Questions et réponses : quelques résultats sur les effets de la formulation des questions dans les sondages - article ; n°1 ; vol.16, pg 165-176

Jean-Paul Grémy

Description

Sociétés contemporaines - Année 1993 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 165-176
This article deals with the effects of the wording of questions, in a survey questionnaire, on the answers given by respondents. After summarizing some already published experiments of the split-ballot type, it describes a new series of observations. Three questions have been asked twice in the same survey, each time offering a different ordered response set. By cross-tabulating, for any given question, the last answers and the previous ones, one can underline the effects of the wording of response sets on the respondents' answers. As a conclusion, the major rules for the wording of questions and for the analysis of survey data are recalled.
Les questionnaires qui servent à recueillir les réponses à un sondage ou à un recensement sont des instruments qui peuvent se révéler particulièrement sensibles a de légères modifications dans le libellé des questions ou dans l'ordre de leur présentation. De nombreuses observations ou expérimentations ont été réalisées (surtout aux Etats-Unis) sur la variabilité des réponses en fonction de telles modifications. Comme le contexte linguistique et culturel de ce type ď expériences n'est pas neutre, nous avons choisi de présenter divers résultats tirés d'enquêtes réalisées en France. Nous rappelons en conclusion quelques règles pratiques pour la rédaction d'un questionnaire et l'interprétation des réponses à une enquête.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: SOCIETES_CONTEMPORAINES
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français

