Regard sur le regard sociolinguistique sur la linguistique ordinaire - article ; n°1 ; vol.16, pg 3-65
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Description

Langage et société - Année 1981 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 3-65
63 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Pierre Corbin
Regard sur le regard sociolinguistique sur la linguistique
"ordinaire"
In: Langage et société, n°16, 1981. pp. 3-65.
Citer ce document / Cite this document :
Corbin Pierre. Regard sur le regard sociolinguistique sur la linguistique "ordinaire". In: Langage et société, n°16, 1981. pp. 3-65.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1981_num_16_1_1318I
REGARD SUR LE REGARD SOC I OL I NGU I ST QUE SUR LA
LINGUISTIQUE "ORDINAIRE" *
Pierre CORBIN
S.I.LEX.
Université Lille III
Le conditionnement, fût- IL "Idéologique11,
ne peut exercer, sur les capacités cognl-
tlves de l'espèce humaine, qu'une Influ
ence tout ô fait superficielle.
(Jacob (1980 : 30)).
Pas frais, mon poisson?
(Goscinnv G Ucierzo (1972 : 11)).
J. Boutet a publié dans Langage et société 12 un article
intitulé "Quelques courants l'approche sociale du langage".
Elle y fait un tour d'horizon personnalisé très suggestif du champ
de recherches connu sous le nom de soc lo linguistique , en orientant
particulièrement l'exposé vers les remèdes que ces recherches pré
tendent ou sont supposées apporter aux carences d'une linguistique
dite dominante, dénomination qui recouvre et regroupe les tradi
tions saussurienne et chomskyenne C1).
Le présent article n'intervient pas sur ce qui constitue
l'essentiel du texte de Boutet — les objectifs et les méthodes
des sociolinguistiques — , mais sur ses marges. Il ne l'envisage
que comme prétexte, et sous un seul angle : en tant qu'il consti
tue, dans son intertextualité, un corpus significatif d'assertions
critiques sur la linguistique dite dominante (principalement choms
kyenne) sur lesquelles les sociolinguistiques jugent opportun, voi
re nécessaire, d'appuyer la légitimité de leurs propres démarches.
Ce sont ces sous-bassements polémiques des sociolinguistiques, et
eux seuls, qui seront discutés ici, amicalement, mais avec minu
tie et pugnacité — sinon, à quoi bon discuter?
Merci à J. Boutet elle-même et à D. Corbin pour l'aide qu1
elles m'ont apportée à des titres divers. - - 4
Au delà cle l'article qui l'a suscitée et sur lequel elle
s'appuie, l'intérêt éventuel de cette discussion me paraît tenir
au lieu où elle est publiée : défendre la valeur de la linguisti
que introspective dans une revue essentiellement vouée à la pro
motion de la linguistique de terrain n'est pas exactement plaider
en ria'.'s concuis.
1 . A N A L Y S
La soc lollnguls tique développe une double critique de la
linguistique dominante : critique politique et critique scientifi
que. Dès l'ouverture de son article, en des termes moins symétri
ques, Boutet établit sur la communauté d'adhésion à ces deux axes
critiques la cohésion — à défaut de l'homogénéité — du champ so-
ciolinguistique (2). Cependant, en dépit de cette parité initiale,
la critique scientifique de la linguistique dominante occupe dans
le corps de l'article une part beaucoup plus importante que la
critique politique.
1.1. Critique scientifique.
L'attitude critique de la soc lollnguls tique à l'égard
de la linguistique dominante est réaffirmée à trois reprises, et,
chaque fois, bien que le terme ne soit pas employé, c'est d'une
critique scientifique qu'il est question (3).
Cette critique repose sur un certain nombre d'assertions
nrimitives (on peut parler de postulats pour plusieurs d'entre el
les) et débouche sur deux griefs principaux adressés à la linguis
tique dominante.
1.1.1. Assertions primitives.
Elles appartiennent au discours propre de Boutet, ou y
sont intégrées à titre de discours rapportés assumés. Elles por
tent sur le langage (la langue) et l'objet de la linguistique.
1.1.1.1. Langage (langue) .
• Le langage "est fondamentalement pratique, et pratique - - 5
sociale" social" (Meillet) (p. 35); il a un "caractère hautement
(p. 39).
