Résumé clinique d aliénation mentale - article ; n°1 ; vol.10, pg 328-347
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 328-347
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Th. Simon
Résumé clinique d'aliénation mentale
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 328-347.
Citer ce document / Cite this document :
Simon Th. Résumé clinique d'aliénation mentale. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 328-347.
doi : 10.3406/psy.1903.3557
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3557IX
RÉSUME CLINIQUE D'ALIENATION MENTALE
II a semblé au directeur de cette revue que l'aliénation mentale
devait avoir sa place dans l'Année, et il m'a fait le très grand hon
neur et m'a donné la très lourde tâche de mettre des psychologues
qui n'ont pas la pratique des malades en face de ceux-ci. Je lui ai
proposé pour cela de présenter rapidement les types cliniques qu'on
rencontre le plus souvent dans les asiles en marquant nettement
chacun de ses particularités les plus significatives. On m'excusera
de la témérité de l'œuvre ; ses difficultés m'auraient plus d'une fois
fait renoncer à son accomplissement sans la promesse faite.
Il ne s'agit pas au reste de présenter ici un tableau absolument
complet de l'aliénation ni surtout de tous les troubles dont sont
susceptibles les fonctions psychiques. Mais voici, il me semble, ce
qui se dégage de la fréquentation des malades. Ceci, d'après un
internat de près de trois ans dans ce service si remarquable, et à tant
de rapports, de l'Admission de Ste-Anne, où j'ai vu passer, dans ce
laps de temps, sans qu'aucun presque m'échappe, trois milliers de
malades à peu près; la plupart à la période aiguë de leur affection,
sans doute, mais fréquemment aussi à l'occasion de rechutes, et
bon nombre ainsi également déjà en phase de chronicité. Eh bien,
tout d'abord, ce défilé pêle-mêle de malades de tous genres, divers
comme les hommes eux-mêmes, laisse l'esprit dans un désarroi
pénible. Puis peu à peu, avec les jours, les mois, d'un travail sans
cesse répété, toujours le même, d'observation sans parti pris,
presque sans effort et d'elles-mêmes, les choses se classent : les
caractères accessoires, spéciaux aux individus, non aux maladies,
ne reparaissant que rarement, perdent de leur éclat, tandis qu'au
contraire s'accentuent plus fortement et se précisent dans leurs
contours les symptômes essentiels et, par suite de cela, communs
aux malades de même espèce. Ce n'est pas là, d'ailleurs, un fait
particulier à l'aliénation mentale. Les mêmes remarques seraient
justes de tout service actif d'hôpital. C'est le procédé qui amène
tout clinicien à attribuer aux divers signes morbides leur valeur
respective et qui fait qu'on le voit à la longue, à mesure qu'aug
mente son expérience, n'attacher d'importance qu'à un nombre
restreint de phénomènes. Ceux-ci par exemple, ce sont ceux qu'il
s'efforce de découvrir sous la masse plus touffue des autres, où s'em
barrasse au contraire l'étudiant du début. Non pas au reste que
les manifestations ainsi momentanément laissées de côté soient — RÉSUMÉ CLINIQUE D 'ALIÉNATION MENTALE 329 SIMON.
sans valeur, mais leur portée est différente : elles n'ont de significa
tion que pour le cas considéré et point de sens général. Il s'opère
donc ainsi, sous l'influence des faits dont on est témoin, une lente
mise au point. Et sans doute y est-on aidé par les enseignements
du maître qui facilite la besogne, aide à ranger les matériaux, mais
la grande valeur de M. Magnan n'est-elle pas aussi de refléter sans
altération ce qu'il a vu depuis quarante ans de la besogne acharnée
qu'on sait qu'il poursuit avec une ténacité si opiniâtre? C'est d'ai
lleurs à dégager, de ce luxe inouï de détails, ce qui doit vraiment
compter, qu'excelle sa forte personnalité et, de là, la vérité puis
sante de son œuvre. Quand le triage s'est opéré, sous les actions
que je viens de dire, à l'effarement qu'avait produit le désordre
des premières impressions succède la surprise de la simplicité des
choses. La diversité s'atténuant on voit qu'il existe, en somme, un
nombre très restreint de types morbides toujours les mêmes, et
relativement faciles à reconnaître sous la multiplicité apparente
des formes.
