Restructuration industrielle et division sexuelle du travail. Une perspective comparative - article ; n°154 ; vol.39, pg 381-402
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Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 154 - Pages 381-402
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Helena Sumiko Hirata
Restructuration industrielle et division sexuelle du travail. Une
perspective comparative
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°154. pp. 381-402.
Citer ce document / Cite this document :
Sumiko Hirata Helena. Restructuration industrielle et division sexuelle du travail. Une perspective comparative. In: Tiers-Monde.
1998, tome 39 n°154. pp. 381-402.
doi : 10.3406/tiers.1998.5245
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_154_5245RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE
ET DIVISION SEXUELLE DU TRAVAIL
UNE PERSPECTIVE COMPARATIVE
par Helena Hirata*
L 'analyse en termes de rapports sociaux selon le sexe fait cruellement
défaut dans les sciences sociales, en particulier dans la sociologie du tra
vail, qui a toujours fondé ses constructions théoriques sur le modèle mascul
in du travailleur. Cet article montre les conséquences complexes et
contradictoires des changements technologiques et organisationnels dans le
travail, qui facilitent l'accès à des emplois plus qualifiés, mais renforcent
simultanément les divisions du travail selon le sexe et la vulnérabilité de la
force de travail féminine. L 'étude repose sur les résultats des recherches de
spécialistes latino-américains et européens et sur les données d'une série
d'enquêtes comparatives Brésil-France- Japon menées par V auteur e.
Cet article part du constat d'absence de considération des différences
hommes/femmes dans les sciences sociales et en particulier dans la
sociologie du travail, qui a toujours fondé ses constructions sur un
modèle masculin du travailleur. Prendre en compte les rapports sociaux
selon le sexe nous permettra de montrer que l'impact des transformat
ions récentes de la technologie et de l'organisation du travail sont
contradictoires et complexes : de nouvelles possibilités en termes d'accès
à des postes et à des métiers plus qualifiés surgissent mais, simultané
ment, les divisions sexuelles et la vulnérabilité de la force de travail fémi
nine sont renforcées.
En effet, la quasi-totalité des recherches sur les nouvelles formes
d'organisation du travail dans les paradigmes alternatifs au modèle tay-
lorien-fordien de la production industrielle ne prennent pas en considé-
♦ Chargée de recherche, GEDISST, CNRS.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 154, avril-juin 1998 382 Helena Hirata
ration le sexe de la main-d'œuvre concernée par ces changements. Plus
récemment, à partir de la moitié des années quatre-vingt, les thèses
macro-économiques sur la mondialisation1 n'ont pas pris en compte,
sauf des très rares exceptions, cette dimension. Il s'agit de travaux gen-
der-blinded, aveugles à la question des rapports sociaux de sexe.
Nous avons déjà montré comment l'abondante littérature en socio
logie et en économie du travail sur la requalification des opérateurs dans
les nouveaux modèles productifs n'accorde aucun espace à ces diffé
rences2. Lorsqu'ils constatent un processus de requalification des opéra
teurs du sexe masculin, intervenu dans les années quatre-vingt, ces
mêmes auteurs généralisent ce résultat à l'ensemble des travailleurs.
Cependant, les répercussions de la spécialisation flexible et des nou
veaux modèles d'organisation et de développement industriels ne sont
pas les mêmes selon que l'on considère le point de vue des hommes ou
celui des femmes. De la même manière, les impacts des restructurations
de la production sur la qualification ou sur la formation professionnelle
n'ont ni la même extension, ni la même signification, ni la même portée
selon le sexe de la main-d'œuvre concernée.
L'objet de cet article est donc de considérer sous un angle en général
oublié - les différences hommes/femmes - les restructurations indust
rielles et en particulier les changements organisationnels en cours3.
L'analyse des tendances actuelles de la division sexuelle du travail pro
fessionnel peut permettre de mieux connaître les caractéristiques des
mutations du travail et contribuer au débat sur l'émergence de nou
veaux paradigmes industriels.