Extrait

Jean-Paul Grémy
Questions et réponses : quelques résultats sur les effets de la
formulation des questions dans les sondages
In: Sociétés contemporaines N°16, Décembre 1993. pp. 165-176.
Abstract
This article deals with the effects of the wording of questions, in a survey questionnaire, on the answers given by respondents.
After summarizing some already published experiments of the split-ballot type, it describes a new series of observations. Three
questions have been asked twice in the same survey, each time offering a different ordered response set. By cross-tabulating, for
any given question, the last answers and the previous ones, one can underline the effects of the wording of response sets on the
respondents' answers. As a conclusion, the major rules for the wording of questions and for the analysis of survey data are
recalled.
Résumé
Les questionnaires qui servent à recueillir les réponses à un sondage ou à un recensement sont des instruments qui peuvent se
révéler particulièrement sensibles a de légères modifications dans le libellé des questions ou dans l'ordre de leur présentation.
De nombreuses observations ou expérimentations ont été réalisées (surtout aux Etats-Unis) sur la variabilité des réponses en
fonction de telles modifications. Comme le contexte linguistique et culturel de ce type ď expériences n'est pas neutre, nous avons
choisi de présenter divers résultats tirés d'enquêtes réalisées en France. Nous rappelons en conclusion quelques règles
pratiques pour la rédaction d'un questionnaire et l'interprétation des réponses à une enquête.
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Grémy Jean-Paul. Questions et réponses : quelques résultats sur les effets de la formulation des questions dans les sondages.
In: Sociétés contemporaines N°16, Décembre 1993. pp. 165-176.
doi : 10.3406/socco.1993.1146
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1993_num_16_1_1146♦♦♦♦♦♦ JI A N - PAU L OllMY ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦
QUESTIONS ET RÉPONSES : QUELQUES RÉSULTATS
SUR LES EFFETS DE LA FORMULATION DES QUESTIONS
DANS LES SONDAGES
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La qualité des données recueillies dans une enquête conditionne la valeur des
traitements ultérieurs de ces données et la validité des enseignements qui en seront
tirés. Or, les difficultés inhérentes à l'élaboration d'un questionnaire d'enquête sont
trop souvent sous-estimées par ceux-là mêmes qui en exploiteront les réponses.
Au savoir empirique accumulé par les professionnels de l'enquête par sondage
(Jacquart, 1988) s'ajoute le résultat de recherches et d'expérimentations sur l'outil
questionnaire lui-même (Sudman et Bradburn, 1974 ; Schuman et Presser, 1981).
Nous présentons quelques-unes des de ce type qui ont été réalisées en
France, généralement à l'occasion d'enquêtes en face-à-face, sur échantillon par
quota. Les expériences relatives aux effets des variations de formalisation utilisent
le plus souvent la technique de Y échantillon partagé, qui consiste à présenter à des
sous-échantillons semblables, à l'occasion d'une même enquête, les variantes de
formulation que l'on désire comparer. Toutefois, une part importante des données
que nous présentons se fonde sur la comparaison d'enquêtes successives, ou sur la
comparaison des réponses à deux questions posées dans un même questionnaire.
Nous commençons par exposer les résultats d'expérimentations qui portent sur
l'organisation du questionnaire dans son ensemble ; nous décrivons ensuite un
certain nombre d'observations qui concernent plus spécifiquement le choix des mots
utilisés dans le libellé des questions ; nous concluons enfin en rappelant quelques
règles de base pour l'élaboration d'un questionnaire d'enquête. Bien que nous
privilégions, parmi ces résultats, ceux qui mettent en évidence un effet de la forme
du questionnaire sur la distribution des réponses, il faut se garder d'en déduire que
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toute modification d'un questionnaire entraîne automatiquement une modification
dans la distribution des réponses.
1 . LA STRUCTURE DU QUESTIONNAIRE
L'ordre dans lequel les questions sont posées n'est pas indifférent. Il arrive en
effet que la distribution des réponses à une question donnée varie selon le contenu
des questions qui précèdent. De même, à l'intérieur d'une question fermée, l'ordre
dans lequel sont présentées les modalités de réponse peut (selon le cas) favoriser les
premières ou les dernières proposées.
1. 1. L'ORDRE DES QUESTIONS
On sait que le simple fait de poser une question apporte une certaine information
(affirmations implicites constituant les présupposés de la question. {Cf. Grémy,
1987, p. 569-570). En outre, il est raisonnable de penser que, pendant le déroulement
de la passation du questionnaire, les thèmes abordés peuvent modifier le jugement
ou la disposition d'esprit de la personne interrogée. C'est pourquoi il arrive que les
réponses à une question varient sensiblement selon que celle-ci est posée au début
ou à la fin du questionnaire. Par exemple (enquête INED de 1959-1960 auprès de
2 318 personnes), à la question : « D'une manière générale, diriez-vous que le
nombre des naissances en France est actuellement trop élevé, pas assez élevé, ou
comme il convient ? », 38 % des personnes interrogées répondent « trop élevé » si
la question est posée au début du questionnaire, contre 29 % si cette question est
posée à la fin, après une longue série de questions sur les problèmes démographiques
en France (Alain Girard, cité par Grémy, 1987, p. 594).
Plusieurs expériences sur l'ordre des questions ont consisté à permuter des
questions contiguës (on en trouvera quelques exemples dans Grémy, 1987,
p. 589-592). L'Institut de sondages Lavialle a réalisé en mars 1990 une série
d'expérimentations sur les effets dûs à la formulation des questions d'enquête. En
particulier, au début du mois de mars, on a posé la question : « Trouveriez-vous
normal ou pas normal que les étrangers résidant et travaillant en France depuis
quelques années votent aux élections municipales ? », suivie de : « Trouvez-vous
normal ou pas normal qu'il y ait des mosquées en France ? ». 41 % des répondants
ont jugé normal que les étrangers votent aux élections municipales. Dans une seconde
enquête à la fin du mois, on a permuté ces deux questions : le taux de
jugeant « normal » le vote des étrangers est alors descendu à 31 %. Comme aucun
événement en rapport avec les thèmes abordés ne s'est produit entre les deux
enquêtes, que le laps de temps qui s'est écoulé entre elles est très court, et enfin que
la distribution des réponses à la question sur les mosquées n'a pas été affectée par la
permutation, on peut faire l'hypothèse que l'évocation de mosquées a influé sur le
sens que les personnes interrogées ont donné au mot « étrangers » dans la question
suivante (Vincent, 1990, p. 6).
1. a. L'ORDRE DES RÉPONSES POSSIBLES
Lorsque l'énumération des réponses proposées à la personne interrogée est
relativement longue, on observe souvent un effet dû à l'ordre de présentation des
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