On répète couramment qu'il n'y a pas de question qui soit plus
délicate que de prononcer sur l'existence de la folie et l'on fait de
cela un épouvantail contre l'internement. Je n'y puis croire. Et
c'est même une chose curieuse combien peu sur ce point on
éprouve d'ordinaire à l'asile d'hésitation. Les fous eux-mêmes se
jugent tels entre eux. D'où vient donc l'opinion précédente admise
sans discussion et accréditée par les aliénistes eux-mêmes? D'abord
on établit ici un rapport faux, internement et folie sont deux
choses différentes : l'internement exige presque toujours l'imposs
ibilité de la vie sociale, mais laisse en dehors tous les troubles
psychiques qui la permettent. N'entrent par suite à l'asile que des
aliénés déjà fortement troublés. La difficulté n'est donc que pour
les autres, mais c'est qu'aussi bien pour ceux-ci, qui continuent à
vivre de la vie de tout le monde, le désordre est léger, sans consé
quences. Maintiendrait-on un malade à la chambre pour une altéra
tion des bronches à peine perceptible? Puis, il y a encore autre
chose, c'est l'idée préconçue et fausse qu'une affection mentale
doit léser toute l'intelligence et par suite éclater au regard du pre
mier venu. Or vous causez une heure avec un aliéné, et vous partez
surpris de croire avoir conversé avec un homme raisonnable. Mais
ne vous est-il pas arrivé de vous promener une heure avec un pleu-
rétique dont un examen méthodique vous aurait permis en moins
de cinq minutes de reconnaître l'épanchement? Seulement nous
sommes peu dégagés encore de l'ancienne psychologie. Notre ins
truction première à cet égard a laissé une empreinte trop forte.
Nous avons été habitués à réfléchir sur des caractères abstraits de
nos phénomènes de conscience et non sur eux-mêmes. Et si ces
notions conviennent pour l'étude générale de la pensée, elles ne
peuvent rien nous apprendre sur les modalités individuelles de
chaque esprit. La persistance sous forme résiduelle, le renforce
ment dans certaines conditions, l'association avec d'autres faits par
des chaînons de types multiples, sont communs à tous les faits de 330 REVUES GÉNÉRALES
conscience quels qu'ils soient et obéissent à des lois assez uniformes.
Diffèrent bien plus au contraire les modifications qu'impriment aux
excitations le terrain psychique où elles tombent, les idées qui ge
rment ainsi et leur rôle ultérieur! De ce point de vue un peu parti
culier et plus concret, l'aliéné prend pour le psychologue un intérêt
tout spécial. On voit en effet qu'il ne réalise souvent que des trou
bles partiels, ne se manifestant que par intervalles, ne portant que
sur quelques points, n'altérant souvent ni sa mémoire, ni ses
facultés de raisonnement logique, et l'on comprend que la connais
sance de ces désordres soit aussi indispensable que celle des syn
dromes pulmonaires ou stomacaux à qui veut mettre en lumière
les uns ou les autres, mais aussi que leur découverte n'est pas
ensuite moins aisée.
De là l'importance qui s'attache aux grandes figures cliniques, à
traits fortement accentués, que j'ai dit se dégager de l'ensemble des
malades. C'est à leur description que je me bornerai dans cet
article. J'observerai pour cela l'ordre suivant :
1° Aliénations survenant sous l'influence de causes occasion
nelles puissantes, chez des individus n'ayant présenté, jusqu'à
l'intervention de celles-ci, aucun trouble mental et dont les signes
enfin, toujours identiques, sont en rapport avec la cause même
qui a provoqué les désordres : paralysie générale, alcoolisme.
2° Aliénations où le rôle des causes occasionnelles s'efface, tandis
que la constitution même, hér&#

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