LA TRANSFORMATION PARADOXALE DU TRAVAIL
DANS LE CONTEXTE DES RESTRUCTURATIONS INDUSTRIELLES
L'émergence de nouveaux modèles de production est accompagnée
d'un vaste processus de précarisation du travail, caractérisé par la désta
bilisation des travailleurs stables, l'installation dans la précarité et une
diminution des places qui, dans la société, sont associées à l'idée d'utilité
1 . Les contraintes éditoriales de ce numéro ne nous permettent pas de citer l'ensemble des publications
traitant de la mondialisation ou des restructurations productives dans une perspective de rapports sociaux
de sexe. Nous renvoyons donc aux références bibliographiques de H. Hirata et H. Le Doaré, Les paradoxes
de la mondialisation, in Cahiers du GEDISST, n° 21, 1/1998.
2. H. Hirata, 1992.
3. Pour l'analyse de la flexibilisation et des restructurations de la production dans le monde rural dans
une perspective sexuée, cf. l'article de Sara Lara dans Cahiers du GEDISST, n° 21, op. cit. ; cf. aussi S. Lara
(coord.), 1995. industrielle et division sexuelle du travail 383 Restructuration
sociale et de reconnaissance publique1. Nous assistons aujourd'hui à une
double transformation du travail, tant dans le contenu de l'activité que
dans les formes d'emploi. Cette transformation est en apparence para
doxale et contradictoire. D'une part, la réalisation de ces nouveaux
modèles exige la stabilisation et l'implication du sujet dans le processus
de travail, à travers les activités qui requièrent de l'autonomie, de l'ini
tiative, de la responsabilité, de la communication ou de Г « intercompré
hension»2. D'autre part, les liens d'emploi deviennent toujours plus pré
caires avec l'augmentation du chômage prolongé, des formes instables
d'emploi, de la flexibilité dans l'utilisation de la main-d'œuvre.
Il faut noter que ce deuxième mouvement d'instabilité et de précari-
sation des liens d'emploi est généralisé et se déploie à l'échelle mondiale,
tandis que le premier, d'implication, concerne surtout les salariés masc
ulins, des grandes entreprises industrielles des pays du Nord. Remar
quons également que ce deuxième mouvement est une conséquence du
premier, dans le sens où l'émergence d'un nouveau modèle productif, la
spécialisation flexible, fondé sur un maximum de souplesse des process
us, des technologies, de l'emploi, implique la précarisation du travail à
grande échelle. En effet, les progrès technologiques et les conséquences
de l'automatisation sur le volume de l'emploi sont allés de pair avec des
exigences de flexibilité du travail tant internes à l'usine (polyvalence et
adaptabilitě des ouvriers) que sur le marché (diminution des contraintes
juridiques pour les recrutements et les licenciements; flexibilité de la
durée du temps travaillé en fonction des exigences de la product
ion, etc.). Les transformations de l'action de l'État - changements dans
le droit du travail et dans les législations concernant la durée du travail3,
politiques incitatives d'exonération des charges sociales, politiques de
formation professionnelle, etc. - devraient permettre, dans un certain
nombre de pays aujourd'hui, de mettre en œuvre la nouvelle politique
de flexibilité des entreprises. On peut affiner l'analyse de cette évolution
vers plus de précarité, à la fois sociale et des liens d'emploi, en termes
d'un rapprochement, impensable auparavant, entre l'instabilité fonda
mentale dans l'activité des travailleurs du Sud et la précarisation de la
main-d'œuvre du Nord. Les différences fondamentales, d'ordre structur
el, entre le marché du travail d'un pays comme le Brésil et celui de la
France se fondent, en effet, sur des situations historiquement différentes :
l'absence structurelle de protection sociale dans le premier cas n'est pas
comparable à la crise de l'État de Bien-Être dans le second. Leur inser-
1. R. Castel, 1995, p. 410-412.
2. P. Zarifïan, 1996.
3. Cf. N. Appay et A. Thébaud-Mony, 1997. 384 Helena Hirata
tion différenciée dans la division internationale du travail doit aussi être
prise en compte. Il ne nous semble donc pas pertinent de parler de la
« bré

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