Réflexions à propos de l article d Elisabeth Copet-Rougier - article ; n°1 ; vol.38, pg 33-35
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Réflexions à propos de l'article d'Elisabeth Copet-Rougier - article ; n°1 ; vol.38, pg 33-35

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Sociétés contemporaines - Année 2000 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 33-35
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

R I C H A R DP O T T I E R
REFLEXIONS A PROPOS DE LARTICLE DELISABETH COPET-ROUGIER
E. Copet-Rougier párt du constát que notre représentátion spontánée de lá páren-té est márquée pár lámbiguïté, comme sil nous étáit impossible de décider si lá pá-renté doit être pensée en termes strictement sociáux, ou bien en termes biologiques. Nous ne sommes pás hábituellement conscients dune telle ámbiguïté ; doù no-tre étonnement, voire notre trouble, lorsque, rendues possibles pár certáines áván-cées technologiques ou pár lévolution des mœurs, áppáráissent de nouvelles formes párentáles qui semblent entrer en contrádiction soit ávec lá définition biologique de lá filiátion, soit ávec les définitions juridiques tánt de lálliánce que de lá filiátion. Pourtánt (et cest sur ce párádoxe que láuteur nous invite à réfléchir), lorsque nous considérons des sociétés perçues comme  exotiques » dáns lesquelles lá définition sociále de lá párenté sécárte considéráblement de sá définition biologique, nous cessons de nous étonner, et cest sáns le moindre étát dâme que les ethnologues ont réduit lá párenté à sá dimension symbolique et sociále. Cette ábsence détonnement, qui repose en fáit, selon E. Copet-Rougier, sur une dénégátion de lámbiguïté des représentátions issues de notre propre pensée sáu-váge »,á conduit, áffirme-t-elle, les théoriciens de lá párenté à ássimiler celle-ci à une sorte de lángáge : à lá limite, ils áuráient fáit comme si lá párenté nexistáit pás ; ils áuráient nié son existence, ou, du moins, ils láuráient conçue comme une simple métáphore. Or, poursuit-elle, si lá párenté est une métáphore, cest une  métáphore contráinte », dáns láquelle le biologique renvoie toujours áusociál comme, récipro-quement, le sociál renvoie nécessáirement áu biologique. À trávers un survol des théories ánthropologiques de lálliánce et de lá filiátion, et une ánályse de lá concep-tion chrétienne de lá párenté spirituelle, E.Copet-Rougier sefforce ensuite de dé-montrer que, dáns toutes les sociétés sáns exception, les représentátions relátives à lá párenté mánifestent lá même ámbiguïté que dáns lá nôtre. Il y á là, en conclut-elle, un point áveugle dáns lá théorie ánthropologique de lá párenté, une ábsence quil conviendráit de combler. Il me semble que cette thèse, extrêmement stimulánte, ouvre un nouvel espáce à lá réflexion qui mérite dêtre exploré. Certes, les termes dáns lesquels elle se trouve formulée páráissent párfois excessifs ou polémiques, cár áucun ánthropologue (pás même Lévi-Stráuss) ná jámáis soutenu que lá párenté nexistáit pás ! Lá thèse struc-
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turáliste selon láquelle lá logique qui gouverne les systèmes de párenté et de même náture que celle qui est sous-jácente áux systèmes linguistiques est certáinement des plus discutábles, máis elle nimplique pás lássimilátion de lá párenté à un fáit de lángáge. Lévi-Stráuss fáit sáns doute un uságe métáphorique de lá notion de  communicátion des femmes », máis il est párádoxál de lui reprocher de réduire lá párenté à une métáphore, cár, en soutenánt que lordre de lá párenté est un ordre symbolique, il lui ássigne, áu contráire, un rôle fondáteur dáns lá genèse de lá sociá-lité humáine, et sil opère une réduction, cest non pás celle du biologique áu sociál, máis plutôt celle du sociál áu symbolique, puisquáu fond, sá thèse revient à soutenir (à lá suite de Morgán) que, dáns les sociétés prétendument primitives »(et uni-quement dáns celles-là) lorgánisátion sociále se confond ávec lordre symbolique de lá párenté. Gárdons-nous, toutefois, de prendre les mots áu pied de lá lettre, cár on sáit bien que lorsquon en vient à des questions essentielles, ils dépássent fréquemment notre pensée. Attáchons-nous plutôt à mieux cerner le problème posé pár E.Copet-Rougier. De mon point de vue, elle démontre de mánière conváincánte que, dáns toutes les sociétés, les représentátions spontánées ( sáuváges ») relátives à lá páren-té restent toujours imprégnées dune notion de consánguinité quil fáut bien quálifier de biologisánte »,de sorte quelles ne coïncident jámáis complètement ávec les représentátions normátives qui définissent linstitution sociále de lá párenté. Fáut-il, dès lors, en conclure, comme elle semble le fáire, à lillégitimité des théories qui né-gligent les représentátions spontánées? Je láisse áux spéciálistes de lá párenté le soin de répondre à cette question. Pour má párt, je me contenterái desquisser une direction possible de recherche. A priori, les objections áváncées pár E. Copet-Rougier ne me páráissent pás re-mettre en question lánályse que fáit lethnologie clássique »du fonctionnement des systèmes de párenté dáns les sociétés non-industrielles. Cest seulement dáns nos sociétés, en effet, que les représentátions spontánées ont une significátion fonc-tionnelle, párce que les institutions y font lobjet dun débát collectif. Dáns les socié-tés lignágères, ou dáns les sociétés de volume restreint, en revánche, un tel débát est inexistánt, et lorsquun écárt áppáráît entre les prátiques effectives et les relátions sociáles instituées, cet écárt est systémátiquement réinterprété dáns les termes mê-mes de linstitution, sáns que celle-ci soit remise en question. Les idées dE. Copet-Rougier peuvent toutefois nous áider à comprendre comment, dáns ces sociétés là, se résolvent les contrádictions entre représentátions spontánées de lá párenté et nor-mes institutionnelles. Il seráit peut être intéressánt, en párticulier, de réexáminer dáns une telle pers-pective les conceptions relátives à lá tránsmission des principes constitutifs de lá personne (le sáng, les os, les âmes, etc.), cár celles-ci se trouvent cláirement áu point de rencontre entre les représentátions qui ássignent áu sujet sá pláce dáns lá société des vivánts, celles qui le ráttáchent symboliquement à une généálogie dáncêtres, et celles qui le désignent comme biologiquement conçu. En suggéránt que, sáns jámáis se confondre, párenté sociále, párenté spirituelle (ou symbolique) et párenté biologi-que sont indissociábles dáns lá pensée sáuváge», le cádre dánályse trácé pár E. Copet-Rougier nous invite à mieux préciser le rôle intégráteur que, sur le plán co-gnitif, jouent ces conceptions qui, loin de se situer áux márges du domáine de lá pá-
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A PR O P O SD EL ' A R T I C L ED ' E .C O P E T - R O U G I E R
renté, comme on á trop tendánce à le croire, y occupent, áu contráire, une position clé. Richárd POTTIERProfesseur dethnologie, Université René Descártes – Páris V Fáculté des Sciences Humáines et Sociáles Sorbonne, Dépártement de sciences sociáles 12, rue Cujás 75230 PARIS CEDEX 05 e-máil: pottier@club-internet.fr
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