La "véritable substance de la langue" est "le phénomène
social de l'interaction verbale, réalisée à travers l'énonciation
et les énonciations« L'interaction verbale constitue ainsi la réa
lité fondamentale de la langue" (Volochinov) (p. 63).
• La Langue Hest fondamentalement hétérogène; la variation
fait partie du système de la langue" ( Labov) (p. 42 ) •
• Une Langue "est d'abord et avant tout orale" (p. 47) (4).
1.1.1.2. L'objet de la linguistique. légitime de la linguistique est ou devrait être :
• "l'étude du langage dans son contexte social" (Labov)
(p. 37);
• "le langage comme phénomène social complexe et multifor
me" ("toute une tradition" : Bally, Meillet, Frei, Bauche) (p. 38);
• l'étude du "langage sous tous ses aspects", du "langage
en acte", du "langage en évolution", du "langage à l'état naissant",
du "langage en dissolution" (Jakobson) (p. 40).
1.1.2. Griefs.
Ces assertions primitives étayent deux griefs principaux
qui se recoupent partiellement :
• la linguistique dominante est réductionniste;
• la ne décrit pas le réel.
1.1.2.1. Reductionnisme.
Le caractère réductionniste de la linguistique dominante
est réaffirmé, sous diverses formes, tout au long du texte, direc
tement ou en discours rapportés (5).
La linguistique dominante réduit son objet d'étude à la
Longue ou à la compétence (6), à une structure formelle (7).
Elle réduit les données qu'elle prend en compte à la
norme (8) ou à l'écrit (9).
Elle exclut de son domaine les composants sociaux de - - 6
l'activité langagière (10), la variation (H), la production et
la compréhension du sens (12).
Face à cela, et en dépit de certaines réserves, ceux
qui "forcent" les limites de la linguistique dominante ou qui
"rompent" avec elle apparaissent chargés de positivité : ils é-
largissent l'objet de la linguistique en proposant d'intégrer
l'étude des faits langagiers à celle, plus vaste, des faits so
ciaux (13); ils mettent au jour des données nouvelles (14) im
pliquant un renouvellement des procédures (I5).
Non-réalisme .
La linguistique dominante ne prend pas en compte le réel
et le concret, elle est intuitive et abstraite (16).
En revanche, ceux qui "forcent" la linguistique dominant
e ou qui "rompent" avec elle apparaissent comme les linguistes
de 1 ' immédiateté et d'une certaine transparence : ils récusent
intuition et abstraction, ils baignent dans le réel et le concret
(17).
1.2. Critique politique.
La critique est ici constituée principalement par l'énon-
ciation d'assertions générales :
• Les courants regroupés sous le nom de soclollngulstlque
constituent "une tentative pour introduire le politique dans la
linguistique", et, symétriquement, "posent la question de l'ins
cription d'une pratique de recherche dans le champ du politique,
chacun à leur manière" (p. 33).
• Les chercheurs relevant de la soclollngulstlque ont en
commun "d'avoir eu un enjeu explicitement politique au départ de
leurs recherches; enjeu politique et non uniquement scientifique
comme dans la linguistique dominante" (p. 34).
• En face de cela, la "linguistique formelle", bien que
"inscrite politiquement" elle aussi, "se donne l'illusion d'être
neutre et universaliste" (p. 34).
Seule conséquence pratique lisible (entre les lignes)
dans l'article de Boutet : la normativité de la linguistique do
minante (13), déjà justiciable de la critique scientifique, appa- - - 7
raît aussi comme une carence politique, si on la confronte à la
capacité d'intervention progressiste de la soclollngulstlque dans
le champ pédagogique (I9).
2. DISCUSSION.
La discussion portera sur trois points :
- la notion de linguistique dominante;
- la critique scientifique de la linguistique dominante;
- la politique de la dominante.
2.1. La notion de linguistique dominante.
Deux facteurs légitiment l'examen critique de la notion
de linguistique dominante :
• Elle est présente d'un bout à l'autre de l'article de
Boutet : 14 occurrences (20), toutes dans son texte propre (21).
Elle est d'ailleurs ass

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