de transfert peut être bloqué. C'est le cas lorsque, par exemple, la
demande de biens de subsistance devient forte et qu'il faut envisager
d'introduire des méthodes capitalistiques dans l'agriculture. Les deux
secteurs doivent donc se partager les profits. Ou encore lorsque le

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